La fin du mystère des cryptomonnaies ?
La plateforme, qui brasse 76 milliards de dollars par jour, n’a ni adresse officielle ni licence. Mais les régulateurs ont décidé de siffler la fin de la récréation par Par Patricia Kowsmann du The Wall Street Journal.
la fin du mystère des cryptomonnaies ?
Pas de siège social, pas d’adresse officielle, pas de licence dans les pays où elle est présente et un patron qui, jusqu’à récemment, refusait de dire où il habite : la plus grosse Bourse de cryptomonnaies au monde est un mystère.
Lancé il y a quatre ans, cet équivalent des Bourses de Londres, New York et Hong Kong combinées règne sur le monde des monnaies virtuelles. Après des débuts fulgurants, Binance traite aujourd’hui l’équivalent de 76 milliards de dollars de transactions de bitcoins et autres ethers par jour, soit plus que ses quatre principaux concurrents réunis, selon le fournisseur de données CryptoCompare.
Mais, pour Binance en particulier et le secteur des cryptomonnaies en général , l’ère de la croissance débridée et de l’absence de réglementation touche à sa fin.
Les autorités sont en effet de plus en plus nombreuses à estimer que les actifs numériques, jusqu’à récemment considérés comme une mode, ont pris une ampleur telle qu’ils sont désormais d’importance systémique. Lors d’une allocution prononcée le mois dernier, Jon Cunliffe, membre de la Banque d’Angleterre, a évoqué la crise des subprimes de 2008, puis les cryptomonnaies en disant que « quand quelque chose dans le système financier se développe de façon très rapide et sans véritable réglementation, les autorités chargées de la stabilité financière doivent en prendre note ».
De toutes les plateformes, Binance est celle qui intéresse le plus les régulateurs. Ces derniers mois, les autorités d’une dizaine de pays ont averti les utilisateurs que cette bourse n’était ni immatriculée ni autorisée à fournir toute une liste de services.
La Securities and Exchange Commission (SEC) s’intéresse ainsi à son fonctionnement aux Etats-Unis, où Binance est enregistrée dans plusieurs Etats. Le gendarme de la bourse américaine a demandé des informations à la filiale locale de l’entreprise, notamment au sujet de ses liens avec sa maison mère, a indiqué un responsable. De son côté, comme l’avait rapporté l’agence Bloomberg News, le département de la Justice se penche sur d’éventuelles complicités de blanchiment d’argent.
Ni la SEC ni le département de la Justice n’ont souhaité commenter.
Le marché américain fait figure de test grandeur nature pour la plateforme d’échanges de cryptomonnaies, qui a indiqué qu’elle espérait faire entrer sa filiale américaine en bourse d’ici quelques années. L’ex-régulateur recruté pour développer l’entité américaine, baptisée Binance.US, a néanmoins démissionné en août dernier, trois mois après son embauche.
De leur côté, certains anciens dirigeants se sont inquiétés du risque que les données de la Bourse américaine finissent entre les mains de codeurs chinois, car c’est en Chine que Binance a été créée. Faisant référence aux efforts de l’administration Trump pour interdire le réseau social TikTok de peur que Pékin ait accès aux données des clients, ils ont estimé que cela pourrait engendrer des problèmes similaires.
« Notre entreprise n’a rien à se reprocher. Moins de 2 % de la population mondiale utilise actuellement des cryptomonnaies. Donc pour attirer les 98 % restants, il faut qu’on soit réglementés »
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