Dans une tribune au « Monde », l’historien André Larané estime que les électeurs auraient été plus nombreux à voter pour des conseils départementaux avec des compétences élargies et claires.
Tribune.
Les élections régionales ont été marquées par une abstention sans précédent. Différentes raisons ont déjà été évoquées mais il en est une qui a été occultée, parce que trop énorme ou trop gênante : les treize régions métropolitaines, qui ont focalisé l’attention des médias et de la classe politique, ne servent à rien.
Au total, les régions perçoivent près de 30 milliards d’euros par an. C’est 13 % du budget total des collectivités locales (communes, départements et régions). Il leur appartient de distribuer cet argent à qui bon leur semble : rénovation d’un lycée, financement d’une carte de transport, subventions à des associations, etc. Rien que les départements ne puissent faire au moins aussi bien.
Mais, dira-t-on, les départements sont trop petits. Ils n’ont pas la taille critique ! Vraiment ? Ces départements sont en moyenne trois fois plus étendus et deux fois plus peuplés que les cantons suisses, lesquels représentent le nec plus ultra de la décentralisation, avec plus de compétences et d’autonomie que nos régions et nos départements réunis.
En bonne politique, il appartient à l’Etat de gouverner et de gérer les relations avec le monde extérieur, et aux collectivités locales d’administrer, au plus près des citoyens. De là, l’intérêt des départements, qui remontent à deux cents ans, voire deux mille ans !
Chacun sait que ceux-ci ont été créés par l’Assemblée constituante en 1790. Mais, l’on sait moins que les députés ont reproduit le tracé des anciens pays gaulois et des comtés carolingiens qui leur ont succédé. Cela se voit dans les chefs-lieux, dont beaucoup reprennent le nom de l’ancienne tribu locale : Tarbes, ce sont les Tarbelles ; Vannes, les Vénètes ; Paris, les Parisii, etc. Cette coïncidence résulte de la géographie qui rapproche les hommes selon ses impératifs : relief, cours d’eau, sols, etc.
Aujourd’hui encore, chacun s’identifie prioritairement à son département. Et si certains se disent volontiers bretons, normands ou alsaciens, cela ne reflète pas pour autant une identification à la région éponyme. Les Brestois ne sont pas plus solidaires des Rennais que les Strasbourgeois des Mulhousiens ou les Caennais des Rouennais.
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