Un nouveau parti fédérateur pour la majorité ?

Un nouveau parti fédérateur pour la majorité ?

 

« Il est à craindre que ce nouveau parti unique du Président ne retrouve pas l’adhésion dégagiste qui avait en 2017 propulsé LREM au panthéon des victoires électorales d’anthologie » par Gilles Savary (dans l’OPINION)

 

 

Au moment où s’enchaînent les déclarations de candidature à l’élection présidentielle de l’an prochain, il est légitime que les camps en présence se mettent en ordre de campagne. Si Emmanuel Macron, accaparé par ses responsabilités, attend son heure pour sortir du bois, sa majorité sortante cherche la martingale lui permettant de créer une dynamique de campagne gagnante. L’équation n’est pas simple après des élections intermédiaires marquées par une nette attrition de sa base électorale et un retour palpable des identités politiques.

Certes, les institutions de la Ve République structurent la vie politique française autour de l’élection présidentielle, dans un rapport singulier entre le Président élu et le pays. Et à ce titre, Emmanuel Macron est mieux placé que ses prédécesseurs pour en relever le défi, mais rien ne dit cette fois que sa majorité sortante sera reconduite aux législatives par la seule vertu de l’inversion du calendrier. Son positionnement centriste n’est pas le plus confortable dans un jeu électoral français qui privilégie naturellement une bipolarisation, et son parti, La République en marche, qui lui a assuré bravement une majorité parlementaire loyale, n’a pas réussi son implantation politique.

Stéphane Séjourné, le conseiller politique de l’Elysée, y voit la nécessité de rebattre les cartes en remettant sur l’ouvrage le vieux rêve de François Bayrou d’un « parti démocrate ». Cette proposition n’aurait pas grand-chose à voir avec le grand « parti démocrate » américain qui s’affiche clairement à gauche sur un échiquier politique bipartisan, mais elle permettrait opportunément de ripoliner LREM et d’introduire une confusion sémantique et politique avec le MoDem, dont l’implantation est incomparablement plus forte que celle des députés sortants LREM. Il est cependant permis de douter de sa force d’attraction sur les électorats de droite et de gauche, dont Emmanuel Macron a impérativement besoin pour élargir sa base électorale.

On saura très vite si les autres composantes de la majorité, notamment la future formation de droite réformiste d’Edouard Philippe, s’embarqueront dans ce nouveau véhicule, et dans quelle configuration.

 Dans tous les cas, il est à craindre que ce nouveau parti unique du Président ne retrouve pas l’adhésion dégagiste qui avait en 2017 propulsé LREM au panthéon des victoires électorales d’anthologie.

Le dépassement « gauche-droite » étant la marque de fabrique d’Emmanuel Macron, il y a deux façons de l’envisager : soit, par acte de foi, en considérant qu’il doit s’accomplir au sein d’un parti unique du Président, mais avec le risque que les électeurs ne retrouvent pas l’ADN du dépassement dans une formation centriste et n’aient plus envie de délivrer un blanc-seing à un clone de LREM. Soit, le Président étant réélu, en allant chercher ailleurs des renforts extérieurs, de gauche et de droite, disposés à ne pas rester cinq ans en jachère gouvernementale, sur la base d’un programme de coalition à l’allemande. L’un n’exclut pas la nécessité de l’autre.

Plus que jamais, l’élection présidentielle sera la mère des batailles, joker de la dissolution en main pour l’heureux élu, s’il s’avérait difficile de trouver une majorité à l’Assemblée nationale.

Gilles Savary est ancien député PS de la Gironde et délégué général de Territoires de progrès.

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