Archive mensuelle de juin 2021

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Attentat raté près de Notre-Dame de Paris : 30 ans de réclusion est une période de sûreté de 20 ans

Attentat raté près de Notre-Dame de Paris : 30 ans de réclusion est une période de sûreté de 20 ans

 

Effet de mode, jugement de circonstance, pression de l’opinion ?  En tout cas cette fois, la justice a eu la main lourde non seulement en confirmant les 30 ans de réclusion pour la principale accusée mais en l’assortissant d’une période de sûreté de 20 ans. Bref la justice « indépendante » évolue aussi en fonction du sentiment de la sécurité. À comparer quand même au verdict particulièrement bienveillant concernant le meurtre d’un militant de gauche par deux skinheads. En faite les meurtriers feront tout au plus deux à quatre ans de prison.

 

Lors du premier procès concernant le projet d’attentat près de Notre-Dame de Paris, qui s’était tenu en septembre-octobre 2019, la jeune femme avait été condamnée à trente ans de réclusion. Les sept autres accusés, cinq femmes et deux hommes, avaient écopé de peines allant de trois ans de prison avec sursis à la réclusion criminelle à perpétuité. Seuls Inès Madani et un jeune homme nommé Mohamed Lamine Aberouz avaient fait appel et étaient donc rejugés en ce printemps 2021.

Inès Madani, âgée de 19 ans à l’époque, a reconnu les faits lors de ses deux procès, mais n’en a pas assumé toute la responsabilité, mettant en cause une autre femme, Ornella Gilligmann. Celle-ci, qui renvoyait de son côté la faute sur Inès Madani, a été condamnée à 25 ans de réclusion en première instance et n’a pas fait appel. Ce deuxième procès n’a pas permis d’en savoir plus sur le rôle exact de chacune. Ce qui n’a pas empêché la justice de punir sévèrement les deux jeunes femmes.

Covid France : toujours le reflux-

Covid France : toujours le reflux-

 

2472 patients sont actuellement en soins critiques, dont 97 arrivés depuis la veille. 14.323 malades sont toujours hospitalisés, un nombre en baisse constante depuis plusieurs semaines. Dimanche, l’organisme en dénombrait 14.525.

Depuis le début de la campagne de vaccination en France, 28.271.153 personnes ont reçu au moins une injection (soit 42,2% de la population totale et 53,8% de la population majeure) et 12.517.222 personnes ont reçu deux injections (soit 18,7% de la population totale et 23,8% de la population majeure). 13.997.549 de personnes ont un schéma vaccinal complet.

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

La France attractive malgré les impôts ?

La France attractive malgré les impôts ?

Ce matin, la plupart des grands médias reprenne une dépêche d’agence relative au caractère attractif du pays. Reste que la France détient encore le taux le  plus élevé de prélèvements obligatoires (environ 45 % en 2020 ) et détient un taux d’imposition des entreprises encore très important. Certes en 2021 21 le taux d’IS a  diminué à 27,5 % pour les grands groupes et 26,5 % pour les autres. Et le taux reste réduit à 15 % pour les petites entreprises.

Mais la France se rapproche seulement de la moyenne européenne, qui était déjà inférieure à 22 % en 2018, et internationale. Cet effort ne permettra pas à l’Hexagone de sortir du club des pays de l’OCDE où la pression fiscale, dans sa globalité, est la plus élevée. En 2018, le pays arrivait en tête de liste avec un taux de prélèvements obligatoires autour de… 46 % du PIB.

 Le baromètre de l’attractivité, établi par le cabinet EY et publié lundi 7 juin, indique en effet que la crise liée au Covid-19 n’a pas eu raison de la première place décrochée en 2019 et ce, malgré un nombre de projets d’implantation globalement en baisse.

Sur le Vieux Continent, ils ont reculé de 13 % en 2020, à peu près dans les mêmes proportions que lors de la crise financière de 2008, lorsque la baisse avait été de 11 %. Avec 985 projets recensés, la France, elle, voit la part d’implantations diminuer de 18 %, mais demeure en pole position, à la fois en nombre de projets – le Royaume-Uni en a enregistré 975 et l’Allemagne 930 –, et d’emplois créés (environ 30 000).

 « Depuis trois ans, la France a redressé énormément sa capacité à attirer les investissements étrangers », analyse Marc Lhermitte, associé chez EY. « Et en 2020, il n’y a pas eu d’abandon du site France, malgré notre exposition aux secteurs les plus impactés par la crise, tels que l’aéronautique ou le tourisme, et on ne relève pas de corrélation entre la stratégie sanitaire, qui a pu être critiquée, et les grands projets. » Au contraire, les investisseurs saluent la vigueur de la réponse économique à la crise : 44 % des dirigeants interrogés par EY estiment qu’elle est plus performante que dans d’autres pays.

Un « excellent résultat » dont s’est félicité, dimanche 6 juin, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, jugeant qu’il « témoigne de la vivacité et de la solidité de [l’]économie », et qu’il résulte de la politique menée depuis 2017 : la loi Pacte d’abord, les baisses d’impôts sur les sociétés (passés de 33 % à 25 % des bénéfices) et celle des impôts de production intervenue en janvier 2021, dans le cadre de la mise en œuvre du plan de relance. L’ensemble, souligne Bercy, « crée une nouvelle fiscalité stable et attractive pour les entreprises ».

Macron fait campagne à l’envers par rapport à 2017

Macron fait campagne à l’envers par rapport à 2017

L’universitaire Alexis Lévrier, spécialiste de l’histoire de la presse, analyse dans l’Opinion  l’usage par le chef de l’Etat des médias, à l’approche de la présidentielle 2022

Maître de conférences à l’université de Reims et chercheur au Celsa, l’historien Alexis Lévrier, spécialiste de la presse, publie Jupiter et Mercure. Le pouvoir présidentiel face à la presse (Les Petits matins, mai 2021, 384 pages, 20 €). Il était précédemment l’auteur de Le Contact et la distance (2016).

Vous retracez l’évolution d’un président qui théorisait la « saine distance » avec les médias à son arrivée à l’Elysée. Emmanuel Macron sera-t-il jupitérien en campagne pour sa réélection ?

Le Président est un « Jupiter masqué ». Il a toujours une pratique de la distance, mais moins visible, moins brutale qu’aux débuts. D’une part, il a compris qu’il avait commis de graves maladresses – choisir les journalistes pour ses déplacements, accuser la presse de ne pas chercher la vérité… Sa volonté de tutelle n’a jamais fonctionné. D’autre part, il doit faire dans cette campagne ce qu’il n’a pas réussi à faire lors de l’« itinérance mémorielle » : effacer sa grande faiblesse, le manque d’enracinement. Dès septembre 2018, il multiplie les interviews à la presse régionale et aux éditions régionales de France 3, dans le but de se réconcilier avec les territoires. Puis il se heurte à la colère du peuple et aux Gilets jaunes. Sans en imaginer la force, il avait pressenti la révolte. Un an avant, il dit dans le Spiegel que les Français sont à la fois monarchistes et régicides. Il savait que jouer le Président-monarque pouvait se retourner contre lui. On a rarement vu un chef d’Etat incarner la filiation avec l’Ancien Régime et les deux Empires comme Emmanuel Macron dans ses entretiens au 1 et à Challenges, même si on sait que de Gaulle a conçu la Ve République comme une monarchie républicaine. Les Gilets jaunes, c’est la pulsion régicide. Son tour de France qui débute à Saint-Cirq-Lapopie rejoue l’itinérance avec l’idée d’affronter, de nouveau, la colère. Il surjoue la proximité, à l’opposé de la présidence verticale. Il fait dire qu’il lit les quotidiens régionaux au réveil, il cultive ce lien avec les médias locaux tout en critiquant la presse parisienne qu’il décrit comme coupée des territoires, hors sol. Il crée des oppositions artificielles et continue à trianguler médiatiquement.

Qu’entendez-vous par triangulation médiatique ?

Il y a une fibre maurrassienne chez Emmanuel Macron. Il avait amorcé sa campagne en 2016 par Le 1, hebdomadaire valorisant la philosophie et la littérature. Il choisit en 2021 la revue Zadig, dont la raison d’être est de parler aux territoires. La France est, dit-il, « une addition de pays qui ont chacun leurs rapports (…) telluriques ». Si on est gentil, on peut dire qu’il fait du Michelet ; si on est méchant, du Maurras. Son interview fleuve dans L’Express, où il critique les élites « nomadisées », préfigure cette ligne. Il ne se « droitiste » pas seulement, il fait campagne contre ce qu’il était en 2017. Le fait de construire, médiatiquement, une réfutation du discours qui l’a porté au pouvoir est unique dans l’histoire de la Ve République. Peut-être parce qu’il a une authentique fascination pour l’extrême droite. Parmi les hommes du Président, la surprise du quinquennat est Bruno Roger-Petit. Les « Mormons » [les fidèles qui ont accompagné son ascension] ont été éjectés de l’Elysée, « BRP » y est encore. Lui que l’on croyait déchu a saisi et influencé la part d’ombre d’Emmanuel Macron.

Est-ce une triangulation extrême ou une propension à changer de visage en fonction des publics ?

Il est vrai que le Président a différents visages médiatiques. Il s’adapte, avec un pragmatisme et une intelligence rares. S’il brutalise la presse, c’est d’abord parce qu’il ne la comprend pas. Il sait virer de bord et mettre en scène l’intime. Comme De Gaulle qui reçoit Paris Match à la Boisserie en 1954, il joue ce jeu médiatique de la personnalisation du pouvoir. Il use des réseaux sociaux à dessein. Il avait déjà utilisé Kombini à deux reprises, fêté ses 40 ans en intervenant dans l’émission de Cyril Hanouna. Il sait se démultiplier. Néanmoins, il joue bien la triangulation sur un mode très mitterrandien. Macron a conservé du conseiller en communication de François Mitterrand, Jacques Pilhan, l’idée de maîtrise des horloges, un certain mépris pour la presse. McFly et Carlito, c’est du Pilhan 2.0. Cela délégitime les journalistes au profit de la communication. Il décrédibilise, par anticipation, l’interview du 14-Juillet puisqu’il accepte le gage de poser leurs grimaces sur le bureau. C’est un quinquennat qui, pour l’heure, est marqué par un long entretien à Valeurs actuelles, dans des conditions privilégiées et dans le secret de l’avion présidentiel, et aucune vraie interview au Monde ni aux journalistes spécialistes des questions européennes. Un phénomène curieux pour un Président qui occupait le créneau européen de centre-gauche. Cette triangulation aboutit à ce que Philippe de Villiers, traité avec égard, appelle à l’insurrection contre le Président en Une de Valeurs actuelles.

«Le Président subit la montée d’une droite réactionnaire et la mutation d’un paysage médiatique qui lui échappent»

Emmanuel Macron risque-t-il un retour de bâton ?

Oui, il joue avec des armes incontrôlables. C’est la limite de la comparaison avec Mitterrand : le monde médiatique a changé. Jacques Pilhan fonde sa théorie sur le « télécentrisme » : si on contrôle la grand-messe du JT de 20 heures, on contrôle l’opinion publique. En 2021, il y a beaucoup plus de chaînes et de canaux de communication. Macron n’est pas Machiavel. Il assiste à la montée en puissance de Cnews. Ce changement rapide d’influence s’exerce jusqu’au cœur du pouvoir, lequel semble chercher une réponse. Stéphane Séjourné propose d’affilier les éditorialistes à un parti politique en ciblant Eric Zemmour. L’idée est absurde mais le fait qu’elle soit lancée par un proche du Président traduit une faiblesse : Macron subit la montée d’une droite réactionnaire et la mutation d’un paysage médiatique qui, par définition, lui échappent.

Votre livre est aussi l’histoire de la perception par la presse d’Emmanuel Macron. Pourquoi le « candidat des médias » est-il un mythe ?

La presse écrite a joué son rôle. Dans les périodes de crise, il y a toujours une injonction à relayer le discours dominant, à épauler l’effort de guerre. Or la presse a enquêté et mis en évidence l’impréparation du pouvoir dans la crise sanitaire, les mensonges sur les masques ou les tests… Cela n’a pas toujours été le cas. La presse de la Troisième République n’a jamais été aussi puissante et libre, avec quatre journaux tirant à au moins un million d’exemplaires chacun en 1880-1914. Dès que la guerre arrive, c’est terminé. Jamais plus elle n’a retrouvé la légitimité qui était la sienne. Sous ce mandat, la presse a joué son rôle au service de la vérité des faits. C’est la raison pour laquelle Jupiter ne peut plus se prétendre comme tel… ou plutôt, selon la formule de Roger-Petit dès 2017, il fallait « que Jupiter meure pour que Jupiter vive ».

«Nouvelle fiscalité internationale: historique» ?

«Nouvelle fiscalité internationale: historique» ?

Dacian Ciolos , député européen, président du groupe centriste et libéral Renew Europe e stime dans l’Opinion que le projet fiscal international est révolutionnaire ( qualificatif qu’il relativise en indiquant qu’il ne s’agit que d’un pas NDLR)

Disons le clairement, la décision du G7 finances à Londres ce week-end d’approuver le principe d’un taux minimal de taxation de 15% sur les profits des multinationales est une révolution qu’il faut saluer. Les règles fiscales qui nous régissent datent d’un siècle, elles sont obsolètes ; il était temps d’en tirer les conséquences.

Nul ne peut que contester que les stratégies d’évitement de l’impôt opérées par les multinationales ont un coût pour les budgets nationaux. Selon l’OCDE, le manque à gagner s’élève à plus de 500 milliards de dollars au niveau mondial. Il n’est pas acceptable que des paradis fiscaux tels que les Bermudes, avec une population de 64 000 habitants, captent plus de profits des grandes multinationales que les pays où sont situés les sièges de ces entreprises. C’est une question de justice, les multinationales doivent payer leur juste part d’impôt dans les pays où elles exercent leurs activités. L’impôt, c’est le fondement de notre contrat social. Ces entreprises bénéficient des infrastructures, d’une main-d’œuvre qualifiée et des services publics financés par la collectivité. Rien de plus normal donc qu’elles contribuent à l’effort collectif.

Les budgets des Etats sont fortement sollicités pour relancer l’économie suite à la crise provoquée par la pandémie de la Covid-19, pour planifier les investissements colossaux requis par la transition écologique ou encore pour accompagner l’adaptation des pays en développement au changement climatique. Dans ce contexte, l’opinion publique ne comprendrait pas que l’on ne s’attaque pas à une véritable réforme de la fiscalité internationale qui concerne aussi, et en tout premier lieu, les géants de l’e-commerce. Nombre de ces entreprises ont d’ailleurs largement bénéficié de l’essor de la vente en ligne pendant la crise sanitaire. Au Parlement européen, Renew Europe a défendu l’instauration d’une fiscalité européenne du numérique, si un accord s’avérait impossible dans le cadre de l’OCDE. Les avancées enregistrées au G7 nous font espérer que ce sera bientôt possible.

Reporting. Un autre accord est intervenu la semaine dernière, au niveau européen cette fois, visant à instaurer plus de transparence fiscale. Il porte sur le reporting pays par pays des impôts et bénéfices payés par les grandes entreprises qui ont une activité au sein de l’Union européenne. Ces informations seront rendues publiques chaque année et permettront à tout un chacun de savoir qui paie quoi et où.

Plus largement enfin, l’accord au G7 vient rappeler un fait qui est à nos yeux fondamental : le bien-fondé du multilatéralisme. Ces dernières années, ses principes mêmes ont été contestés et bousculés, au risque de relancer conflits et autres batailles nationalistes. Nous ne pouvons que nous satisfaire de constater que l’idée de la coopération internationale est la seule voie raisonnable. Les trajectoires solitaires sont vouées à l’échec.

Dacian Ciolos est député européen, président du groupe centriste et libéral Renew Europe depuis 2019. Il est ancien Premier ministre de Roumanie. Sa chronique « Europa » est publiée en alternance avec celle de Manfred Weber, président du groupe PPE, chaque dimanche sur lopinion.fr et le lundi dans le journal.

Barkhane: Quitter le Mali…. et vite

Barkhane: Quitter le Mali…. et vite

Il est clair qu’il y a longtemps que la France ne contrôle plus rien dans les zones où elle lutte contre les terroristes. En outre, l’opinion locale manœuvrée par des puissances étrangères ( Union soviétique, Algérie, Turquie, Chine notamment) ne comprend pas cette longue présence française qui sur le plan économique social et politique n’a rien changé. 

La France s’est contentée en effet de faire un service de police alors qu’évidemment parallèlement il fallait construire économiquement et politiquement. En cause notamment l’incompétence chronique de nos représentants diplomatiques sur place davantage à l’aise dans les salons des capitales que dans les villages éloignés. L’inverse des islamistes qui eux remplacent les Etats dans presque deux tiers des pays concernés en particulier le Mali, le Niger et le Burkina Faso..

Même en France on ne comprend pas cette présence de la France au Mali d’autant que désormais les liens sont rompus avec les militaires maliens. Visiblement Macron ne comprend rien à l’Afrique. Certes l’Afrique a besoin de sécurité et de stabilité mais l’urgence première est celle du besoin social, économique et d’un minimum d’État.

 

 

Des régions qui ne servent à rien !

Des régions qui ne servent à rien !

 

 

Avant les élections régionales des 20 et 27 juin, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », analyse dans sa chronique le poids économique de ces collectivités. Il constate notamment que, coincées entre l’Etat et les grandes métropoles, celles-ci sont restées « de grands corps mous ».( On pourrait ajouter que d’autres structures ne servent pas à grand-chose comme les communautés de communes NDLR)

 

Le général de Gaulle aurait pu accoler aux régions le sobriquet de « machins », lui qui voulait renforcer leur rôle économique avant que son échec au référendum de 1969 ne précipite sa chute. Les barons qui les dirigent aujourd’hui n’apprécieraient pas, mais il y a pourtant du vrai dans cette vacherie. Observez la campagne pour le scrutin régional des 20 et 27 juin : aucune de leurs modestes compétences n’imprime dans l’opinion, ni le développement économique et l’apprentissage, ni les transports, l’éducation et la culture. A un an de l’élection présidentielle, mère de toutes les batailles politiques, les partis préfèrent roder d’autres thèmes.

L’histoire est ainsi faite que la région est davantage associée au développement des territoires qu’à la décentralisation politique. Elle remonte aux « programmes d’action régionale » lancés en 1955 pour « promouvoir l’expansion économique et sociale » d’une France alors découpée en 24 régions. Rien n’y a fait, ni l’octroi du statut de collectivité et l’élection de leurs conseillers au suffrage universel en 1982, ni l’élargissement de leurs compétences en 2004 et 2015. Elles sont restées de grands corps mous coincés entre un Etat aménageur omniprésent et une douzaine de grandes métropoles.


Les présidents sans ambition nationale mettent bien ce rendez-vous politique à profit pour parler industrie et emplois, éducation et formation professionnelle, routes et trains régionaux. Les figures qui se construisent un destin présidentiel préfèrent, elles, l’enjamber et s’en servir comme d’un marchepied vers les plus hautes destinées. Dans cette campagne dévoyée, prélude à la présidentielle de 2022, les sondages leur disent que les Français ont mis la sécurité au cœur des enjeux ? Eh bien, parlons sécurité, même si la région n’a de compétences que celles qu’elle se donne !

Quarante ans après les « lois Defferre », acte I de la décentralisation, les régions n’ont pas pu s’imposer comme le maillon fort de la vie économique. La responsabilité en revient à un Etat jacobin qui a chichement compté leurs missions et les gouverne à distance. Leur légitimité politique étant réduite, voire contestée, souvent condamnées à cofinancer des projets avec des crédits nationaux et européens, elles n’ont pu s’affirmer comme les maîtres du jeu économique. Au fond, Valérie Pécresse en Ile-de-France, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes et Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France peinent à défendre un bilan visible, en dépit d’un réel engagement pour l’emploi, l’industrie et l’innovation.

Pas de miel entre les bourgeois et les réactionnaires (Montebourg)

Pas de miel entre les bourgeois et les réactionnaires (Montebourg)

 

 

Pour le marchand de miel qu’est devenu Montebourg pas question de préférer la gourmandise bourgeoise à la gourmandise réactionnaire. En vue de l’élection présidentielle de 2022, l’ex-ministre socialiste de l’économie appelle, dans une tribune au « Monde », à une union des forces populaires qui passe selon lui par un programme politique interventionniste, régulationniste, (Le marchand de miel a du mal avec la sémantique et davantage encore avec les concepts),  républicain et laïc, mais aussi par le contrôle de l’immigration et la lutte contre l’islamisme politique.Bref un vrai programme mielleux! 

 

Il y a dix ans, les sociaux-libéraux encourageaient la gauche à persister dans sa dangereuse préférence pour les questions sociétales, les minorités et le goût pour une certaine bourgeoisie libérale s’épanouissant dans l’individualisme et une mondialisation heureuse. Triomphait alors la version française du « clintonisme » qui avait uni dans un même programme politique Wall Street et Hollywood, symbolisant un mépris implicite pour les classes populaires qui se jetaient à l’inverse dans les bras de Trump.

Pour les gauches mondiales, il n’était plus nécessaire de s’attaquer aux excès du système économique néolibéral et mondialisé puisqu’il était prétendument bon pour nos sociétés. Le protectionnisme devait rester l’apanage des supposés populistes alors que chacun comprend l’urgente nécessité de rééquilibrage écologique et social d’une mondialisation sauvage et destructrice de nos sociétés occidentales. La question des salaires et de l’amour du travail était abandonnée au profit de la seule redistribution, par les impôts et le revenu universel, célébrant ainsi curieusement l’union de Bill Gates avec Benoît Hamon.


En acceptant ainsi le monde tel qu’il était devenu, la gauche du quinquennat Hollande fit grossir de 15 points le Front national par sa politique austéritaire, parachevée par le quinquennat Macron, champion du mépris de classe en apportant les 15 points de plus qui manquaient pour atteindre les 50 % du corps électoral. Le résultat de ce choix est maintenant connu : les « gilets jaunes » s’affrontèrent en fracture ouverte avec Macron en défendant désespérément le droit de vivre de leur travail ; aujourd’hui la famille Le Pen est aux portes du pouvoir, plusieurs régions sont sur le point d’être gagnées par le Rassemblement national, et tous les candidats se revendiquant de la gauche (Mélenchon, Jadot, Hidalgo) seraient battus par Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Tout comme Macron qui n’en est plus très loin et devrait entrer dans l’histoire pour avoir minutieusement installé le RN au pouvoir, par incompétence ou cynisme.

François Mitterrand avait exprimé clairement une vérité lors de son célèbre discours d’investiture du 21 mai 1981 : avec la victoire de la gauche, « la majorité sociale a enfin rencontré la majorité politique ». Avec Emmanuel Macron, c’est la minorité sociale d’un bloc bourgeois qui a arraché une majorité politique, gouvernant pour une base étroite avec arrogance. Cette recomposition découle de choix délibérés d’indifférenciation idéologique et de conversion de la gauche à la pensée unique. Depuis si longtemps, gauche et droite se succèdent au pouvoir pour mener les mêmes politiques néolibérales aux dépens des droits économiques et sociaux des classes moyennes et populaires.

Macron 2022 contre Macron 2017

Macron 2022 contre Macron 2017

L’universitaire, spécialiste de l’histoire de la presse, analyse dans l’Opinion l’usage par le chef de l’Etat des médias, à l’approche de la présidentielle 2022

Maître de conférences à l’université de Reims et chercheur au Celsa, l’historien Alexis Lévrier, spécialiste de la presse, publie Jupiter et Mercure. Le pouvoir présidentiel face à la presse (Les Petits matins, mai 2021, 384 pages, 20 €). Il était précédemment l’auteur de Le Contact et la distance (2016).

Vous retracez l’évolution d’un président qui théorisait la « saine distance » avec les médias à son arrivée à l’Elysée. Emmanuel Macron sera-t-il jupitérien en campagne pour sa réélection ?

Le Président est un « Jupiter masqué ». Il a toujours une pratique de la distance, mais moins visible, moins brutale qu’aux débuts. D’une part, il a compris qu’il avait commis de graves maladresses – choisir les journalistes pour ses déplacements, accuser la presse de ne pas chercher la vérité… Sa volonté de tutelle n’a jamais fonctionné. D’autre part, il doit faire dans cette campagne ce qu’il n’a pas réussi à faire lors de l’« itinérance mémorielle » : effacer sa grande faiblesse, le manque d’enracinement. Dès septembre 2018, il multiplie les interviews à la presse régionale et aux éditions régionales de France 3, dans le but de se réconcilier avec les territoires. Puis il se heurte à la colère du peuple et aux Gilets jaunes. Sans en imaginer la force, il avait pressenti la révolte. Un an avant, il dit dans le Spiegel que les Français sont à la fois monarchistes et régicides. Il savait que jouer le Président-monarque pouvait se retourner contre lui. On a rarement vu un chef d’Etat incarner la filiation avec l’Ancien Régime et les deux Empires comme Emmanuel Macron dans ses entretiens au 1 et à Challenges, même si on sait que de Gaulle a conçu la Ve République comme une monarchie républicaine. Les Gilets jaunes, c’est la pulsion régicide. Son tour de France qui débute à Saint-Cirq-Lapopie rejoue l’itinérance avec l’idée d’affronter, de nouveau, la colère. Il surjoue la proximité, à l’opposé de la présidence verticale. Il fait dire qu’il lit les quotidiens régionaux au réveil, il cultive ce lien avec les médias locaux tout en critiquant la presse parisienne qu’il décrit comme coupée des territoires, hors sol. Il crée des oppositions artificielles et continue à trianguler médiatiquement.

Qu’entendez-vous par triangulation médiatique ?

Il y a une fibre maurrassienne chez Emmanuel Macron. Il avait amorcé sa campagne en 2016 par Le 1, hebdomadaire valorisant la philosophie et la littérature. Il choisit en 2021 la revue Zadig, dont la raison d’être est de parler aux territoires. La France est, dit-il, « une addition de pays qui ont chacun leurs rapports (…) telluriques ». Si on est gentil, on peut dire qu’il fait du Michelet ; si on est méchant, du Maurras. Son interview fleuve dans L’Express, où il critique les élites « nomadisées », préfigure cette ligne. Il ne se « droitiste » pas seulement, il fait campagne contre ce qu’il était en 2017. Le fait de construire, médiatiquement, une réfutation du discours qui l’a porté au pouvoir est unique dans l’histoire de la Ve République. Peut-être parce qu’il a une authentique fascination pour l’extrême droite. Parmi les hommes du Président, la surprise du quinquennat est Bruno Roger-Petit. Les « Mormons » [les fidèles qui ont accompagné son ascension] ont été éjectés de l’Elysée, « BRP » y est encore. Lui que l’on croyait déchu a saisi et influencé la part d’ombre d’Emmanuel Macron.

Est-ce une triangulation extrême ou une propension à changer de visage en fonction des publics ?

Il est vrai que le Président a différents visages médiatiques. Il s’adapte, avec un pragmatisme et une intelligence rares. S’il brutalise la presse, c’est d’abord parce qu’il ne la comprend pas. Il sait virer de bord et mettre en scène l’intime. Comme De Gaulle qui reçoit Paris Match à la Boisserie en 1954, il joue ce jeu médiatique de la personnalisation du pouvoir. Il use des réseaux sociaux à dessein. Il avait déjà utilisé Kombini à deux reprises, fêté ses 40 ans en intervenant dans l’émission de Cyril Hanouna. Il sait se démultiplier. Néanmoins, il joue bien la triangulation sur un mode très mitterrandien. Macron a conservé du conseiller en communication de François Mitterrand, Jacques Pilhan, l’idée de maîtrise des horloges, un certain mépris pour la presse. McFly et Carlito, c’est du Pilhan 2.0. Cela délégitime les journalistes au profit de la communication. Il décrédibilise, par anticipation, l’interview du 14-Juillet puisqu’il accepte le gage de poser leurs grimaces sur le bureau. C’est un quinquennat qui, pour l’heure, est marqué par un long entretien à Valeurs actuelles, dans des conditions privilégiées et dans le secret de l’avion présidentiel, et aucune vraie interview au Monde ni aux journalistes spécialistes des questions européennes. Un phénomène curieux pour un Président qui occupait le créneau européen de centre-gauche. Cette triangulation aboutit à ce que Philippe de Villiers, traité avec égard, appelle à l’insurrection contre le Président en Une de Valeurs actuelles.

«Le Président subit la montée d’une droite réactionnaire et la mutation d’un paysage médiatique qui lui échappent»

Emmanuel Macron risque-t-il un retour de bâton ?

Oui, il joue avec des armes incontrôlables. C’est la limite de la comparaison avec Mitterrand : le monde médiatique a changé. Jacques Pilhan fonde sa théorie sur le « télécentrisme » : si on contrôle la grand-messe du JT de 20 heures, on contrôle l’opinion publique. En 2021, il y a beaucoup plus de chaînes et de canaux de communication. Macron n’est pas Machiavel. Il assiste à la montée en puissance de Cnews. Ce changement rapide d’influence s’exerce jusqu’au cœur du pouvoir, lequel semble chercher une réponse. Stéphane Séjourné propose d’affilier les éditorialistes à un parti politique en ciblant Eric Zemmour. L’idée est absurde mais le fait qu’elle soit lancée par un proche du Président traduit une faiblesse : Macron subit la montée d’une droite réactionnaire et la mutation d’un paysage médiatique qui, par définition, lui échappent.

Votre livre est aussi l’histoire de la perception par la presse d’Emmanuel Macron. Pourquoi le « candidat des médias » est-il un mythe ?

La presse écrite a joué son rôle. Dans les périodes de crise, il y a toujours une injonction à relayer le discours dominant, à épauler l’effort de guerre. Or la presse a enquêté et mis en évidence l’impréparation du pouvoir dans la crise sanitaire, les mensonges sur les masques ou les tests… Cela n’a pas toujours été le cas. La presse de la Troisième République n’a jamais été aussi puissante et libre, avec quatre journaux tirant à au moins un million d’exemplaires chacun en 1880-1914. Dès que la guerre arrive, c’est terminé. Jamais plus elle n’a retrouvé la légitimité qui était la sienne. Sous ce mandat, la presse a joué son rôle au service de la vérité des faits. C’est la raison pour laquelle Jupiter ne peut plus se prétendre comme tel… ou plutôt, selon la formule de Roger-Petit dès 2017, il fallait « que Jupiter meure pour que Jupiter vive ».

Succès de Merkel en Saxe-Anhalt et défaite des Verts

Succès de Merkel  en Saxe-Anhalt et défaite des Verts

De quoi doucher sérieusement les espérances des verts allemands se voyaient déjà pouvoir.  Le parti d’Angela Merkel a remporté 36,2 % des suffrages lors des élections en Saxe-Anhalt dimanche, devançant l’extrême droite de près de 14 points. Les Verts restent de leur côté loin des 10 % qu’ils visaient. Les  Verts, qui menacent la CDU au niveau fédéral, n’ont réussi à réunir que 6,2 % des suffrages.

Une déception pour les VertsCe succès devrait conforter les résultats du dernier sondage de l’institut Insa paru dimanche pour le tabloïd Bild, qui crédite la CDU de 26 % contre 21 % pour les Verts au niveau national. La candidate de ces derniers à la chancellerie, Annalena Baerbock, a reconnu sa déception, confirmant que « nous avions espéré plus » en Saxe-Anhalt. Les Verts visaient en effet les 10 %, contre 5,2 % en 2016. Leur nouveau score les place même juste en-deçà des Libéraux (FDP), qui reviennent ainsi au parlement régional après 10 ans d’absence.

APL : une mauvaise transition de la réforme

APL : une mauvaise transition de la réforme

Sur le fond on peut comprendre que les les allocations logement soient calculées sur les revenus les plus récents. Le problème est celui de la transition qui va bousculer les deux tiers des bénéficiaires

 

Plus de cinq mois après la mise en oeuvre de la réforme des allocations logement , au 1er janvier, son impact n’est quasiment pas documenté. Le sujet est pourtant crucial pour les 5,93 millions de ménages qui bénéficient des APL . Après le RSA, c’est la deuxième prestation qui contribue le plus à réduire la pauvreté en France .

Les APL ont été « contemporanéisées » en janvier: les droits sont désormais calculés sur la base des ressources des douze derniers mois et non plus celles d’il y a deux ans. De plus, les montants sont révisés chaque trimestre et non plus annuellement. Sur longue période , la situation devrait s’améliorer pour les bénéficiaires mais pour l’année en cours la rupture avec les anciennes modalités va créer de graves difficultés financières pour certains. Surtout avec les perturbations liée à la situation sanitaire.

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Relativiser la réforme fiscale mondiale

Relativiser la réforme fiscale mondiale

 

 

Nombre de médias s’emballe sur le caractère révolutionnaire de la réforme fiscale mondiale qui fixe un minimum de 15 % pour l’impôt sur les entreprises avec en plus un nouveau mode de répartition entre les pays. D’abord il faut rappeler que l’objectif de départ de Biden était de 21 % et que finalement il a fallu descendre la barre à 15 % pour obtenir un consensus mondial. Deuxième observation l’imposition dans les pays développés présente un taux généralement très au-dessus de 15 %.

Si on se réfère aux taux d’imposition sur les sociétés des pays du G7, ce taux de 15% est bien en-dessous des montants auxquels ils imposent eux-mêmes les entreprises sur leurs territoires. En 2019, la France était première du classement, avec un taux d’imposition de 34,4%, suivie de l’Allemagne et du Japon. En 2022, ce taux tricolore devrait toutefois atteindre 25%.

« Joe Biden proposait 21%. Pourquoi la France n’a-t-elle pas suivi ce chiffre, qui aurait vraiment été historique ? L’effet pervers, c’est qu’on reste dans un contexte de concurrence fiscale, donc on baisse les taux pour s’aligner. Et en fixant un taux bas, on n’empêche pas la concurrence fiscale. » S’interroge Alexis Brezet dans les Échos

Fabrice Bin, Expert, est plus tempéré. Ce taux inférieur aux ambitions affichées ressemble, selon lui, « à une négociation pour limiter l’imposition, de manière à ce que les entreprises jouent le jeu. Ça correspond à peu de choses près au taux en vigueur au Luxembourg. Pour l’Irlande, c’est 12,5% », précise le maître de conférences. Avec un taux de 15%, le but est de se rapprocher malgré tout du taux appliqué dans les pays à la législation fiscale avantageuse.

. Si la mesure est bien mise en œuvre, elle consistera à prélever 15% sur 20% des bénéfices réalisés par l’entreprise dans un pays, à condition qu’elle réalise une marge de plus de 10%. « C’est une marge qui se réalise dans beaucoup de secteurs, comme le luxe, l’habillement, c’est tout à fait atteignable, ce n’est pas un pourcentage négligeable », commente Fabrice Bin. Concrètement, si une entreprise française basée fiscalement à l’étranger, réalise 100 millions d’euros de bénéfices en France, et qu’elle a bien un taux de marge de 10%, lui seront prélevés 15% de 20 millions, soit 3 millions d’euros.

Le problème c’est que les ressources de l’ingénieries fiscales sont sans limites et qu’on pourra sûrement externaliser des bénéfices dans les pays à faible fiscalité est inversement internaliser des coutsdans les pays dont le niveau d’impôt est fort.

 

Euro : l’équipe de France au-dessus de tout le monde (Platini)

Euro : l’équipe de France au-dessus de tout le monde (Platini)

 

Platini a sans doute raison de considérer que la France est largement favorite pour l’euro. En tout cas sur le papier car elle dispose  des meilleurs joueurs européens voir mondiaux. Reste qu’un match est un match et qu’on peut perdre contre n’importe quel adversaire y compris supposé plus faible.

Il faudra en effet se qualifier pour les phases finales et gagner ensuite jusqu’à la fin. En outre ,psychologiquement il n’est pas bon d’être favorites pour les équipes de France. D’abord parce que certains dans l’équipe commencent à avoir le melon, ensuite parce que cette fragilité psychologique est typique de la mentalité française dans tous les sports.

« Je pense que l’équipe de France n’est pas la ‘prétendue’ favorite, elle est favorite. L’équipe de France aujourd’hui est au-dessus de tout le monde, à la fois par ses individualités, et le nombre de joueurs qui peuvent jouer en équipe nationale. »

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