Elections en Russie: Une triste mascarade

Elections en Russie: Une triste mascarade

 

Les élections en Russie appartiennent à un genre à part, hybride. Il n’y est pas question d’alternance, de coalitions, de débats, mais d’ajustements au sein de l’élite, et de contrôle : celui que démontrent les gouverneurs en apportant les résultats nécessaires ; celui dont fait preuve Vladimir Poutine en tenant d’une main ferme l’ensemble du système.(( Un papier du Monde, extrait))

Le processus électoral, lui, relève de l’imitation. La fraude remplace la compétition, ou en réduit les risques. Ceux qui refusent ces règles n’ont pas droit au qualificatif d’opposants mais à celui, dangereux, de traîtres. Ils sont rendus inéligibles, poussés à l’exil ou emprisonnés.

Le scrutin législatif qui s’est tenu du 17 au 19 septembre, avec une victoire accordée au parti présidentiel Russie unie et une légère percée communiste, l’a montré. Hormis les traditionnels bourrages d’urnes et les votes forcés ou multiples, les possibilités de falsifications ont été multipliées via le vote électronique, le vote sur trois jours et les restrictions posées au travail des observateurs.

 

L’inversion du sens des mots est une constante du régime poutinien. Le 17 septembre, premier jour du vote, le ministère des affaires étrangères évoquait l’anniversaire de l’entrée des forces soviétiques en Pologne, quatre-vingt-deux ans plus tôt. Plutôt que de rappeler le protocole secret du pacte Molotov-Ribbentrop, en vertu duquel cette invasion a été déclenchée, ou de ses suites, comme le massacre de Katyn, le communiqué évoquait « le début de la marche libératrice de l’Armée rouge sur le territoire de la Pologne ».

Il s’agit d’une coïncidence mais elle n’est pas totalement fortuite. L’URSS aussi chérissait les élections, quand bien même elles étaient à candidat unique. La génération vieillissante aujourd’hui aux commandes de la Russie ne cache pas sa nostalgie soviétique. Ce que doivent être à ses yeux des élections est à chercher de ce côté-là : un moment de célébration nationale, avec orchestres et flonflons.

 

Cette perspective est encore lointaine, quelques garde-fous subsistent. Mais au mieux, les scrutins se transforment en référendum pour ou contre le statu quo. C’est la maigre indication que donne la progression du Parti communiste, une formation qui n’a pas décidé si elle était prête à contester au Kremlin son monopole politique.

Pour le pouvoir russe lui-même, ce constat n’est pas sans risques. D’abord il n’y a plus de thermomètre. Chaque échelon s’auto-intoxique en voulant satisfaire l’échelon supérieur – là aussi l’analogie avec l’URSS est opérante. Des milliers de bureaux de vote comptent les voix honnêtement, mais leurs résultats sont masqués dans le flot des falsifications. Alors même que ces résultats ne sont pas déshonorants pour le pouvoir en place.

0 Réponses à “Elections en Russie: Une triste mascarade”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol