Archive mensuelle de juin 2021

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Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

« Digital first »: la mort des grandes banques ?

Digital first: la mort des grandes banques

Henri Wajsblat, responsable des solutions pour les services financiers chez Anaplan vante dans la Tribune la mutation numérique des banques qui permet notamment la suppression de nombre d’établissements et de guichets. Le seul problème est que des opérateurs économiques puissants (GAFA, Télécom etc.) sont mieux placés que les banques pour une numérisation totale de l’activité bancaire. Le Digital first pourrait bien annoncer à terme la mort des banques classiques. 

Tribune

 

A mesure que les banques de détail investissaient dans des offres numériques pour offrir une meilleure expérience à leurs clients, la fréquentation physique de leurs succursales a constamment décliné au cours des vingt dernières années. Aujourd’hui, la mise en œuvre d’une stratégie «  » est la priorité, que ce soit pour la vente de produits ou la fourniture de services.

Par ailleurs, l’environnement marqué par des taux d’intérêt toujours très bas met les marges d’intérêt des banques sous pression tandis que leur niveau élevé de charges d’exploitation continue de grever leur profitabilité. Si l’on y ajoute l’augmentation des pertes liées aux défauts de remboursement de prêts durant la pandémie, une détérioration des coefficients d’exploitation bancaire est à prévoir (charges d’exploitation divisées par le produit net bancaire). Or, en développant leurs canaux numériques, les banques de détail peuvent adapter leur modèle de gestion des effectifs et de la masse salariale de façon à réduire les coûts et préserver leurs profits.

L’adoption des stratégies digitales

Enfin, l’innovation numérique permet aux banques de détail de diversifier leurs services non bancaires et de trouver d’autres sources de chiffre d’affaires que les seuls revenus d’intérêt. À Singapour, DBS propose Marketplace, un panel de services qui positionne la banque comme le partenaire de tous les jours auprès de ses clients. L’offre de services recouvre à la fois la recherche d’un bien immobilier, l’entretien de la voiture, la réservation de voyages, la gestion des fournisseurs de services énergétiques ou de télécommunications, ou encore l’achat de biens on-line.

Au cœur de cette transformation bancaire numérique accélérée, on trouve donc la réduction des coûts et l’amélioration de l’expérience client. Cependant, les moyens et stratégies mis en œuvre varient fortement d’une banque à l’autre. Certaines banques vont rechercher la réduction ou la différentiation de leurs succursales pour mieux répondre aux demandes de leurs clients. À titre d’exemple, HSBC a diminué la taille de son réseau de succursales de 60% au cours des vingt dernières années et a décidé de remanier le design des succursales restantes selon quatre différents formats.

D’autres vont rechercher la fusion des réseaux pour optimiser la stratégie de localisation, générer des synergies et éliminer les succursales en doublon. En France, la fusion entre les réseaux Société Générale and Crédit du Nord doit permettre à horizon de cinq ans la réduction à hauteur de 30% de la taille du nouvel ensemble de succursales. Pareillement, aux États-Unis, les banques Huntington et TCF ont identifié des doublons de succursales dans un rayon de cinq kilomètres pour 17% du nouvel ensemble, une fois la fusion réalisée.

Enfin, des banques peuvent coupler une offre numérique à un large réseau de succursales offrant un maillage territorial très complet en dehors des grandes métropoles, pour des services de proximité. C’est le cas en France des réseaux mutualistes de BPCE, Crédit Agricole et Crédit Mutuel.

L’évolution de la taille du réseau de succursales de banque de détail doit répondre à un besoin d’équilibre entre services présentiels et numériques. La recherche de cet équilibre induit la transformation d’autres fonctions de la banque.

Par exemple, il est à prévoir un basculement significatif d’effectifs actuellement en succursales vers les centres de contact ou vers les équipes numériques ( Qu’on peut joindre  éventuellement au bout d’un bon quart d’heure ou pas du tout ! NDLR).

Planifier les effectifs et les rôles de demain sera un des facteurs-clés de succès de la transformation du modèle de distribution.

De plus, l’adoption des technologies d’intelligence artificielle et de machine learning va permettre aux banques de créer des centres de compétence technologique pour mieux servir les clients de la banque de détail, à l’image de l’initiative AI Factory pilotée par BBVA en Espagne. En tout état de cause, les succursales ne sont pas vouées à disparaître et resteront le lieu dédié à des opérations spécifiques nécessitant l’interaction humaine entre un client et son conseiller financier, en qui il accorde sa confiance.

Que cela passe par le redesign des succursales, la refonte de la stratégie de localisation, ou par l’adaptation des canaux de distribution pour appréhender au mieux les besoins des clients, les banques continueront de s’appuyer sur l’innovation numérique pour mener leur transformation dans les années à venir. Les outils de modélisation agile, de prévisions et de scénario d’analyse permettront aux banques de piloter ces plans de transformation en mode pluriannuels et les adapter en fonction de l’évolution des conditions de marché.  La modélisation de scenarii et de prévisions constituera ainsi des outils précieux pour mettre en place une démarche prospective et permettre de réaliser la transformation des réseaux de banque de détail de manière agile et avec la visibilité nécessaire.

Henri Wajsblat (*)

Plan de relance européen: Trop peu trop tard

Plan de relance européen: Trop peu trop tard 

Selon Mathieu Plane, économiste, Ce plan est intéressant mais c’est trop peu et sans doute aussi trop tard car c’est maintenant que l’économie a besoin de relance et non dans 5 ou 10 ans

Interview dans France Info

 

Pourquoi la validation de ce plan de relance a-t-elle pris autant de temps ?

Mathieu Plane : C’est sûr que l’argent promis arrive après la bataille, car les Etats membres en auraient eu besoin immédiatement après le début de la crise sanitaire. Mais pour pouvoir verser cet argent, il a fallu que le plan soit accepté à l’unanimité par les pays et les divergences étaient nombreuses.

La particularité de ce plan réside dans le fait que les Etats ne vont pas recevoir des sommes proportionnelles au montant de leur produit intérieur brut (PIB), mais proportionnelles à leurs besoins. Par exemple, l’Espagne va percevoir plus d’argent que l’Allemagne. L’Allemagne a une situation économique qui lui permet très bien de faire ses investissements sans l’Europe, ce qui n’est pas le cas de l’Espagne et de l’Italie, pays pour lesquels il est plus compliqué de contracter une dette. En somme, ce plan de relance est un transfert d’argent des pays du Nord vers les pays du Sud.

Les pays frugaux ont été très réticents à aller plus loin, parce qu’ils versent une large contribution au plan de relance et accusent les pays du Sud de ne pas respecter les normes européennes en termes de dette et de déficit.

De plus, il y a de l’euroscepticisme dans plusieurs pays, ce qui pousse certains à s’opposer à toute solidarité avec les membres les plus en difficulté. Il n’y a pas d’Europe politique sur la question budgétaire, tout est une affaire de consensus. Etonnamment, l’Allemagne, qui est plutôt le pays tenant de l’orthodoxie budgétaire, a été leader dans les négociations.

Que va-t-il se passer, maintenant que le plan de relance est validé ?

La totalité de la somme promise aux Etats de l’UE, soit 750 milliards d’euros, va être débloquée progressivement pour financer les budgets nationaux. Un premier volet va être versé le mois prochain et les financements vont monter en charge progressivement, sur plusieurs années.

Pour pouvoir toucher cet argent, chaque Etat membre de l’UE devait rendre un rapport à la Commission européenne, pour expliquer comment ce budget serait dépensé. Celle-ci devait ensuite le valider. Le dossier de la France contenait pas moins de 800 pages. En contrepartie, chacun reçoit un financement direct, qui vient compléter les budgets nationaux alloués à la relance.

Comment le plan de relance va-t-il se traduire concrètement ?

Pour le moment, on voit les effets du plan de relance français, mais pas celui du plan de relance européen. Car dans l’enveloppe de 100 milliards d’euros que la France a dédiée à la relance économique, l’Union européenne va contribuer à hauteur de 40 milliards d’euros. Les 60 milliards restants sont financés par le budget français.

Le gouvernement a déjà commencé à dépenser cette somme, principalement pour trois mesures : la baisse des impôts de production qui a été décidée dès le début d’année, le soutien à l’activité partielle de longue durée et l’aide à l’embauche des jeunes.

Pour ce qui est de la partie financée par le plan de relance européen, l’exigence est de dépenser cet argent dans la transition climatique et la transition numérique. Cela demande une transformation de l’économie en profondeur. Rénovation thermique des bâtiments, construction d’une filière industrielle dans l’hydrogène… Tout cela va nécessiter du temps, déjà d’un point de vue administratif, car il faut lancer des appels d’offres. Une fois cette étape passée, le déclenchement des travaux va créer de l’emploi et donc de l’activité économique à moyen terme.

Ce plan sera-t-il suffisant pour soutenir les Etats membres ?

Il faut souligner que ce plan est une bonne nouvelle, car il crée une solidarité européenne, mais on aurait pu aller beaucoup plus loin. Si l’on compare le plan de relance de l’Union européenne à celui des Etats-Unis, on voit qu’on n’y consacre que deux points de PIB européen, contre huit points aux Etats-Unis. Pourtant, la taille de l’UE est comparable à celle de ce pays.

Même en Chine, les montants investis dans le secteur de l’énergie sont astronomiques. Nous aussi, on aurait pu aller plus loin pour construire un leadership économique dans ce domaine et garantir la souveraineté énergétique des pays.

Ce plan européen révèle aussi les failles de l’Europe sur le plan fiscal, car on a réussi à avancer l’argent, mais les conditions de financement et de remboursement restent encore vagues. Ce n’est pas un problème pour le moment, mais en toute logique, il faudrait créer une taxation européenne pour le faire

Compteurs Linky: Maintenant il va falloir payer !

Compteurs Linky: Maintenant il va falloir payer !

Plus de 90 % des foyers français, soit 32 millions, ont déjà un compteur Linky installé. Le coût de l’opération a été fixé par la Cour des comptes à 5,7 milliards d’euros, soit un coût, ramené au compteur, de 130 €.

Le  remboursement de cette somme  incomberait indirectement, selon « Le Parisien », aux particuliers. . ​

​La filiale Enedis  s’est engagée à prendre à sa charge près de 5,4 milliards d’euros. Pour y parvenir, Enedis puisera dans ses fonds, à hauteur de 10 % du montant, et s’appuiera pour le reste sur un emprunt à la Banque européenne d’investissement.

 

Ce mécanisme intègre un « différé tarifaire », qui permet de décaler le remboursement de quelques années. Selon « Le Parisien », ce mécanisme permettrait à Enedis de « prélever tous les ans sur les factures des consommateurs ». Au total, ils participeraient au remboursement de près de 2 milliards d’euros d’ici à 2030. En clair, le quotidien affirme que ce n’est pas l’entreprise, mais bien le consommateur qui remboursera la somme via un mécanisme du différé tarifaire

Bref installés pour des motifs écologiques au départ, les compteurs Linky qui vont surtout permettre une augmentation de la facture maquillée par la complexité de la tarification.Une augmentation qui dépassera et de loin le seul couvent d’installation des compteurs Linky.

 

Corporatisme étatique: Contre la suppression des grands corps !

Corporatisme étatique: Contre la suppression des grands corps ! 

 

 

Une défense très corporatiste d’un collectifs d’étudiants préparant le concours d’entrée à l’ENA et  des grands corps de la haute fonction publique.Surtout au motif que la France a besoin d’une  » vision stratégique à long terme ». Justement ce  qui milite en faveur de la suppression de corps obsolètes et paramétrés sur un modèle d’immobilisme.

  • Tribune dans les Échos

En nous soumettant aux concours de la fonction publique au terme d’une préparation exigeante, nous faisons le choix de nous mettre résolument au service de l’Etat et de sa réforme. Nous nous accordons tous sur la nécessité de transformer l’action publique et refusons tout statu quo. Néanmoins, nous souhaitons faire part de nos inquiétudes face au projet actuel de « fonctionnalisation » de la haute fonction publique , qui consiste à supprimer de nombreux corps essentiels de la haute fonction publique. Cette mesure risque de nous concerner en premier lieu si nous réussissons les épreuves d’entrée.

Le 8 avril 2021 a été confirmée la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et annoncée une réforme d’ampleur de l’encadrement supérieur de l’Etat. Nous acceptons avec loyauté de nous adapter aux changements qui pourraient concerner notre formation, mais, en tant qu’étudiants et citoyens, nous souhaitons exprimer nos préoccupations quant au projet de suppression des corps de la haute fonction publique et de transformation de l’administration.

Une très grande diversité

Loin du portrait parfois stéréotypé qui est dressé des préparationnaires, nous provenons de formations, de milieux, de territoires d’une très grande diversité. Certains sont passés par l’université, d’autres par les écoles d’ingénieurs, de commerce, de sciences sociales ou politiques. Rien n’est plus faux que d’affirmer que les préparationnaires de l’ENA proviennent tous de milieux très privilégiés. Nombre d’entre nous sont boursiers. Notre dénominateur commun est la volonté de servir.

Tout d’abord, nous constatons que l’une des justifications de la réforme serait de mieux « construire [les] parcours de carrière » des hauts fonctionnaires . Or, notre objectif premier n’est pas de « faire carrière ». Nous appartenons à une génération qui a grandi dans l’urgence climatique et qui a commencé ses études supérieures à la fin de la crise financière. Nous finissons nos études alors même que la crise épidémique remet en cause de profondes certitudes. Nous préparons ces concours parce que nous souhaitons, dans ce contexte, nous mettre au service de l’Etat.

 

La présence de l’Etat est nécessaire dans de nombreux domaines. La transition écologique a besoin d’un Etat qui pousse les entreprises à se dépasser. L’innovation technologique et la croissance ont besoin d’être stimulées par l’Etat. La redéfinition de notre politique industrielle et énergétique ne peut se faire que sous l’égide d’un Etat disposant d’une vision stratégique de long terme. Nous ne sortirons des crises sociale et économique actuelles que grâce à un Etat à l’écoute des citoyens et capable de répondre à leurs attentes.

De lourdes conséquences

Aussi, nous apprenons que la réforme actuelle prévoit la suppression de nombreux corps essentiels de la haute fonction publique : l’Inspection générale de l’administration (IGA), l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), l’Inspection générale des finances (IGF), ainsi que le corps des préfets et sous-préfets et le corps diplomatique. Ces corps ont vocation à ne devenir plus que des « fonctions », sans statut particulier.

La rémunération perçue par la plupart des hauts cadres de l’Etat peut être jusqu’à cinq fois plus faible que celle d’un grand manager du privé.

Cette réforme pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’efficacité de l’action de l’Etat. Un corps n’est pas un « privilège », ni une « caste ». La rémunération perçue par la plupart des hauts cadres de l’Etat peut être jusqu’à cinq fois plus faible que celle dont bénéficierait un grand manager ou dirigeant dans une entreprise de grande taille. Le corps est précisément la protection, la garantie dont dispose un préfet pour affirmer la présence de l’Etat et faire valoir son expérience du terrain. De son côté, un inspecteur de l’Igas, de l’IGA ou de l’IGF doit pouvoir interagir avec les représentants de la sphère économique, sociale ou politique, dans une position d’égal à égal, sans avoir à s’inquiéter du fait que ses recommandations ou ses analyses puissent avoir des conséquences sur son avenir professionnel.

Il serait contre-productif et destructeur que cette réforme finisse par dissuader ceux qui le souhaitent le plus de s’engager au service de l’Etat. C’est sur ce point particulier que nous souhaitons alerter, en tant que préparationnaires.

Le collectif Servir (composé d’étudiants de tous les horizons préparant le concours de l’ENA, futur Institut national du service public).

La question taboue de la durée du travail en France

La question taboue de la durée du travail en France

Franck Morel , xpert du temps de travail analyse les évolutions de la question taboue de la durée du travail en France. La France enregistre en effet l’une des durées du travail les plus faibles conjointement à un taux de productifs également le plus faible. (Interview dans l’Opinion)

Franck Morel est avocat associé au cabinet Flichy Grangé. Depuis 2003, Franck Morel publie Durée et aménagement du temps de travail (La revue fiduciaire), un ouvrage concret destiné aux praticiens. Dans l’édition 2021, la neuvième, parue le 3 juin, l’auteur pointe les grandes tendance qui font évoluer ce droit.

Pourquoi la question de la durée du travail est-elle si politique ?

Parce que le temps de travail est central dans la relation entre l’entreprise et ses salariés : le sujet concerne aussi bien la santé et la sécurité que la rémunération ou l’équilibre entre vie professionnelle et privée. Parce que, depuis deux siècles, les enjeux de la durée du travail ont épousé ceux du moment.

C’est-à-dire ?

Les premières lois sur le travail (22 mars 1841, puis 2 novembre 1892) concernent sa durée. Il s’agit de protéger les plus faibles, enfants et femmes. Le vecteur privilégié est la loi, et on raisonne sur la journée. Au siècle suivant, la semaine devient la référence et la fameuse loi de 1936 fixe la durée légale à 40 heures. La France est très industrielle et l’entreprise ressemble au théâtre classique, avec unité de temps, de lieu et d’action.

Quelles sont les priorités de l’après-guerre ?

Il s’agit de produire et de distribuer de manière équitable. Parallèlement à la loi, un autre instrument se développe, la convention collective, qui installe le principe de faveur : la négociation de branche apporte des garanties supérieures à celles de la loi. Curieusement, c’est la gauche, qui en 1982, introduit une brèche dans cette hiérarchie, en prévoyant des accords dérogatoires. Autre innovation cette année-là : on ne retient plus forcément le critère de la semaine, mais celui de l’année, avec la modulation du temps de travail.

Comment situer les lois Aubry (1998 et 2000) dans ce paysage ?

Dans la colonne des plus, je dirais qu’elles ont permis un formidable développement de la négociation collective. Autre apport : elles ont innové en créant le forfait jour pour les cadres. Aujourd’hui, un sur deux bénéficie de ce régime. Dans la colonne des moins, elles ont nourri une forme de distanciation culturelle vis-à-vis du travail et provoqué une stagnation des salaires. Malgré les tentatives pour corriger ces deux effets (comme les lois Tepa de 2007) les salariés français à temps plein travaillent moins : 1 526 heures par an contre 1 751 heures pour la moyenne des pays de l’OCDE.

« On pourrait simplifier l’organisation des congés payés. Pourquoi faut-il prendre deux à quatre semaines dans la période du 1er mai au 31 octobre ? »

A quelles nécessités du moment, ces deux lois répondaient-elles ?

Comme la loi Robien avant elle, les deux lois Aubry partent du principe qu’il existe un lien entre la réduction du temps de travail et l’emploi. Ce qui n’est pas démontré. On débat toujours sur l’impact de ces lois sur l’emploi : création de 300 000 emplois ou destruction d’emplois. A partir de 2003, les gouvernements rompent avec cette logique, en privilégiant la réponse à la demande par le biais des heures supplémentaires.

Aujourd’hui, quelles sont les tendances en matière de durée du travail ?

Il y a une montée en puissance du droit européen, d’autant plus étonnante qu’il n’existe quasiment qu’un texte, une directive de 1993. Elle érige des normes pour protéger le salarié, comme la limitation de la durée maximale hebdomadaire à 48 heures (en moyenne), en instituant la règle du repos quotidien (11 heures d’affilée) qui n’existait pas en France. A côtés de ces mesures positives une jurisprudence qui prend beaucoup, probablement trop, d’importance s’est développée. Les difficultés viennent notamment d’une définition binaire : le salarié se trouve soit au travail, soit au repos. La directive ne prévoit pas un troisième type de situation, les gardes ou certaines astreintes. La France a dû adapter ses textes dans différents secteurs (hôpital, enseignement, etc.). D’autres pays européens se plaignent des mêmes problèmes, mais les tentatives du Conseil et du Parlement, des partenaires sociaux européens pour réviser cette directive se sont toujours soldées par un échec. Un autre sujet concerne les congés payés. La directive établit un droit à quatre semaines de congés payés, mais le juge va plus loin que la France : ces droits sont acquis même en cas de maladie, ce qui n’est pas le cas dans la législation française. Ce feuilleton de jurisprudences n’est pas terminé.

Dans votre livre, vous pointez également le succès de la négociation collective.

Elle se déroule de plus en plus au niveau de l’entreprise, échelon encouragé par la loi Bertrand, fondatrice, de 2008 puis par la loi Travail de 2016 et les ordonnances Macron de 2017. Un chiffre illustre ce phénomène. Dans les années 1970, ces accords se comptaient en centaines chaque année ; dans les années 1980 et 1990, par milliers. Aujourd’hui, le rythme annuel est d’environ 80 000 accords. La durée du travail représente 20 à 25 % de ces textes.

Vous estimez nécessaire un élargissement progressif de la durée du travail. Sous quelle forme ?

Dans le cadre d’un rapport pour l’Institut Montaigne, j’ai proposé une modification de la législation portant sur la cinquième semaine de congés payés, puisqu’elle n’est pas concernée par la directive européenne (limitée à quatre semaines). L’idée serait de permettre aux accords d’entreprise d’avancer ou de retarder cette semaine, avec une majoration, pour faire face à une sous-charge ou à une surcharge d’activité, sur une durée de trois ans. On pourrait aussi simplifier l’organisation des congés payés. Pourquoi faut-il prendre deux à quatre semaines dans la période du 1er mai au 31 octobre ? La rémunération de ces congés est trop complexe aussi : elle peut représenter soit le dixième du salaire annuel, soit l’équivalent de ce que toucherait le salarié s’il travaillait. L’employeur est obligé de calculer, salarié par salarié, la formule la plus favorable des deux.

« On a vu que la baisse de la durée légale du travail pouvait devenir une véritable usine à gaz. On risquerait le même phénomène en allant mécaniquement dans l’autre sens »

Quel est l’effet du télétravail sur la durée du travail ?

Avec le télétravail, fini le théâtre classique ! Il n’y a plus d’unité de lieu, l’action est morcelée et l’horaire collectif est une fiction. Le temps n’est pas forcément la mesure adéquate du travail, on parle de charge de travail, d’intensité. Dans un rapport pour Myriam El Khomri (ministre du Travail), Bruno Mettling proposait dès 2015 un fractionnement du repos quotidien de onze heures : celui qui télétravaille peut s’arrêter un moment pour s’occuper de ses enfants, et reprendre son activité professionnelle le soir.

Faut-il modifier la loi Aubry qui fixe la durée légale à 35 heures ?

Il n’est pas nécessaire de toucher aux règles en matière d’organisation du temps de travail qui sont déjà assez souples. En revanche, il faudrait pouvoir plus aisément augmenter la quantité de travail. Le problème est qu’il n’est pas possible de porter au-delà de 35 heures le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Sur une longue période, il faudra pouvoir augmenter ou réduire plus facilement la durée du travail. On a su la réduire, de manière exceptionnelle, en utilisant massivement l’activité partielle ; il faudrait se doter d’instruments permettant d’aller en sens inverse, par exemple en négociant un seuil de déclenchement supérieur aux 35 heures. Mais, pour l’instant, il faut mettre sur la table tous les instruments permettant d’optimiser la durée du travail. D’où ma proposition de déplacer une semaine de congés payés. Ensuite, la question d’aller plus loin se posera probablement.

En augmentant la durée légale ?

Cela fait partie des possibilités. Ce n’est pas forcément l’outil le plus simple à manier. On a vu que la baisse de la durée légale pouvait devenir une véritable usine à gaz. On risquerait le même phénomène en allant mécaniquement dans l’autre sens. Il faut être pragmatique : ce ne sont pas les textes à eux seuls qui changent la réalité.

Les retraites, c’est aussi une question de temps de travail ?

Le débat sur l’âge légal et sur le nombre de trimestres nécessaires sera probablement posé lors de la campagne présidentielle, ou même avant. Mais l’organisation du temps de travail peut fournir des solutions d’appoint. Ainsi, un usage plus large du compte épargne temps pourrait intéresser ceux qui veulent partir plus tôt : pendant leur carrière, ils pourraient stocker du temps dans ce compte et l’utiliser au moment de leur cessation d’activité. Toutefois, cet outil ne permet pas de contourner la question centrale et nécessaire de l’âge et de la durée de cotisation.

Politique étrangère européenne : développer l’arme des sanctions

Politique étrangère européenne : développer l’arme des sanctions

Pour Ramona Bloj, auteur d’une étude sur le sujet, les Etats membres de l’UE affichent un embryon de politique étrangère commune avec les sanctions

 

Interview dans l’Opinion

La Russie défendra la Biélorussie et la soutiendra si l’Union européenne impose des sanctions économiques contre Minsk, selon l’agence de presse russe RIA, en citant un responsable du ministère russe des Affaires étrangères. Bon nombre de pays européens ont imposé des restrictions d’accès aux aéroports et à leur espace aérien aux compagnies biélorusses, après l’atterrissage forcé d’un avion de ligne à Minsk et l’arrestation d’un opposant au président biélorusse qui se trouvait à bord de l’appareil, le 23 mai. L’Union européenne réfléchit par ailleurs à des sanctions économiques supplémentaires.

Responsable des études de la Fondation Robert Schuman, Ramona Bloj est l’auteur d’une étude intitulée « Les sanctions, instrument privilégié de la politique européenne ».

Plus de trente Etats ou entités non étatiques sont visés, aujourd’hui, par des sanctions européennes. Pour quelle efficacité ?

On peut analyser leur impact d’une manière classique, à savoir évaluer si elles ont atteint leur objectif en influençant un changement de comportement ou de politique. A partir de là, c’est du cas par cas pour juger leur efficacité. Pour ce qui est de la Russie, cela n’est d’évident car la guerre dans l’est de l’Ukraine continue et la Crimée a été annexée. A contrario, dans le cas de l’Iran, on peut estimer que les sanctions ont amené Téhéran à la table des négociations pour adopter l’accord sur le nucléaire. Même si c’est plus difficile, on peut aussi les jauger en fonction des conditions créées, à savoir un environnement propice au changement. Le cas classique est celui de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, même si certains peuvent se demander si ce sont les sanctions qui ont eu l’impact le plus marquant ou si d’autres facteurs ont pesé plus lourdement. Les sanctions peuvent avoir aussi des effets secondaires utiles comme dissuader d’autres acteurs d’adopter des comportements similaires ou limiter les acteurs sanctionnés à causer plus de dommages. Dans le cas de la Russie, on peut estimer que cela a peut-être empêché Moscou d’aller jusqu’à reconnaître les provinces sécessionnistes de l’est de l’Ukraine.

« La sanction cherche à cibler le plus possible les coupables pour éviter un impact négatif sur les populations »

Quels sont généralement les objectifs cherchés par l’UE ?

La sanction est un moyen d’indiquer clairement une réprobation, une prise de position de politique étrangère plus modérée qu’un embargo, moins dangereuse que des mesures de rétorsion militaire. Elle se situe à mi-chemin entre l’inaction et la surréaction violente. Elle cherche à cibler le plus possible les coupables pour éviter un impact négatif sur les populations. Pour l’Union européenne, c’est aussi le seul outil coercitif dont elle dispose parce qu’elle n’a pas de capacité militaire en tant que tel. C’est un exercice qui amène aussi les Etats membres à adopter de plus en plus des positions communes sur la scène internationale alors que la politique étrangère reste de la compétence des Etats. C’est un outil de plus en plus utilisé. On est passé de six sanctions en 1991 à plus de trente actuellement. Ses motivations lorsqu’elle y a recours visent généralement à protéger la démocratie et les droits de l’homme comme on l’a vu avec la Chine, à dénoncer la gestion d’un conflit comme c’est le cas avec la Syrie ou à défendre la non-prolifération d’armes de destruction massive comme en Iran ou en Corée du Nord. La lutte contre le terrorisme est une autre motivation.

L’UE a encore pas mal de leviers non utilisés, notamment contre les dirigeants et proches du régime biélorusse ainsi que dans certains secteurs économiques clef. Les opposants réfugiés à l’étranger vont sans doute l’aider à mieux cibler ses sanctions.

Et vis-à-vis de la Russie ?

Il faudra voir ce qu’il y aura dans le rapport présenté en juin lors du conseil européen avec la présentation d’options supplémentaires pour répondre aux provocations russes. Estimant que les sanctions n’ont pas eu les effets escomptés jusque-là, Emmanuel Macron pousse notamment à une approche nouvelle alors que doit être décidé le renouvellement ou non des sanctions liées à l’annexion de la Crimée.

Économiser, consommer ou investir

Économiser, consommer ou investir ?

 

Christian Staub, managing director Rurope de Fidelity International s’interroge sur le choix des épargnants dans l’Opinion

 

 

En ces temps difficiles, épargner constitue une réaction humaine tout à fait normale. Et rares sont les années qui ont été aussi marquées par l’incertitude que la dernière. Face à la crise du coronavirus, les Européens ont, ainsi sans surprise, réagi en mettant davantage d’argent de côté. En conséquence, le taux d’épargne des ménages a augmenté, selon Eurostat, de plus de 17 % au troisième trimestre 2020 pour atteindre le deuxième niveau le plus élevé observé depuis 1999, l’année où ces données ont commencé à être suivies.

Toutefois, les épargnants sont extrêmement réticents à l’idée de flécher leurs économies placées sur leurs comptes épargne vers des comptes de placement. Les données d’Eurostat montrent également que, dans le même temps, le taux d’investissement – compris entre 8 et 9 % – est resté quasiment inchangé depuis 2012. En outre, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise financière de 2008, taux alors supérieur à 11 %.

Ces chiffres peuvent être interprétés de différentes manières, néanmoins, un élément ressort clairement : il s’agit des coûts d’opportunité. L’argent économisé sur un compte bancaire, qui ne sert presque pas d’intérêts, ne contribue ni à la reprise économique ni à faire fructifier un capital en vue de la retraite.

Si l’on additionne ces chiffres pour de nombreux ménages et sur de nombreuses années, le montant qui en résulte est colossal. Selon l’EFAMA (European Fund and Asset Management Association), la richesse des ménages européens serait supérieure d’environ 1 200 milliards d’euros s’ils avaient réduit leurs dépôts bancaires entre 2008 et 2019 et investi plutôt en bourse, sur les marchés actions et obligataires.

C’est ainsi qu’au sortir de cette pandémie, les responsables politiques se trouvent confrontés à une mission difficile : les entreprises, et dans une certaine mesure les ministres des finances, ont tout intérêt à ce que cette épargne soit réinjectée dans l’économie par le biais de la consommation.

Mais se concentrer uniquement sur la consommation à court terme comme un pilier de la reprise économique, cela équivaut à ne pas saisir une occasion inégalée d’inciter les investisseurs particuliers à participer aux marchés des capitaux de l’Union européenne. Car l’épargne pourrait très bien être orientée vers une perspective de prospérité à long terme, négligée sur les dix dernières années.

Nous avons besoin d’une reprise fondée sur les investissements au moins autant que d’une relance par la consommation.

C’est pourquoi nous saluons l’initiative lancée dans le cadre de l’Union des Marchés de Capitaux, qui encourage la participation des investisseurs particuliers aux marchés par l’intermédiaire de différents programmes, tel que le produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP), un tableau de bord Retraite et un rapprochement des normes de publication d’informations. Nous accueillons favorablement également la révision imminente des directives MiFID (et DDA) concernant la distribution de fonds.

Cependant, dans un monde post-crise, une réponse rapide est nécessaire, en tirant parti des aspects positifs du comportement des consommateurs résultant de la pandémie – avec une inflexion digitale sur tout le continent. En effet, les outils en ligne de prévoyance et de planification financière, basés sur des normes d’architecture ouverte et qui contribuent à l’inclusion financière, devraient être une pierre angulaire de la politique future.

Promouvoir un système financier sain. Les outils de planification financière sont doublement bénéfiques s’agissant de la participation des investisseurs particuliers aux marchés des capitaux : ils accroissent à long terme le nombre de particuliers sur les marchés tout en encourageant les placements stratégiques plutôt que la spéculation à court terme.

Cela s’avère particulièrement important à une époque qui voit se multiplier des mouvements spéculatifs se multiplier, impliquant des particuliers qui ont trouvé dans la Bourse un jeu. L’instinct d’épargne peut rapidement s’altérer et se transformer en un désir accru de prise de risques à mesure que les incertitudes s’éloignent.

C’est pourquoi nous devons tout faire le plus rapidement possible pour intégrer les investisseurs particuliers en devenir, restaurer la confiance des citoyens dans les marchés de capitaux et y encourager leur participation. Faute de quoi, nous risquons de traverser une nouvelle décennie avec un taux d’investissement atone.

Christian Staub est managing director Europe de Fidelity International.

Pour une vraie régulation du numérique

Pour une vraie régulation du numérique 

« Vouloir à toute force isoler les grandes plateformes et refuser qu’elles travaillent en France et en Europe, pénalisera autant, si ce n’est davantage, les entreprises européennes du numérique, que les Gafam eux-mêmes » Par Giuseppe de Martino  président de l’Association des Services Internet Communautaires (ASIC) dans l’Opinion.

 

 

Le 3 juin prochain, les sénateurs vont débattre dans l’hémicycle de la « régulation des Gafam ». Cette manière de poser le débat, à partir de clichés et de concepts marketing, m’interpelle et m’inquiète.

Le terme Gafam, qui regroupe sous un acronyme facile à retenir, cinq grandes entreprises américaines, est avant tout un support à une détestation, un moyen de disqualifier. Il est tellement facile, face aux difficultés et aux échecs, de chercher des boucs émissaires, des « coupables » de tous les maux, que l’on adore détester et vilipender. Cela fait maintenant près de vingt ans que la détestation de ces entreprises est devenue un sport national en France, et qu’il se cristallise sur cet acronyme de Gafa, devenu Gafam. Cinquante ans après « US go home », on a toujours un problème avec la domination économique américaine.

Entrer dans le débat politique de manière aussi émotionnelle, et donc irrationnelle, permet rarement d’arriver à des solutions efficaces aux problèmes que l’on prétend traiter.

Ces cinq entreprises sont effectivement puissantes, mais sont également très différentes, tant par leurs modèles économiques que par leur culture propre. Vouloir toutes les traiter de la même manière, par une régulation unique, sans tenir compte de leurs différences, risque de mener à une impasse. Les débats européens sur le paquet législatif du Digital Market Act, qui débutent à peine, vont rapidement se heurter à cet obstacle méthodologique.

Une régulation économique doit donc se baser sur des critères objectifs, comme les modèles économiques. On régule des marchés, des activités, comme les moteurs de recherche, et pas seulement Google, les réseaux sociaux, et pas seulement Facebook. Une régulation économique ne se fait pas à la tête du client, ni en posant le débat en termes de « gentils » et de « méchants » !

« Ces entreprises investissent et s’implantent en Europe et en France. L’implantation d’un entrepôt d’Amazon à Metz est un projet à 250 millions d’euros. Microsoft et Google investissent plusieurs centaines de milliers d’euros dans des programmes de formation »

Entrer dans le débat par ce concept de Gafam, c’est oublier que derrière, il y a tout un écosystème, avec des chaînes de valeur où les plateformes que ne sont que des têtes de réseaux, un navire amiral autour duquel se trouve toute une flottille. Les grandes entreprises ont des budgets de R&D absolument fabuleux, qui sont un moteur essentiel pour l’innovation, qui irrigue en profondeur, là où les Etats et la recherche publique se désengagent. Pour un patron de start-up technologique, être repéré voire racheté par un Gafam est ce qui peut lui arriver de mieux. Cela veut dire que son innovation est bonne, et qu’il abrite des talents.

Ces entreprises investissent et s’implantent en Europe et en France. L’implantation d’un entrepôt d’Amazon à Metz est un projet à 250 millions d’euros. Microsoft et Google investissent plusieurs centaines de milliers d’euros dans des programmes de formation.

Elles travaillent avec des entreprises européennes et le récent partenariat de Microsoft avec Orange et Cap Gemini, pour développer un cloud souverain, est un exemple de travail en commun où tout le monde est gagnant. Vouloir à toute force isoler ces grandes plateformes et refuser qu’elles travaillent en France et en Europe, pénalisera autant, si ce n’est davantage, les entreprises européennes du numérique, que les Gafam eux-mêmes.

Le modèle des plateformes numériques amène, par des effets de réseau, à des positions fortes mais qui sont aussitôt contestées. L’innovation permanente et l’évolution des usages bouleverse en permanence ce secteur. C’est structurel, et le débat sur la nécessité de corriger des excès ou des effets de bord est tout à fait légitime. Mais de grâce, que cela soit fait de manière rationnelle, en tenant compte des réalités et pas par des débats à l’emporte-pièce, construit sur l’émotion et les clichés. Ne sacrifions pas l’écosystème.

Giuseppe de Martino est président de l’Association des Services Internet Communautaires (ASIC) et co-fondateur de Loopsider.

Santé : pour un conseil mondial de sécurité

Santé : pour un conseil mondial de sécurité

Un appel pour la création d’un conseil mondial de sécurité sanitaire. Un appel qui pourrait d’ailleurs être élargi à l’ensemble des catastrophes naturelles ou pas au lieu d’improviser à chaque fois en comptant sur la bonne volonté des uns et des autres. Dans une tribune au « Monde », Helen Clark et Michel Kazatchkine, membres du panel indépendant d’évaluation de la préparation et de la réponse aux pandémies mandaté par l’OMS, constatent des « défaillances », à l’échelle mondiale, dans la coordination pour la lutte contre le Covid-19.

 

Tribune. 

 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, le président Macron a récemment appelé avec d’autres grands dirigeants à plus de solidarité et de multilatéralisme face à la menace persistante du Covid-19. Le multilatéralismeexplique cette tribune, « façonne un ordre mondial (…), qui s’appuie sur la coopération, l’état de droit, l’action collective et des principes communs ».

Nous ne saurions être plus d’accord, d’autant que la réalité de la pandémie n’aura montré qu’une désolante absence de dialogue et d’action à l’échelle multilatérale. L’acquisition par les pays riches de deux fois plus de vaccins que ce dont ils avaient besoin est un exemple parlant de cet échec. Alors même que la capacité globale de production de vaccins est proche de la saturation, seule une très faible quantité de vaccins reste accessible aux pays à ressources limitées.

Un autre exemple, plus inattendu, est le spectacle donné par l’Union européenne, multilatérale par définition, d’une véritable cacophonie tout au long de la pandémie, caractérisée par des stratégies de santé nationales divergentes sur les mesures de confinement, la fermeture des frontières, les fermetures d’écoles ou les mesures de distanciation sociale.


Dans le même temps, la pandémie fait rage, avec plus 12 000 morts par jour et un nombre de décès cumulés et d’infections dans le monde atteignant 3,5 millions, et 168 millions. Les images choquantes provenant d’Inde doivent nous rappeler que la crise est globale : le taux de mortalité s’accroît à une vitesse alarmante dans d’autres pays d’Asie du Sud, en Amérique latine et en Afrique. Alors que les pays européens semblent sortir de leur troisième vague d’infection et vaccinent leurs populations, la plupart des pays du monde sont sur une trajectoire tout autre.

Nous redoutons qu’une forme malvenue de complaisance s’instille chez les dirigeants des pays occidentaux, qui, sortis d’affaire ou presque, oublieraient leur devoir de solidarité envers les pays moins dotés. La sévérité autant que la globalité de la crise et l’interdépendance évidente des problématiques de santé publique devraient au contraire les pousser à adopter des solutions multilatérales à l’échelle mondiale.

Dans les huit derniers mois, nous avons eu le privilège de faire partie du panel indépendant d’évaluation de la préparation et de la réponse aux pandémies, qui a rendu ses conclusions le 12 mai. Ce panel avait été mandaté par l’Assemblée mondiale de la santé pour analyser les réponses nationales, régionales et mondiales à la crise due au Covid-19, et émettre des recommandations à la communauté internationale afin de prévenir de futures pandémies et d’en limiter les conséquences socio-économiques.

Affaire Sarah Halimi : La défense des juges !

Affaire Sarah Halimi :  La défense des juges !

 

Suivant les réactions suscitées par le non-lieu prononcé envers le meurtrier de la sexagénaire, le magistrat Denis Salas définit les origines du populisme pénal qui repose sur l’identification émotionnelle à la victime et observe, dans une tribune au « Monde », que cette évolution reçoit le soutien de politiques et de quelques intellectuels.Une défense finalement assez corporatiste qui ne traite pas des questions de fond.

 

 

 

Donner le nom d’une victime à une loi pénale, le phénomène n’est pas nouveau. Encore faut-il en rappeler l’origine à ceux qui exigent une « loi Sarah Halimi » et dénoncent, comme Bernard-Henri Lévy, « l’inhumanité des juges » ayant déclaré pénalement irresponsable son meurtrier.

Tout a commencé dans les années 1980 alors que les Etats-Unis étaient confrontés aux scandales des meurtres et viols d’enfants. A la suite de l’assassinat d’une jeune fille, Megan Kanka, dans le New Jersey en 1994, plusieurs Etats ont voté des Megan’s Law afin d’établir des fichiers pour délinquants sexuels consultables sur Internet. Les autorités fédérales ont généralisé dans tous les Etats cette loi qui porte la signature de la victime.


L’ampleur prise par ce type d’événement fut à l’origine d’une des lois américaines les plus répressives de son histoire : « Three strikes and you’re out » (Trois fautes valent prison à vie), valables pour les simples délits comme pour les crimes. Ce fut le point de départ des paniques morales dont la figure de la victime est le ressort principal.

Ce type de surenchère ayant comme terrain de prédilection les périodes préélectorales, seul un « bon » chiffre de condamnations donnait aux procureurs une chance d’être élus. C’est ainsi que l’identification émotionnelle à la victime est devenue le lieu de la loi. Et que le populisme pénal est né, c’est-à-dire un discours qui appelle le législateur à punir au nom des victimes contre des institutions incapables de les entendre.

Ce climat qui dénonce pêle-mêle un Etat impuissant et une justice laxiste est apparu en France dans les années 2000. A la suite de crimes commis par des sortants de prison, la loi du 25 février 2008 prévoyait d’appliquer à ces agresseurs une rétention de sûreté après leur peine compte tenu de leur dangerosité persistante. A la même époque, après avoir assassiné une infirmière et une aide-soignante à l’hôpital de Pau, un jeune schizophrène, Romain Dupuy, avait été lui aussi jugé irresponsable dans un climat d’incompréhension analogue à ce que l’on observe aujourd’hui après le meurtre de Sarah Halimi.

Comment les proches peuvent-ils accepter le non-lieu « comme si le crime n’avait pas eu lieu ? », s’était écrié Nicolas Sarkozy qui se voulait le président des victimes. Une audience devant la chambre d’instruction de la cour d’appel avait été instaurée pour leur donner satisfaction. Ainsi espérait-on qu’une indignation morale née d’un sentiment victimaire se trouverait apaisée.

Economie, politique, société: les plus lus

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Démocratie : solidarité avec le peuple birman

Démocratie : solidarité avec le peuple birman

A l’initiative d’Alain David, président du groupe d’amitié France-Birmanie à l’Assemblée nationale, et de Joëlle Garriaud-Maylam, présidente déléguée pour la Birmanie du groupe France-Asie du Sud-Est au Sénat, plus de quarante parlementaires français appellent dans une tribune au « Monde » les autorités françaises à un soutien au gouvernement parallèle birman et à une pression accentuée sur le groupe Total.

 

Tribune.

 

Alors qu’en Birmanie la répression continue de s’abattre sur la population, que les tués se comptent par centaines et que le spectre d’une guerre civile généralisée se fait chaque jour plus menaçant, nous, élus de la République, demandons urgemment au gouvernement français de mieux s’impliquer dans le soutien au peuple birman et à la démocratie.

Cela implique qu’il reconnaisse le gouvernement parallèle – National Unity Government (NUG) – établi le 16 avril, qu’il appuie au niveau de l’Union européenne (UE) l’adoption de sanctions mieux ciblées contre la junte, tout en faisant pression sur le groupe Total.

Rappelons que le NUG est le gouvernement d’unité nationale constitué par le Comité représentatif du Pyidaungsu Hluttaw (CRPH) – le nom du Parlement bicaméral birman –, assemblée parallèle majoritairement composée de parlementaires de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi qui a gagné 83,2 % des sièges lors des élections de novembre 2020 mais qui n’a pas pu siéger suite au coup d’Etat militaire.

Aujourd’hui, la junte veut dissoudre la LND, qu’elle accuse sans preuve de fraudes électorales. Il est donc indispensable d’agir au plus vite et d’appuyer les autorités légitimes en résistance qui ont adopté une charte pour une démocratie fédérale, porteuse d’espoirs pour l’unité du pays.

Nous nous félicitons de l’inclusion par l’Union européenne de vingt et un individus sur sa liste noire et de la mise sous sanction, le 19 avril, des deux conglomérats contrôlés par l’armée que sont la Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) et la Myanmar Economic Corporation (MEC). Mais l’UE doit aller plus loin, en particulier en ciblant le secteur gazier et pétrolier.


Devant l’Assemblée nationale, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères, a récemment fait valoir que si les discussions engagées au niveau de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) ne progressaient pas, un « troisième train de mesures de sanctions » serait mis à l’étude au niveau de l’UE, évoquant une éventuelle remise en cause des préférences commerciales avec la Birmanie. Or tout n’a pas encore été entrepris pour viser les vastes intérêts économiques et les sources de revenus de la junte.

5 milliards d’euros de réserves de change à l’Afrique de l’Ouest….. qui ne semble pas pressée de supprimer le francCFA !

5 milliards d’euros de réserves de change à l’Afrique de l’Ouest….. qui ne semble pas pressée de supprimer le franc CFA !

Cinq milliards d’euros de réserves de change des Etats ouest-africains utilisant le franc CFA  transférés àl a Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), conformément à la réforme de du franc CFA .

Le problème c’est que les Etats africains ne semblent pas prêts d’abandonner le franc CFA. Le projet d’abandon est surtout poussé par les anti coloniaux manœuvr&s par des puissances étrangères. Le franc CFA est la monnaie commune à huit pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et à six Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad).

En réalité la suppression du franc CFA entraînera inévitablement une énorme dévaluation de la monnaie africaine de l’ordre de 50 %. En clair ce sera une amputation drastique du pouvoir d’achat de populations dans certaines vive déjà en dessous du minimum vital.

Certes la dévaluation pourra favoriser la compétitivité des biens exportés par les pays de la zone considérée mais en l’état de la structure du commerce international de ces pays,  ce sont surtout les importations qui vont être frappées de hausses considérables.

D’où l’extrême prudence et même la lenteur mise par des pays africains à supprimer le franc CFA dont la parité était jusque-là arrimée sur l’euro.

 

Certains experts décoloniaux africains notamment militent depuis longtemps pour la suppression du franc CFA considérant qu’une monnaie non liée à l’euro favorisera le développement. Sans doute aussi leur propre développement en espérant dans les institutions monétaires quelques postes grassement payer. Sans parler du risque de faillite pour la future banque centrale qui va gérer la nouvelle monnaie.

Modification structurelle de la consommation ?

Modification structurelle de la consommation ?

 

La consommation a bien évidemment été très largement influencée par l’environnement de la crise sanitaire. Mais une crise qui a duré suffisamment longtemps pour engager aussi une transformation plus structurelle de la manière de consommer.Une consommation davantage centré sur l’essentiel et moins sur le superficiel

 

D’après une étude* du cabinet AlixPartners présentée mardi 1er juin dont rend compte le Figaro, 50% des Français estiment que leurs « habitudes de consommation ont changé de manière permanente » depuis le début de la pandémie.

 

Avec les confinements successifs et la fermeture répétée des cinémas, les Français se sont mis par exemple à regarder davantage de films en ligne. Si la consommation de vidéos en streaming était déjà en hausse en 2019, la pandémie a accentué cette tendance de fond. Globalement, d’après le sondage, les divertissements à domicile ont aussi la cote. «11% déclarent vouloir voir plus de films au cinéma, contre 30% « à la maison », et 22% pour regarder plus de sport à la maison, contre 16% au stade».

Avec la crise, les consommateurs français sont devenus plus attentifs à l’écologie, aux circuits courts, à une consommation plus responsable.

 

Dans le détail, les consommateurs Français sont 76% à déclarer que la pandémie a augmenté leurs préoccupations environnementales, et la moitié d’entre eux (38%) reconnaît que cela a eu un impact sur leurs décisions d’achats.

 

Autre tendance confirmée par ce sondage : les touristes français ont redécouvert la France et y ont pris goût. Ils seraient 24% à privilégier un séjour local ou régional contre 10% pour la longue distance. «

 

Malgré le boom de l’e-commerce en 2020, les consommateurs sont de retour dans les points de vente, selon ce sondage. «La vente en ligne sort bien renforcée, mais son essor dans l’alimentaire doit être relativisé», souligne l’étude. Par exemple, la part des consommateurs qui veulent acheter « plus en ligne » est de 21% pour les produits de beauté contre 16% « plus en magasin ». Elle est de 28% pour les vêtements et chaussures (contre 18% en ligne). Pour l’alimentaire, les Français veulent au contraire acheter plus en magasin : 17% contre 20%.

*Ce sondage a été réalisé du 11 au 30 janvier auprès d’un échantillon de 7164 adultes représentatifs de la population de neuf pays (France, Allemagne, Italie, Suisse Royaume-Uni, Chine, Japon, États-Unis, Arabie saoudite).

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