Nucléaire EDF: une perte de compétence
L’énergie nucléaire fournit, en France, près de 70% de l’électricité, contre 10% au niveau mondial. Emmanuel Macron a annoncé mardi dernier la relance de la filière, avec la construction de nouveaux réacteurs dont le nombre reste à préciser. Une nouvelle étape dans la longue histoire du nucléaire civil français, dont Michaël Mangeon est spécialiste.
Dans quelles conditions la France a-t-elle fait le choix du nucléaire civil dans les années 1970 ?
Pour le comprendre, il faut revenir avant le plan Messmer de 1974. La France a eu très tôt un programme nucléaire, dès 1945, avec la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) . Dans les années 1950, il y a eu la construction d’installations pour la recherche et la production de plutonium militaire. C’est Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), Saclay (Essonne) et Marcoule (Gard). EDF s’est très tôt intéressée au nucléaire pour récupérer de l’électricité à partir des réacteurs militaires. En 1956, le réacteur G1 de Marcoule produit les premiers kWh nucléaires français même si les volumes sont alors très faibles. On commence à changer de braquet dans les années 1960 avec la construction de la centrale de Chinon (Indre-et-Loire). Celle-ci est basée sur une filière technologique française, dite « graphite-gaz ». Elle utilise de l’uranium naturel car, à l’époque, la France ne possède pas d’usine d’enrichissement. La centrale de Chinon a alors un double emploi : produire de l’électricité mais également le plutonium nécessaire à la force de dissuasion. Après Chinon, il y a Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) et le Bugey (Ain), mais la production électrique d’origine nucléaire reste faible. Parallèlement, la France teste d’autres filières, soit à eau lourde, à Brennilis (Finistère), soit à eau pressurisée, à Chooz (Ardennes). Cette dernière était une technique américaine, dite PWR, avec une licence Westinghouse. Le réacteur est fourni par une petite entreprise créée en 1958 , la Franco-américaine de constructions atomiques : Framatome. Personne, à l’époque, n’imaginait que cette technologie finirait par s’imposer. A la fin des années 1960 pourtant, des doutes sont apparus sur la filière graphite-gaz, avec des problèmes techniques et des incidents. Ces réacteurs semblent limités en puissance et s’avèrent plus coûteux que les réacteurs
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