Les conditions d’une vraie attractivité dans les hôpitaux
Estimant que la situation des établissements de santé publics ne peut se dégrader davantage, plus d’une centaine de professionnels détaillent, dans une tribune au « Monde », les mesures nécessaires pour revaloriser les professions médicales et paramédicales : travail de nuit mieux payé, effectifs suffisants, formation renforcée…
Tribune
La situation reste en effet préoccupante, car c’est désormais en temps « ordinaire » que nous n’avons plus assez de lits par manque de personnel. Tous les établissements de santé sont concernés, publics et privés, dans toutes les régions à des degrés divers, mais la situation est particulièrement critique en région parisienne.
Quels que soient les chiffres exacts et détaillés des fermetures de lits et salles de bloc, les faits sont là : longueur excessive des délais de rendez-vous, attentes prolongées sur des brancards aux urgences, interventions chirurgicales reportées, transferts de patients, y compris d’enfants, d’un hôpital à l’autre parfois loin de chez eux… Cela n’est pas acceptable.
Nous ne reviendrons pas ici sur les choix faits pour l’hôpital ces dernières décennies. Peu importe la façon dont on les juge, ils se traduisent par une grave crise de recrutement et de fidélisation des professionnels de santé. Les raisons étaient là bien avant la pandémie de Covid-19 : salaires restant sous la moyenne de ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et, en Ile-de-France, totalement inadaptés au coût du logement, durées épuisantes des trajets pour se rendre sur son lieu de travail (par exemple, 30 % du personnel non médical de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP] effectue plus de deux heures de trajet par jour), déplacement des infirmiers d’un service à l’autre, d’un horaire à l’autre, parfois à la dernière minute, sursollicitation pour faire des heures supplémentaires, rythmes excessifs pour prodiguer les soins de façon professionnelle et humaine, conformément aux attentes légitimes des patients, sentiment de perte de sens de ce pour quoi on s’est engagé dans les métiers du soin au service de son prochain. Les maux s’accumulent, durent et lassent les plus aguerris.
Nous sommes entrés dans un véritable cercle vicieux : les postes laissés vacants par ceux qui partent obligent ceux qui sont encore en place à travailler dans des conditions dégradées, mettant ainsi en cause la qualité des soins, ce qu’ils ne peuvent moralement accepter et les incite à leur tour à partir. En moyenne, une infirmière n’exerce son métier que sept ou huit ans, trois ans aux urgences. Selon une enquête récente [une large consultation menée par l’Ordre des infirmiers entre le 30 avril et le 5 mai], 40 % des infirmières et infirmiers envisageraient de quitter la profession. Dans certains territoires ou régions, les médecins ne sont pas exclus de cette spirale délétère.
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