L’urgence d’une régulation de l’industrie textile

L’urgence d’une régulation de l’industrie textile

 

Un collectif de cent cinquante responsables d’entreprises du textile français constate, dans une tribune au « Monde », que l’engagement environnemental volontaire les défavorise face à la concurrence, et demande par conséquent une loi obligeant toutes les marques à payer les coûts environnementaux. ( Extrait)

 

Tribune.

Nous sommes des chefs et cheffes de marques textiles françaises, et, comme tout le monde, nous voyons se matérialiser avec effroi les conséquences du dérèglement climatique : les étés deviennent caniculaires, les inondations se multiplient et les incendies font des ravages. Pourtant, notre industrie émet toujours plus de gaz à effet de serre. En cause, la quantité de vêtements produite qui continue à augmenter chaque année, et la fabrication majoritairement délocalisée en Asie dans des usines qui tournent au gaz ou au charbon.

Nous essayons de faire notre part dans la lutte contre le changement climatique, mais nous constatons que nos efforts sont sans effet si toutes les autres marques qui vendent des vêtements en France ne s’impliquent pas à la même hauteur. Pire encore, nos engagements nous désavantagent. Aujourd’hui, plus une entreprise pollue, moins sa production lui coûte cher et plus elle est compétitive.

 

Quand nous relocalisons, nos vêtements deviennent bien plus chers que ceux fabriqués à bas coût à l’autre bout du monde. Quand nous sortons du cycle infernal des soldes et des promotions, les « prix cassés » attirent les clients ailleurs. Quand nous ralentissons le rythme de nos collections afin de moins pousser à la consommation, d’autres marques renouvellent les leurs toujours plus rapidement, nous prenant ainsi des parts de marché. C’est indéniable : il y a aujourd’hui un avantage économique à produire de manière irresponsable. Une « prime au vice » que nous dénonçons.

On nous répondra que les consommateurs finiront bien par se tourner vers les marques les plus écoresponsables. Mais l’éthique pèse bien peu face à des prix cassés et des collections toujours plus vite renouvelées. Pour un Patagonia, combien de Primark, Boohoo, Forever 21, H&M ou Zara ? Dans un monde où la publicité est omniprésente, son contrôle difficile et le temps d’attention limité, le pouvoir de voter avec son portefeuille est largement insuffisant.

Pour que notre industrie fasse sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique, il faut complètement renverser notre cadre réglementaire. C’est pourquoi nous demandons, nous les marques textiles, que la loi oblige les entreprises de l’habillement, les nôtres y compris, à payer réellement les coûts environnementaux qu’elles génèrent. C’est le seul moyen de supprimer enfin la prime au vice. Nous sommes pour une concurrence non faussée et vertueuse.

 

Nos premières revendications concernent les critères de calcul et d’attribution de l’écocontribution des vêtements, dont la révision aura lieu d’ici quelques mois. Voici les principales modifications que nous demandons :

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