Social : pour une gestion locale ?
L’expert en stratégies sociales Nicolas Bourgeois et l’avocat Alexandre Lamy plaident, dans une tribune au « Monde », pour une gestion locale concertée du marché de l’emploi et pour une participation accrue des salariés à la gestion sociale de l’entreprise.
Tribune.
Praticiens des ressources humaines, nous plaidons pour initier deux chantiers en faveur de l’emploi d’ici à la fin du quinquennat : rapprocher l’offre et la demande d’emploi à l’échelon des bassins de vie ; mieux valoriser le travail dans l’entreprise. Nul ne sait quelles compétences seront nécessaires pour porter des emplois qui ne sont pas encore dessinés.
Selon l’Institute for the Future, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore. Dans le même temps, les pénuries de compétences sont réelles : 44 % des entreprises exprimaient des difficultés de recrutement en juin, contre 33 % en mai selon la dernière enquête de conjoncture de la Banque de France. Pour autant, le chômage reste important et devient donc « paradoxal », conséquence de l’inadéquation entre les ressources disponibles et les besoins.
Seules les entreprises sont en mesure de formuler des hypothèses sur ce que pourraient être leurs besoins en emplois et compétences futurs. Mais elles sont peu nombreuses à établir ce type de projection. Il existe bien des dispositifs législatifs incitatifs, par exemple l’obligation triennale de négocier sur la gestion des emplois et des parcours professionnels. Mais ce n’est pas suffisant.
La situation actuelle peut se résumer ainsi : les entreprises conduisent des exercices d’anticipation dans une seule logique de conformité légale. Les branches professionnelles produisent des études nationales et sectorielles qui ne trouvent pas de solution pratique localement. Les administrations d’Etat font de même, pour l’essentiel, bien que quelques dispositifs récents pour favoriser l’insertion des plus jeunes aient été lancés.
Or, l’efficacité de la mise en relation entre l’offre et la demande d’emploi repose sur la proximité territoriale. Mais les collectivités locales n’ont aucune visibilité sur les travaux conduits par le secteur privé. Elles tentent parfois de mettre en place des dispositifs de rapprochement de l’offre et de la demande d’emploi par des aides à la mobilité et à la formation, mais elles interviennent trop tardivement. Leurs résultats sont donc très limités.
Pire, les efforts entrepris pour répondre en temps réel au décalage entre l’offre et la demande d’emploi ont un coût disproportionné au regard de leurs bénéfices. Pour résoudre les tensions sur le marché du travail, nous proposons donc la mise en place de « plates-formes locales de convergence pour l’emploi ».
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