Les paradoxes de la campagne de 2022
Passant en revue la situation des principaux camps politiques et de leurs candidats, d’Emmanuel Macron à Marine Le Pen, le communiquant Denis Pingaud , Expert en communication politique, souligne les paradoxes à l’œuvre pour la campagne de 2022.( Le Monde, extrait)
Tribune.
La campagne présidentielle s’ouvre dans la grande confusion des positionnements et des pronostics politiques. D’abord, Emmanuel Macron apparaît plus proche des Français que des électeurs. Sa popularité, supérieure à celle de ses prédécesseurs, au terme de plus de quatre années de mandat, ne se traduit pas, à ce stade, en intentions de vote déclarées pour la présidentielle de 2022. Paradoxalement, le président, probablement candidat à un second mandat, se situe à un étiage voisin de celui de Nicolas Sarkozy, également postulant à sa réélection, en septembre 2011. On sait ce qu’il advint…
Autrement dit, la reconnaissance d’une gestion de crise plutôt satisfaisante ne donne pas vraiment envie aux Français de rempiler. Emmanuel Macron ne séduit plus. Il énerve.
De son côté, Marine Le Pen n’a jamais été plus proche de la République que de la sédition. A force de jouer la respectabilité, l’extrême droite ne fait plus peur, au point que, pour certains, son accession au pouvoir serait une situation moins mauvaise que l’arrivée de l’extrême gauche ! Paradoxalement, cependant, le Rassemblement national ne récolte plus aussi massivement les fruits électoraux des colères françaises. Son relatif échec aux élections régionales ou sa prudence face aux mobilisations contre le passe sanitaire lui font perdre un peu son statut de débouché populiste naturel au malaise démocratique. Marine Le Pen ne galvanise plus. Elle lasse.
Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon est plus proche du trotskisme que de la gauche. Alors même que les conditions étaient réunies pour en faire le héraut de l’antimacronisme sur les décombres du Parti socialiste et le tropisme gauchiste des écologistes, il choisit le vieux réflexe sectaire de l’aventure solitaire et de l’unité de façade pour mieux plumer la volaille. Paradoxalement, la division inévitable des candidatures à gauche pourrait ne pas lui profiter comme en 2017, quand un réflexe « utile » avait poussé nombre d’électeurs à lâcher Benoît Hamon pour lui. Jean-Luc Mélenchon ne fédère plus. Il clive.
Quant à la droite, elle semble plus proche des primaires à l’américaine que de la primaire française de 2016. Le vent de l’opinion souffle derrière elle, réclamant plus d’autorité publique sur les sujets régaliens et plus de volontarisme politique dans la gestion économique. Paradoxalement, malgré les sirènes macronistes, son électorat, dépité de s’être fait voler la victoire en 2017, tient bon, élections régionales après élections municipales. Dès lors, pour éviter la division, le choix de son candidat ou de sa candidate devrait finalement emprunter le chemin d’un départage au vu des sondages, comme aux Etats-Unis. Et conduire à une rivalité frontale avec le président sortant. La droite est légitime, est-elle attrayante ?
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