Avenir de la forêt : la responsabilité des industriels

Avenir de la forêt : la responsabilité des industriels

Par Harold Blanot, propriétaire et professionnel forestier estime que les industriels ont évidemment une responsabilité pour l’avenir des forêts et qu’ils sont acteurs de la préservation de la biodiversité. (Tribune dans l’Opinion).

Harold Blanot (*)

 

D’après un sondage PEFC et BVA, l’immense majorité des Français reconnaît le rôle crucial des forêts pour le climat et se dit favorable à leur entretien durable. Pour 8 Français sur 10, entretenir durablement les forêts, mission assurée par le secteur forestier français, permet de veiller à leur pérennité, de bien accueillir le public, de garantir un bon niveau de production de bois et de préserver la biodiversité. Un constat qui se heurte paradoxalement à une perception méfiante de la gestion forestière, nourrie par l’offensive concertée de différents agitateurs qui dénoncent tous les affres supposés de la mécanisation et de l’exploitation forestière.

Nombreux sont les activistes qui s’insurgent par exemple contre les coupes rases et les plantations d’alignement. Il est nécessaire de rappeler que les coupes rases ne représentent que 0,5% à 0,8% de la surface forestière hexagonale chaque année. Bien souvent, les dizaines de milliers d’hectares de forêt française aménagée en futaie irrégulière, comme le sont les résineux de l’arc Alpin et la plupart des massifs de feuillus hérités de l’Ancien Régime (Tronçais, Bertranges ou Bercé) sont ainsi passées sous silence. La futaie irrégulière est un mode de sylviculture qui consiste à maintenir un couvert arboré permanent, avec un renouvellement progressif des peuplements obtenu par des coupes jardinatoires d’amélioration qui favorisent leur résilience et permettent une diversité des âges, gage d’une récolte régulière de bois à maturité optimale, comme de l’ensemble des qualités intermédiaires des produits forestiers.

Les massifs principalement concernés par les coupes rases sont ceux du Morvan et du Massif Central, très largement issus des plans d’enrésinement du Fonds forestier national (FFN) de l’après-guerre. Ces coupes ne s’apparentent pas à un pillage, il s’agit d’une simple récolte de bois prévue et suivie depuis plusieurs décennies. Certes, la crise sanitaire des scolytes dans les épicéas a conduit à plusieurs coupes rases sanitaires pour contenir les ravageurs, de même que le réchauffement climatique a aussi précipité la récolte d’arbres dépérissants. La majorité des propriétaires publics ou privés auraient préféré conserver ces peuplements quelques décennies de plus pour avoir le choix du schéma sylvicole à leur appliquer. Dans tous les cas, ces surfaces sont reboisées au plus vite, non pas par injonction morale, mais par simple réalité économique. Malgré la réduction drastique des subventions au reboisement relative à l’arrêt du Fonds forestier national en 2000, les forestiers reboisent leurs parcelles. Ils accompagnent les mutations des paysages depuis des décennies, avec une différence notable : la société est de plus en plus déconnectée des réalités de terrain, ce qui contrevient à la compréhension des modalités d’une sylviculture durable.

Les forestiers doivent donc redoubler de pédagogie pour faire comprendre que les plantations d’alignement tant décriées sont impératives pour reboiser et surtout pour permettre un entretien mécanisé des peuplements. Sauf à ce que les militants se découvrent des vocations et des effectifs permettant la réalisation de ce travail avec du personnel à pied et des outils manuels, les avancées mécaniques permettent aujourd’hui de réels progrès pour le confort des travailleurs forestiers, et pallient le manque de personnel criant dans la profession.

Autre avantage de la plantation en ligne, celui de créer des cloisonnements, c’est-à-dire des zones de circulation dédiées aux engins. Ces fameux « monstres mécaniques » ne circulent que dans une infime partie de la forêt – moins de 10% de la surface exploitée – afin de préserver les sols, les peuplements et en garantissant la régénération naturelle. Il s’agit là des fondements de la futaie irrégulière, que certains acteurs appellent de leurs vœux, sans savoir que les forestiers l’ont déjà déployé depuis des décennies. La preuve, après une quarantaine d’années et quelques éclaircies, il est très difficile de retrouver des alignements dans de telles parcelles. N’oublions pas que sans l’industrie de la filière bois, on ne pourrait pas transformer les produits de la récolte et on ne serait pas en mesure de justifier économiquement ces opérations sylvicoles.

Il est vrai que l’effet de ces plantations en ligne est disgracieux pendant quelques années, mais ce n’est que l’adolescence de la forêt, le fameux « âge ingrat ». Ces éclaircies alimentent au fil des ans les différents secteurs de la filière bois : les premières éclaircies de petit bois iront pour la trituration (cartonnerie, papeterie, emballage, panneaux…), et les secondes éclaircies commenceront à produire du bois d’œuvre. Tout cela sans sortir du territoire national, avec une matière première renouvelable et vertueuse en termes de cycle carbone. C’est à se demander si les détracteurs de la filière bois ne seraient pas mandatés par une autre industrie. Après tout, des acteurs de viande de synthèse financent bien des associations de défenses animales. On peut se poser la question.

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