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Covid-Antivax : intérêt individuel contre l’intérêt général

Covid-Antivax : intérêt individuel contre l’intérêt général

 

« Entendre parler de liberté individuelle alors que dans la balance se trouve la vie de milliers de personnes est assez dérangeant, estime Stéphane Hergueta dans le Monde . [...] Au lieu de critiquer des décisions difficiles, dans un contexte impossible, il serait temps de soutenir les actions en faveur de la survie du plus grand nombre. »

 

On aurait pu espérer que cette pandémie nous rappellerait la prédominance de l’intérêt général, c’est-à-dire celui du plus grand nombre, sur l’intérêt individuel. Malheureusement, pour nombre de personnes, c’est l’inverse et la liberté individuelle est utilisée comme argument pour refuser de se faire vacciner. C’est oublier un peu vite que la liberté de chacun ne doit pas entraîner la mort de l’autre !

La défense du droit individuel par les anti-vaccins ne relève-t-il pas d’une demande de permis de tuer ? C’est la question que l’on peut légitiment se poser si l’on considère que chaque personne non vaccinée a le potentiel de contaminer au moins six personnes et reste contaminante pendant plusieurs jours, alors que les personnes vaccinées ne pourraient en contaminer qu’une seule et ce pendant quelques heures seulement, le temps que les anticorps tuent le virus…

Entendre parler de liberté individuelle alors que dans la balance se trouve la vie de milliers de personnes est assez dérangeant. Nous sommes dans une crise sanitaire dont le vecteur tue des gens, certains qui nous sont proches, d’autres non, mais des personnes néanmoins. Plus de 112 000 morts en France, combien dans le monde ? Plus de 4 millions de morts – du moins pour les cas qui ont été identifiés comme tels – et certains nous parlent encore d’une suppression de leur liberté individuelle ?

Outre les morts, parlons aussi des malades qui ont pu être sauvés, certains après un long séjour en réanimation, et des symptômes qu’ils ont eu à subir : céphalée, perte du goût et de l’odorat plus ou moins longue, extrême fatigue, difficultés de concentration, voire perte de repères… Certes, la plupart de ces symptômes finissent par disparaître avec le temps, mais cela a touché en France plus de 6 millions de personnes et plus de 200 millions dans le monde ! Et certains ont gardé certains symptômes plusieurs mois !

Parlons également des gens qui ont pratiquement tout perdu suite aux mesures de confinement. Combien de personnes ont perdu leur emploi et n’ont plus réussi à payer leur loyer, leur électricité, leur forfait téléphonique ? Combien de personnes âgées totalement isolées se sont laissées mourir faute de voir leur famille ou leurs proches, et pas que dans les Ehpad ? Là, je n’ai pas trouvé de chiffres. Il faudra attendre une étude a posteriori, conduite par une équipe de sociologues, s’ils peuvent obtenir un financement pour le faire, parce que, oui, la recherche ne peut se faire sans financement.

Entendre des responsables politiques accuser le gouvernement d’avoir tout dit et son contraire, alors que l’on se trouve face à un nouveau virus, est pour moi le comble de l’absurdité. Au lieu de souligner la vitesse à la laquelle la recherche scientifique et médicale a permis d’identifier le virus, puis de le comprendre et de fabriquer des vaccins viables en moins d’un an (habituellement il faut compter au moins deux ans), ils fustigent ceux qui ont eu le malheur de se trouver aux commandes au mauvais moment. Attention, je ne défends pas le gouvernement dans son action politique, mais je salue l’essentiel de sa gestion de cette crise inédite, qui fait que la France ne s’en sort finalement pas si mal par rapport à bien d’autres pays, dont certains pays dits développés.

Certes, le cafouillage du masque est un exemple de plus des difficultés des gouvernements, de droite comme de gauche, à clairement exposer les réalités de certains choix difficiles. Un stock de masques dont l’essentiel a largement dépassé la date de fin d’utilisation, donc potentiellement inutilisable, certes acheté à l’époque de la grippe aviaire mais sans mettre en place la procédure de remplacement par le ministre de la santé de l’époque…

Rappelons-nous du scandale du sang contaminé du début de l’épidémie de sida : au lieu de dire clairement que le choix était fait de risquer la santé future des hémophiles (environ 5 000 en France) et personnes ayant un besoin vital d’une transfusion pour éviter qu’ils ne meurent tout de suite, le gouvernement de l’époque s’est caché derrière son petit doigt en affirmant qu’il n’y avait pas de certitude sur le risque. Pour les masques, rebelote : nions leur utilité plutôt que d’avouer qu’on n’en a pas assez pour tout le monde et que le stock sera donc donné en priorité aux soignants…

Mais reconnaissons que le gouvernement actuel, placé dans une situation impossible de gestion de crise sanitaire mondiale et de maintien des moyens de subsistance des Français, ne s’en est finalement pas si mal sorti. Qu’auraient donc fait de mieux (ou de pire) les politiques de l’opposition ? Auraient-ils laissé mourir plus de Français pour éviter de limiter les libertés individuelles de certains ? Auraient-ils suivi aveuglément les conseils des médecins qui prônaient un confinement total sans tenir compte des aspects psychologiques de l’isolement et des impacts sur les moyens de subsistance des Français ? Auraient-ils acheté le vaccin russe (impossible à conserver plusieurs mois) ou le chinois (inefficace sur le variant Delta) ?

Au lieu de critiquer des décisions difficiles, dans un contexte impossible, il serait temps de soutenir les actions en faveur de la survie du plus grand nombre, de leur survie dans les mois à venir, et de rappeler des vérités essentielles comme celle-ci : aucune substance médicamenteuse, même bio ou naturelle, n’est sans effet secondaire. Les allergies aux fraises ou aux arachides tuent elles aussi, même issues d’agriculture biologique !

Temps aussi de rappeler que l’Union européenne a les critères les plus stricts au monde en matière d’évaluation des médicaments, y compris les vaccins.

Temps enfin de remettre la vaccination en perspective : il s’agit de sauver la vie d’êtres humains, nos frères et nos sœurs humains, des parents, des enfants, de vraies personnes dont la disparition nous affecte profondément. Qui parmi nous ne connaît pas un proche ou une connaissance morte du Covid-19 ?

La liberté individuelle de chacun s’arrête là où débute celle de l’autre ? Et ici celle de l’autre c’est son droit à la vie. Bref, vaccinons-nous.

Stéphane Hergueta, Paris

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