« L’avenir du catholicisme France ? »
« Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? », de Guillaume Cuchet, Seuil, « La couleur des idées », 250 p., 21 €, numérique 15 €.
Chronique du Monde
Les années qui viennent seront marquées, en France, par une accumulation de morts inédite en temps de paix. En cause, les fameux baby-boomers, et le spectaculaire allongement de l’espérance de vie dont ils ont bénéficié. Ainsi que l’écrit Guillaume Cuchet au début de son nouvel essai, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, « tout le monde va devoir disparaître en vingt ou trente ans faute d’avoir étalé les départs ».
La tâche se révèle d’autant plus ardue qu’un acteur de ce théâtre tragique est en passe de faire défaut : la religion, et d’abord le catholicisme, pourvoyeur longtemps majoritaire de sens et de consolation, que, précisément, la génération du baby-boom a contribué à balayer à la faveur d’un immense « décrochage religieux ». Quelles ressources lui reste-t-il donc pour affronter l’issue fatale ? se demande l’historien, auteur de Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018), dont ce livre peut être lu comme une suite.
Il creuse en effet, au-delà des inquiétudes mortuaires sur lesquelles il s’ouvre, un enjeu peu traité : savoir ce qui subsiste et pourra subsister d’une religion en train de s’effacer, du moins comme norme morale et ensemble de rituels sociaux massivement partagés. Recueil d’articles en partie remaniés – ils auraient pu l’être davantage, pour éviter certaines redites –, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? ouvre un vaste et stimulant chantier autour de cette question, en balayant large à travers les champs d’investigation qu’elle peut impliquer.
Guillaume Cuchet traque en tous sens les phénomènes significatifs pour deviner les pentes sur lesquelles nous nous apprêterions à glisser, et les remontées possibles.
Il insiste en particulier sur « cette révolution silencieuse » que représentent ceux que la sociologie anglo-saxonne désigne comme « nones » (« sans-religion ») – les « désaffiliés » de tout culte institué. Une étude de 2018 en comptait 64 % parmi les Français de 16 à 29 ans. Leur « radicale nouveauté » tient au fait que, pour la plupart, ils ne sont pas nés dans le catholicisme, ce qui fait d’eux non des « décrocheurs », mais des « décrochés de deuxième, voire de troisième génération ».
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