Education : Pour une revalorisation des filières professionnelles

Education : Pour une revalorisation des filières professionnelles

 

Les lycées professionnels ne doivent pas avoir pour seul objectif d’aboutir à la sécurisation d’une situation financière ou d’un emploi, mais à l’épanouissement professionnel et social, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de membres d’associations, de militants et d’élus. Pour cela, ils plaident pour un élargissement des filières

 

Tribune.

 

Souvent présenté comme une voie de secours, trop peu choisi par ses élèves et généralement vécu comme un échec, le lycée professionnel français est déconsidéré et pâtit d’une mauvaise réputation injustifiée mais persistante. Leur fréquentation est homogène socialement, avec 56,9 % d’élèves issus de milieu social défavorisé en 2019 (contre 29,9 % en lycée général), la situation géographique des lycées professionnels, plus excentrée des centres-villes que ceux de la voie générale, en étant une preuve éloquente.

Un rapport du Sénat fait état de cette stigmatisation en évoquant la « connotation négative du fait que les élèves orientés sont des élèves en difficulté, voire en échec scolaire ». Pour mettre fin à ce phénomène, une multiplication des lycées polyvalents, regroupant les voies générale et professionnelle au sein d’un même établissement, serait d’abord nécessaire.


Le secondaire professionnel est également victime des formations qu’il propose. Bien que celles-ci soient nécessaires, qu’on nous rabâche qu’il « n’y a pas de sous-métiers », force est de constater que les modalités et la qualité des formations proposées répondent davantage aux besoins du bassin d’emploi local de l’élève qu’aux aspirations et ambition des arrivants dans ces établissements.

 

Le même rapport sénatorial pointe également les conséquences désastreuses de l’orientation qui n’est plus vécue mais bien subie par la majorité des élèves de la voie professionnelle : décrochage, absentéisme, abandon précoce. Finalement, il est trop souvent construit dans ces établissements la future France précarisée et au ban civique.

Ce fait est d’autant plus réel que, à l’entrée en lycée professionnel, il est estimé que 35,2 % des élèves accumulent au moins un an de retard scolaire, sans que rien ne soit fait pour le rattraper. Aussi, le temps consacré au développement d’une conscience citoyenne et politique si nécessaire est totalement absent de la conception du lycée professionnel, et plus largement des établissements scolaires.


Nous devrions pouvoir aussi y apprendre la philosophie, les grands concepts qui font les sociétés. Ce ne sont des disciplines trop complexes pour personne. Au-delà du mal que ce manque d’investissement entraîne interviennent des logiques économiques, se caractérisant par la baisse de dotations d’heures aux professeurs ainsi que des suppressions de postes.

 

Dans un moment social où les différences de traitement entre voies – estimées – d’excellence et celles considérées comme de second couteau (écoles/universités vs BTS) ressortent, chaque signal de volonté de faire réellement de l’égalité éducative doit être lancé. L’orientation des élèves dans la voie professionnelle doit se faire de manière libre, éclairée et avec un meilleur accompagnement de la part des conseillers d’orientation, ce en vue de lutter contre la reproduction sociale.

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