La surprise de l’écroulement en Afghanistan
Olivier de Bavinchove, ancien chef d’état-major de la force internationale en Afghanistan, s’étonne de l’écroulement brutale en Afghanistan dans la Tribune
. Alors que des attentats ont frappé Kaboul ce jeudi à quelques jours de l’échéance du 31 août fixée par les Etats-Unis pour retirer les troupes étrangères d’Afghanistan et achever l’évacuation de ceux qui veulent fuir le pays, le général Olivier de Bavinchove, ancien chef d’état-major de la force internationale en Afghanistan, commandant des forces françaises de 2011 à 2013 et désormais vice-président du groupe Rivolier, livre son analyse sur les conditions qui ont permis aux Talibans de prendre le pouvoir. Les conditions du retrait américain à Kaboul le préoccupent.
Treize soldats américains et plus de 70 civils ont été tués le 26 août dans les attentats suicides qui ont frappé les abords de l’aéroport de Kaboul. Cette attaque, cinq jours avant le retrait annoncé des militaires américains, va-t-elle encore compliquer le départ des occidentaux ?
OLIVIER DE BAVINCHOVE - Cet attentat a perturbé profondément les opérations d’évacuation prévues hier par les Français, les Britanniques et les Américains. Il crée de nouvelles tensions et du désespoir dans la population à Kaboul. Les explosions ont été très fortes et entendues dans toute la ville. Daech est capable de frapper partout. Sur place, la lutte entre Daech et les différentes factions des Talibans a déjà commencé, et elle va se poursuivre.
Avec le retrait brutal des Américains, que restera-t-il de l’action de la coalition internationale présente en Afghanistan depuis 2001 ?
La façon de se retirer m’interpelle grandement. On pouvait retirer massivement l’ensemble des forces et en même temps, continuer d’apporter un soutien décisif aux forces afghanes de sécurité qui luttaient face aux Talibans. Conserver une petite force extrêmement calibrée avec des capacités d’action fulgurante et des capacités logistiques d’évacuation de blessés, pour garantir le moral d’une armée. Cela n’a pas été le cas. J’ai été très surpris par la dégradation brutale des forces afghanes, qui pour certaines d’entre elles étaient très motivées, bien entraînées et se sont bien battues. Nul doute qu’il faille quitter l’Afghanistan. Nous avons, nous Français, retiré nos forces en 2012. C’est moi qui ai reçu l’ordre de le faire et c’est ce que nous avons opéré en ordre, en passant le relais aux Afghans dans les deux provinces qui étaient de notre responsabilité, la Kapisa et la Surobi.
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