Afghanistan : un « désastre » pour l’OTAN
Les chancelleries occidentales disent leur effarement devant l’arrivée au pouvoir des talibans. Le ministre britannique de la Défense reconnaît un « échec de la communauté internationale », tandis que le patron du parti CDU, au pouvoir en Allemagne, évoque « le pire désastre de l’Otan » depuis sa naissance. Emmanuel Macron a lui aussi exprimé son inquiétude.( Les Échos, extrait)
Les images de la débâcle et ces grappes humaines accrochées aux avions s’apprêtant à quitter Kaboul évoquent la fuite des Américains de Saïgon en avril 1975. Celles des talibans entrant dans la capitale afghane rappellent l’arrivée des Khmers rouges dans Phnom Penh il y a aussi quarante-six ans. Pour les dirigeants occidentaux, c’est un sentiment de fiasco, voire d’humiliation qui dominait ce lundi.
Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a estimé que le retour des talibans constituait un « échec de la communauté internationale ». Il y a quatre jours, il avait déjà qualifié d’erreur la décision américaine, celle-ci pouvant profiter à Al Qaida qui représente « une menace sécuritaire pour nous ». Le Premier ministre, Boris Johnson, devait présider lundi un cabinet de crise, le troisième en quatre jours. Le Royaume-Uni était le pays le plus impliqué militairement en Afghanistan, où il a perdu 457 soldats depuis 2001.
Le pire désastre depuis la naissance de l’OTAN
Pour sa part, Armin Laschet, patron du parti CDU au pouvoir en Allemagne et peut-être futur chancelier, a jugé que l’arrivée au pouvoir des talibans constituait « le pire désastre de l’Otan depuis sa création » en 1949.
Le président français, Emmanuel Macron, est intervenu à la télévision lundi soir. « L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été », a-t-il déclaré, appelant à une action commune de l’ONU. Il a également confirmé l’opération militaire d’évacuation baptisée « Apagan », qui mobilise deux avions de transport de l’Armée de l’air, un C130 et un A400M. Des forces spéciales françaises seront elles aussi du voyage.
Le chef de l’Etat a en outre fait part de son inquiétude vis-à-vis des « flux migratoires importants » à venir, et réclamé une coordination des Européens à ce sujet. Néanmoins, « l’Europe n’a pas à assumer seule les conséquences migratoires », a-t-il prévenu.
Si les chancelleries occidentales reconnaissent une déroute géopolitique, leurs rivaux traditionnels s’en réjouissent. Un émissaire de la Russie, dont l’ambassade à Kaboul reste ouverte, doit rencontrer ce mardi un dirigeant des talibans. Le Kremlin a estimé que la situation en Afghanistan se stabilisait, les talibans y assurant « l’ordre public » et ayant « confirmé des garanties de sécurité pour les civils locaux et les missions diplomatiques ». La Chine, qui partage 76 km de frontière avec l’Afghanistan, a indiqué lundi qu’elle souhaitait des « relations amicales » avec les talibans. Pékin avait jugé ces dernières semaines « irresponsable » le retrait américain d’Afghanistan.
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