Edgar Morin : S’attendre à l’inattendu !
« Quelle est votre plus grande peur ? » « Aimez-vous quelqu’un ? » « Qu’est-ce qui vous apaise? »… A l’occasion de son centième anniversaire, Edgar Morin se livre, pour « Le Monde », au jeu de ce questionnaire intime.
Dans ce questionnaire insolite, notamment emprunté à ceux de Proust ou de Max Frisch, Edgar Morin dévoile une autre partie de sa personnalité.
Quelle est votre devise ?
Attends-toi à l’inattendu.
Quel est votre démon ?
J’en ai quatre : le doute, la foi, la raison, la poésie.
Quel est votre plus grand regret ?
D’avoir perdu ma mère à 10 ans et de n’avoir pas compris mon père.
Quelle est votre plus grande espérance ?
Que l’humanité trouve une nouvelle voie.
Quelles traces aimeriez-vous laisser de vous ?
Mon apport que constitue La Méthode (Le Seuil, 1977-2004).
Quel mort aimeriez-vous revoir ?
Les aimés et les aimées.
Quel autre, par contre, non ?
Les indifférents.
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Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?
Les involontaires.
Avez-vous de l’humour quand vous êtes seul ?
Ce n’est pas de l’humour, c’est le goût pour la plaisanterie, la parodie, les jeux de mots.
Peut-on apprendre à mourir ?
Il est déjà très difficile d’apprendre à vivre.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Avec trop d’incompréhensions et de malveillances.
Qu’est-ce qui vous réveille ?
L’amour.
Qu’est-ce qui vous endort ?
L’amour.
Qu’est-ce qui vous met en colère ?
Parfois une grande injustice, parfois une petite, mais je considère que la colère est un moment passager de folie.
Qu’est-ce qui vous apaise ?
La musique que j’aime.
Vous sentez-vous seul, lorsque vous l’êtes ?
Je me sens surtout seul dans la multitude.
Avez-vous toujours su ce que vous vouliez faire ?
J’ai découvert bien tard que j’ai suivi ma voie toute ma vie.
Quel est le travail le plus étrange que vous ayez jamais fait ?
Ecrire des livres.
Quel est le geste de la vie quotidienne que vous ne pouvez pas faire ?
Refuser de serrer une main (sauf en cas de Covid-19).
Un cadeau qui vous a déconcerté ?
La vie.
Y a-t-il des expressions que vous détestez ?
« C’est un con. »
La question qui vous tourmente ?
Pourquoi le monde, la vie, l’humanité, moi ? Pourquoi pourquoi ?
Quelle est votre plus grande peur ?
Ce fut la peur d’être appréhendé par la Gestapo.
Vous souvenez-vous de l’instant où vous êtes devenu adulte ?
Quand j’ai eu des responsabilités sur la vie d’autrui dans la Résistance sous l’Occupation.
Qu’est-ce qui vous plaît chez les autres ?
La bonté et la beauté.
Y a-t-il un lieu où vous ne retournerez pas ?
J’espère l’hôpital.
Un livre lu et relu ?
Une saison en enfer, Les Frères Karamazov.
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