Afghanistan : défaite du monde occidental
Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a reconnu mercredi sur RNE que l’Occident a échoué en Afghanistan. « Ce qui s’est passé en Afghanistan est une défaite pour le monde occidental et nous devons la regarder en face et avoir le courage de la reconnaître », a-t-il déclaré.
« Nous devons examiner les causes et les conséquences, ce qui, d’un point de vue géopolitique, sera très important, car c’est l’événement politique le plus important depuis l’annexion de la Crimée par la Russie et il aura des répercussions dans le monde », a-t-il ajouté.
Selon M. Borrell, « nous devons accepter et assumer qu’après 20 ans de guerre, les choses ne se sont pas bien passées. Pour ceux d’entre nous qui défendent les valeurs démocratiques et les droits de l’homme dans le monde, ces images doivent nous obliger à réfléchir à la manière dont nous pouvons faire mieux ».
Le représentant de l’UE a assuré qu’à l’heure actuelle, tous leurs efforts sont concentrés sur le retrait d’Afghanistan de ceux qui ont collaboré avec les Européens et qui sont en danger. Cela n’exclut pas, dit-il, qu’ils réfléchissent aussi à la manière d’aider les milliers de personnes qui veulent quitter le pays.
M. Borrell a répété qu’il est inévitable de parler aux talibans, puisqu’ils contrôlent le pays, comme il l’a déclaré mardi. « Certains ont été choqués, mais bien sûr nous devons leur parler (…) Par exemple, nous ne pouvons pas ouvrir une route de sécurité pour aller à l’aéroport si nous ne parlons pas à celui qui a pris le contrôle de Kaboul. »
M. Borrell a expliqué qu’il s’est entretenu mardi avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, de la situation à l’aéroport Hamid Karzai de la capitale afghane, seule voie de sortie du pays et d’où les rapatriements ont lieu malgré le chaos des premières heures. « Nous avons le chef de la délégation qui est à l’aéroport, avec le chef de la sécurité. Il y a des troupes françaises, beaucoup de soldats américains. (…) Il y a des vols qui commencent à fonctionner, des vols militaires en provenance des pays de l’UE ».
M. Borrell a prévenu que l’Europe devait se préparer à une éventuelle vague d’Afghans fuyant leur pays, qu’il a tenu à appeler « exilés ». Toutefois, il estime que c’est la préoccupation « d’après-demain, la préoccupation actuelle est que l’aéroport de Kaboul soit opérationnel ».
« Ces derniers mois, on a constaté une présence croissante d’Afghans parmi les personnes exilées d’Iran et d’Irak vers l’Europe via la Méditerranée orientale. Il est à craindre que beaucoup d’autres ne veuillent partir, ce qui signifie que nous devons travailler avec les pays de transit. Nous devons éviter la crise humanitaire que cela pourrait représenter, nous devons travailler avec les pays voisins, dont certains ne sont pas ceux avec lesquels nous avons des relations fluides et positives », a-t-il expliqué.
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