Taxe carbone : Pour réguler l’impact du commerce sur le climat
Les chercheurs Carole Mathieu et Christian de Perthuis rappellent, dans une tribune au « Monde », les enjeux du projet de taxe carbone aux frontières que la Commission européenne présentera le 14 juillet.
Tribune( Extrait).
L’idée de base est simplissime : appliquer un prix aux émissions de CO2 pour accélérer la transition énergétique. Tant que ce prix n’est pas universel, il risque de pénaliser à court terme les zones économiques ajoutant à leurs coûts de production celui du CO2. L’ajustement à la frontière consiste à corriger cette distorsion, en obligeant les importateurs à s’acquitter du même coût carbone que celui supporté par les producteurs domestiques.
Depuis 2005, l’Union européenne (UE) tarifie les émissions de CO2 des installations industrielles et énergétiques situées sur son territoire via un système de quotas échangeables. Jusqu’à présent, aucune étude empirique n’a pu montrer la moindre perte de compétitivité des secteurs sous quotas, qui serait susceptible de provoquer une délocalisation des émissions.
Deux raisons à cela : le prix du CO2 sur le marché est resté à des niveaux modérés, et les industries les plus exposées à ce risque de « fuite carbone » ont été protégées par un dispositif d’allocation gratuite de quotas.
Mais le contexte est en train de changer. Fin 2020, l’UE a officiellement rehaussé la cible de baisse des émissions à l’horizon 2030 (– 55 % relativement à 1990 contre – 40 % antérieurement). Une simple annonce qui a déjà porté le prix du quota au-dessus de 50 euros par tonne de CO2, creusant sérieusement l’écart avec le reste du monde.
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