Sahel : une évolution comme en Afghanistan d’après l’ONU
Dans une interview publiée jeudi 9 septembre, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, redoute la désintégration des armées étatiques de la région face à la menace djihadiste. Il plaide pour une force africaine pouvant avoir recours à la force. Une initiative bloquée par les Etats-Unis.
Antonio Guterres redoute le pire au Sahel. « Il y a un vrai danger. Ces groupes terroristes [au Sahel] peuvent se sentir enthousiasmés par [la prise de pouvoir des talibans] et avoir des ambitions au-delà de ce qu’ils pensaient il y a quelques mois », a précisé le secrétaire général de l’ONU dans une interview, jeudi 9 septembre, rapporte Le Monde.
La menace est notamment un blitzkrieg dans un Etat failli, où les institutions sont frêles. « On voit des armées qui se désintègrent face à eux », indique Antonio Guterres, en précisant : « On a vu cela à Mossoul en Irak, au Mali lors de la première poussée vers Bamako, on a vu cela au Mozambique ». Au Sahel, pour contrer le risque, il est, selon lui, « essentiel de renforcer les mécanismes de sécurité ». « Le Sahel est le point faible le plus important, qu’il faut soigner. Ce n’est pas seulement le Mali, le Burkina ou le Niger, maintenant il y a des infiltrations en Côte d’Ivoire, au Ghana », précise le secrétaire général de l’ONU.
Antonio Guterres propose donc la mise en place d’« une force africaine de lutte antiterroriste, avec un mandat sous chapitre sept (prévoyant le recours à la force) du Conseil de sécurité et avec des fonds affectés, qui puissent garantir une réponse au niveau de la menace », rapporte Le Monde. Mais, pour l’heure, Washington refuse cette mise en œuvre, pourtant défendue par Paris.
Ce qui crée une situation de blocage, alors que les Etats-Unis restent le premier contributeur financier de l’ONU. « Il faut que ce blocage se termine. C’est absolument essentiel », estime le secrétaire général de l’ONU, qui tient un ton alarmiste : « Je crains aujourd’hui que la capacité de réponse de la communauté internationale et des pays de la région ne soit pas suffisante face à la menace. »
Pour autant, dans une interview à l’Opinion, Serge Michaïlof, chercheur à l’Iris, assurait que « la sécurité des pays fragiles ne peut être durablement confiée à des forces étrangères. » « Les priorités sont de reconstruire l’armée, la gendarmerie et la police dans les pays sahéliens », ajoutait-il. Un combat de longue haleine.
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