Pour l’écologie urbaine
Il faut « mettre les villes dans la nature plutôt que la nature en ville », estime l’éditeur Baptiste Lanaspeze, pionnier des sentiers métropolitains et concepteur du GR 2013 à Marseille.( le Monde, extraits )
Né en 1977, Baptiste Lanaspeze est auteur, éditeur et consultant. Il a fondé et dirige les éditions Wildproject, consacrées à la pensée écologiste. Créateur du GR 2013, il est le cofondateur de l’Agence des sentiers métropolitains, l’auteur de Marseille, ville sauvage (Actes Sud, 2012, rééd. 2020) et, avec Paul Hervé Lavessière, du Sentier du Grand Paris (Wildproject, 2020).
Comment définissez-vous l’écologie urbaine ?
L’écologie est la science des relations des vivants avec la Terre, et la ville est un mode d’habitat caractéristique des sociétés humaines. L’écologie urbaine pose donc une question fondamentale : comment organiser les habitats humains de façon qu’ils s’insèrent dans les autres habitats terrestres ? Comment pouvons-nous refaire société avec la Terre ?
La recomposition écologique de nos territoires urbains constitue, en quelque sorte, le volet opérationnel de l’écologie théorique et politique. Et elle est − enfin ! − en train de susciter l’attention des architectes et des urbanistes, comme en témoigne, par exemple, la récente exposition du Pavillon de l’Arsenal « La beauté d’une ville : controverses esthétiques et transition urbaine ».
Pourquoi ce regain d’intérêt pour la nature en ville ?
Cet intérêt pour la nature en ville me semble une première étape vers une véritable écologie urbaine. L’expression « nature en ville », qui n’existait pas dans les années 2000, est devenue, depuis une décennie, un enjeu, parfois un slogan. Du côté des habitants, on l’associe à des initiatives spontanées de végétalisation, allant des rues plantées (dans les centres-villes) aux jardins potagers en pied d’immeubles (dans les résidences collectives).
Et du côté des collectivités locales, l’expression est devenue omniprésente depuis la réforme réglementaire de 2010, qui inscrit dans le code de l’urbanisme des continuités écologiques (« trame verte et bleue »). Cela a contraint les techniciens et les élus à s’approprier cette nouvelle dimension de l’aménagement urbain. Cette réforme réglementaire est issue de « l’écologie du paysage », une sous-discipline de l’écologie, apparue dans les années 1980, qui étudie la fragmentation des habitats naturels dans les territoires habités (ruraux, périurbains, urbains), et qui invite à créer de nouvelles connexions pour recomposer le tissu de la matrice du vivant. C’est le propos de ces « trames vertes » ou « corridors » que de retisser de la vie dans notre monde déchiré.
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