Retour de l’utopie des 32 heures

Retour de l’utopie des 32 heures

 

Encore une sociologue, Dominique Méda, qui se mêle de tout -mélange tout sans connaissance précise et concrète de la problématique économie–temps de travail. Un article qui mérite lecture pour mesurer la superficialité des analyses de sociologues à la mode notamment par rapport à la confusion entre productivité des salariés et productivité de l’ensemble des actifs 

Tribune

D’où vient l’idée que les Français travailleraient moins que les autres ? En oubliant complètement la contribution des travailleurs et des travailleuses à temps partiel, répond la sociologue dans sa chronique.

 

Le président de la République Emmanuel Macron a profité de la présentation du grand plan d’investissement France 2030, le 12 octobre, pour renouveler ses critiques à l’encontre du modèle français de temps de travail. « Quand on se compare, a-t-il dit, nous sommes un pays qui travaille moins que les autres en quantité. » Et a conclu ainsi : « Il nous faut avoir un pays qui produise davantage. »

C’est à cette comparaison que s’était livrée, en 2018, la Direction statistique du ministère du travail (Dares), dans un document d’études intitulé « Comparaisons européennes des durées du travail : illustration pour huit pays ». Après avoir rappelé la très grande complexité de ce type de comparaisons, l’étude présentait un premier résultat, non concordant avec l’affirmation du chef de l’Etat : en 2016, la durée hebdomadaire de travail moyenne des salariés était plus élevée en France qu’en Allemagne, en Suède, en Italie, au Danemark et aux Pays-Bas…

 

D’où vient alors l’idée que les Français travailleraient moins que les autres ? Elle est soutenue, depuis des années, par certaines publications très médiatisées, qui ne s’intéressent qu’au temps de travail des seuls salariés à temps complet (en effet un peu inférieur en France à celui en vigueur dans d’autres pays) en oubliant complètement la contribution des travailleurs – en réalité des travailleuses – à temps partiel.

Or, nous devons d’autant moins négliger celle-ci que le modèle français est différent de beaucoup d’autres, notamment du modèle allemand : le temps partiel y est en effet à la fois d’une durée plus longue (23,7 heures en moyenne en France contre moins de 20 heures en Allemagne) et moins répandu (19 % en France contre 27 % en Allemagne). Les femmes supportent donc moins qu’ailleurs la fragmentation de l’emploi.

La garantie de l’indépendance

Il s’agit de formes d’emploi principalement féminines (47 % des Allemandes et un peu moins de 30 % des Françaises travaillent à temps partiel), qui vont souvent de pair avec de moindres responsabilités et des salaires moins élevés.

Elles sont pour partie subies – les personnes sont alors en sous-emploi et souhaiteraient travailler plus : en France, 44 % des personnes travaillant à temps partiel le font parce qu’elles n’ont pas trouvé de temps complet – et pour partie « choisies ». Mais ce dernier terme doit être utilisé avec précaution : ce « choix » est en effet souvent contraint, dans la mesure où il permet de prendre en charge des activités domestiques et familiales, qui restent extrêmement mal partagées entre les hommes et les femmes.

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