Le nucléaire au secours de la production de bitcoins

Le nucléaire au secours de la production de bitcoins

Un article du Wall Street Journal (extrait)

Critiqués pour leur lourd impact environnemental, certains mineurs de bitcoin sont en train de nouer des partenariats avec des propriétaires de centrales nucléaires en difficulté qui ont des surplus d’électricité à revendre.

Selon les dirigeants et les analystes, ces alliances pourraient permettre de résoudre les principaux problèmes auxquels sont confrontés les deux secteurs. D’un côté, les mineurs de bitcoins, gourmands en électricité, veulent une énergie fiable et décarbonée. De l’autre, les centrales nucléaires, concurrencées par des sources d’énergie moins chères, ont besoin de nouveaux clients.

Talen Energy a créé une coentreprise avec la société d’extraction de bitcoins TeraWulf. Ils ont commencé à aménager un terrain pour y bâtir une ferme de minage, qui fera la taille de quatre terrains de football, à côté de la centrale nucléaire de Talen en Pennsylvanie. Autre exemple, dans l’Ohio, Energy Harbor fournira de l’énergie via son générateur nucléaire à la ferme de minage de Standard Power à partir de décembre.

« Nous stimulons la demande à côté d’une centrale nucléaire existante », explique le président de Talen Energy, Alex Hernandez, qui dirige la joint-venture développant le projet d’extraction de cryptomonnaies près de la centrale de Susquehanna.

De nouveaux programmes nucléaires s’intéressent également aux mineurs de cryptomonnaies. La start-up Oklo, qui prévoit de construire une petite centrale à fission pouvant fonctionner avec du combustible nucléaire usagé, a signé un contrat de fourniture pour vingt ans avec la société de hardware et d’hébergement Compass Mining.

« Les contraintes de chacune des deux industries représentent un atout pour l’autre », observe Sean Lawrie, associé dans le cabinet de conseil ScottMadden.

De nombreuses centrales nucléaires ont été mises hors service aux Etats-Unis ces dernières années. Les fermetures de sites étant susceptibles de dépasser les nouveaux projets, la part du nucléaire devrait diminuer dans le mix électrique des Etats-Unis au cours des années à venir

L’extraction de bitcoins est un processus à forte intensité énergétique. Pour débloquer davantage de monnaie, les mineurs doivent résoudre des équations mathématiques de plus en plus complexes, ce qui signifie qu’ils ont besoin de plus de puissance de calcul et donc d’électricité. Il y a dix ans, le minage nécessitait seulement de disposer d’une personne équipée d’un PC, mais la hausse du prix des bitcoins et sa rareté ont déclenché une concurrence féroce. Pour augmenter les chances de résoudre les équations, il faut utiliser davantage de machines.

« L’énergie et les infrastructures qui y sont liées sont des questions centrales pour l’extraction de bitcoins », résume Paul Prager, directeur général de TeraWulf.

 

« Nous nous trouvons face à une situation où les marchés de l’électricité sont toujours surapprovisionnés et, à quelques exceptions près, assez moroses », explique M. Hernandez, président de Talen. La société considère les fermes à bitcoins comme un élément clé du développement d’infrastructures numériques décarbonées, ajoute-t-il. L’entreprise prévoit également l’installation d’un data center à côté du site de Susquehanna, et a annoncé mardi dernier qu’elle avait réuni 175 millions de dollars de fonds supplémentaires pour mener à bien ces projets.

Même si on s’attend à la conclusion de nouvelles alliances entre les secteurs du nucléaire et des bitcoins, il est peu probable qu’elles soient suffisamment importantes ou se concrétisent assez rapidement pour sauver les centrales nucléaires qui sont au bord de la fermeture, prévient Bill Dugan, directeur de Customized Energy Solutions, une société de conseil en énergie.

« Il faudrait vraiment que beaucoup d’entre elles collaborent pour éviter cela », précise-t-il.

Pour les mineurs de bitcoins, ces partenariats leur permettent de présenter leurs projets comme s’appuyant sur une source d’énergie respectueuse de l’environnement.

« C’était un facteur de différenciation important pour nous », assure Maxim Serezhin, directeur général de Standard Power, qui construit un centre d’extraction de bitcoins utilisant de l’énergie d’origine nucléaire dans une ancienne papeterie à Coshocton, dans l’Ohio. Le nom officiel de Standard Power est 500 N 4th Street LLC.

Energy Harbor a refusé de commenter la situation et a renvoyé vers M. Serezhin pour répondre aux questions.

L’accord entre Compass Mining et la start-up Oklo ne prévoit pas d’avoir de prix fixe pour l’électricité, mais Whit Gibbs, directeur général de Compass, assure être convaincu que les deux entreprises parviendront à s’entendre sur un tarif permettant la rentabilité de l’activité de minage.

Jacob DeWitte, cofondateur et directeur général d’Oklo, déclare avoir reçu des demandes de renseignements de la part d’autres mineurs de bitcoins intéressés par le projet d’une puissance de 1,5 mégawatt de la société, qui utilise de petits réacteurs modulaires. Celui-ci doit néanmoins encore être approuvé par le gouvernement fédéral, ce qui ne devrait pas se produire avant 2023 ou 2025, ajoute-t-il.

Le maire de Miami, Francis Suarez, vend sa ville comme une destination de choix pour les mineurs de cryptomonnaies, les bourses d’échange et les sociétés d’investissement. Une partie de son argumentaire repose sur la présence de la centrale nucléaire voisine, propriété de Florida Power & Light Co, une filiale de NextEra Energy.

De nombreuses préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance — ou ESG —, concernant l’extraction de bitcoins « proviennent du fait qu’une grande partie du minage était effectuée dans des pays producteurs de charbon », assure M. Suarez.

Les discussions avec les responsables de Florida Power & Light ont porté sur la possibilité d’implanter des fermes de minage près de la centrale nucléaire et sur des questions comme le manque de foncier bon marché pour construire de grands entrepôts destinés au matériel de minage, détaille M. Suarez.

Florida Power & Light a refusé de s’exprimer sur ces discussions, mais son porte-parole Bill Orlove indique que le sud de la Floride est devenu un lieu prisé par la tech pour se relocaliser. « Nous sommes impatients de soutenir l’innovation et la croissance durables que ces entreprises amènent », conclut-il.

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