La reprise profite surtout aux grandes entreprises

  • La reprise profite surtout aux grandes entreprises

 

  • Tom Fairless dans le Wall Street Journal constate que les poids lourds de leur secteur ont creusé l’écart avec leurs concurrents plus modestes (extrait)

 

Tribune

  • Les grandes entreprises ont pris de l’avance pendant la pandémie de Covid-19. Elles ont tiré parti des changements induits par le profond bouleversement du monde des affaires, comme ce dernier n’en avait pas connu depuis des décennies, pour s’arroger une part encore plus grosse du gâteau économique. Et aujourd’hui, alors que les pays les plus riches se remettent de la crise, les poids lourds poussent leur avantage en consacrant plus d’argent aux investissements et acquisitions, en recrutant les meilleurs profils, en utilisant le big data et en s’appuyant sur les nouvelles technologies.
  • Leur succès pourrait susciter des frictions avec les autorités de régulation de la concurrence.
  • L’administration Biden défend un nouveau cadre réglementaire destiné à encourager la concurrence au sein de l’économie américaine, avertissant qu’un plus petit nombre de gros acteurs contrôle une plus grande partie du marché. La puissante autorité de la concurrence de l’Union européenne revoit, elle aussi, sa façon de contrôler l’économie numérique.
  • Pour les économistes, la faiblesse des gains de productivités avant la pandémie s’explique en partie par l’écart qui sépare les grandes et les petites entreprises. Traditionnellement, les innovations se propagent d’entreprise en entreprise, soutenant l’économie dans son ensemble. Mais au cours des dernières années, les grandes entreprises ont tiré des bénéfices démesurés grâce à leur taille tandis que beaucoup de petites entreprises ont eu des difficultés à rester dans la course.
  • Tout indique que, depuis la crise financière mondiale il y a dix ans, de gros investissements particulièrement en actifs incorporels, se traduisent en marges plus juteuses et en croissance plus rapide, car les géants ont plus d’influence sur les prix à la consommation et les salaires.
  • Selon une enquête McKinsey, menée auprès de 5 500 entreprises américaines et européennes, deux tiers de la croissance en recherche et développement sur les neuf premiers mois de l’année 2020 étaient le fait de grandes entreprises très productives. En outre, ces entreprises n’ont pas connu de baisse des ventes sur cette période, tandis que les autres ont enregistré une baisse de chiffre d’affaires de 11 % en moyenne.
  • « Ces entreprises sont source d’une quantité considérable d’innovation. Mettre en place certaines politiques peut avoir des conséquences négatives pour beaucoup de gens »
  • Le Fonds monétaire international a averti en mars qu’en raison de la pandémie, la concentration sectorielle pourrait augmenter dans les économies avancées, au moins autant que dans les années 2001 à 2015 inclus.
  • La concentration sectorielle, mesurée par le ratio du chiffre d’affaires des quatre premières entreprises d’un secteur comparé au chiffre d’affaires des 20 plus grandes entreprises de ce marché, a augmenté de plus de 30 % depuis 1980, selon l’étude du FMI qui couvre différents secteurs et pays. Après la pandémie, les quatre premières entreprises d’un secteur captent en moyenne 60 % des ventes, contre 56 % si la pandémie n’avait pas eu lieu, selon les projections du FMI.
  • Mais certains économistes et spécialistes de la concurrence disent que la réponse à apporter par les régulateurs au pouvoir croissant des grandes entreprises férues de technologie n’est pas facile à déterminer.
  • « Ces entreprises sont source d’une quantité considérable d’innovation. Mettre en place certaines politiques peut avoir des conséquences négatives pour beaucoup de gens », observe ainsi Prasanna Tambe, professeur associé à la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie.
  • Pendant la pandémie, les grandes entreprises ont ainsi eu l’assise financière et les capacités numériques pour adapter rapidement leur business model et de développer de nouveaux produits, alors que de nombreux concurrents de taille plus modeste dépérissaient et se concentraient sur leur survie.
  • Voith Group, une entreprise d’ingénierie allemande qui est l’un des trois constructeurs de grosses turbines hydrauliques aux Etats-Unis, a utilisé les données de ses clients pour effectuer des opérations d’entretien dans des centrales hydroélectriques à l’étranger quand ses salariés n’ont plus pu traverser les frontières.
  • Les ingénieurs de l’entreprise ont étudié l’acoustique de la salle des machines dans les stations et développé un algorithme pour identifier tout son inhabituel pouvant indiquer un dysfonctionnement.
  • Voith, qui compte plus de 20 000 salariés et réalise environ 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, propose désormais un service de maintenance à distance de centrales hydroélectriques. La société a récemment acquis une entreprise de services numériques avec des bureaux à Munich et Berlin pour créer de nouveau produits numériques et attirer un personnel jeune et rodé à l’usage des nouvelles technologies, a indiqué Toralf Haag, le directeur général de l’entreprise.
  • Comme elles développent des outils utilisés par d’autres sur leur lieu de travail, des entreprises comme Google et Microsoft ont pu créer très rapidement des produits pendant la pandémie, en s’appuyant sur les données relatives aux habitudes quotidiennes de ces salariés. « Comment une petite entreprise proposant des solutions d’intelligence pour le personnel peut-elle rivaliser avec cela ? », demande Prasanna Tambe.
  • L’activité mondiale de fusions-acquisitions a grimpé à 1 500 milliards de dollars sur les mois d’avril à juin, un montant jamais atteint lors d’un deuxième trimestre depuis que ces relevés sont effectués par Refinitiv.
  • « Nous considérons simplement que les petits acteurs ne pourront pas suivre », a déclaré Pat Gelsinger, le CEO d’Intel lors de la présentation des résultats de l’entreprise en juillet.
  • Intel envisage l’acquisition de la société spécialisée dans la production de puces GlobalFoundries Inc. pour environ 30 milliards de dollars, ont rapporté le mois dernier des sources proches du dossier. Ce serait la plus grosse acquisition d’Intel à ce jour.
  • Seulement 20 % des Italiens environ travaillent pour des entreprises comptant plus de 250 salariés, contre presque 60 % des Américains
  • Mais, quand bien même les grandes entreprises sont avantagées, « si elles offrent un produit fantastique… et n’abusent pas de leur pouvoir de marché… vous ne pouvez rien faire contre ces entreprises et vous ne devriez rien faire », estime Mario Mariniello, un ancien cadre de l’autorité européenne de la concurrence.
  • L’importance de la taille constitue un défi particulier pour l’Europe car l’économie est dominée par de petites entreprises, particulièrement au Sud. Seulement 20 % des Italiens environ travaillent pour des entreprises comptant plus de 250 salariés, contre presque 60 % des Américains.
  • Dans le secteur automobile, les principaux fournisseurs demandent de plus en plus aux PME de se connecter à des plateformes numériques sophistiquées, qui exigent des nouvelles technologies et des investissements. Les grandes brasseries ont utilisé leur taille pour mettre la main sur les rares ressources et matières premières, alors que des brasseurs artisanaux se sont vus contraints d’arrêter la production.
  • Dans le bâtiment, les grandes entreprises ont investi dans des drones, certains coûtant plus de 40 000 dollars pièce, et dans des logiciels d’intelligence artificielle pour cartographier les sites et surveiller la présence des salariés. Un pilote de drone peut ainsi réunir, lors d’un bref survol, les informations qui auraient nécessité des heures de collecte à pied.
  • Stefano Valentini, président du fabricant français Drone Volt SA, a constaté une forte demande de drones de la part des grandes entreprises du nord de l’Europe et des Etats-Unis dans le sillage de la pandémie. En revanche, peu de demande provient du sud de l’Europe, où les petites entreprises, moins capitalisées, sont la norme. Pour certaines sociétés, dont beaucoup ont mis du temps à se remettre de la crise financière, « la Covid est la crise qui les a achevées », a-t-il résumé.
  • L’entreprise de Stefano Valentini a elle-même récemment fusionné en partie avec un concurrent américain. « Il faut avoir les épaules larges pour résister au choc de la Covid », a-t-il commenté.
  • Traduit à partir de la version originale en anglais par Astrid Mélite.

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