Appel d’enseignants pour Zemmour

Appel d’enseignants pour Zemmour

 

Un appel évidemment très politique mais qui se fonde sur la réalité de la décomposition d’un système de formation.

 

L’école républicaine, telle que la concevait la tradition française, a cessé d’exister. L’alliance des libéraux de droite et des libertaires de gauche, comme l’écrivait Éric Zemmour dans son Suicide français, aura eu sa peau. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les airs qu’on fredonne avec contentement au ministère de Jean-Michel Blanquer : autonomie des établissements, discrimination positive, inclusivité, et même multiculturalisme…

L’essor des établissements privés – à qui l’on ne reprochera pas d’avoir voulu préserver une forme d’excellence au milieu du marasme général – dit bien en revanche que cette nouvelle école est avant tout une école de la relégation sociale, du renoncement à la transmission et de l’idéologie post-républicaine, mélange de catéchisme victimaire et de propagande progressiste. En attendant que la vague woke et sa cancel culture, venue d’outre-Atlantique avec ses bâillons et ses autodafés virtuels, emporte ce qui reste…

 

L’école française avait pourtant été le lieu d’une promesse, incarnée au début du siècle dernier par ces instituteurs que Charles Péguy nommait les « hussards noirs », jeunes soldats de la République dont l’écrivain jugeait le combat digne de ceux de la Grande Armée…

 

L’école française avait pourtant été le lieu d’une promesse, incarnée au début du siècle dernier par ces instituteurs que Charles Péguy nommait les «hussards noirs», jeunes soldats de la République dont l’écrivain jugeait le combat digne de ceux de la Grande Armée : instruire le peuple, permettre aux plus méritants de s’élever, et surtout, faire aimer la France. Les murs mêmes de cette école matérialisaient un espace sacré qui aurait dû, pour reprendre les mots de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale en 1936, «rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas».

Il y a de quoi écarquiller les yeux lorsque l’on songe que, l’année dernière, en France, notre collègue Samuel Paty a été décapité pour blasphème à la sortie de son collège. Lui était resté fidèle à cet esprit des Lumières qu’on s’empresse sans cesse d’invoquer, surtout contre le christianisme et l’héritage catholique de la France, pour l’oublier aussitôt face à l’obscurantisme islamique qui interdit à une partie de nos élèves de s’assimiler à notre communauté nationale et à notre imaginaire républicain. Les hussards d’aujourd’hui ne portent plus l’habit noir, mais sont en deuil.

On a troqué nos méthodes traditionnelles, qui font aujourd’hui le succès du système éducatif des pays asiatiques, contre des chimères qui nous condamnent au déclassement.

 

Quel professeur n’est pas dépité par la faiblesse du niveau de ses élèves ? Les scores soviétiques du brevet et du baccalauréat, véritables mensonges d’État, ne changent rien à ce que chacun constate dans ses classes et que toutes les études internationales confirment : nous avons décroché, complètement, et le niveau de maîtrise des savoirs fondamentaux s’est effondré. Où sont donc à présent les universitaires bien-pensants qui, à travers des publications aux titres galiléens, comme «Et pourtant ils lisent !» ou bien «Le Niveau monte», renvoyaient l’expérience douloureuse de milliers d’enseignants à une forme d’obscure myopie réactionnaire ?

Quel professeur n’a pas subi l’inanité des innovations pédagogiques ? Elles devaient mettre l’élève au centre de l’école afin qu’il façonne lui-même son savoir : il façonne très bien lui-même son ignorance, tandis que l’enseignant joue le rôle d’animateur scolaire. L’abandon, par dogmatisme, de la méthode syllabique dans l’apprentissage de la lecture, ou de l’enseignement explicite de la grammaire, a également contribué à l’émergence d’un nouvel illettrisme. Les copies, même celles des élèves censés être les meilleurs, à l’université ou en classe préparatoire, en portent les stigmates. Comme le résume Éric Zemmour, on a troqué nos méthodes traditionnelles, qui font aujourd’hui le succès du système éducatif des pays asiatiques, contre des chimères qui nous condamnent au déclassement.

Quel professeur n’a pas constaté, dans sa pratique, les échecs désastreux du collège unique ? Qui ignore encore que l’hétérogénéité des classes est telle que la différence de niveau conduit automatiquement au nivellement vers le bas ? Ou qu’un seul élève peut empêcher le cours de se dérouler, l’exclusion étant quasiment interdite ? Là encore, on sacrifie la réalité aux principes par égalitarisme, alors qu’une approche pragmatique des parcours permettrait de ne plus faire subir à ces élèves une scolarité pour laquelle ils ne sont pas adaptés et qu’ils font payer à leurs camarades et à leur enseignant.

Quel professeur enfin n’est pas révolté par le délitement du cadre scolaire et l’explosion de la violence dans les établissements ? Qui n’a pas été témoin de l’impuissance des directions face à la judiciarisation des conseils de discipline et à l’injonction constante du « pas de vagues » des circulaires rectorales ? Rappelons une évidence : une atmosphère studieuse et apaisée est la condition sine qua non de la réussite de nos élèves, en particulier des plus faibles.

C’est pourquoi nous en appelons à la conscience professionnelle de tous les acteurs de notre école, de tous nos collègues qui sont scandalisés par cet état de fait, et ne s’y résignent pas.

Nous, instituteurs, professeurs du secondaire et du supérieur, assistants d’éducation, PsyEN, CPE, chefs d’établissement, appelons de nos vœux une grande réforme de l’Éducation nationale fondée sur le mérite, l’excellence, et l’autorité. Nous croyons que l’élection présidentielle de 2022 est une occasion décisive pour la mettre en œuvre. Éric Zemmour a eu le courage, ces vingt dernières années, malgré les aveuglements et les dénis, de dénoncer publiquement ce que nous dénonçons ici ; il semble bien être le seul ayant la capacité et la volonté d’incarner cette politique et de la mettre en œuvre.

Nous portons le projet d’une école de l’excellence pour tous, en fonction des capacités et de la singularité de chacun. Le rétablissement de l’exigence et de l’autorité, dans les filières générales comme dans les filières professionnelles, en est la première condition : aucun élève doué ou méritant ne doit plus craindre de s’engager dans la voie qui lui convient.

Nous appelons l’ensemble de nos collègues, et plus largement encore tous ceux qui n’ont pas renoncé à la grandeur intellectuelle de la France et de ses élites, au prestige de ses métiers, et à l’école républicaine qui en est la matrice, à s’investir dans la campagne pour une candidature d’Éric Zemmour, et à porter celui-ci jusqu’à la victoire.


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