Allocution Macron : Autosatisfaction
Un édito du monde observe que ce qui qui a frappé dans l’intervention présidentielle, c’est le temps consacré à vanter le bilan
La campagne présidentielle est lancée. Le signal le plus manifeste est la teneur de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, mardi 9 novembre, la neuvième depuis le début de la crise sanitaire.
Son prétexte était d’endiguer la cinquième vague épidémique que l’Organisation mondiale de la santé vient de pointer en Europe, mais les mesures strictement sanitaires n’ont occupé qu’une petite partie de l’intervention. L’appel à se faire vacciner en direction de ceux qui ne l’ont pas encore fait, la mise sous pression des seniors pour qu’ils reçoivent une dose de rappel sous peine de perdre leur passe sanitaire, l’extension, en décembre, de la troisième injection aux 50-64 ans ont d’autant moins surpris qu’ils sont conformes aux choix fait depuis juillet. Il s’agit toujours de miser sur la vaccination en tablant sur la responsabilité plutôt que sur la coercition.
Ce qui a frappé, en revanche, dans l’intervention présidentielle, c’est le temps consacré à vanter le bilan, et en tout premier lieu la reprise économique et la décrue du chômage. Puis, l’annonce d’une relance du programme nucléaire accompagnée d’une vigoureuse ode au travail, érigé en pivot du modèle de développement des années à venir.
Le président est toujours président mais, pour la première fois, il montre aussi son appétence pour le combat électoral. A cinq mois de l’élection présidentielle, le théâtre politique s’est animé au point de l’obliger à bouger.
Le premier message du presque-candidat vise à contrer l’idée d’un possible enlisement lié à la fin du quinquennat et à la reprise épidémique. L’abandon de la réforme des retraites a été de fait acté, mais immédiatement contré par l’affirmation que le sujet serait à l’ordre du jour des mois prochains autour de trois axes forts : travailler plus, supprimer les régimes spéciaux, garantir une pension minimale de 1 000 euros par mois.
Une réalité plus compexe
Le thème du plein-emploi a été enfourché, façon de prolonger ce qui a déjà été fait, avec une large mention à la réforme de l’assurance-chômage, assumée y compris dans ses aspects les plus polémiques, ceux qui touchent aux périodes d’indemnisation. La relance du nucléaire, parallèlement au développement des énergies renouvelables, a été justifiée par la nécessité d’amplifier la lutte contre le réchauffement climatique. Emmanuel Macron fait comme si l’élection présidentielle d’avril et de mai prochain n’était qu’une simple formalité entre deux mandats.
La réalité est cependant plus complexe, car une grande partie de son intervention peut aussi être lue comme la volonté d’étouffer la droite républicaine au moment où cinq candidats LR tentent à la fois de se départager et d’éviter l’explosion de leur parti, du fait de la pression exercée par Eric Zemmour. Le chef de l’Etat a repris à son compte trois de leurs chevaux de bataille : le nucléaire, le travail, la lutte contre l’assistanat, avant de se présenter comme le héraut du camp européen et le chef de file des antidéclinistes.
Tant que tous les candidats ne seront pas connus, Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à entrer officiellement dans la campagne. Le calendrier le sert, puisque la France prendra en janvier 2022 la présidence de l’Union européenne, ce qui valorisera encore sa position de chef d’Etat. Toute la question est de savoir combien de temps ses concurrents et les électeurs accepteront qu’il profite de ce qu’il tente d’ériger en position dominante. La question n’est pas nouvelle. Elle s’est posée pour chaque président sortant, candidat à sa réélection.
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