Environnement : changer de modèle économique

Environnement : changer de modèle économique

A l’occasion des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence organisées du 2 au 4 juillet, « Le Monde » publie le texte d’Océane Mascaro, âgée de 20 ans, mention spéciale du jury de l’opération « La Parole aux 18-28 » organisée dans le cadre de cet événement.

 

Tribune.

« Résilience » : en agroécologie, ce terme renvoie à la capacité d’un écosystème donné à revenir à son état antérieur après un choc, par exemple une catastrophe climatique. Mouvement de balancier, donc : état A, crise, retour à l’état A. L’avènement d’un état B serait pensé sur le mode de la perturbation, d’un système n’étant pas parvenu à revenir à son état « normal ».

Il est amusant de constater combien cette normalité caractérisée par la stabilité s’applique mal à notre système socio-économique. Le fonctionnement « normal » d’un système de production ne garantit pas sa pérennité ; bien au contraire, le développement du capitalisme peut miner ses propres fondements. Caractérisé par l’ouverture toujours accrue de nouveaux marchés, ce mode de fonctionnement est voué à rencontrer des limites matérielles. Pour reprendre un poncif « décroissantiste », une croissance infinie dans un monde fini est impossible.

Accumulation, extension… Dans les termes, la promotion de ces valeurs semble antithétique avec celle de stabilité, sauf à considérer une stabilité toujours reconquise in extremis, par une accumulation de pansements apposés sur des failles systémiques. C’est d’ailleurs souvent en ce sens qu’est abordé le concept de résilience dans le débat public.

Face à une crise, comment résister ? Comment parvenir à revenir, en mobilisant toutes nos forces, à la situation précédant la crise ? Résistance subie, attente se dressant exclusivement contre les perturbations ponctuelles, tendue vers l’espérance d’un retour. Cela ne devrait fonctionner que si la situation initiale était idyllique ; mais celle-ci étant structurellement instable, ce retour ne peut être que temporaire – et voué à la décrépitude.

Prenons l’exemple des indicateurs de la crise.

Jauger la crise à l’aune des indicateurs classiques est problématique, parce que les instruments finissent souvent par être considérés comme objectifs. Si l’on pointe par exemple l’effet de la pandémie et des restrictions qui l’ont accompagnée sur le secteur du tourisme, notre conservatisme instinctif – ainsi que notre désir de protéger les moyens de subsistance des travailleurs qui s’y dédient – nous mène à envisager comme horizon immédiat le rétablissement de son niveau d’activité.

Or un tourisme mondialisé, à haute fréquence, et qui ne va qu’en s’amplifiant, est proprement incompatible avec un souci de gestion écologique des ressources. Ne serait-ce que pour les émissions de gaz à effet de serre liées à l’aviation : en 2011, le secteur aérien a contribué à hauteur de 3,5 % au réchauffement climatique.

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