Gilets jaunes. La révolte des oubliés

 Gilets jaunes. La révolte des oubliés  

 

Un papier du Monde analyse livre de Pierre Blavier qui sonde, sur le terrain, une mobilisation qui a secoué la France et explore les modes de vie d’une frange de la société qui se sent oubliée.

 

 

Livre. 

 

« Donc ce ne sont pas seulement les taxes sur le carburant si je comprends bien ? – Non c’est tout. – Comment cela, tout ? – Tout, répéta-t-il comme s’il s’agissait d’une évidence. On ne peut plus supporter tout ça. » Tiré du roman de Gérard Delteil, Les Ecœurés (Seuil, 2019), cet échange entre un « gilet jaune » et un journaliste venu l’interviewer est certes inventé, mais il n’en reste pas moins éclairant : il y a là, bien au-delà de la taxe sur le carburant, le rejet d’un « tout ça », à la fois évident et informe, qui anime la révolte.

C’est avec cette citation que débute Gilets jaunes. La révolte des budgets contraints, l’ouvrage de Pierre Blavier, chargé de recherche au CNRS en sociologie et en science politique à Lille, au laboratoire Clersé. A travers une enquête de terrain sur la vie des ronds-points et les budgets des familles, le chercheur revient sur ce mouvement social qui a agité la France à partir de l’automne 2018 et fait, en quelques semaines, reculer le gouvernement. Il tente aussi d’éclaircir ce que les « gilets jaunes » nous ont appris sur la société française.

Il faut d’abord se rappeler que cette protestation, paradoxale à maints égards, a surpris les gouvernants, les spécialistes, les journalistes et l’opinion publique : elle tranche avec le répertoire d’actions collectives qu’a connues la France depuis plusieurs décennies. « Comment expliquer une telle mobilisation de la part de milieux dont de nombreux travaux ont souligné la distance au politique, leur sentiment d’incompétence en la matière et la faiblesse de leurs engagements citoyens ? », s’interroge le sociologue. Comment sont-ils parvenus à limiter à ce point la liberté de circulation sur tout le territoire métropolitain ? Comment ont-ils réussi à faire émerger et à maintenir une mobilisation d’une telle ampleur sans coordination par un parti, un syndicat ou un réseau associatif ?

L’ouvrage s’attache à répondre à ces questions en mettant l’accent sur ce qui a cimenté la mobilisation : son ancrage dans des milieux sociaux et des « modes de vie partagés par certaines franges de la population française », qui étaient jusqu’alors passés « sous les radars » et que le mouvement a brutalement poussés sur le devant de la scène. L’auteur mêle ainsi la question de l’engagement politique et des modes de vie, trop souvent traités séparément.

 

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