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Archive mensuelle de octobre 2021

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Réforme Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

Réforme Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

 Un article de Marie-Amélie Lombard-Latune dans l’Opinion  tord le à la revendication permanente de moyens supplémentaires pour la justice en s’appuyant sur l’analyse de la Cour des Comptes. 

La justice est encombrée, c’est une évidence mais encombrée surtout par des affaires qu’elle ne devrait pas traiter. Un exemple un nombre de plaintes considérables pourraien t être géré directement par les médiateurs; autre exemple que vient  la Sextape de l’affaire Benzema devant les tribunaux. Pourquoi le recours systématique aux avocats qui complexifient à dessein les procédures etc.NDLR

« La conviction de la Cour » des comptes est que la justice « a besoin moins d’être réformée que mieux gérée. » Mine de rien, c’est un pavé dans la mare que lancent les magistrats financiers. Le message est clair : après des décennies de disette budgétaire, les ressources existent, elles doivent désormais être mieux réparties. A l’heure des Etats généraux de la justice, ce constat des Sages de la rue Cambon, à contre-courant des discours du corps judiciaire, mérite d’être exposé. Il est dressé par la note « Enjeux structurels pour la France » d’octobre 2021 et a été réalisé par la 4e chambre de la Cour.

Côté budget, les hauts magistrats rappellent que la justice a vu ses crédits grimper de 22 % entre 2011 et 2021. Après une hausse de 8 %, déjà enregistrée en 2021, la même augmentation vient à nouveau d’être votée pour 2022 (soit 720 millions d’euros), ce lundi par l’Assemblée. Un « doublé historique » ne manque pas de souligner le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti, qui se félicite aussi que le recrutement de 650 juges permette de franchir la barre symbolique des 9 000 magistrats en France. Sans oublier la « justice de proximité » et les 11 % d’effectifs en plus dans les juridictions.

Dans les tribunaux, ce coup de pouce des « sucres rapides » — c’est le terme qu’affectionne le garde des Sceaux — est indéniablement apprécié, même s’il repose largement sur des contractuels. A cette augmentation substantielle des moyens, s’ajoutent « de nombreuses réformes (destinées) à alléger le travail du juge » (simplification du droit familial, déjudiciarisation comme pour le divorce par consentement mutuel), rappelle la Cour des comptes.

Il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats »

« Délais de traitement ». A suivre la rue Cambon, il s’agirait donc aujourd’hui de se retrousser les manches. Mais c’est là que le bât blesse car encore faut-il savoir qui fait quoi dans les 164 tribunaux judiciaires. Or, la justice ne dispose pas d’« outils d’évaluation de la charge de travail et de répartition des effectifs adaptée aux besoins ». Résultat, « les délais de traitement des affaires civiles se détériorent et le stock des dossiers en attente augmente ». Selon la note, il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats ». Il s’agit d’« une priorité pour le ministère ». Il permettrait « une allocation des ressources humaines adaptées aux besoins ».

Deux autres orientations sont préconisées pour gagner en efficacité. D’une part, il s’agit de revoir, une fois de plus, la carte judiciaire, principalement le périmètre des 36 cours d’appel, souvent trop réduit, qui entraîne « dispersion des moyens et complexité de gestion ». D’autre part, un plan de transformation numérique est indispensable, le retard pris en la matière étant « considérable ».

Au passage, la Cour des comptes tord le cou à quelques idées reçues sur la France qui, selon le Conseil de l’Europe, consacrait en 2018, 69,50 euros par habitant et 0,2 % de son PIB à sa justice alors que la moyenne européenne était de 72 euros par habitant et de 0,33 % du PIB. Ces comparaisons sont à prendre « avec prudence », écrit la Cour, car les systèmes judiciaires sont très différents. Les données sur le nombre de magistrats ne sont pas, non plus, toujours probantes. Certes, la France n’en compte « que » 11 pour 100 000 habitants (21 en moyenne dans les pays européens), mais ces chiffres ne tiennent pas compte des juges non professionnels qui siègent aux Prud’hommes et dans les tribunaux de commerce.

Covid France : rebond

Covid France  : rebond

Ces dernières semaines la moyenne était autour de 5000 pour les contaminer. Désormais l’épidémie connaît un léger rebond en France où 6541 malades sont toujours hospitalisés ce jeudi, dont 271 depuis la veille. Ils étaient 6489 mercredi. 1037 personnes sont traitées dans les services de soins critiques – 58 y ont été accueillies ces dernières 24 heures – contre 1038 la veille. 33 personnes sont également mortes du Covid dans les hôpitaux français ce jeudi, selon Santé publique France, portant le bilan à 90.739 morts à l’hôpital depuis le début de la pandémie.

6461 nouveaux cas ont par ailleurs été détectés lors des dernières 24 heures, contre 6528 la veille et 6127 jeudi dernier. Le taux de positivité des tests s’élève, lui, à 1,8%. Sur le front des vaccinations, 51.167.424 personnes ont reçu au moins une injection (soit 75,9% de la population totale) et 49.963.139 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 74,1% de la population totale), depuis le début de la campagne vaccinale en France

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

 

 

Les autres article du mois les plus lus

Eric Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

Eric  Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

 

Indéniablement, l’ascension de Zemmour dans les sondages constitue un événement assez inédit. Dans les médias, beaucoup d’abord considéraient  cette  progression commun phénomène passager, une sorte de bulle électorale qui devait éclater comme celle de Balladur ou de Chevènement. La persistance de la tendance oblige désormais certains politistes à considérer que cette envolée cessera sitôt que Zemmour déclarera officiellement sa candidature. Beaucoup pensent aussi que Zemmour  manifeste une grande faiblesse programmatique en dehors de la question migratoire. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’il n’a aucun programme. Seul l’avenir permettra d’évaluer la pertinence de ces appréciations. On peut cependant aborder la question fondamentale de la rhétorique de Zemmour. Cette rhétorique présente plusieurs caractéristiques :

–la clarté expression

–l’énoncé de faits indiscutables et partagés par l’opinion publique

–la généralisation outrancière voire caricaturale de ces faits

- la réduction des facteurs explicatifs de tous les phénomènes à la question migratoire

–des orientations radicales et irréalistes.

 

La clarté d’expression

Depuis des années,  la rhétorique des énarques a gagné l’ensemble des milieux politiques ou presque. Rien d’étonnant à cela car la plupart des partis sont maintenant noyautés par les élèves de l’ENA ( et les salles d’attente que constituent les nombreux instituts d’études politiques). En outre et surtout, le monde politique a adopté le langage abscons de l’énarchie qui dissimule derrière une approche scientiste à la fois un manque de compétence technique et un manque de connaissance des réalités socio-économiques. Pour parler simplement,  la dialectique énarchique vise surtout à ne pas trancher et en endormir l’interlocuteur. Rien d’étonnant à cela car l’ENA au départ est surtout destinée à former des préfets et non des dirigeants politiques. Zemmour , lui aussi, est un produit de Sciences-po mais il s’est débarrassé des oripeaux langagiers des clercs de la politique. Il parle clair et y compris jusqu’au simplisme voire à la caricature. Mais tout le monde y trouve son compte précisément les populistes qui ne veulent pas s’encombrer d’analyse complexe mais aussi les plus évolués qui apprécient les références historiques et littéraires de Zemmour qui donnent un crédit pseudo scientifique un discours un peu brutal et trop simplifié. Le grand avantage de Zemmour, c’est de parler comme on s’exprime dans la vraie vie sans périphrase, sans  contour inutile. Enfin Zemmour n’hésite pas à emprunter à la rhétorique marxiste qui utilise la terreur du vocabulaire pour disqualifier l’adversaire:  » c’est faux, vous avez tort, vous n’avez rien compris, je vais vous expliquer ! » Ou quand l’anathème remplace l’argument!

Des  fait indiscutables

La rhétorique de Zemmour s’appuie au départ sur des faits indiscutables : exemple le déclin économique, l’immigration incontrôlée ou encore l’écroulement de notre système de formation. Sur l’aspect le plus controversé par ses adversaires à savoir l’immigration incontrôlée et la mise en cause de la laïcité, un récent sondage a montré que plus de 60 % des Français partageaient cette inquiétude. Nombre d’observateurs tentent de minimiser l’ampleur et la nature de ces craintes. D’après eux, seulement quelques quartiers seraient concernés en France. Certainement des quartiers dont ils ignorent tout et dans lesquels ils n’ont pas résidé, ni eux, ni leurs familles ni leur entourage. Or pas moins sans doute  1000 quartiers sont contaminés par l’insécurité, la drogue et le changement sociologique et sociétal. Les métropoles, les grandes villes mais aussi les villes moyennes sont concernées. Contester ces faits réels ne fait que renforcer la crédibilité du discours de Zemmour.

Une généralisation outrancière

La technique de Zemmour consiste à partir de faits réels mais de les amplifier et de les généraliser. Ainsi par exemple parle-t-il de guerre civile ou de dictature. Une sémantique complètement exagérée et une méthodologie grossière. S’il faut effectivement reconnaître des insuffisances, des déclins, des faiblesses, on ne peut cependant en conclure que le pays connaît une forme de libanisation, d’affrontements guerriers et de dictature. Même si par exemple les outrances de l’éco féminisme gagnent du terrain ( plus généralement la cancel culture ou le wokisme) ; il s’agit encore surtout d’un phénomène à la fois élitiste et marginal. Une idéologie à contester mais qui est loin d’avoir aboli les valeurs traditionnelles majoritaires dans la société. Des thèses portées par des gauchistes comme Sandrine Rousseau, écolo bobo qui n’a même pas été capable d’être élue représentante d’Europe écologie les Verts. Un parti qui de toute manière ne recueillera qu’autour de 10 % des suffrages aux présidentielles et encore. Zemmour se refuse à faire des analyses pertinentes du type coût bénéfice, avantages inconvénients, progrès et régression.

La réduction de tous à la question migratoire

Avec Zemmour, les sujets peuvent varier mais le facteur explicatif est unique à savoir l’immigration. Qu’il s’agisse de thèmes sociétaux, économiques, sociaux, politiques, ou culturels tout est imputable à la question migratoire. Certes l’absence de maîtrise de ces flux est responsable de faiblesses et même de régression mais on ne saurait lui imputer la responsabilité de toutes nos insuffisances. Un exemple celui du poids de l’État et de la fonction publique. Le nombre de fonctionnaires est loin d’être totalement dicté par la problématique migratoire. C’est une maladie bien française qui confond intérêt général, outil du service public et statut des institutions et des personnels. De la même manière, l immigration n’est pas responsable du noyautage des institutions et des partis politiques par les élèves de l’ENA. De même, pour  le manque de compétitivité et de productivité de la population active du pays.

Radicalisme et irréalisme des propositions

Face à ce qu’il appelle le grand remplacement Zemmour propose la rémigration. Notons cependant que depuis qu’il perce dans les sondages, il a beaucoup adouci son orientation en parlant maintenant de contrôle de l’immigration. Il s’est évidemment aperçu du caractère irréaliste de son orientation. De la même manière en matière économique, les analyses de Zemmour conduiraient au retrait de l’union européenne  et à l’abandon de l’euro. On voit mal en effet l’Union européenne nous accorder les bénéfices économiques notamment monétaires sans en respecter les règles. Du coup dans ce domaine aussi Zemmour s’est aperçu de l’outrance de ses préconisations. Il maintient sa critique radicale de l’Europe mais fais-lui « en même temps » en proposant que la France demeure dans l’Union et conserve l’euro.

 

En conclusion, il serait temps que les adversaires de Zemmour se mettent à la hauteur de l’efficacité de la rhétorique du polémiste. Le bla-bla énarchique est de ce point de vue obsolète. Mais on ne pourra combattre Zemmour qu’ avec davantage de clarté mais aussi davantage de pertinence et de détermination. Pour déconstruire le discours de Zemmour il faut d’abord en comprendre la logique mais lui opposer aussi une vision crédible, partagée et compréhensible. Bref il faudra pour cela des adversaires de Zemmour plus forts, plus crédibles  que lui sur le fond comme sur la forme. Pour l’instant ceux qui se sont affrontés à lui ce sont plutôt grillés  les ailes y compris  un Mélenchon qui ne manque pourtant pas de culture,  de bagout et d’outrances.

Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

 Un article de Marie-Amélie Lombard-Latune dans l’Opinion  tord le à la revendication permanente de moyens supplémentaires pour la justice en s’appuyant sur l’analyse de la Cour des Comptes. 

La justice est encombrée, c’est une évidence mais encombrée surtout par des affaires qu’elle ne devrait pas traiter. Un exemple un nombre de plaintes considérables pourraien t être géré directement par les médiateurs; autre exemple que vient  la Sextape de l’affaire Benzema devant les tribunaux. Pourquoi le recours systématique aux avocats qui complexifient à dessein les procédures etc.NDLR

« La conviction de la Cour » des comptes est que la justice « a besoin moins d’être réformée que mieux gérée. » Mine de rien, c’est un pavé dans la mare que lancent les magistrats financiers. Le message est clair : après des décennies de disette budgétaire, les ressources existent, elles doivent désormais être mieux réparties. A l’heure des Etats généraux de la justice, ce constat des Sages de la rue Cambon, à contre-courant des discours du corps judiciaire, mérite d’être exposé. Il est dressé par la note « Enjeux structurels pour la France » d’octobre 2021 et a été réalisé par la 4e chambre de la Cour.

Côté budget, les hauts magistrats rappellent que la justice a vu ses crédits grimper de 22 % entre 2011 et 2021. Après une hausse de 8 %, déjà enregistrée en 2021, la même augmentation vient à nouveau d’être votée pour 2022 (soit 720 millions d’euros), ce lundi par l’Assemblée. Un « doublé historique » ne manque pas de souligner le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti, qui se félicite aussi que le recrutement de 650 juges permette de franchir la barre symbolique des 9 000 magistrats en France. Sans oublier la « justice de proximité » et les 11 % d’effectifs en plus dans les juridictions.

Dans les tribunaux, ce coup de pouce des « sucres rapides » — c’est le terme qu’affectionne le garde des Sceaux — est indéniablement apprécié, même s’il repose largement sur des contractuels. A cette augmentation substantielle des moyens, s’ajoutent « de nombreuses réformes (destinées) à alléger le travail du juge » (simplification du droit familial, déjudiciarisation comme pour le divorce par consentement mutuel), rappelle la Cour des comptes.

Il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats »

« Délais de traitement ». A suivre la rue Cambon, il s’agirait donc aujourd’hui de se retrousser les manches. Mais c’est là que le bât blesse car encore faut-il savoir qui fait quoi dans les 164 tribunaux judiciaires. Or, la justice ne dispose pas d’« outils d’évaluation de la charge de travail et de répartition des effectifs adaptée aux besoins ». Résultat, « les délais de traitement des affaires civiles se détériorent et le stock des dossiers en attente augmente ». Selon la note, il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats ». Il s’agit d’« une priorité pour le ministère ». Il permettrait « une allocation des ressources humaines adaptées aux besoins ».

Deux autres orientations sont préconisées pour gagner en efficacité. D’une part, il s’agit de revoir, une fois de plus, la carte judiciaire, principalement le périmètre des 36 cours d’appel, souvent trop réduit, qui entraîne « dispersion des moyens et complexité de gestion ». D’autre part, un plan de transformation numérique est indispensable, le retard pris en la matière étant « considérable ».

Au passage, la Cour des comptes tord le cou à quelques idées reçues sur la France qui, selon le Conseil de l’Europe, consacrait en 2018, 69,50 euros par habitant et 0,2 % de son PIB à sa justice alors que la moyenne européenne était de 72 euros par habitant et de 0,33 % du PIB. Ces comparaisons sont à prendre « avec prudence », écrit la Cour, car les systèmes judiciaires sont très différents. Les données sur le nombre de magistrats ne sont pas, non plus, toujours probantes. Certes, la France n’en compte « que » 11 pour 100 000 habitants (21 en moyenne dans les pays européens), mais ces chiffres ne tiennent pas compte des juges non professionnels qui siègent aux Prud’hommes et dans les tribunaux de commerce.

Simplification administrative : l’éternelle promesse

Simplification administrative : l’éternelle promesse

 

Un collectif, emmené par le philosophe Gaspard Koenig, souligne, dans une tribune au « Monde », les injustices générées par la complexité des lois et de l’administration et appelle à une réforme radicale de la gouvernance étatique française.

 

 

Tribune. 

 

Les tracas administratifs sont aussi vieux que l’Etat. Au XVIe siècle, Montaigne se plaignait déjà qu’il y ait davantage de lois en France que dans le reste du monde. Tocqueville faisait de la « tutelle administrative » le trait commun entre l’Ancien Régime et la Révolution. Pompidou se plaignait du « réseau complexe des règles et des principes ».

Aujourd’hui, selon le secrétariat général du gouvernement, le volume du droit consolidé en vigueur est de 84 619 articles législatifs et de 233 048 articles réglementaires. Il est surtout en inflation permanente, dûment chiffrée et déplorée par le Conseil d’Etat dans ses rapports réguliers sur le sujet. La multiplication des autorités locales épaissit le brouillard. Nul n’est censé ignorer la loi, mais, aujourd’hui, nul ne peut comprendre sa logique.

Le constat est bien connu, et les gouvernements successifs mettent en place des commissions de simplification aussi bien intentionnées qu’impuissantes. Travail de Sisyphe, noble mais vain, tant est irrésistible la force d’inertie de la machine à produire de la norme, alimentée par des chefs de bureau zélés et des législateurs bavards. Les élites politico-médiatiques délaissent avec la même régularité qu’elles le dénoncent ce sujet fastidieux, qui ne les trouble guère à titre personnel : quand on vit dans les clous, quand on peut compter sur ses relations pour débrouiller les situations délicates, quand on a les moyens de s’offrir un expert-comptable ou un juriste spécialisé, la complexité se limite à une irritante paperasserie.

Tel n’est pas le cas sur le terrain. Artisans en crise de nerfs face aux formulaires Cerfa, allocataires sociaux renonçant à leurs droits faute de dossier complet, entrepreneurs découragés par l’interminable chaîne des décideurs, bénévoles associatifs devenus professionnels de la demande de subvention, agriculteurs transformés en fonctionnaires de la PAC, contribuables égarés dans le dédale du code fiscal, parents de handicapés mortifiés par les certificats médicaux à renouveler chaque année, femmes divorcées otages de leur nom d’épouse sur leurs papiers, familles empêchées de construire une cabane dans leur jardin, maires ruraux pénalement responsables d’un code de l’urbanisme illisible, électeurs perdus dans le millefeuille territorial, citoyens submergés de sigles et d’acronymes, tous menacent de décrocher, s’ils n’ont pas déjà renoncé à l’Etat de droit en se bricolant un statut bancal dans les interstices d’un système devenu fou.

Le ras-le-bol des repentances à bon compte

Le ras-le-bol des repentances à bon compte

 

Il y a sans doute des modes ou des cycles qui inscrivent le comportement des Etats dans des périodes de conquête joyeuse ou de triste repentance. Pour la France en tout cas depuis Hollande et Macron ( mais aussi Giscard et Chirac), le mouvement est à la contrition pour des événements historiques forcément souvent complexes et douloureux.

 

Ce qu’il faut regretter d’abord c’est l’impasse sur cette complexité et l’approche un peu binaire de l’histoire qui catégorise les impliqués de manière simpliste en bons et en méchants.

 

Cette schématisation concerne en particulier la dernière colonisation. Une colonisation sans doute globalement condamnable qui a surtout servi les intérêts économiques et financiers d’une minorité. Par contre, qui a aussi permis de structurer les organisations locales, de favoriser les investissements et le développement au sens large. Pour preuve ,depuis 60 ans, la décolonisation n’a guère permis de progrès à la hauteur des potentiels économiques et humains de ces pays.

 

Ceci étant,  la dernière colonisation était une erreur politique tellement était  forte dans le monde la quête d’autonomie nationale. Historiquement par contre l’appréciation des colonisations a été appréciée de manière très différente. Ainsi il ne viendrait à l’idée de personne de mettre en question la colonisation de la France par les Romains car c’est la civilisation gallo-romaine qui a permis à la France de franchir une étape dans la modernité.

 

Plus loin encore qui se souvient que l’Occitanie été rattachée à la couronne de France grâce au massacre des Cathares. Un aspect même ignoré des livres d’histoire des écoles publiques.

 

Juger le passé à partir des critères d’aujourd’hui c’est forcément examiné le passé avec des lunettes teintées par la morale et l’éthique contemporaines.

 

 

De ce point de vue on peut souscrire à la définition du député européen Bernard Poignant, paru dans plusieurs journaux « France, j’aime ton histoire ». «  Il devient fatigant de se repentir et de s’excuser pour chaque étape de l’histoire de la France. La repentance est une méthode pontificale, marquée du sceau de la pénitence et en attente de rédemption. La quête de la vérité historique, la recherche inlassable des faits et leur publication relèvent du principe de reconnaissance, donc d’une méthode laïque et démocratique. »

 

 

Plus on remonte dans l’histoire et plus on constate que la plupart des pays un moment ou un autre ont été dominés et où colonisés par un autre. Dans beaucoup de cas, les cultures se sont imbriquées et l’assimilation nationale à effacé complètement les traces de la colonisation. Ceci vaut pour l’Europe dont les frontières ont énormément changé comme pour l’Afrique ou d’autres continents.

 

Pourquoi dès lors  ne pas aussi se repentir de ses colonisations passées qui au passage ont souvent été aussi injustes et plus dominatrices que les plus récentes.

 

Se repentir aujourd’hui c’est porter un jugement de valeur avec les critères contemporains, des critères plus souvent politiques ou idéologiques qu’historiques.

 

En outre se repentir pour des événements anciens, c’est en quelque sorte faire un acte de contrition sur la poitrine des autres; se  désolidariser d’une responsabilité forcément collective qui fait histoire.

 

Il n’appartient pas aux politiques de se repentir des faits anciens. Cette évaluation et ce jugement éventuel appartiennent  exclusivement aux historienx et non à des responsables politiques nourris d’une idéologie du moment bien content de faire porter le chapeau à des prédécesseurs morts peut-être pour faire oublier leurs « péchés » d’aujourdhui. (Les inégalités ou le massacre de l’environnement par exemple).

Plus loin encore qui se souvient que l’Occitanie été rattachée à la colonne de France grâce au massacre des Cathares. Un aspect même ignoré des livres d’histoire des écoles publiques.

 

Juger le passé à partir des critères d’aujourd’hui c’est forcément examiné le passé avec des lunettes teintées par la morale et l’éthique contemporaine.

 

 

De ce point de vue on peut souscrire à la définition du député européen Bernard Poignant, paru dans plusieurs journaux « France, j’aime ton histoire ». «  Il devient fatigant de se repentir et de s’excuser pour chaque étape de l’histoire de la France. La repentance est une méthode pontificale, marquée du sceau de la pénitence et en attente de rédemption. La quête de la vérité historique, la recherche inlassable des faits et leur publication relèvent du principe de reconnaissance, donc d’une méthode laïque et démocratique. »

 

 

Plus on remonte dans l’histoire et plus on constate que la plupart des pays un moment ou un autre ont été dominés et où colonisés par un autre. Dans beaucoup de cas, les cultures se sont imbriquées et l’assimilation nationale à effacé complètement les traces de la colonisation. Ceci vaut pour l’Europe dont les frontières ont énormément changées comme pour l’Afrique ou d’autres continents.

 

Pourquoi dès lors  ne pas aussi se repentir de ses colonisations passées qui au passage ont souvent été aussi injustes et plus dominatrices que les plus récentes.

 

Se repentir aujourd’hui c’est porter un jugement de valeur avec les critères contemporains, des critères plus souvent politiques ou idéologiques qu’historiques.

 

En outre se repentir pour des événements anciens, c’est en quelque sorte faire un acte de contrition sur la poitrine des autres. En quelque sorte se désolidariser d’une responsabilité forcément collective qui fait histoire.

 

Il n’appartient pas aux politiques de se repentir des faits anciens. Cette évaluation et ce jugement éventuel appartiennent  exclusivement au historien et non à des responsables politiques nourris d’une idéologie du moment bien content de faire porter le chapeau à des prédécesseurs morts peut-être pour faire oublier leurs péchés d’aujourdhui. (Les inégalités ou le massacre de l’environnement par exemple).

Inflation: la principale préoccupation économique des Français

Inflation: la principale préoccupation économique des Français

En dépit des discours qui se veulent rassurants de la part des institutions officielles (gouvernement, banque centrale, experts), les Français ne croient pas du tout au concept d’une inflation qui serait modeste et temporaire. Au contraire, ils sont persuadés que cette ablation ne sera pas secondaire ni provisoire.

 

Pour eux , il y a une réelle menace du pouvoir d’achat tout autant que de l’épargne. Cette crainte est fondamentale pour l’avenir de la croissance. Avec le vent d’optimisme qui souffle sur la reprise d’activité, les experts comptent en effet beaucoup sur la mobilisation de l’épargne au service de la croissance. Or devant la montée des prix aussi bien des matières premières que des services contraints, les Français ne manifestent pas leur intention de se délester de l’épargne de précaution.

 

Pour preuve la confiance des ménages pour le mois d’octobre est passée sous sa moyenne de longue période, en baisse de deux points, selon l’Insee.

Les ménages sont conscients que leur situation financière passée est bonne, mais pessimistes sur son évolution. Surtout, leur avis sur le niveau de vie en France se dégrade nettement. La part des ménages qui pense que ce dernier va s’améliorer baisse de quatre points et passe sous sa moyenne de longue période.

Fonctionnaires : suppression de 620 000 postes (Denis Payre)

Fonctionnaires : suppression de 620 000 postes (Denis Payre)

Denis payre,  chef d’entreprise et candidat à la candidature chez les « républicains » n’évite pas malheureusement la simplification des problèmes sur une question pourtant cruciale concernant les effectifs étatiques ou plus généralement publics.
L’intéressé soulève effectivement la question centrale de la lourdeur étatique et du poids financier du nombre de fonctionnaires. Reste que les chiffres qu’il avance sont tout à fait fantaisistes et ne reposent strictement sur rien. Notons au passage que depuis des dizaines et des dizaines d’années,  les candidats aux présidentielles  y compris républicains ont toujours annoncé leur volonté de réduire le nombre de fonctionnaires et finalement les ont augmentés.

À juste titre Denis Payre  propose une sorte d’audit systématique des institutions publiques et la fixation d’objectifs de gestion. Par contre il oublie de poser la question centrale d’une nouvelle définition des champs d’activité publics. Il ne s’agit pas seulement en effet de réduire le nombre de fonctionnaires mais sans doute et surtout d’abord de réduire le nombre d’organisations publiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec la gestion de l’intérêt général ou qui peuvent être utilement transférés au privé par voie de délégation publique.

 

Denis Payre, entrepreneur et candidat à l’investiture Les Républicains, a décidé de se lancer dans la course pour une raison simple: «J’ai pris cette décision car en 2017, les adhérents avaient plébiscité un programme de réformes très ambitieux, ce que je ne retrouve pas aujourd’hui chez les autres candidats !»

L’une de ses mesures phares consiste à supprimer 620 000 postes de fonctionnaires. Mais où exactement ? «On a aujourd’hui des services administratifs pléthoriques, explique le candidat. Par exemple, dans le système de santé, 35% du personnel ne voit jamais un patient ! En Europe, la moyenne est de 24% (…) On retrouve ça dans l’éducation, dans la police, dans tous les services publics. Ces services en sureffectifs ajoutent de la bureaucratie et freinent les premières lignes.»

Denis Payre propose aussi d’instaurer une culture du résultat au sein même de l’administration, en commençant par «évaluer le coût de production des entités administratives comme les hôpitaux, les régions, les métropoles. Ensuite, il faudra comparer et inciter les responsables d’entités administratives à converger vers la meilleure pratique, avec des primes au résultat.»

Mais la mise en place de telles mesures ne risqueraient-elles pas de déclencher une guerre avec les syndicats ? Pour Denis Payre, pas forcément. «Beaucoup de fonctionnaires sont tout à fait d’accord avec mon analyse, avance-t-il. Notamment ceux qui se trouvent en première ligne, qui sont mal payés et qui se retrouvent à supporter le poids de cette bureaucratie. Oui, il faut un dialogue avec les syndicats mais on n’a pas le droit de bloquer le pays. »

Enfin, concernant le cas Zemmour, Denis Payre explique: «Il joue un rôle utile en ouvrant certains débats mais dans la forme, il va fracturer encore plus la société française. Ses constats sont les bons, pas ses solutions. »

Résister quand tout s’effondre

 Résister quand tout s’effondre

Pour l’autrice de « La Langue géniale », invitée du prochain Forum philo « Le Monde » Le Mans, l’Enée de Virgile est le héros vers qui se tourner en période de crise.

 

 

Elle est passée, presque du jour au lendemain, de l’ombre à la lumière. L’immense succès mondial de La Langue géniale (Les Belles Lettres, 2018), traduit en vingt-sept langues, a fait d’Andrea Marcolongo une star inattendue. La jeune professeure de grec ancien a montré depuis que cette révélation n’était pas un feu de paille. De livre en livre, explorant de grandes œuvres de l’Antiquité, elle a imposé un style très personnel, alliant érudition sans faille et sensibilité à fleur de peau. Son nouvel essai, L’Art de résister, scrute l’Enéide, de Virgile (70-19 av. J.-C.), en l’éclairant d’une lumière contemporaine.

Ce poème épique, il faut le rappeler, enseigne à endurer les crises : sortant de Troie en flammes avec son jeune fils et son père impotent, Enée doit traverser la Méditerranée à la recherche d’une nouvelle patrie. Après sept années d’épreuves, il fait naufrage à Carthage, où il s’éprend de la reine Didon. Elle se suicide quand Enée la quitte pour poursuivre sa mission. Arrivé en Italie, il mène une longue guerre ouvrant la voie à la fondation de Rome.

Virgile est célèbre, mais pas populaire. Pour quelles raisons ?

Comme presque tout le monde, j’ai rencontré Virgile pour la première fois au lycée. Et je l’ai retrouvé évidemment à l’université au cours de mes études de lettres classiques. Mais je n’avais jamais véritablement ressenti ce qu’Enée et l’Enéide avaient d’admirable. C’est toujours Homère que l’on aime, c’est à Ulysse, ou Achille que l’on s’attache. Jamais, autour de moi, je n’ai entendu personne dire qu’Enée était son héros préféré ! Même s’il a fondé l’Italie, et préparé l’essor de l’Empire romain, il n’est pas vraiment admiré, ne suscite aucune ferveur.

Alors, comment l’avez-vous redécouvert, et lu avec d’autres yeux ?

Je travaillais déjà à ce livre quand la pandémie et le confinement m’ont fait comprendre que le poème de Virgile, qui évoque avant tout une histoire collective, la vie d’un peuple, et pas simplement celle d’un héros, se perçoit très différemment dans une période de crise. Quand tout va bien, que le monde est stable et que le bien-être et la sécurité règnent, on préfère Homère. Quand des malheurs s’annoncent et que la peur s’installe, c’est vers Virgile qu’on peut se tourner, parce qu’Enée est le héros qui enseigne à se tenir debout malgré tout, à résister quand tout s’effondre.


Cet « art de résister » dont Enée constitue selon vous le modèle, en quoi consiste-t-il ?

Etre sérieux, faire ce qui doit être fait, sans céder à l’abattement, à la douleur, au désespoir. C’est pourquoi ce n’est pas un héros spectaculaire ni éclatant. Il remplit sa mission, quoi qu’il advienne. Si on le lit dans une période où tout va bien, on pourra lui reprocher d’être terne, austère, et même plutôt triste, incapable par exemple de vivre sa passion amoureuse. En revanche, quand tout va mal, on admire sa grandeur, qui consiste avant tout à ne pas agir pour lui-même mais pour les siens – son vieux père, son fils, son peuple – et pour leur avenir. Il traverse toutes les souffrances du présent pour préserver un futur différent. C’est un héros pour temps de crise. Virgile l’a conçu à un tournant de l’histoire de Rome, le déclin de la République et la naissance de l’Empire. Dante l’a magnifié à un moment où les cités italiennes traversaient une crise politique majeure. Nous le retrouvons dans les effondrements qui nous menacent.

Sauver le cinéma indépendant

Sauver le cinéma indépendant

 

 

Les distributeurs de films indépendants, déjà fragilisés par la crise sanitaire, doivent faire face à la concurrence des grandes plates-formes, s’alarment, dans une tribune au « Monde », Eric Lagesse et Carole Scotta, coprésidents du syndicat des Distributeurs indépendants réunis européens.

 

Tribune.

 

Une étude menée par l’Agence nationale pour le développement du cinéma en régions montre que les distributeurs indépendants français ont perdu 70 % de leurs entrées en septembre 2021 par rapport au mois de septembre 2019, alors que les studios américains ont progressé de 33 %.

Cette catégorie de distributeurs, fragilisée par la crise sanitaire, est pourtant celle qui finance et distribue la majorité des films présentés à Cannes chaque année, les grands auteurs du cinéma mondial, mais aussi les premiers et seconds films qui assurent le renouvellement des talents. Ces mêmes distributeurs sont ceux qui assurent la présence des films pour le jeune public, et alimentent les programmes écoles, collèges et lycées au cinéma mis en place par le Centre national du cinéma et de l’image animée. Pourtant, leur travail reste méconnu du grand public.

Les distributeurs sont les premiers à lire et investir dans les scénarios des futurs films, français ou étrangers, bien avant les chaînes de télévision, les régions, les sociétés de financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle et autres financeurs de la filière. Lorsque le film est tourné, ils sont encore les premiers à en découvrir le montage, à le retravailler parfois avec producteur et réalisateur et orchestrent ensuite la sortie du film : présentation en festivals, choix de la date de sortie et de l’attaché de presse, choix des salles et du nombre d’écrans, création des bandes-annonces, affiches, dossiers de presse et de tous les éléments de promotion. Tout cela sur leurs fonds propres, auxquels viennent s’ajouter les avances financières versées pour acquérir les films. Au total, leurs investissements s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros par an, récupérables pour l’essentiel sur les recettes des entrées en salles.

Le distributeur est le lien indispensable entre ceux qui font les films – auteurs, réalisateurs, producteurs – et ceux qui les exploitent – les salles de cinéma. La numérisation de la société, accélérée par la crise sanitaire, tend à supprimer les intermédiaires, et les géants de la distribution en ligne se sont forgé un accès direct, voire incontournable, vers le consommateur. La tendance très volontaire de certaines plates-formes de sortir leurs « originals » sur grand écran en négociant directement avec les salles prouve combien la place du distributeur est de plus en plus menacée.

Les usages ont muté vers l’achat en ligne de biens culturels, et ont inauguré un débat nouveau dans notre société : qu’est-ce qu’un bien essentiel ? C’est ainsi que le combat commun des libraires et de leurs lecteurs a permis aux livres d’accéder à cette distinction nouvelle du gouvernement, distinction refusée au cinéma et aux spectacles culturels en général.

La tentation totalitaire partout

La tentation totalitaire partout

 

 

Le coup d’Etat au Soudan intervenu ces derniers jours est le troisième sur le continent africain en quelques mois. Et les attaques contre la démocratie se multiplient ailleurs dans le monde. Cette dérive invite à la lucidité et à la vigilance. ( (Extrait du Monde)

. Il est tentant d’accueillir avec fatalisme l’annonce d’un coup d’Etat au Soudan. L’histoire de ce grand pays en est malheureusement riche. La répétition de scènes trop familières à Khartoum, malgré la détermination admirable de ceux qui refusent de courber l’échine, est par ailleurs la troisième du genre sur le continent africain au cours des derniers mois, après les coups de force survenus au Mali et en Guinée. Cette succession tragique est également de nature à alimenter la résignation. S’il faut évidemment faire la part des mécanismes particuliers qui en sont à l’origine, ces reculs soulignent combien la démocratie va mal dans les pays où elle est fragile.

 

Mais ce phénomène délétère ne se limite pas à l’Afrique, loin de là. En mars, l’un des greffiers de l’état de la démocratie libérale dans le monde, la Freedom House, une organisation financée par l’Etat fédéral des Etats-Unis, a rendu un rapport une nouvelle fois alarmant sur son érosion. Elle y est apparue en recul pour la quinzième année d’affilée, avec un nombre record (73) de pays ayant enregistré un déclin. En septembre, le rapport annuel de la même organisation concernant les libertés sur Internet a également enregistré une régression, une tendance observée depuis 2010. La Chine trône pour la septième année de suite en tête de ce palmarès sinistre de la censure en ligne et de l’emprisonnement des voix dissidentes.

Répression transnationale

La « viralité autocratique » pointée, par ailleurs, par l’institut V-Dem, un autre observatoire rattaché à l’université de Göteborg, en Suède, financé notamment par la Banque mondiale, ne concerne pas que les démocraties les plus jeunes, dont le Myanmar, la Birmanie, est un cruel exemple. Les militaires ont en effet mis fin dans le sang, en février, à un apprentissage difficile, pourtant soutenu massivement par le peuple birman dans les urnes. Cette lame de fond autoritaire ébranle aussi des nations pourtant fortes d’une longue tradition de démocratie représentative et de pluralisme politique comme l’Inde, rangée par V-Dem dans la catégorie des « autocraties électorales », du fait de la pratique du pouvoir de Narendra Modi, ou bien Hongkong, mis au pas sans ménagement par Pékin.

La mondialisation des échanges, longtemps présentée comme un adjuvant à une germination démocratique sur des terres rétives, semble jouer désormais au bénéfice des régimes autoritaires, avec la dissémination des moyens de cybersurveillance. S’y ajoute le développement d’une répression transnationale exercée par la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie ou encore l’Arabie saoudite, y compris dans des havres traditionnels pour dissidents comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou le Canada.

Ce dérèglement n’épargne pas non plus les piliers les plus anciens de la démocratie libérale. La multiplication des offensives contre les indispensables contre-pouvoirs, qui sont pourtant les garants de son bon fonctionnement, en Europe comme aux Etats-Unis, en témoigne, sans compter les effets dévastateurs de réseaux sociaux qui y attisent les haines.

 

A l’épreuve d’une crise de l’ampleur de la pandémie qui a frappé le monde, le principal argument des régimes autoritaires, celui de l’efficacité, n’a pourtant pas convaincu face aux résultats des démocraties représentatives. La dérive actuelle invite donc à la vigilance comme à la lucidité. La démocratie n’est pas un acquis. Elle demeure, plus que jamais, un combat. Elle n’est pourtant pas sans répondant pour peu qu’on veuille bien la défendre.

Economie, politique, société: les plus lus

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La société de la fête et de la flemme

 La société de la fête et de la flemme

Jérémie Peltier, directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès critique dans l’opinion une société permanente de la fête et de la flemme (extrait).

 

Peut-on passer une bonne soirée sans la mettre sur Instagram ? Jérémie Peltier de la Fondation Jean-Jaurès répond « non » en 150 pages pleines de références à notre époque et d’exemples littéraires remontant à Gustave Flaubert dans son livre La Fête est finie ?. Pamphlet anti-selfies et odes aux rencontres d’un soir, l’essayiste y œuvre à ressusciter ce que les politiques aiment appeler le « vivre ensemble ».

Les ennemis de la fête, selon vous, sont les adolescents de 50 ans qui se déplacent en trottinette, ceux qui portent des baskets avec leur costard, qui se prennent en selfie et, pire, organisent des fêtes de voisins. Comme Michel Sardou, détestez-vous tout de notre époque ?

 

Ennemi est un grand mot ! Disons que tout cela participe à la « festivisation générale » de la société qui rend la fête malade à mon sens. Mais il y en a d’autres, comme les rabat-joie, ceux qui mettent trop de sérieux dans la fête, qui l’instrumentalisent pour défendre une multitude de causes. Il faut veiller à protéger des lieux séparés du flux quotidien, qui peuvent disparaître face à la prise au sérieux ambiante et au narcissisme. Donc, non, je ne déteste pas tout de notre époque. Il y a encore des choses à sauver. C’est pour cela que j’ai écrit ce livre.

Vous décrivez une société dans laquelle la fête est partout et vous concluez qu’elle est finie. Comment expliquer ce paradoxe ?

La fête partout, tout le temps, n’est plus une fête. Je rejoins l’écrivain Philippe Muray, qui constatait que l’espace public, les rues, les monuments, le monde professionnel prennent des traces festives sans ce qui fait son essence : la spontanéité, l’imprévu et la légèreté. On veut croire que la fête permanente, c’est la fête, mais cela ne l’est pas. Faire la fête partout, c’est faire la fête nulle part.

Vous parlez des monuments. Comment participent-ils à l’hyper-fête ?

La fête du patrimoine a lieu tout le temps. Les monuments n’acceptent plus d’être des monuments juste pour ce qu’ils sont. La fashion week les a investis. …..

France 2030 :L’oubli des ressources humaines

France 2030 :L’oubli des ressources humaines

L’exercice prospectif présenté par Emmanuel Macron oublie la question des ressources humaines, devenue centrale face à la raréfaction de la main-d’œuvre et à la nécessaire adaptation au changement climatique, note l’économiste Philippe Askenazy.

Chronique.

 

 La présentation du plan France 2030 par le président de la République et non par le haut-commissaire au plan a surpris. Au moins, l’existence de ce haut-commissaire a-t-elle été évoquée, contrairement à celle du haut-commissaire aux compétences, créé en mars 2020 et chargé, notamment, de superviser un exercice de prospective des métiers et qualifications à l’horizon 2030. Cet oubli est significatif : le pouvoir pense aujourd’hui l’avenir du facteur capital, mais pas celui du facteur travail.

L’exercice tranche avec la planification née après le second conflit mondial. Dans un contexte de reconstruction, puis de modernisation de l’économie française, la planification intégrait simultanément les dimensions capitalistique et humaine, et leur interaction. Planification des besoins de main-d’œuvre, système éducatif et branches professionnelles formaient un bloc articulé autour de la qualification. Dans les grilles des conventions collectives, la qualification du travailleur selon une double échelle (sa formation et son expérience) répondait à la qualification de l’emploi (la capacité à exercer un métier ou un poste). La grille offrait à la fois une hiérarchie des qualifications auxquelles étaient associés des minima salariaux, et un outil pour traduire l’évolution planifiée des effectifs productifs en adaptation constante des flux en formation initiale.

L’irruption du chômage de masse, la révolution numérique, les mutations des organisations du travail et la « flexibilisation » du marché du travail ont démembré cet édifice. Exigence de polyvalence, travail en équipe, mobilisation simultanée et croissante des capacités cognitives et physiques ont rendu difficile la qualification d’un emploi. Par exemple, une fiche de poste pour un valet ou une femme de chambre comporte typiquement, aujourd’hui, trois pages, décrivant notamment les compétences attendues.

Modèle « low cost »

La notion de compétences de l’individu est en effet venue se substituer à la qualification, générant une nébuleuse de typologies variées. L’enquête de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) « Evaluation des compétences des adultes » (PIAAC) retient la compétence en littérature, en numératie (comprendre et utiliser des données mathématiques) et en résolution de problème. Pour Pôle emploi, les « trois types de compétences à valoriser lors de votre candidature » sont le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Dans leur acquisition, ce n’est plus l’expérience cumulative sur un poste qui est valorisée, mais l’accumulation d’expériences variées. La précarisation des carrières, notamment des jeunes, se mue ainsi en « opportunités ».

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