Passe sanitaire : La honteuse instrumentalisation de la Shoah
« Les photos tronquées, le port de l’étoile jaune, les parallèles nauséabonds et l’usage de la typographie nazie pour dénoncer des décisions sanitaires doivent cesser » estiment Nathalie Fajnkuchen, Sandrine Massé et Max-David Grinbaud dans l’Opinion
Nous, arrière-petits-enfants, petits-enfants et enfants de déportés, concernés par cette période sombre de l’histoire de France, de l’histoire de notre civilisation, sommes réunis par une même volonté : faire cesser cette banalisation de la Shoah.
Cette banalisation, dont le point d’orgue a été les diverses manifestations contre le pass sanitaire qui ont servi de théâtre à l’utilisation abusive et profondément choquante, et même au détournement, à des fins revendicatrices, de l’imagerie liée à l’extermination systématique et industrialisée de presque tout un peuple, la Shoah, est littéralement une profanation de la mémoire des victimes.
Les photos tronquées, le port de l’étoile jaune, les parallèles nauséabonds et l’usage de la typographie nazie pour dénoncer des décisions sanitaires doivent cesser. Il y va de l’honneur de la France et des Français, de toutes confessions, croyances et bords politiques. Notre colère est aussi forte.
Ce qui nous choque encore plus, c’est le silence de nombre de penseurs, journalistes, éditorialistes, décideurs, politiques, et tant d’autres habituellement loquaces sur les réseaux sociaux.
Nous ne pouvons plus rester les bras croisés en attendant que cela passe.
« Les victimes, nos disparus n’ont pas à servir de prétexte. Ils ne sont pas des objets, ils ont eu des vies, des joies, des peines, ils sont vous et nous »
Usage abusif. Nos aînés, nos aïeux méritent mieux qu’un piétinement systématique de leur mémoire. C’est notre héritage et nous devons en défendre sa singularité. Leurs sépultures, qu’elles existent dans un cimetière ou dans un mémorial, sont profanées à chaque usage abusif des symboles de leur persécution.
Nous respectons la mémoire des autres, nous n’utilisons pas telle ou telle imagerie pour justifier nos revendications, nos colères. Nous ne savons que trop le mal que cela peut faire. Et aujourd’hui nous avons mal. Et ce mal s’illustre dans ces mots usés sur le papier. Usés parce que pensés tant de fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tant la mémoire a été bafouée par la moindre revendication.
Les victimes, nos disparus n’ont pas à servir de prétexte. Ils ne sont pas des objets, ils ont eu des vies, des joies, des peines, ils sont vous et nous. Ils n’ont simplement pas eu la chance de survivre à une traque méticuleuse, tout simplement parce que juifs.
Nous souhaitons que tous les gens précités se posent la question suivante : et si nous aussi étions des descendants, ne serions-nous pas en colère de voir les tombes de nos ancêtres piétinées de la sorte ?
Nous ne sommes pas là pour juger du bien-fondé des revendications de telle ou telle frange de la population, nous avons chacun notre point de vue là-dessus. En revanche, nous nous battrons toujours pour défendre la mémoire des disparus. Cette mémoire doit être respectée par tous. Nous souhaitons que les gens qui se sont associés à ces manifestations se désolidarisent des slogans presque révisionnistes qui ont maculé ces marches. Nous sommes en colère, mais nous pardonnerons peut-être.
Nathalie Fajnkuchen, Sandrine Massé et Max-David Grinbaud.
0 Réponses à “Passe sanitaire : La honteuse instrumentalisation de la Shoah”