Afghanistan : la honte
Si nous savons ce que veulent les talibans, les demandeurs d’asile ou les réfugiés le savent encore mieux, qui tremblent pour leurs proches, se désespère Sophie Durieux-Paillard, médecin hospitalier en Suisse et travaillant auprès de migrants. (Le Monde, extrait)
Mais, en ce mois d’août, que dire aux Afghans ? Qu’avec un taux de protection accordée de 84 % (secrétariat d’Etat aux migrations, SEM), la Suisse est plus généreuse envers eux que la patrie des droits de l’homme, qui selon le dernier rapport (2020) de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) accorde le statut de réfugié à 64,6 % des demandeurs afghans.
Mais, qu’ils soient réfugiés ou qu’ils bénéficient d’une protection subsidiaire, nos patients ont des proches restés « au pays », notamment des femmes, des mères et des sœurs puisque ce sont surtout les hommes qui entreprennent le périlleux parcours migratoire. Et pendant que mes collègues et moi-même suivons l’avancée des talibans sur les cartes (celle du Monde du 13 août se passe de commentaires), nos patients, eux, la vivent quasiment en direct, sur les réseaux sociaux.
Celui-ci, qui circule sur une chaîne YouTube, annonce, selon la traduction d’une de nos interprètes, que « par conséquent, afin d’éliminer les racines de l’ignorance et de l’irréligion ainsi que les problèmes sociaux de la jeunesse de ces provinces (…), les responsables de l’Emirat islamique ordonnent à tous les habitants de ces provinces, en particulier les seigneurs des tribus (…) et les mollahs des mosquées, de soumettre la liste des jeunes filles de plus de 15 ans et des veuves de moins de 45 ans à la Commission culturelle des moudjahidines de l’Emirat islamique. Si Dieu le veut, ces sœurs seront mariées à des moudjahidines et seront transférées dans des écoles islamiques dans le but de suivre des cours islamiques purs et d’accepter le cher islam… ».
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