L’avenir des taxis volants ?
par Sindreu du Wall Street Journal (extrait)
Les start-up sont nombreuses à essayer de créer des taxis volants qui circuleraient en agglomération. Mais c’est peut-être pour relier les villes entre elles qu’ils seront utiles
Ces derniers mois, quatre start-up spécialistes des eVTOL (pour « electric vertical-takeoff-and-landing vehicles », c’est-à-dire aéronef électrique à décollage et atterrissage vertical) sont entrées en Bourse après leur fusion avec une Spac. Deux californiennes, Joby Aviation et Archer, ont été les premières à se lancer, suivies par l’allemande Lilium et, quelques semaines plus tard, la britannique Vertical Aerospace. Visant toutes un lancement en 2024, elles veulent à la fois fabriquer et opérer leur flotte, un modèle économique très inhabituel dans le secteur aérien.
Devenir le Boeing ou l’Airbus des taxis volants ne sera pas chose aisée. Comme le soulignent les analystes de Cowen dans une nouvelle étude, les quatre jeunes pousses veulent fabriquer près de 4 000 véhicules en 2027, soit plus que le nombre d’avions commerciaux, jets privés et hélicoptères produits en 2018, année record dans ce domaine. Il leur faudra aussi franchir le terrible obstacle de la certification.
Pourtant, c’est peut-être le deuxième volet de leur projet (devancer Uber et Lyft) qui s’annonce le plus périlleux.
En général, on prend un taxi pour deux raisons : la praticité et la rapidité. Mais, contrairement à une voiture, un eVTOL a besoin d’un « vertiport » adapté pour décoller et atterrir. Les compagnies de taxis volants sont donc en train de s’associer à des entreprises comme le spécialiste des parkings REE ou le géant du BTP Ferrovial pour en bâtir. Mais si l’on se fie à l’exemple des héliports, un certain nombre de villes n’auront pas les moyens (ou l’envie) d’accueillir un vertiport de taille suffisante pour que l’activité soit financièrement viable.
En outre, pour aller d’un vertiport à un autre, il faut souvent un autre moyen de transport : si la distance à parcourir est inférieure à 50 kilomètres (le rayon d’action d’Uber), le taxi volant est inutile. Les banquiers de Wall Street qui doivent aller prendre l’avion à l’aéroport JFK de New York pourront peut-être profiter d’un vertiport bien situé, mais pour l’humain moyen, les eVTOL n’auront jamais d’intérêt, quels que soient les tarifs.
L’exemple de Blade Urban Air Mobility, une application de réservation d’hélicoptères et de jets privés, raconte cependant une autre histoire. Même si son nom évoque plus la ville que la campagne, l’entreprise transporte ses clients, parfois sur plus de 150 kilomètres, pour les amener de New York aux très chics Hamptons ou de Los Angeles à la station de ski d’Aspen, dans le Colorado.
Si le service est moins évocateur du film de Robert Zemeckis, il semble beaucoup plus adapté à la technologie des eVTOL. En se lançant dans les taxis volants, les compagnies aériennes pourraient proposer de nouvelles liaisons premium entre des agglomérations situées à cinq heures de route les unes des autres. United Airlines et American Airlines ont d’ailleurs passé des précommandes chez Archer et Vertical respectivement.
Lilium, elle, est la seule start-up spécialiste des eVTOL à se focaliser sur ce marché. Propulsé par 36 petits moteurs électriques, son Lilium Jet est conçu pour transporter six passagers à environ 200 kilomètres (et plus au fur et à mesure des progrès des batteries). La jeune pousse veut d’abord relier les villes entre elles – en Floride et en Allemagne – et envisage aussi d’acheminer des colis, un marché estimé à 2 500 milliards de dollars d’ici cinq ans par Cowen.
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La propulsion électrique pourrait révolutionner le marché des vols régionaux. Mais pour aller dîner au restaurant, la voiture risque de rester indispensable.
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