Archive mensuelle de juin 2021

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Dépendance : Un financement partiel par l’assurance

Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’assurance, propose dans une tribune au « Monde » la création d’un « nouveau contrat de complémentaire santé responsable » qui pourrait ne coûter que quelques euros de plus par mois.

 

Tribune.

The Father, film de Florian Zeller, tout juste sorti en salle, aborde un sujet ambitieux : décrire, de l’intérieur, le déclin cognitif d’un vieil homme et faire ressentir aux spectateurs son angoisse devant la perte de contrôle. Pari réussi, le film a déjà remporté deux Oscars et les hommages unanimes de la critique. Au-delà du talent de l’équipe de réalisation, ce succès s’explique par le fait qu’il traite d’une réalité qui touche intimement toutes les familles : le grand âge et la dépendance.

En France, les personnes en perte d’autonomie seront 20 000 de plus chaque année d’ici à 2030, et 40 000 au-delà. Aujourd’hui, au moins un Français de plus de 45 ans sur dix accompagne déjà un proche dans cette situation. Pour autant, l’organisation de la prise en charge des personnes âgées dépendantes reste insuffisante.


Le gouvernement a certes envoyé un signal en créant une cinquième branche de la Sécurité sociale consacrée à la perte d’autonomie. La ministre déléguée en charge de l’autonomie [Brigitte Bourguignon] a récemment réaffirmé sa volonté de mettre une réforme sur les rails dès cette année. Mais personne ne sait encore comment ce futur modèle sera piloté… et surtout financé. Une chose est sûre : nous sommes tous concernés par le défi de la transition démographique.

 

Le manque de réponses satisfaisantes aux besoins engendrés par la perte d’autonomie suscite une grande frustration chez nos compatriotes. Selon une étude Louis Harris (2018), 85 % des Français estiment que les pouvoirs publics ne prennent pas assez en considération cette question majeure de société. Maintien à domicile ou accès à un établissement spécialisé, les deux options restent toujours difficiles à assumer financièrement pour la plupart des familles.

 

L’enjeu est tel qu’il appelle aujourd’hui la mobilisation de tous. Les assureurs, qui disposent d’une solide expérience en la matière, doivent naturellement faire partie de la solution.

Le meilleur moyen d’offrir un service de qualité au moindre au coût reste de mutualiser au maximum le risque, car plus nombreuses sont les personnes couvertes, plus faible est le coût de la garantie. C’est la raison pour laquelle les assureurs proposent une réponse concrète pour relever le défi du financement de la perte d’autonomie. Un dispositif qui, grâce à une large mutualisation et une approche intergénérationnelle, permettrait une prise en charge immédiate des personnes entrant en dépendance, sans période de carence, et qui intégrerait à la fois le versement d’une rente et une palette de services à domicile.

La grande misère des rémunérations de l’aide à domicile

 

 

 

Les économistes Antoine Bozio, Amélie Carrère et Delphine Roy préviennent, dans une tribune au « Monde », qu’une politique de maintien à domicile des personnes âgées dépendantes implique des recrutements massifs de professionnels compétents. Cela passe par une plus grande attractivité des métiers et surtout une amélioration de la rémunération. Par exemple les assistantes de vie qui se rende chaque jour chez les personnes dépendantes subissent des conditions de travail scandaleuses qui ne prennent pas en compte le plus souvent ni les temps de trajet, ni le vrai coût de déplacement ni les temps d’attente entre deux visites aux personnes. Résultat beaucoup gagnent moins de 1000 € pour des amplitudes de 10 à 14 heures.

 

Tribune. Vieillir n’est pas une maladie. Pourtant, en vieillissant, nous risquons tous de perdre progressivement des capacités physiques, sensorielles ou cognitives. Ces difficultés liées à l’avancée en âge se traduisent par des besoins d’aide multiples. Le défi de la dépendance est de les connaître, de les anticiper et de proposer des solutions d’accompagnement pour éviter des situations catastrophiques d’abandon à domicile, d’épuisement des aidants de l’entourage ou de passage non souhaité en établissement.

 

Les personnes âgées souhaitent, massivement, vieillir chez elles. Brigitte Bourguignon, la ministre chargée de l’autonomie, déclarait récemment vouloir encourager le « virage domiciliaire » nécessaire au maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie. Prenons au sérieux ce « virage domiciliaire », et voyons ce qu’il implique, à l’heure où l’on se prépare à l’arrivée au grand âge des générations du baby-boom.

Tout d’abord, il faudra recruter beaucoup d’intervenants à domicile, car toutes les projections concordent sur un point : les besoins vont fortement augmenter dans des métiers qui ont déjà du mal à recruter. Les rémunérations y sont faibles et les conditions de travail difficiles, avec beaucoup d’horaires atypiques et de temps partiel.

 

L’attractivité des métiers de l’aide à domicile et l’organisation économique globale du secteur sont donc au cœur du sujet : salaires, qualifications, conditions de travail, viabilité économique des structures, etc. La refonte de la grille salariale de la branche de l’aide à domicile va dans le bon sens puisqu’elle entraînera une augmentation salariale de 2 % à 15 % pour les 200 000 intervenantes (97 % sont des femmes) des services d’aide et de soins à domicile associatifs. Pour attirer de nouvelles personnes vers ces métiers, d’autres efforts sur les conditions de travail et la rémunération dans le secteur privé sont à prévoir, qui auront également un impact sur le coût de l’aide, et donc les tarifs.


Augmenter les tarifs implique de relever les montants des plans de l’allocation personnalisée d’autonomie, pour éviter que des heures à un tarif plus élevé signifient, mécaniquement, moins d’heures d’aide pour les personnes âgées. Selon le rapport Libault, en ajoutant à quelques mesures nouvelles les effets de la démographie, le besoin de financement supplémentaire s’élèverait à 6,2 milliards d’euros en 2024, et 9,2 milliards en 2030.

Le financement de la dépendance

 

 

 

Françoise Forette, médecin, conseillère scientifique de l’International Longevity Center, plaide, dans une tribune au « Monde », pour la mise en place d’une cotisation dépendance obligatoire et universelle, d’un faible montant.

 

Tribune. L’annonce d’une cinquième branche autonomie de la Sécurité sociale est porteuse d’espoir, mais l’absence de financement substantiel et pérenne en fait une coquille vide. Aucune solution proposée n’est satisfaisante. L’augmentation de la CSG, couteau suisse de l’Etat, est toujours la première évoquée ; mais, impopulaire, elle n’identifie ni ne sanctuarise les fonds recueillis. Les autres sources (liquidation de patrimoine, viager classique ou amélioré…), déjà largement utilisées par les personnes âgées, sont insuffisantes pour couvrir les besoins. Les assurances privées proposent des solutions acceptables, mais non obligatoires et souscrites trop tard, elles offrent des prestations trop modestes en regard de cotisations élevées difficilement supportables. En outre, les exigences réglementaires de solvabilité face à ce « risque spécifique » et la rareté des données publiques poussent à une sélection médicale de patients moins atteints, en contradiction avec une mutualisation de l’aide à la dépendance. En revanche, leurs capacités d’innovation et leur expérience de la protection sociale complémentaire permettraient aux assurances privées de proposer une assurance et des services complémentaires.

 

Un socle public est donc indispensable pour donner à tous les moyens d’une vie digne et sereine malgré les injustices de l’âge qui frappent aveuglément certains d’entre nous. Seulement 8 % de la population de plus de 60 ans est dépendante (soit 2,6 % de la population en âge et position de cotiser). Ce profil démographique se prête bien à l’instauration de la cotisation indispensable à une nouvelle branche de la sécurité sociale : le rapport de 100 % de cotisants pour 2,6 % de bénéficiaires rend le système extraordinairement performant pour des cotisations minimes ; ce n’est en rien comparable avec les cotisations élevées de l’Assurance-maladie ou la retraite, dont bénéficient 100 % des cotisants.

Bénéfique pour les jeunes

L’International Longevity Centre France (ILC), association de recherche sur les politiques publiques face au vieillissement, a développé un modèle étayé par des économistes et des actuaires. Il s’agit d’une cotisation obligatoire, universelle, payée par tous, comparable aux cotisations maladie ou retraite. Plusieurs éléments la différencient de ces dernières : son faible montant (30 euros par mois, à moduler selon les revenus), l’absence de cotisation patronale pour ne pas peser sur l’emploi, et son caractère libératoire permettant à la personne d’accéder librement à toutes les innovations en matière d’habitat, de transports, de qualité de vie, de choix individuel dans l’offre publique ou privée – l’allocation personnalisée à l’autonomie (APA) établit un plan d’aide certes utile, mais ne couvre pas les besoins souvent divers des personnes et de leurs aidants.

Relier les interdépendances en vue d’un nouvel horizon politique

Relier les interdépendances en vue d’un nouvel horizon politique Dans un ouvrage collectif, plus de 50 personnalités de la recherche, de la pensée et de l’art, parmi lesquelles Alain Damasio, Delphine Horvilleur ou Baptiste Morizot, appellent à penser le monde autrement, à l’aune des interdépendances (La future constitution des liens)

 

Il aura donc fallu un virus insoucieux des frontières pour que les mots du généticien Albert Jacquard (1925-2013) résonnent enfin comme une évidence : « La solidarité dans le monde n’est pas d’abord une valeur, mais un fait. Nous sommes solidaires, reliés inextricablement les uns aux autres comme à l’univers dans lequel nous vivons. » Encore faut-il accepter de le reconnaître. A l’initiative des éditions Les liens qui libèrent, plus de 50 personnalités de la recherche, de l’art et de la littérature unissent leurs voix dans un livre, Relions-nous ! La constitution des liens, l’an 1 (collectif, 218 pages, 10 euros)pour montrer comment les savoirs sont aujourd’hui traversés par cette notion d’interdépendances. L’ouvrage repose sur un postulat : les crises climatique, sanitaire, sociale, économique et psychique signent la fin d’une époque mais aussi d’une pensée héritée de plus de deux siècles de modernité. Les concepts avec lesquels nous continuons à appréhender le monde – la séparation de l’humain et de la nature, le temps linéaire, le progrès infini, l’idée cartésienne de se considérer « comme maître et possesseur de la nature »… – sont à repenser. Chacun des auteurs, dont Alain Damasio, s’y attelle et présente dans son domaine un bref état des lieux de la mutation qui s’opère, et une série de propositions comme autant d’articles de lois pour une nouvelle « constitution des liens ». Ainsi les juristes Marine Calmet et Sarah Vanuxem invitent à réécrire le droit pour « réanimer » les entités naturelles, fleuves ou montagnes, et les « considérer comme des personnes (…) capables juridiquement ». Les économistes Eloi Laurent et Katherine Trebeck proposent de substituer au produit intérieur brut de nouveaux indicateurs, fondés sur le bien-être humain, la résilience face aux chocs écologiques et la soutenabilité à long terme des systèmes économiques. Les philosophes Corine Pelluchon et Virginie Maris et l’agronome Pablo Servigne appellent à « la souveraineté des animaux sauvages ». Le philosophe Abdennour Bidar et la rabbin Delphine Horvilleur définissent une laïcité qui « ouvre à la dimension spirituelle de la démocratie » pour « faire vivre ensemble toutes les différences de convictions existentielles ». De ces voix singulières monte une polyphonie puissante qui bouscule les fondements de nos sociétés et esquisse un nouvel horizon politique. Les auteurs doivent se réunir au Centre Pompidou du 4 au 6 juin, pour en discuter dans le cadre du « Parlement des liens ». Le dialogue devrait aussi se poursuivre jusqu’au printemps 2022 avec des mouvements de jeunesse.

Laïcité: D’abord une affaire de droit ?

 Laïcité: D’abord une affaire de droit ?

Dans un essai, l’historien Patrick Weil, analyse dans le Monde le long combat pour la laïcité en France, et montre que les principes de la loi de 1905, sur la séparation des Eglises et de l’Etat, « toujours actifs », sont aptes à régler pacifiquement les tensions actuelles. ( Reste cependant à vérifier que ce droit appliqué NDLR)

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Analyse

 

. « Quelle que soit la violence de la bataille, finalement la victoire restera entre vos mains. » La personne qui s’exprime ainsi, le 6 janvier 1907, est le pape Pie X, qui encourage les catholiques de France à poursuivre « simplement, vaillamment et avec confiance » leur lutte engagée depuis un plus d’un an contre la loi du 9 décembre 1905, relative à la séparation des Eglises et de l’Etat. En février 1906, le Saint-Père avait déjà, dans son encyclique bien nommée Vehementer Nos (« Nous fortement »), condamné cette « loi inique ». En matière de déclarations belliqueuses, il avait été précédé, un mois plus tôt, par Mgr Gouraud, évêque de Vannes : « Nous ne voulons pas la guerre, mais nous l’acceptons s’il le faut pour sauvegarder les droits de Dieu. »

Dans son livre De la laïcité en France, Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de ce sujet, rapporte – et surtout rappelle car il est quelque peu oublié – ce climat délétère, aux relents de guerre civile en gestation, qui a régné plusieurs années après la loi de 1905. La fin du cléricalisme, qu’il définit comme « l’intrusion » d’une puissance religieuse dans les affaires de l’Etat pour lui « dicter sa conduite », a été tout sauf consensuelle. Les inventaires des biens des Eglises, prévus par la loi pour éviter leur disparition, sont alors considérés par certains fidèles comme un sacrilège et provoquent des affrontements physiques qui font deux morts au début de 1906.


Mais les autorités politiques – Aristide Briand, l’auteur principal de la loi, ministre des cultes de mars 1906 à mars 1911, et Georges Clemenceau, ministre de l’intérieur, qui deviendra président du Conseil le 25 octobre 1906 –, ne se laissent pas entraîner dans le piège qui leur est tendu. Dans une « stratégie d’évitement du conflit », ils alternent, avec patience et habileté, la fermeté et ce que certains appelleraient peut-être aujourd’hui laxisme, car ils décident de « laisser passer » – selon leurs propres termes – des appels séditieux de la hiérarchie catholique qui se poursuivent encore en 1909.

 

Leur idée directrice, explique Patrick Weil, est de parvenir à « l’inclusion dans la légalité de la masse des catholiques », assurés, aux termes mêmes de la loi, de pouvoir pratiquer leur culte en toute quiétude. Pour cela, des compromis, au fil des problèmes qui apparaissent, seront établis : sur les processions, sur les sonneries de cloche, sur le port en public de la soutane par les prêtres et de l’habit par les religieuses, etc. Cette recherche d’équilibre, chaque fois tranchée par les juges (et par un balancement de la jurisprudence entre le Conseil d’Etat pour les solutions les plus libérales et la Cour de cassation pour contrer les excès revendicatifs religieux) est certes inspirée par les politiques mais découle de l’esprit même de la loi.

Economie, politique, société: les plus lus

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Les verts français comparés aux verts allemands

Les verts  français comparés aux verts  allemands

Un papier des journalistes Luc André et  Raphaël Proust dans l’opinion tente un essai de comparaison entre les bobos français et les gestionnaires allemands.(Extrait).Notons qu’il s’agit cependant d’un essai de comparaison concernant la pollution, l’international, l’économie, Le social, l’ immigration ett qui fait l’impasse sur de nombreux aspects sociétaux où les verts français se signalent par leur position gauchiste.

Pollution

Pour limiter les gaz à effet de serre, les deux formations tablent sur une sortie plus précoce du charbon en 2030, une hausse du prix du CO2 (qui serait en Allemagne compensée par une allocation climat par tête), un développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène mais aussi du rail au détriment de la route et un grand plan de rénovation thermique des bâtiments. Die Grünen proposent également l’arrêt des ventes de voitures thermiques neuves Vers 2030 comme Europe écologie les Verts. « pour respecter une trajectoire conforme aux accords de Paris ». Cette transition doit être financée en partie avec la fin des subventions aux énergies fossiles.

Enfin, la compatibilité de tous les textes de loi avec les objectifs climatiques devra être examinée

Europe et international

Les écologistes allemands veulent renforcer les prérogatives du Parlement européen. Strasbourg doit nommer les membres de la Commission et être mis sur un pied d’égalité avec le Conseil, représentant les Etats, en matière d’initiative législative. Dans cette enceinte, ils veulent mettre un terme aux décisions à l’unanimité. Sur les sujets financiers, il est question de réformer le pacte de stabilité, pérenniser le fonds de relance et lancer une garantie européenne des dépôts bancaires. Un changement évident de doctrine outre-Rhin.

Sur l’international et la défense européenne, les Verts sont prêts à prendre plus de responsabilités. Les critiques internes autour de la livraison d’armes défensives à l’Ukraine, proposée par le co-chef du parti, soulignent la fragilité de ce nouveau positionnement pour une formation à l’ADN pacifiste.

EELV partage d’ailleurs avec ses cousins allemands un penchant proeuropéen résolument hostile à la Russie de Vladimir Poutine, malgré le tropisme diplomatique et pacifiste traditionnel chez les écologistes. Outre la création d’un corps d’armée européen de prévention des conflits, le parti propose une refondation de l’Europe mais « dans le cadre des traités actuels », contrairement à la gauche radicaleFrançaise. Il propose surtout la fin de tous les traités de libre-échange et la « sortie de l’austérité » en dotant l’Union européenne d’un budget propre conséquent.

Immigration

Les Verts allemands plaident pour une politique d’immigration calibrée sur les besoins de l’économie, avec une porte ouverte à tous les profils de qualification. L

De son côté, EELV est favorable à une « politique de régularisation » inspirée d’exemples étrangers récents comme le Portugal. Le parti réclame ainsi « la régularisation inconditionnelle des personnes sans-papiers sur l’ensemble du territoire français ».

Emploi et fiscalité

Les Verts allemands Veulent passer le salaire minimum immédiatement à 12 euros brut de l’heure. Les intérimaires, désavantagés outre-Rhin, doivent toucher plus que les permanents à travail égal. Pour financer la transition sociale écologique, Die Grünen veulent alourdir l’impôt sur le revenu pour les plus aisés (deux nouvelles tranches) et introduire une contribution de 1 % sur le patrimoine.

En matière de relance économique, EELV propose pour sa part un retour des emplois aidés, en particulier dans le secteur marchand. Le parti promet également 145 000 postes à pourvoir dans la filière rénovation thermique en 2025, 36 000 autres liés au vélo, 160 000 dans les transports en commun, 55 000 dans le ferroviaire et 84 000 dans les énergies renouvelables. Côté fiscalité, du classique à gauche : fin de la flat tax sur les revenus du capital, rétablissement de l’ISF, élargissement de la taxe sur les transactions financières et « mise à contribution des secteurs qui ont profité de la crise » comme l’assurance ou les Gafam.

Entreprises et numérique

Interlocuteurs désormais reconnus par les entreprises, les Verts allemands proposent une pluie de milliards pour accompagner la transition verte de l’industrie et sauvegarder des centaines de milliers d’emplois bien payés : 500 milliards d’investissements publics sur dix ans sont annoncés pour soutenir l’innovation. Les Verts allemands promettent encore des facilités aux PME pour rebondir après la crise sanitaire : extension du report des pertes sur des bénéfices antérieurs, amortissements exceptionnels et restructurations simplifiées. La carte de l’innovation est brandie aussi pour numériser économie et services publics. Une aide de 25 000 euros est prévue pour aider les fondateurs à démarrer leurs projets.

EELV compte pour sa part procéder à une « réforme de l’entreprise », et notamment du droit des sociétés, en créant une « véritable démocratie d’entreprise » renforçant la présence des salariés au sein des conseils d’administration, ainsi que les rachats d’entreprise par ces derniers.

Social

Par souci de simplification et d’économie, Die Grünen tendent vers une allocation sociale unique, dépourvue des mécanismes de sanction en vigueur actuellement. Son montant doit être rehaussé progressivement. Les familles se voient proposer un congé parental rémunéré allongé (vingt-quatre mois à répartir dans le couple) et pouvant être pris jusqu’aux 14 ans de l’enfant. Autre aspect : offrir plus de logements abordables, le boom de l’immobilier pénalisant les classes moyennes. La source d’inspiration de cette politique du logement est la capitale autrichienne, Vienne.

Les Verts français plaident, eux, pour un « nouveau contrat social » axé sur la lutte contre les discriminations et notamment le rattrapage des écarts de rémunérations entre les hommes et les femmes. Le parti propose également de porter le smic à 1 800 euros bruts au cours d’une législature( Au lieu de 1554 actuellement, avec « augmentation immédiate de 10 % », soit 150 euros bruts et une revalorisation des minima sociaux de 50 % durant la mandature.

Agriculture

Lees Verts allemands défendent une vision paysanne. En s’appuyant sur les fonds de la politique agricole commune, ils visent 30 % d’exploitations bio en 2030, une réduction de moitié des pesticides et des antibiotiques à la même échéance. Un soutien à la réduction des troupeaux, aux circuits courts et à l’attribution de terres à de petits exploitants est également prévu dans le programme.

Les Verts français campent sur les mêmes positions et réclament une refonte totale de la PAC et notamment une redirection des plus de 10 milliards d’aides européennes distribués chaque année en France, essentiellement en faveur de l’agriculture biologique et paysanne. Un redéploiement « nécessaire pour sécuriser les systèmes en agroécologie » et « conforter les aides au maintien en agriculture biologique », assurait EELV dans son dernier programme présidentiel.

Sécurité

Die Grünen sont favorables à un renforcement des moyens matériels et humains de la police fédérale. Pour cimenter la confiance avec la population, le parti prévoit de faciliter les plaintes contre les agents et réclame une étude scientifique sur le racisme au sein des services de sécurité.

En France, la doctrine d’ensemble reste toutefois celle de la gauche : accent mis sur la prévention et la formation des agents, sortie de la « politique de chiffre » et introduction de dispositifs de lutte contre les contrôles aux faciès. Les réactions négatives à la venue de Yannick Jadot à la manifestation des syndicats de police devant l’Assemblée prouvent toutefois l’existence de vifs débats sur le rapport à entretenir avec l’institution policière.

CNews: L’information dans le caniveau

CNews: L’information dans le caniveau 

 

Stéphane Séjourné, député européen et président de la délégation française du groupe parlementaire Renew,   appelle à revoir l’arsenal réglementaire et législatif qui encadre l’audiovisuel français pour notamment décompter le temps de parole des éditorialistes les plus engagés en politique. Dans son viseur,  CNews . Un média de plus en plus racoleur, et populiste qui instrumentalise des faits réels pour entretenir les plus bas instincts démagogiques sans parler évidemment de la vulgarité des propos auxquels échappent cependant Zemmour lequel n’évite cependant pas le raccourci permanent néo nationaliste et anti-européen

L’Interview dans l’Opinion

Le numéro deux des Républicains, Guillaume Peltier a proposé la création d’une justice d’exception, sans droit d’appel, pour les personnes suspectées d’actes terroristes. N’est-ce qu’une idée de plus dans le débat politique ?

En cinq ans, Guillaume Peltier, le numéro 2 de LR, a défendu tout et n’importe quoi : le programme très libéral de François Fillon, l’augmentation de 20 % des salaires pendant la crise des Gilets jaunes et maintenant une idée qui s’inscrit dans une dynamique extrémiste. La droite ne sait plus où elle habite et frappe à toutes les portes. Ils se réclament du gaullisme social. Or, le gaullisme, c’est la défense de la Constitution et de nos institutions. Derrière cette proposition se cache un phénomène de surenchère médiatique, qui les pousse aux propos outranciers pour être audible.

Quel est ce « phénomène médiatique » ?

J’observe deux temps de mutation dans le traitement de l’information depuis l’émergence des chaînes d’information en continu. Le premier, c’est le diktat du direct. L’édition spéciale est devenue la règle et les programmes, l’exception. Ce phénomène a eu comme conséquence le recul du traitement de l’information brute, particulièrement pour les sujets internationaux. L’élection d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne a fait l’objet d’une brève de 15 secondes dans le JT de France 2. Le second phénomène touche à la place prise par les commentateurs et les « experts » sur les plateaux des chaînes d’info au détriment des responsables politiques. Ces derniers sont devenus des faire-valoir pour les éditorialistes. On assiste à un renversement des débats : le présentateur star invite des politiques pour mettre en valeur ses propres idées. C’est un basculement.

Quelle réponse voulez-vous y apporter ?

Soit nous souhaitons aller vers une « Foxisation » du paysage médiatique français et à ce moment-là, il faut supprimer toutes les règles qui encadrent l’audiovisuel pour permettre aux chaînes d’information d’éditorialiser leurs propos et de privilégier un parti politique plutôt qu’un autre, comme peut le faire un journal papier. Soit nous ne le voulons pas, c’est mon cas, et il faut alors préciser l’arsenal réglementaire et législatif pour aider l’audiovisuel à respecter la pluralité des opinions. Et donc, par exemple, compter dans le temps de parole des politiques les éditorialistes les plus engagés. Je pense notamment à Eric Zemmour. Il évolue aujourd’hui dans une zone grise. Sa parole politique n’est comptée nulle part. Ce renforcement des règles implique aussi d’accorder une plus grande part à l’actualité internationale et de garantir la pluralité des expressions par des heures d’audience et non des volumes de diffusion. Une chaîne ne peut pas diffuser des interviews de Yannick Jadot en pleine nuit uniquement pour respecter un quota.

Vous proposez qu’un éditorialiste du Figaro soit décompté sur le temps de parole de la droite et un de Libération sur celui de la gauche ?

Je ne dis pas du tout ça. Il y a toujours eu des éditorialistes. Cela fait partie de la culture française. C’est notre force et je ne la remets pas en cause. En revanche, l’hyper-éditorialisation des programmes pratiquée par des commentateurs ne doit pas aboutir à l’effacement des politiques. Le présentateur n’est pas là pour se mettre en valeur. Aujourd’hui, on se retrouve avec des bandes-annonces de programme où le présentateur est en vedette et le nom du responsable politique, en petits caractères. C’est Pascal Praud qui reçoit un élu ou un ministre, et non son émission qui est consacrée à cet invité. Les politiques vont devant les électeurs, leur parole les engage. Ils sont responsables des propos qu’ils tiennent. Alors qu’à l’inverse, les éditorialistes et les commentateurs, eux, ne sont pas élus et peuvent, en fonction de l’humeur du jour et de l’angle choisi, se permettre de dire tout et son contraire d’une émission à l’autre, sans que cela ne leur soit reproché. Il faut remédier à cette situation.

CNews est-elle pour vous devenue une tribune politique ?

Pas la chaîne dans son ensemble, mais certains programmes, oui. Ils participent à l’abaissement du débat politique français. Mais la responsabilité est partagée. Certains politiques, à travers leurs propos, contribuent à cet affaiblissement. D’autre part, je considère comme nécessaire pour le gouvernement de continuer à y aller pour confronter ses idées.

Parleriez-vous d’un problème CNews ?

CNews est entré dans une politisation à outrance. Les autres chaînes, engagées dans une course à l’audience, sont tentées de faire la même chose. Il faut traiter le sujet dans sa globalité. Regardez ce qu’il s’est passé en 2016 aux Etats-Unis. Une partie des chaînes d’info a surmédiatisé les anecdotes, les dysfonctionnements ou les polémiques liés à la campagne de Hillary Clinton en participant à une campagne de caniveau. Ce faisant, elles ont favorisé l’élection de Donald Trump.

Une chaîne peut-elle changer le cours de l’élection présidentielle française ?

Pas si on a un bilan solide et un projet sérieux ! Une seule chaîne ne peut pas décider de quoi que ce soit mais elle possède une influence certaine. Les audiences ont augmenté avec la crise de la Covid. Cela leur donne une responsabilité supplémentaire.

Voyez-vous derrière la ligne éditoriale de CNews, un projet politique ?

Il y a en tout cas une volonté de faire monter des sujets en particulier, de privilégier des thèmes plutôt que d’autres et ainsi de renforcer des thèses extrémistes. Ces dernières semaines ont été, sur ce plan, symptomatiques. Une juxtaposition de faits divers est devenue un fait de société alors qu’il y a dans le même temps d’autres sujets tout aussi importants de relance économique, de pouvoir d’achat, de compétitivité internationale de la France. Ce sont aussi ces sujets qui devraient nous intéresser parce qu’ils concernent nos emplois, notre portefeuille, la place de notre pays dans le monde.

Ces chaînes vont vous répondre que vous touchez à leur liberté éditoriale pour mettre en avant les sujets qui vous arrangent…

Je ne demande pas que l’on traite des sujets particuliers mais que l’on respecte la pluralité politique et que l’on organise le débat pour permettre aux Français de se faire une opinion.

Ce climat de radicalité et d’idées extrêmes modifie-t-il quelque chose à la fin du quinquennat ? Faut-il continuer à transformer le pays ou au contraire ne pas le brusquer ?

Le président de la République l’a clairement dit : il agira jusqu’au dernier quart d’heure. Nous sommes face à une urgence économique et sociale, qui nous oblige, dès l’été à faire de nouvelles propositions et de nouvelles réformes. Le contexte international l’impose. La Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne ne vont pas attendre les élections françaises pour relancer leur économie. Nous continuerons d’agir sur des sujets importants pour nos concitoyens : la dépendance, la jeunesse, l’entraide et l’égalité des chances. On aura beaucoup à dire et à faire dans les prochaines semaines.

Non à l’étatisation du système des retraites

Non à l’étatisation du système des retraites

 

Tribune dans l’opinion deBruno Chrétien ,président de l’Institut de la protection sociale (IPS), qui vient de publier un rapport sur le recouvrement des cotisations Agirc-arrco par les Urssaf

 

Dans un contexte économique, social et sanitaire difficile, toute action publique devrait être guidée par la volonté de simplifier la vie des entreprises et de sécuriser la protection des salariés. Pourtant, le gouvernement s’entête à poursuivre son projet d’étatisation des retraites qu’il n’a pu faire adopter avec la réforme avortée du système universel de retraite. A l’abri des regards, la réforme des retraites se poursuit et nous expose à un risque majeur de catastrophe industrielle.

Cette fois-ci, le moyen utilisé est la centralisation du recouvrement des cotisations obligatoires. A première vue, le sujet peut sembler technique et anecdotique. En réalité, ce qui se joue, c’est la prise en main par l’Etat du pilotage de la quasi-totalité de la retraite de nos concitoyens. Cela pose une vraie question démocratique et d’équilibre des pouvoirs, les partenaires sociaux étant dépossédés de leurs prérogatives alors qu’ils ont montré par le passé leur savoir-faire à piloter les régimes complémentaires.

«Avant d’engager de nouvelles réformes de structures, tous les efforts de la puissance publique devraient porter sur l’analyse des erreurs qui ont été commises par le passé»

Le récent projet de retraite universelle devait permettre de franchir une nouvelle étape dans ce processus de centralisation amorcé depuis vingt-cinq ans avec le plan Juppé de 1995. Avant d’engager de nouvelles réformes de structures, tous les efforts de la puissance publique devraient porter sur l’analyse des erreurs qui ont été commises par le passé. Cependant, l’évaluation sérieuse des politiques publiques menées n’est toujours pas à l’ordre du jour.

Alors qu’émerge un contexte radicalement nouveau avec la crise de la Covid-19, l’intégration accélérée du recouvrement des cotisations de retraite complémentaire au 1er janvier 2022 entraînera des conséquences néfastes à court terme comme à moyen terme aussi bien pour les entreprises (changement précipité pour les logiciels de paye entraînant des coûts supplémentaires et des risques sérieux dans la production des payes dès janvier 2022) que pour les salariés (risques sur l’enregistrement des droits à retraite).

Risque. Autre risque majeur, à l’heure d’attaques informatiques de plus en plus puissantes, la possibilité de blocage de l’informatique des Urssaf par des hackers pourrait priver les organismes sociaux de financement pendant un certain temps. En mettant tous ses œufs dans le même panier, l’Etat accroît le risque de catastrophe majeure.

Avec le transfert du recouvrement précipité des caisses complémentaires vers les Urssaf, notre pays prend un risque inutile en ces temps troublés. Le 20 janvier dernier, les partenaires sociaux ont déjà alerté sur l’Agirc-Arrco. Ils n’ont pas été entendus. L’Institut de la protection sociale alerte à son tour sur les risques encourus.

Avant toute chose, il est primordial d’établir un retour d’expérience sérieux des dysfonctionnements des précédents transferts vers les Urssaf (défaillance de la mise en place du RSI il y a quinze ans, difficultés actuelles de l’intégration du recouvrement du régime social des artistes auteurs…). Il est de même urgent d’engager un débat public sur la place respective des différents acteurs intervenant sur la protection sociale.

Le Parlement doit avoir la place centrale dans le pilotage de ce débat et des décisions qui en découleront. Les partenaires sociaux doivent également être réellement associés comme ils l’avaient demandé en janvier de cette année. Avant qu’il ne soit trop tard, le processus de transfert programmé au 1er janvier 2022 doit être suspendu.

Bruno Chrétien est président de l’Institut de la protection sociale (IPS), qui vient de publier un rapport sur le recouvrement des cotisations Agirc-arrco par les Urssaf

La mort du bac

La mort du bac

Le maintien des  épreuves est incompréhensible, assurent, dans une tribune au « Monde », les représentants de quatre organisations de l’enseignement, qui réclament le recours au contrôle continu.En fait, il s’agit plus fondamentalement de la mort du bac dont le taux de réussite est maintenant proche de 100 % et qui va évidemment nécessiter une réforme de l’orientation des élèves et étudiants.

 

Tribune.

 

Les premières épreuves terminales du baccalauréat 2021 et d’autres examens de cette session approchent à grands pas… et plus nous nous en approchons, plus s’éloigne la cohérence de leur maintien. Après deux années de formation fortement dégradées en raison de la succession aléatoire de périodes de confinement, de demi-jauge et de cours en distanciel, et alors que, pour beaucoup d’élèves, ces périodes ont aussi été ponctuées de drames et de convalescences liés à la maladie, le maintien de ces épreuves est incompréhensible.

Dans ces conditions d’apprentissage compliquées, parfois empêchées et à tout le moins inégales selon les régions et les établissements, et dans ce cas précis, les épreuves terminales ne peuvent maintenant garantir l’égalité de traitement des candidates et des candidats. Une situation qui s’aggrave encore, par un calendrier de fin d’année bousculé qui empêche une préparation normale des examens terminaux.

De plus, ce ne sont certainement pas les aménagements d’épreuves annoncés par le ministre de l’éducation nationale et, à sa suite, par le ministre de l’agriculture qui pourront répondre aux attentes des familles et des élèves, en matière d’équité de traitement et de lisibilité des conditions de délivrance des diplômes.


Les nouvelles modalités de passage des examens et les nouveaux calculs de moyenne des épreuves ne sont ni compréhensibles ni justifiables. En effet, comment justifier la suppression pure et simple de certaines notes d’épreuves après que les équipes pédagogiques ont enseigné et préparé les élèves pendant deux ans à celles-ci, après que les candidats ont composé, que les jurys ont corrigé et délibéré ? Comment expliquer l’affectation à des disciplines d’une note issue d’une moyenne pondérée, elle-même issue de deux autres disciplines ?

Nous devons aussi nous interroger sur le choix de ces aménagements qui, pour les voies générale et technologique, semblent avoir fait l’objet d’une attention particulière du ministre de l’éducation, Jean-Michel Banquer. Car il n’aura échappé à personne que les aménagements pour la voie professionnelle (CAP et baccalauréats professionnels) se font à la marge. Pire : ils n’existent pas pour les brevets de technicien supérieur. Le ministère de l’agriculture se refuse même à octroyer une session de rattrapage dès juillet, considérant que ces étudiantes et étudiants peuvent bien attendre septembre.

Santé recherche : Le CHU en crise académique

Santé recherche :  Le CHU en crise académique

 

Les 145 présidents d’université, doyens de faculté, directeurs lancent, dans une tribune au « Monde », un cri d’alarme concernant l’avenir des centres hospitaliers et universitaires qui, sans inflexion majeure, se dirigent selon eux vers une mort annoncée.

 

 

Créés par les ordonnances Debré en 1958, les centres hospitaliers et universitaires (CHU) avaient pour objectif d’intégrer dans un même dispositif le soin, l’enseignement et la recherche, évitant ainsi aux professeurs de médecine d’être accaparés par leur exercice médical au détriment de la recherche et de l’enseignement.

La formation des étudiants devient ainsi plus professionnelle grâce à l’enseignement par des hospitalo-universitaires : ces enseignants-chercheurs, dont l’employeur principal est l’université, peuvent dispenser leur enseignement et mener une partie de leurs recherches à l’hôpital où ils exercent leur activité de praticien.

C’est en nouant une convention avec l’université que les centres hospitaliers régionaux sont devenus des « CHU », avec une organisation partagée entre les missions hospitalières et universitaires, conduites dans les facultés de médecine.

Au-delà des personnels hospitalo-universitaires, c’est tout l’environnement médico-technique et de soin développé par les CHU qui en a fait un modèle internationalement reconnu. On saluera le rôle des praticiens hospitaliers, admirablement investis dans les missions d’enseignement et de recherche dans la formation des professionnels de santé ainsi que dans la contribution au progrès scientifique et médical.


Mais depuis quelques années, le « navire amiral » de notre système de santé prend l’eau, surtout du côté académique. Tous les dix ans, on fête son anniversaire en lançant à chaque fois de nouveaux signaux de détresse sans que les ministères de tutelle – enseignement supérieur, recherche et innovation, santé et solidarités – ne s’en préoccupent.

En 2018, la Cour des comptes a examiné le rôle des CHU dans l’enseignement supérieur et la recherche médicale. Le diagnostic était alarmant : déclin de la France en matière de recherche biomédicale, triple mission soins-enseignement-recherche trop concentrée sur le soin, modèle de financement inadapté et déséquilibre financier…

Les directeurs de CHU, pressurés par une logique économique, n’y peuvent pas grand-chose, mais doivent pourtant faire face. L’installation de la tarification à l’activité et l’organisation par la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) de 2009 avec une gouvernance plus managériale, peu médicale et dissociée de l’université, ont peu à peu éloigné nos CHU de leur trajectoire académique initiale… non sans conséquences.

L’attractivité des carrières hospitalo-universitaires est en chute libre, de nombreux professeurs de médecine quittent leur emploi pour exercer dans le secteur libéral. Plus grave, le vivier se tarit car la carrière hospitalo-universitaire ne fait plus rêver. Les grands perdants sont les étudiants, qui dénoncent à juste titre les carences de leur encadrement dans leurs stages hospitaliers.

Crise du paysage syndical ?

Crise du paysage syndical ?

Dans le Monde le journaliste Michel Noblecourt s’interroge sur la crise du paysage syndical. Une question presque rituelique qui n’est pas sans fondement mais qui devrait interroger plus généralement sur la représentativité de toutes les organisations y compris politiques dont la représentativité est  bien davantage insignifiante . Le journaliste par ailleurs ne seSouligne pas suffisamment le faite que la CGT hégémonique il y a une soixantaine d’années est maintenant devancées par la CFDT.

 

Analyse.

 

A l’exception de la CGT, tous les syndicats ont accueilli avec satisfaction, le 26 mai, la mesure de leur audience au niveau national et interprofessionnel. En 2008, les règles de la représentativité syndicale avaient été profondément modifiées par une réforme mise sur les rails par la CFDT et la CGT, et promulguée par Nicolas Sarkozy.

Ce sont principalement les scores des syndicats aux élections – dans les entreprises du seul secteur privé dotées d’instances représentatives des salariés, dans les très petites entreprises et dans les chambres d’agriculture –, sur une durée de quatre ans, qui font office de juges de paix. Pour être représentatif au niveau national, un syndicat doit obtenir au moins 8 % des suffrages.

Après celles de 2013 et de 2017, la troisième mesure d’audience a confirmé le classement d’il y a quatre ans : la CFDT, avec 26,77 %, a conforté sa première place devant la CGT (22,96 %), FO (15,24 %), la CFE-CGC (11,92 %) et la CFTC (9,50 %). Souvent décrite comme en péril, la centrale chrétienne réussit à demeurer au sein de ce « club des cinq » tandis que l’UNSA (5,99 %) ne franchit toujours pas sa porte.

La CGT poursuit sa chute

A première vue, les heureuses élues de la cuvée 2021 sont, par rapport à 2017, en progression ou stables : la CFDT gagne un timide 0,4 point et l’UNSA enregistre un gain de 0,64 point. Cette dernière affirme qu’en ajoutant au privé ses scores dans le public – non pris en compte par la mesure d’audience – il se hisserait avec 7,68 % à la cinquième place. La CFE-CGC fait un bond de 1,25 point tandis que FO (− 0,35) et la CFTC (+ 0,01) sont globalement stables.

La CGT poursuit sa chute qui semble aussi irréversible que le déclin du Parti communiste français : en quatre ans, elle recule de 1,89 point et même de 3,81 par rapport à 2013. La centrale de Philippe Martinez, qui campe sur une ligne radicale et boude de plus en plus les négociations nationales – alors que, dans les entreprises, ses syndicats signent de multiples accords –, encaisse le choc et se dit prête à « mesurer le déficit de présence qu’elle doit combler auprès dtous les salariés ». Comme Solidaires (3,68 %), elle met en cause aussi l’hostilité du patronat.


Chaque gagnant y voit tout naturellement une validation de sa stratégie. La CFDT se réjouit du fait que les salariés ont « fait le choix d’un syndicalisme utile qui répond à leurs préoccupations ». La centrale de Laurent Berger note que, « dans une période bousculée par les crises économique et sanitaire, chahutée par des tentations extrémistes », elle est restée « un repère fidèle à ses valeurs de solidarité, d’émancipation et de justice sociale ».

Les éoliennes politiquement neutres ?

Les éoliennes politiquement neutres ?

 

On peut être en désaccord avec l’implantation d’un parc éolien pour des raisons tout à fait respectables et sans se rallier aux « racoleurs populistes », témoigne, dans une tribune au « Monde », Jean-Clément Martin, historien « rattrapé par l’histoire contemporaine » dans sa commune du Poitou.

 

Tribune.

 

Après Armagnacs contre Bourguignons, protestants contre catholiques, révolutionnaires contre royalistes, aurons-nous membres du « Rassemblement nucléaire » contre adeptes de « l’Ecologie Est Le Vent » ? A moins que, comme pour moi dans une commune du Poitou, ce soit « en même temps » le nucléaire à 35 km et les éoliennes à 3 ?

Je suis, avec d’autres, engagé dans une démarche pour obtenir un moratoire pour l’implantation d’un nouveau parc éolien. Notre commune de 3 000 habitants est déjà « dotée » de trois « petites » éoliennes, mais dix autres, hautes d’au moins 180 mètres, s’ajouteront si les recours sont rejetés, et deux autres projets en prévoient trois sur place et deux sur la bordure immédiate de la commune voisine. Total prévisible : 19 éoliennes ! Dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour de Sanxay (Vienne), 88 éoliennes sont projetées.


Non seulement les dernières marques d’un bocage, déjà bien lâche, ne vont pas résister à cet assaut, mais les Soirées lyriques de Sanxay – une des principales manifestations d’art lyrique en France – risquent bien d’être perturbées par tous ces mâts qui vont lancer des éclairs rouges ou blancs la nuit tombée.

Je n’entrerai pas dans des débats techniques, économiques, écologiques… Je suis d’abord historien – en l’occurrence rattrapé par l’histoire contemporaine – et comme tel, je suis en revanche sensible aux dérives politiques et aux manipulations politiciennes. Je déplore, pour l’avoir vue, la médiocre information distribuée par les municipalités précédentes, je crains le lobbying remarquablement mené par les promoteurs et encore plus le faible débat dans les instances collectives locales.


Mais surtout je m’élève farouchement contre la présentation qui ferait du Rassemblement national (RN) le défenseur du petit peuple soumis aux pales destructrices contre les écolos-bobos urbanisés imposant leurs joujoux. Dans la petite association qui existe dans la commune, nous rappelons la nécessité de trouver des solutions à la consommation d’électricité et nous ne lançons pas une croisade contre les éoliennes.

Economie, politique, société: les plus lus

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Macron commémore Napoléon mais pas la commune

Macron commémore Napoléon mais pas la commune 

 

Le chef de l’Etat a honoré la mémoire de Napoléon aux Invalides, mais pas les 150 ans de la Commune, ce « moment fondateur et populaire » de la République, déplore, dans une tribune au « Monde », Georges Sérignac, grand maître du Grand Orient de France.

 

Tribune. A Paris, le 28 mai 1871, au cimetière du Père-Lachaise, 147 fédérés furent exécutés de façon sommaire puis jetés dans une fosse commune. Dans les jours suivants, les versaillais y ensevelirent également les dépouilles des autres communards morts dans les quartiers voisins sous les balles d’un pouvoir assassin.

Chaque mois de mai depuis vingt-cinq ans, à l’initiative du Grand Orient de France (GODF), les francs-maçons célèbrent leur mémoire en se réunissant au mur des Fédérés, lieu de recueillement mais aussi d’espoir et d’exigence.


Si cette manifestation est le signe de notre combat pour la République, pour une société plus juste, plus fraternelle, elle est aussi une ode à la mémoire et au temps long, le temps de la perspective, le temps du souvenir et de la mise à distance.

Conclusion tragique de la « semaine sanglante », cette infamie reste emblématique de la violence dont est capable le pouvoir quand il n’a plus que la force des armes pour seul recours face à la remise en cause de l’ordre qu’il veut imposer. En écrasant par le fer et le feu cette insurrection révolutionnaire, Adolphe Thiers [président de la République, 1871-1873] et les versaillais, qui pensaient l’anéantir et la précipiter dans l’oubli, lui ont donné l’éternité et la force du mythe.

« La Commune, c’est aussi, l’égalité des salaires, le droit au divorce pour les femmes, les premières écoles primaires de filles. »

Par leur courage, mais également par leur action législatrice qui sera un déterminant républicain majeur malgré sa brièveté, les communards sont entrés en soixante-douze jours dans la mémoire collective.

La Commune [18 mars-28 mai 1871] décréta la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la suppression du budget des cultes, la laïcisation des services publics, et notamment des hôpitaux. Elle instaura les bases de l’école laïque, instituant la gratuité, le droit pour les filles à l’instruction laïque et à la formation professionnelle, créant les premières écoles primaires de filles. La Commune, c’est aussi l’égalité des salaires, le droit au divorce pour les femmes, l’égalité entre enfants légitimes et naturels, épouses et concubines, et l’abolition de la prostitution.

On lui connaît de nombreux autres projets, pionniers de notre République, tels l’abolition de la peine de mort, la révocabilité des élus, la gratuité de la justice, le développement de modèles de coopératives de production, la réduction de la journée de travail, la suppression des amendes patronales.

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