BCE : Pour une redéfinition de son mandat

BCE : Pour une redéfinition de son mandat

 

Claude Meidinger, Professeur retraité de sciences économiques, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne Estime, qu’il faut redéfinir le mandat de la banque centrale européenne.

Si fixer un taux d’inflation à 2 % est un objectif clair, le « verdissement » de l’économie, lui, ne l’est pas, explique, dans une tribune au « Monde », l’économiste Claude Meidinger, qui demande une redéfinition du statut de la Banque centrale européenne.

 

Tribune.

Au moment où les banquiers centraux déclarent la finance verte comme « nouvelle frontière du XXIe siècle » (« The Role of Banking in a Sustainable Global Economy », François Villeroy de Galhau, World Conference of Banking Institutes, Londres, 17 septembre 2019) et décident d’introduire un « biais vert » dans leurs programmes d’achat d’actifs, le statut de la Banque centrale européenne (BCE) et son indépendance méritent quelques instants de réflexion.

Aujourd’hui, avec des taux d’intérêt au plancher zéro et de faibles taux d’inflation, la politique budgétaire est devenue l’instrument de choix de la stabilisation économique. Dans ces circonstances, il est tentant d’utiliser la banque centrale comme agent du Trésor public pour financer le budget de l’Etat et fournir directement des crédits à des institutions non financières.

Or, pour ne pas mettre en cause l’indépendance de la banque centrale, une politique de détention de titres doit respecter deux principes : en premier lieu, l’intégrité du processus budgétaire en minimisant l’implication de la banque dans l’allocation du crédit à des secteurs particuliers ; en second lieu, les actifs doivent être choisis de manière à minimiser le risque d’être impliqué dans des imbroglios politiques (J. Alfred Broaddus Jr. et Marvin Goodfriend : « What Assets Should the Federal Reserve Buy ? », Federal Reserve Bank of Richmond, Economic Quarterly Volume 87/2001).

 

Dans le cas contraire, la banque centrale s’expose à des discussions contentieuses concernant sa politique d’acquisition d’actifs et à un risque financier non contrôlé.

Pour éviter ces risques et contrer une telle tendance à la « fiscalisation » des banques centrales, on a besoin d’un système dans lequel les banquiers centraux ne se pensent pas comme le seul recours, de sorte que, quand la politique monétaire atteint la limite de son efficacité, ils ne se sentent pas obligés d’intervenir de manière quasi fiscale (Stephen G. Cecchetti et Kermit L. Schoenholtz ; « Limiting Central Banking », Money and Banking, 1er mars 2021).

Avec des actifs de banque centrale qui comptaient pour moins de 15 % de produit intérieur brut (PIB) en 2007, et qui se chiffrent maintenant entre 25 % de PIB pour le Canada et plus de 60 % de PIB pour la zone euro, le Japon étant hors normes, avec un actif dépassant 125 % de PIB, exprimer une telle préoccupation ne relève pas d’un archaïsme bancaire mal compris.

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