Archive mensuelle de juin 2021

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Covid Russie : emballement

  • Covid  Russie : emballement
  • La Russie connaît un emballement de la progression du virus  sous l’effet notamment du variant Delta. En outre les objectifs de vaccination sont loin d’être à la hauteur des promesses politiques.
  • 134.545 morts depuis le début de la pandémie, ce qui en fait le pays européen le plus endeuillé. La Russie ne parviendra par ailleurs pas à vacciner 60% de sa population à l’automne contre le Covid, a admis le Kremlin, enterrant cet objectif au moment où le pays enregistrait mardi son plus lourd bilan quotidien de décès. «Il est évident qu’on n’atteindra pas les 60%», a dit le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en référence au but fixé au printemps par Vladimir Poutine.

Cet objectif n’a en réalité jamais semblé atteignable, la méfiance des Russes à l’égard des vaccins produits dans le pays, notamment le Spoutnik V, étant telle que depuis décembre seuls environ 16% de la population a reçu au moins une injection.

Covid France : attention à la reprise du variant Delta

Covid France : attention à la reprise du variant Delta

 

Globalement la situation continue de s’améliorer mais la progression du variant Delta (variant indien ) inquiète ; il représente déjà 20 % des nouveaux cas en France et de leur de 60 % dans le monde.

. Ce mardi, 8627 patients souffrants du Covid-19 étaient hospitalisés en France, contre 8846 lundi. Parmi elles, 134 personnes sont entrées à l’hôpital lors des dernières 24 heures.

La décrue se poursuit également dans les services de réanimation. 1250 patients se trouvaient en soins intensifs ce mardi, contre 1304 la veille. 29 ont été admises lors des dernières 24 heures. 28 personnes sont également mortes à l’hôpital, portant le bilan depuis le début de la pandémie à 84.584 morts dans les hôpitaux français. 2314 nouveaux cas ont également été détectés en 24 heures, contre 509 lundi.

Le cap des 50% de la population générale ayant reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 a été atteint ce mardi. La moitié de la population générale a donc reçu au moins une injection, soit un peu plus de 33,53 millions de personnes, selon les derniers chiffres du ministère de Santé Publique France.

Le variant Delta, qui fait des ravages en Russie, progresse en France et représente déjà «20% des nouveaux cas» de Covid-19, le double de la semaine précédente. «On peut y échapper» avec la vaccination et un traçage serré, a toutefois assuré mardi le ministre de la Santé Olivier Véran.

Paludisme: la disparition enfin en Chine

Paludisme: la disparition enfin en Chine

 

Cette terrible maladie qui fait de leur de 400 000 morts environ parents essentiellement en Afrique semble avoir été complètement vaincu en Chine qui n’a pas enregistré de cas ces dernières années. Heureusement un traitement est en cours d’expérimentation et pourrait être opérationnel dans les deux à trois ans à venir. Un candidat vaccin a démontré une efficacité jusqu’ici inégalée de 77% lors d’essais en Afrique a annoncé fin avril l’université d’Oxford, son développeur. Ce sérum pourrait être approuvé dans les deux ans.

La Chine est le 40e territoire à obtenir cette validation de la part de l’OMS, basée à Genève. Les derniers en date étaient le Salvador (2021), l’Algérie et l’Argentine (2019) et le Paraguay et l’Ouzbékistan (2018). Et une liste distincte précise les 61 pays où le paludisme -appelé aussi malaria – n’a jamais sévi ou a disparu sans mesure spécifique. La Chine est le premier pays de la région du Pacifique occidental dans la nomenclature de l’OMS à recevoir cette certification en plus de trente ans. Seuls trois pays en bénéficiaient jusqu’à présent: Australie (1981), Singapour (1982) et Bruneï (1987).

Dans son rapport 2020 sur le paludisme dans le monde publié en novembre, l’Organisation a constaté que les progrès dans la lutte contre la maladie stagnaient, en particulier dans les pays africains qui affichent les bilans les plus lourds en termes de contaminations et de décès. Après un recul régulier depuis 2000, quand la maladie faisait 736.000 morts, le nombre de décès a été estimé à 411.000 en 2018 et à 409.000 en 2019. Plus de 90% surviennent en Afrique et concernent en grande majorité de jeunes enfants (265.000). En 2019, il y a eu 229 millions de cas de paludisme, un niveau qui se maintient depuis quatre ans.

Sondage popularité : Castex gagne 1 point !

Sondage popularité : Castex gagne 1 point !

 

Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match ( comme le JDD propriété également de Lagardère qui soutient à bout de bras Macron et réciproquement ), le Premier ministre aurait gagné 1 % ! Un premier ministre qui aurait un soutien de 40 % dans l’opinion ! Première observation un point en plus plus n’a aucune signification statistique puisque la marge d’erreur des sondages peut aller jusqu’à trois..Reste que cela permet d’afficher un résultat flatteur pour le pouvoir. On se demande bien par quel miracle Castex a pu encore progresser dans l’opinion. Notons que les sondages effectués à la demande de Paris-Match et du JDD sont d’une manière générale très favorable au pouvoir. Et cela ne risque pas de changer quand le groupe Lagardère sera dépecé au profit de Bolloré !

D’après le même sondage le président de la république perdrait 1 %, ce qui n’a pas non plus une grande signification mais Paris-Match n’en fait pas un titre COMME POUR LE PREMIER MINISTRE.

La cote de popularité du président de la République oscille autour de ce niveau depuis janvier, avec un infléchissement à 39% d’approbation en mars. Le chef de l’Etat baisse fortement en juin chez les 35-49 ans (34%, -10 points), compensée notamment par une hausse chez les plus de 65 ans (42%, +6 points).

Le premier ministre oscille, lui, autour de 40% d’approbation depuis novembre, avec cependant une baisse à 36% en mars. Le chef du gouvernement a perdu en juin en popularité auprès des sympathisants de La République en marche (83%, -5 points) mais a progressé auprès des partisans du Rassemblement national (26%, +6 points). Les Français désapprouvent à 59% l’action d’Emmanuel Macron et à 60% l’action de Jean Castex, d’après ce sondage.

Enquête réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 24 au 25 juin 2021, auprès d’un échantillon de 1006 personnes, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur de 1,4 à 3,1 points.

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

Information du journal le « Monde »: Les meilleurs distributeurs automatiques de croquettes pour chiens et chats !

Information du journal  le « Monde »:  Les meilleurs distributeurs automatiques de croquettes pour chiens et chats !

 

Le très sérieux journal Le Monde consacre un très long article aux vertus comparées des distributeurs automatiques de croquettes pour chien et chat. Un article sans doute intéressant pour les  amis des animaux mais qui peut-être s’éloigne un peu de la ligne éditoriale traditionnelle de ce journal. Le problème c’est que le Monde comme la plupart des médias subit une crise économique et du coup qu’il convient de faire preuve d’un peu de complaisance quant aux dérives thématiques.

Il n’est guère étonnant que globalement la totalité de la presse écrite connaisse une crise structurelle d’ampleur depuis des années caractérisées notamment par une baisse du lectorat. D’un certain point de vue d’ailleurs ces grands médias ont aussi une part de responsabilité dans l’écart de plus en plus important constaté entre le système politique, les lecteurs, le consommateur ou le citoyen.

Les journaux sont d’ailleurs davantage une espèce de conglomérat d’informations sans grande cohérence entre elles qui fait l’impasse sur souvent l’aspect systémique et complexe qu’il est relie. L’information d’un jour est dévorée par l’information tout aussi succincte du lendemain. Le plus souvent d’ailleurs dans d’autres journaux, on se contente tout simplement de reprendre bêtement les dépêches d’agences, d’institutions officielles, du gouvernement ou des lobbys. Et cela sans autre approfondissement et mise en valeur des enjeux.

Pour les chats et les chiens en tout cas le Monde  aura apporté une contribution sans doute historique à la manière de nourrir nos petits amis sans parler des progrès technologiques qui affectent aussi le mode de distribution des repas.

 

Exemple d’information: 

« Ce distributeur en forme de soucoupe comprend cinq sections programmables pour distribuer des croquettes à n’importe quelle heure de la journée. Il est plus précis que les autres types de distributeurs automatiques et votre animal aura du mal à le renverser. »

Pas de quoi non plus renverser le lecteur mais le Monde  semble aussi avoir renoncé à traiter des thèmes un peu plus fondamentaux, plus complexes mais plus clivants. Avec les chiens et les chats, on évite sans doute le clivage gauche droite, écolo et productiviste, universaliste et woke !

Le mirage Facebook à plus de 1.000 milliards de capitalisation

Le mirage Facebook à plus de  1.000 milliards de capitalisation 

Facebook vient de franchir les 1000 milliards de capitalisations. Un phénomène assez extraordinaire car la vérité c’est que Facebook contrairement à d’autres GAFA  ne produit pas grand-chose. C’est évidemment différent par exemple pour Microsoft , Apple ou même Amazon qui offrent un réel service, une réelle production et une vraie technicité. Le miracle de Facebook, c’est que cette production est surtout fournie par les utilisateurs et pour 80 % d’entre eux repose sur des selfies  et des commentaires totalement idiots! Bref la technologie au service de la bêtise et de l’inutilité.

Et pourtant ça marche évidemment puisque c’est surtout grâce aux recettes publicitaires que Facebook s’engraisse via l’échange d’informations insignifiantes des utilisateurs ( Aussi sur la revente de données personnelles). On objectera que Facebook offre aussi d’autres services et qu’il peut être utile parfois pour des échanges d’informations intéressantes et pertinentes mais c’est très marginal.

La cote de Facebook a ainsi encore bondi de 4,4 % quelques instants après l’annonce par un juge fédéral américain du rejet de deux plaintes déposées en 2020 par l’autorité américaine de la concurrence et les procureurs généraux de nombreux Etats américains accusant Facebook de pratiques anticoncurrentielles.

Depuis le début de l’année, les actions de la firme de Mark Zuckerberg ont progressé de 29 %, tirant profit de la pandémie de Covid-19, qui a accru la dépendance du public envers les applications de Facebook pour rester en contact avec son entourage personnel et professionnel. Un phénomène qui a entraîné une croissance régulière du nombre d’utilisateurs et une forte demande de publicités numériques.

En dépassant ce cap, Facebook rejoint un club très fermé, près de trois ans après qu’Apple est devenu la première entreprise à franchir ce palier des 1.000 milliards de dollars. Depuis, seules Microsoft, Amazon et la maison mère de Google, Alphabet, avaient réussi cette performance. Si Facebook est donc le dernier des GAFAM à rejoindre ce club, elle est l’entreprise la plus jeune à avoir atteint ce niveau, après seulement 17 ans d’existence.Mais elle pourrait aussi être l’entreprise la plus récente à s’écrouler tellement sa production repose sur du vent.

 

Covid France: Toujours la décrue

Covid France: Toujours la décrue

 

Les soins critiques, réservés aux malades les plus gravement atteints, comptaient 1.304 patients lundi contre 1.345 dimanche et 1.655 il y a une semaine.

Cet indicateur n’a jamais été aussi bas depuis le 3 octobre. 41 patients ont été admis dans ces services en 24 heures.

Au total, les hôpitaux accueillaient 8.846 personnes avec un diagnostic Covid-10, contre 8.986 la veille et quelque 31.000 mi-avril, au pic de la troisième vague.

Les services hospitaliers ont comptabilisé l’arrivée de 176 patients en 24 heures.

 44 personnes sont décédés en 24 heures (40 le lundi précédent).

Le bilan atteint désormais 111.041 décès depuis le début de l’épidémie, début 2020.

Depuis la veille, 509 cas de Covid ont été enregistrés avec un taux de positivité stable depuis quelques jours, à 0,8%.

Du côté de la vaccination, presque la moitié de la population (49,7%, 33.514.605 personnes) a reçu au moins une injection et près d’un tiers (32,2%, soit 21.735.972 personnes) est complètement vacciné (soit avec deux doses, soit avec une seule pour ceux qui avaient déjà eu le Covid ou ont reçu le vaccin Janssen).

SNCF : une nouvelle grève pour finir de tuer l’entreprise ?

SNCF : une nouvelle grève pour finir de  tuer  l’entreprise ?

La SNCF qui a perdu à peu près la moitié de son trafic en 2020 se trouve dans une situation financière encore plus dramatique que précédemment complètement asphyxiée par sa situation financière. Et pourtant le rituel des grèves recommence dans une société où la gréviculture fait partie intégrante des gènes du corps social. Complètement repliés le plus souvent sur l’environnement socio-économique, les cheminots en tout cas les plus extrémistes parviennent à se persuader qu’ils sont défavorisés. Une situation un peu surréaliste quand on compare effectivement avec les salariés de secteurs comparables notamment dans les transports.

Certes, certaines catégories ont pu subir quelques conséquences de la crise du vide mais seulement sur des rémunérations accessoires.Dans beaucoup de branches ce ne sont pas seulement des rémunérations accessoires qui ont été perdues mais plus cruellement l’emploi. Faut-il rappeler aux cheminots par exemple qu’un conducteur routier travail à peu près le double d’un conducteur SNCF pour la moitié du salaire. On objectera qu’il faut harmoniser les conditions sociales. Sans doute mais il y a des limites quand la concurrence est internationale puisque plus de la moitié du parc qui circule en France est d’origine étrangère pour les poids-lourds. Souvent d’ailleurs des pavillons de complaisance qui permettent d’échapper aux règles fiscales et sociales nationales.

 

Les syndicats voudraient finir de tuer l’entreprise qu’il ne s’y prendrait pas autrement. En effet ,il faudra un état encore bien complaisant chez les trous financiers énormes non seulement liés aux pertes conjoncturelles du fait  de la crise sanitaire mais encore davantage aux faiblesses structurelles de l’entreprise et à son incapacité à s’adapter à son environnement concurrentiel.

 

Doctolib vend des données au privé

Doctolib vend des données au privé

Incapable de mettre au point un logiciel permettant de prendre rendez-vous pour la vaccination, l’administration française en particulier a notamment sous-traité à doctolib cette tâche très rémunératrice .  Sur les énormes effectifs de la sécu y compris dans le domaine numérique.  Doctolib en profite pour revendre à des Allemands une partie de ces informations ( l’Allemagne possède un fort secteur pharmaceutiqueTrès intéressé par ces données)

Selon une étude publiée le 21 juin par le site allemand Mobilsicher, spécialiste des questions de confidentialité des données numériques, Doctolib a transmis des informations sur les activités de ses utilisateurs à Facebook et la firme de e-marketing Outbrain.

Ces informations, transmises sous forme d’URL, contenaient notamment la retranscription des recherches effectuées par les utilisateurs allemands sur la plateforme. Pouvaient apparaître la spécialité médicale recherchée (neurologue, psychologue, etc.), mais aussi l’adresse IP – le numéro d’identification unique – de l’appareil utilisé.

« Les informations transmises peuvent donc difficilement être considérées comme anonymes », estime Mobilsicher, qui souligne que « les informations sur les rendez-vous effectivement pris n’étaient pas enregistrées ».

Nouvelles technologies–La nouvelle guerre entre Apple et Microsoft

Nouvelles technologies–La nouvelle guerre entre Apple et Microsoft

par Tim Higgins  Dans le Wall Street Journal

 

Un nouveau choc des titans de la tech se profile, alors qu’Apple et Microsoft sont en train de raviver une querelle qui remonte aux premiers jours de l’ère des ordinateurs personnels.

Les cofondateurs des deux entreprises, Steve Jobs chez Apple et Bill Gates chez Microsoft, se sont affrontés au début de leur histoire, avant d’enterrer la hache de guerre. Ces derniers mois, les deux sociétés ont ressorti les armes, lors d’une escarmouche qui a mis en émoi leurs clients et d’autres entreprises de la tech.

Apple, lors de son conflit juridique avec Epic Games, a accusé Microsoft de tirer les ficelles dans l’affaire impliquant le développeur de jeux vidéo. Epic Games a attaqué le fabricant de l’iPhone pour pratiques anticoncurrentielles, alors que Microsoft reprochait à ce dernier de restreindre ses possibilités d’atteindre des clients via son propre service dédié aux jeux vidéo.

Jeudi, lors du lancement de Windows 11, le président-directeur général de Microsoft, Satya Nadella, a fait ce qui a largement été perçu comme une pique à Apple et au contrôle qu’il exerce sur l’App Store de son iPhone, sans toutefois mentionner directement son rival. Les deux entreprises placent actuellement leurs pions en vue de la bataille imminente qui se prépare sur le marché de la réalité augmentée et virtuelle, considérée comme la prochaine évolution majeure de l’informatique.

« Le monde a besoin d’une plateforme plus ouverte, qui permette aux applications de devenir des plateformes à part entière », a asséné M. Nadella jeudi dernier lors de l’événement qui se tenait sous forme virtuelle.

Apple justifie le contrôle strict qu’il exerce sur son App Store en affirmant qu’il offre à ses utilisateurs une meilleure protection de leur vie privée et une cybersécurité accrue. D’autres entreprises, dont Facebook et Epic Games, affirment que la société exerce de manière inéquitable son pouvoir de contrôle sur un accès à plus d’un milliard d’utilisateurs d’iPhone.

M. Nadella présente Microsoft comme le défenseur des développeurs et un bon partenaire pour eux. La société s’est par exemple associée à Amazon, pour proposer aux utilisateurs de Windows 11 de télécharger les versions Android (le système de Google) des applications du géant du commerce électronique, alors qu’Apple a renforcé le verrouillage de ses appareils et de ses applications.

Il s’agit d’une certaine manière d’une inversion des rôles. Dans le passé, Apple était considéré comme le petit chouchou des créateurs de contenu, qui luttait contre un monopole aux méthodes musclées.

Fondés au milieu des années 1970, Apple et Microsoft sont les plus anciens géants de la tech moderne. Jeunes, MM. Jobs et Gates se sont disputés pendant des années. A une époque, M. Jobs a accusé Microsoft de voler les idées d’Apple et de proposer un produit mal conçu. Ils ont publiquement conclu une trêve aux alentours de 1997, peu après le retour de M. Jobs à la tête de l’entreprise qu’il avait contribué à créer. Cette année-là, M. Gates a investi 150 millions de dollars dans Apple, ce qui a permis d’injecter les liquidités dont M. Jobs avait cruellement besoin pour écrire son deuxième acte à la tête de la société.

Depuis, les passes d’armes entre les deux entreprises se sont, à l’occasion, poursuivies. Apple a par exemple diffusé des spots télévisés se moquant des utilisateurs de PC, ce qui a poussé Microsoft à lancer une contre-campagne.

A un moment, M. Jobs a estimé que cette rivalité était devenue malsaine. « Si le jeu était un jeu à somme nulle, où pour qu’Apple gagne, Microsoft devait perdre, alors Apple allait perdre », analysait-il ainsi au cours d’une interview conjointe avec M. Gates lors d’une conférence du Wall Street Journal en 2009, à une époque où le géant des logiciels était beaucoup plus important. « Nous avons essayé d’arranger les choses », déclarait alors M. Jobs.

Jusqu’à récemment, la nouvelle génération de dirigeants des deux entreprises semblait désireuse de préserver publiquement la paix. Tim Cook a succédé à M. Jobs chez Apple en 2011, et M. Nadella est devenu le PDG de Microsoft en 2014. L’une des premières grandes mesures prises publiquement par M. Nadella a été d’intégrer les applications de bureautique Office développées par son entreprise sur l’iPad, la tablette d’Apple.

« Microsoft et Apple sont souvent passés d’ennemis acharnés à meilleurs ennemis, il y a eu une succession de hauts et de bas », détaille Patrick Moorhead, président de la société technologique Moor Insights & Strategy. « Désormais, ils sont à nouveau ennemis. »

Aujourd’hui, les deux adversaires sont devenus les deux grandes superpuissances du monde des affaires aux Etats-Unis. Elles sont les deux seules sociétés américaines à être évaluées à au moins 2 000 milliards de dollars. Elles emploient toutes deux plus de 140 000 personnes et leur chiffre d’affaires annuel combiné dépasse les 400 milliards de dollars.

Le pouvoir de contrôle qu’Apple exerce sur ce qui est mis sur l’iPhone et par qui est au cœur du conflit actuel. Microsoft n’hésite pas à critiquer ces restrictions, qu’il considère comme un obstacle à la croissance de ses activités dans les jeux vidéo, en plein essor.

Cette année, Microsoft a soutenu le créateur de jeux vidéo Epic Games lorsqu’il a intenté un procès à Apple pour pratiques anticoncurrentielles. Des allégations que la société de Cupertino (Californie) réfute. Apple prélève jusqu’à 30 % sur les transactions réalisées sur les applications lorsqu’elles sont téléchargées via l’App Store.

Epic Games a demandé la comparution de Lori Wright, vice-présidente du développement commercial de Microsoft pour les jeux, les médias et le divertissement, afin qu’elle décrive sa tentative avortée d’introduire sur l’App Store d’Apple un service de streaming comportant un bouquet de jeux vidéo appelé Game Pass Ultimate. Selon elle, Apple a traité ce produit Microsoft différemment des services de streaming fournis par d’autres sociétés, par exemple Netflix.

Dans un mémoire déposé devant les tribunaux, Apple a tenté de discréditer le témoignage de Lori Wright, et de semer le doute sur les motivations d’autres témoins cités par Epic, laissant entendre que Microsoft tirait les ficelles de cette action en justice.

« Un observateur raisonnable pourrait se demander si Epic ne sert pas de cheval de Troie à Microsoft », a ainsi indiqué Apple dans un document transmis au tribunal. « Pourtant, Microsoft s’est protégé de toute exposition significative dans ce litige en n’apparaissant pas comme une partie ou en n’envoyant pas de représentant de l’entreprise pour témoigner. »

Un juge devrait se prononcer sur l’ensemble de l’affaire dans les semaines à venir.

Si Microsoft a indiqué réduire la commission qu’il prélevait sur le contenu vendu sur sa nouvelle boutique d’applications, la société continuera à prendre 30 % sur les jeux achetés sur sa console Xbox.

Apple et Microsoft sont tous deux en conflit avec d’autres entreprises. Apple est en désaccord avec Facebook sur le suivi des données des utilisateurs, tandis que Microsoft est en conflit avec le service cloud d’Amazon et des sociétés telles que Zoom et Slack.

Mais aucun de ces litiges n’a la même résonance historique.

Les choses s’accélèrent également car Apple et Microsoft se préparent à conquérir le marché encore émergent de la réalité augmentée, qui consiste à superposer des informations numériques au monde réel. Microsoft vend déjà son casque HoloLens, et Apple devrait dévoiler son dispositif dès l’année prochaine.

« Nous partons du principe que [ce marché] sera ouvert », déclare Alex Kipman, Microsoft Technical Fellow. « Ce ne sera pas : “vous devez passer par notre magasin d’applications et payer une taxe”, a-t-il affirmé le mois dernier dans le cadre du festival The Future of Everything organisé par The Wall Street Journal.

Les responsables du secteur s’attendent à ce qu’Apple transpose les règles de son App Store dans le monde virtuel. Apple n’a pas fait de commentaires sur ses projets.

« C’est définitivement en train de chauffer », résume Gene Munster, un observateur expérimenté des deux entreprises, qui est directeur associé de Loup Ventures, une société de capital-risque spécialisée dans la recherche technologique. « La réalité augmentée est vraiment importante, et c’est la prochaine opportunité pour Microsoft de repasser en mode croissance… et Apple, lui, veut évidemment défendre son territoire dans le domaine du mobile. »

Traduit à partir de la version originale en anglais

Le duel Macron Le Pen bousculé par les régionales

Le duel Macron Le Pen bousculé par les régionales

par Gilles Savary dans l’Opinion. 

L’équation politique d’Emmanuel Macron s’est compliquée à l’occasion des élections régionales. Ce sont précisément les formations des deux favoris pour la finale de la présidentielle de l’an prochain qui ont subi les revers les plus spectaculaires.

Pour ce qui concerne le RN, c’est une alerte sans précédent sur la mobilisation de son électorat, que l’on pouvait penser animé d’une combativité à toute épreuve après des décennies d’une progression électorale opiniâtre et constante. La majorité présidentielle touche les dividendes de sa stratégie de clarté en Paca, mais confirme l’attrition considérable de son périmètre électoral par rapport à la présidentielle de 2017.

On objectera que des circonstances sanitaires exceptionnelles ont plombé ces élections intermédiaires, qui ont confirmé tous les sortants de 2015 plutôt que leurs partis politiques. Pour autant, toute élection crée du sens et s’imprime dans le paysage politique, même au rabais de la participation électorale. En tout cas, l’échantillon des votants, fût-il très incomplet, est toujours plus significatif que celui d’un sondage.

Ce n’est pas tant la prime aux sortants qui constitue la surprise de ces élections, que la renaissance de LR et surtout la manière dont Xavier Bertrand s’est imposé dans le jeu présidentiel de l’an prochain, avec le concours d’une stratégie erronée de la majorité. Cinq années d’efforts de fracturation de la droite s’en trouvent compromises.

Le président du groupe macroniste au Sénat, François Patriat, a raison de relever que la présidentielle 2022 sera un tout autre match que ces élections territoriales, mais les actes de foi ne doivent pas dispenser de lucidité. Après les municipales de l’an dernier, ces élections régionales et départementales ont, à dix mois de la présidentielle, validé la stratégie de repolarisation de la vie politique française poursuivie par les partis de droite comme de gauche, en refusant obstinément – sauf en Paca au prix d’une crise de nerfs – toute alliance avec la majorité présidentielle.

C’est surtout un tout autre match que la finale annoncée Macron-Le Pen que ces élections réintroduisent. Pour le confirmer, il reste à la droite ressuscitée à se choisir un candidat unique, dans un contexte de droitisation du pays qui peut exacerber les ambitions de l’excès de présidentiables dont elle se trouve subitement dotée.

« Tout sauf Macron ». L’alternative qui s’offre à la gauche, entre une multiplication de candidatures de témoignage et une union baroque qui confirme en Pays de la Loire et en Ile-de-France qu’elle ne s’additionne pas, ne règle pas son problème de qualification pour le second tour, mais sa stratégie du « tout sauf Macron » lui permet d’envisager de retrouver une bonne part de ses électorats au premier tour.

Nonobstant les sondages qui placent le Président à des niveaux de popularité et de satisfaction très supérieurs à ceux de Hollande en 2016 et de Sarkozy en 2011, ces élections territoriales déplacent l’enjeu de l’élection présidentielle sur le premier tour. Jamais un président sortant ne l’abordera avec un parti aussi faible qu’Emmanuel Macron, s’il se représente. Mais ces élections ont aussi confirmé que la société politique était devenue très minoritaire au sein de la société française.

Cette situation n’est sans doute pas pour déplaire à Emmanuel Macron, mais elle n’est pas sans péril et interroge surtout la majorité parlementaire qu’il sera en mesure de fédérer autour de lui. Une chose est sûre : Macron 2 ne sera pas la réplique de Macron 1.

Gilles Savary est ancien député PS de Gironde et délégué général de Territoires de progrès.

Croissance États-Unis : la reprise grâce à l’investissement

Croissance États-Unis : la reprise grâce à l’investissement

Un article de Sarah Chaney Cambon Dans le Wall Street Journal

Aux Etats-Unis, l’investissement s’impose peu à peu comme un élément phare de la reprise.

Ordinateurs, machines, logiciels : de plus en plus confiantes en l’avenir, les entreprises multiplient les achats.

Au premier trimestre, portées par les logiciels et les équipements technologiques, les dépenses non résidentielles en actifs fixes, qui permettent d’apprécier les dépenses des entreprises, ont progressé de 11,7 % sur un an en données corrigées des variations saisonnières, selon le département du Commerce. Après s’être effondré en raison des confinements, l’investissement avait déjà enregistré une hausse à deux chiffres au troisième et au quatrième trimestre 2020. Il a désormais dépassé le niveau qu’il atteignait avant la pandémie.

Les commandes de biens d’équipement hors défense et hors avions, qui permettent aussi de voir comment évolue l’investissement, frôlent leur plus haut niveau depuis le lancement de cette série statistique dans les années 1990, révèle une autre publication du département du Commerce.

« L’investissement des entreprises a été un moteur important de la reprise économique américaine », analyse Robert Rosener, économiste senior spécialiste des Etats-Unis chez Morgan Stanely. Pour nous, c’est sans conteste un point positif pour l’avenir. »

Les dépenses des ménages, qui représentent environ deux tiers de l’activité économique, portent le début de la reprise. Profitant de leur épargne et des aides publiques, les Américains ont acheté des biens et des services, ce qu’ils n’avaient pas réellement pu faire pendant la pandémie.

Pour que cette reprise se poursuive une fois que l’impulsion donnée par la relance budgétaire et la réouverture des magasins s’estompera, il faut que l’investissement prenne le relais, estiment certains économistes.

De fait, plus d’investissement, c’est plus de croissance, mais aussi plus de productivité, c’est-à-dire de production par heure travaillée. Cette variable, qui n’avait connu qu’une hausse poussive lors de la dernière expansion économique, semble cette fois-ci rebondir.

Le rebond de l’investissement semble bien plus net que celui qui avait suivi la récession de 2007-2009. « Les événements, surtout fin 2008 et début 2009, ont beaucoup fait souffrir les entreprises, souligne Phil Suttle, fondateur de Suttle Economics. Pour moi, beaucoup d’entre elles se sont dit qu’il valait mieux être prudentes pendant un certain temps. »

Aujourd’hui, le risque semble leur faire moins peur.

Après la crise financière, les entreprises se sont développées en recrutant des salariés plutôt qu’en investissant dans du matériel : abondante et relativement bon marché, la main-d’œuvre était plus intéressante que le capital fixe. Aujourd’hui, les travailleurs se font plus rares. Les entreprises augmentent les salaires pour attirer les talents et il leur semble donc plus pertinent d’investir.

Selon les économistes de Morgan Stanley, l’investissement devrait atteindre 116 % de son niveau d’avant-récession d’ici trois ans. A titre de comparaison, il lui avait fallu dix ans pour y arriver après la crise de 2007-2009.

De fait, les chefs d’entreprise sont de plus en plus optimistes pour l’économie. L’indice Business Roundtable des perspectives économiques, qui traduit les projets des grandes entreprises en matière de recrutement et de dépenses et leurs prévisions commerciales, a progressé de 9 points au deuxième trimestre, à 116, frôlant son record de 2018, révèle l’enquête réalisée entre le 25 mai et le 9 juin. Au deuxième trimestre, 59 % des entreprises disaient vouloir augmenter leurs investissements, contre 57 % au premier.

« La demande liée à la réouverture est vraiment forte et l’investissement s’inscrit souvent dans cette dynamique », affirme Joe Song, économiste senior spécialiste des Etats-Unis chez BofA Securities.

Selon lui, la confiance et l’investissement devraient aussi profiter d’une moindre incertitude quant aux relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. « A tout le moins, les entreprises comprendront la stratégie que l’administration Biden essaie de suivre et pourront s’organiser en fonction », explique-t-il.

Une partie du rebond de l’investissement est liée au manque de matières premières auquel beaucoup d’industriels ont été confrontés ces derniers mois.

« Le problème des goulets d’étranglement logistiques que l’on observe aujourd’hui, c’est l’accumulation des commandes », souligne Robert Rosener, qui ajoute que cette accumulation a dopé l’activité industrielle.

La demande en biens manufacturés a augmenté en mai et les stocks sont tombés à un point bas historique, d’après l’enquête de l’Institute for Supply Management (ISM).

Le secteur secondaire est très gourmand en capital : il faut un investissement bien plus important pour fabriquer une voiture que pour servir un repas au restaurant, explique Robert Rosener. D’après lui, la production devrait rester dynamique pendant plusieurs trimestres encore puisque les entreprises reconstituent leurs stocks.

Et, même à plus long terme, les perspectives de l’investissement sont radieuses. Bien que l’incertitude économique ait tendance à dissuader les entreprises d’investir, un événement comme la Covid-19 les encourage à le faire. La pandémie a obligé les entreprises à limiter les contacts entre consommateurs et salariés, ce qui les a poussées à investir dans des technologies numériques qui permettent d’augmenter la productivité, une tendance que beaucoup d’économistes considèrent comme durable.

« Le secteur des services, tous segments confondus, utilise beaucoup la technologie, souligne Phil Suttle. Et c’est forcément difficile à faire sans acheter davantage. »

Écosse : pour un référendum sur l’indépendance

Écosse : pour un référendum sur l’indépendance

Angus Robertson, membre du gouvernement écossais, rappelle que l’Ecosse a voté pour le maintien dans l’Union européenne et qu’elle a beaucoup à gagner à en être membre de plein droit ( dans l’Opinion)

 

 

A l’occasion du cinquième anniversaire du référendum sur la sortie de l’UE, le gouvernement écossais vient de publier un rapport faisant état d’une chute de 19 % des exportations britanniques vers l’UE sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2018, contre une baisse de 4 % pour les exportations vers les autres pays du monde. Selon les auteurs, cette différence entre les deux est due au Brexit.

Angus Robertson est ministre écossais pour la Constitution, les Affaires extérieures et la Culture.

Où en est la procédure d’attribution du statut de résident aux ressortissants européens en Ecosse à l’approche de la date limite du 30 juin ?

Le gouvernement écossais ne croit pas que les citoyens européens vivant en Ecosse devraient être obligés de demander une autorisation pour y rester. Néanmoins, le gouvernement britannique ayant maintenu ce dispositif, nous faisons tout pour les encourager à déposer leurs dossiers. Nous exhortons le gouvernement britannique à rattraper au plus vite le retard pris dans le traitement des demandes. Il est très inquiétant que des centaines de milliers de demandes — dont beaucoup proviennent de citoyens désirant vivre en Ecosse — attendent encore d’être traitées par le ministère de l’Intérieur. Il est inacceptable que les Européens ayant laissé passer la date limite du 30 juin deviennent des résidents illégaux au Royaume-Uni et nous avons demandé au gouvernement de repousser la deadline. Depuis le référendum, les citoyens européens ont été contraints de vivre dans une incertitude inacceptable quant à la manière dont le Brexit affecterait leurs vies et celle de leurs familles. Le gouvernement doit revoir son dispositif pour leur offrir beaucoup plus d’assurances.

Quelle est la position écossaise sur le différend sur la pêche entre Royaume-Uni et l’UE ?

Le gouvernement britannique a utilisé le Brexit pour faire des promesses aux pêcheurs écossais qu’il n’a pas pu tenir. Sur certains points cruciaux, l’accord négocié par Boris Johnson offre moins d’opportunités en matière de pêche à l’Ecosse que la politique commune. Pour notre part, nous privilégierons toujours la coopération au conflit dans les relations avec l’UE. L’accord du 11 juin sur les possibilités de pêche engage les deux parties à continuer à coopérer via le comité spécial sur la pêche pour travailler ensemble sur une variété de questions de gestion. Ce fut une négociation complexe et difficile, mais les deux parties ont travaillé d’une manière proactive et coopérative.

« Il est important de rappeler que le Royaume-Uni a été conçu comme une union volontaire de pays »

Que pensez-vous de la polémique sur le protocole nord-irlandais qui pourrait concerner l’Ecosse si elle devenait indépendante ?

S’il y a eu des discussions très avancées ces derniers jours, nous demeurons très inquiets sur les tensions persistantes entre le gouvernement britannique et l’UE autour du protocole nord-irlandais. Nous voulons que le dialogue continue via des voies formelles et qu’un accord soit trouvé pour permettre à tous d’avancer. Nous invitons aussi le gouvernement britannique à éviter le recours à une rhétorique de confrontation qui pourrait avoir des implications néfastes pour les relations au sens large entre le Royaume-Uni et l’UE, ainsi que sur le niveau de confiance entre eux. Quant à l’indépendance, nous nous assurerons que les Ecossais disposent des informations dont ils ont besoin pour faire un choix en toute connaissance de cause avant la tenue d’un futur référendum. Mais les gens en Ecosse ont voté pour rester au sein de l’Union européenne et nous avons beaucoup à apporter et à gagner en faisant partie de l’UE comme Etat membre de plein droit.

Quand espérez-vous organiser un référendum sur l’indépendance ?

Le gouvernement écossais s’est engagé à tenir un référendum dans un cadre légal et accepté comme légitime au Royaume-Uni comme à l’étranger. Notre priorité aujourd’hui est de lutter contre la pandémie mais, quand la crise sera passée, le peuple en Ecosse aura le droit de décider de son propre avenir. Il est important de rappeler que le Royaume-Uni a été conçu comme une union volontaire de pays et le Brexit a amené beaucoup de gens en Ecosse à envisager la meilleure forme de gouvernement répondant le mieux à leurs besoins.

La répression idiote contre les républicains catalans

La répression idiote contre les républicains catalans

 41 responsables politiques et fonctionnaires catalans seront dépossédés de leurs patrimoines, salaires, et retraites;  Une situation dénoncée par Daniel Camos dans l’Opinion 

 

 

Ce 29 juin, alors que le président espagnol Pedro Sanchez rencontrera le président catalan Pere Aragonès pour reprendre un dialogue autour du conflit territorial entre l’Espagne et la Catalogne, 41 responsables politiques et fonctionnaires catalans seront dépossédés de leurs patrimoines, salaires, et retraites, c’est-à-dire conduit à une ruine économique. Sur quelle base ? Présomption de culpabilité. Réconciliation nous disait-on ? Non, plus de répression.

Le Tribunal de Cuentas espagnol (Cour des comptes) leur demandera de payer entre 5 et 20 millions d’euros pour un présumé mauvais usage des fonds destinés à l’action extérieure du gouvernement catalan entre 2011 et 2017. On accuse ces 41 citoyens d’avoir contribué à expliquer à l’étranger la nécessité d’un choix par les urnes sur le modèle territorial, ce que le cadre légal espagnol n’interdit pas. Concrètement, ce sont toutes les dépenses associées à des déplacements à l’étranger qui sont mises en cause. Par exemple, un voyage de coopération économique du président Artur Mas aux Etats-Unis en 2015. On lui demande de rembourser la totalité du coût de ce voyage car il a répondu à un journaliste qui s’intéressait à la situation politique en Espagne. Sont aussi mises en cause les dépenses associées à des conférences comme celle de Raül Romeva (ancien ministre de l’action extérieure) à Sciences Po Paris, le 25 septembre 2017. A ma connaissance, le représentant de l’ambassade espagnole qui avait expliqué la position de son gouvernement le même jour à Sciences Po n’a pas encore été saisi par le tribunal. C’est une remise en cause de la liberté d’expression envers les républicains catalans, rien de nouveau au sud des Pyrénées.

Procédure perverse. Ces 41 accusés incluent le célèbre économiste Andreu Mas-Colell (ancien ministre de l’Economie), qui a reçu la semaine dernière un message public de solidarité de 33 prix Nobel de l’économie, dont les français Esther Duflo et Jean Tirole. Le fait qu’il ait quitté le gouvernement catalan en 2015, deux ans avant le référendum d’octobre 2017, n’intéresse pas ou peu ce tribunal. Deux des accusés sont mes prédécesseurs au poste de délégué du gouvernement de Catalogne en France. Pire encore, l’une de ces personnes est décédée en 2017 et c’est sa fille que l’on poursuit. Finalement, cette liste inclut une quinzaine de délégués d’autres pays, certains graciés par Sanchez comme Oriol Junqueras ou Raül Romeva, ou encore des exilés comme Carles Puigdemont.

Au-delà de la nature des accusations, la procédure est perverse : le tribunal communique aux accusés le montant dû et leur donne deux semaines pour déposer ce montant. S’ils ne sont pas capables de le faire, il les dessaisit de tous leurs biens, y compris domicile, comptes bancaires, salaire ou retraite au besoin. Ce n’est qu’après qu’ils pourront se défendre devant ce tribunal et qu’ils pourront faire appel. Mais, durant les années à venir et jusqu’à la fin du procès, ils sont ruinés.

« Le Tribunal de Cuentas est une administration non judiciaire totalement politisée et régulièrement accusée de népotisme »

Le Tribunal de Cuentas est une administration non judiciaire totalement politisée et régulièrement accusée de népotisme. Les douze conseillers sont nommés par le pouvoir législatif. Aujourd’hui, sept d’entre eux sont proches de la droite nationaliste espagnole, comme par exemple Margarita Mariscal de Gante, ancienne ministre du président José Maria Aznar, ou encore le frère de celui-ci. Selon le journal El Pais100 des 700 fonctionnaires travaillant dans cette administration entretiennent des liens de parenté, et la Cour suprême espagnole signale que cette administration a plus de fonctionnaires nommés par les partis politiques que de fonctionnaires « de carrière ».

Chant de sirènes. Le gouvernement Sanchez contribue à la ruine économique de ces 41 fonctionnaires catalans, en maintenant les accusations à travers le ministère public, alors qu’il parlait de réconciliation la semaine passée en ouvrant les portes des prisons. Sanchez ne semble pas avoir pris acte des demandes que le Conseil de l’Europe a adressées à l’Espagne le 21 juin à Strasbourg, et qui demandent d’aller bien plus loin qu’une grâce des responsables politiques emprisonnés. Les recommandations du Conseil de l’Europe demandent : 1) de réformer les délits de rébellion et sédition ; 2) de retirer les mandats d’arrêt envers ceux qui sont à l’étranger ; 3) de s’abstenir d’exiger des responsables politiques catalans qu’ils renient leurs opinions politiques ; 4) d’abandonner toute poursuite contre les fonctionnaires de rang inférieur.

Ces recommandations émanent d’un rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui s’attache aux poursuites à l’encontre des responsables politiques du fait des déclarations faites dans l’exercice de leurs mandats. Les deux pays concernés sont la Turquie et l’Espagne. Ce rapport, approuvé par les deux tiers des membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (y compris tous les députés socialistes, sauf les Espagnols) a reçu l’appui majoritaire de toutes les délégations sauf celles de l’Azerbaïdjan, de la Turquie, et de l’Espagne.

Il faut se féliciter du fait que le président Sanchez ait engagé, à travers la grâce des prisonniers politiques, une des mesures exigées par le Conseil de l’Europe. Mais il est nécessaire de rester vigilant pour qu’il mette en œuvre dans les plus brefs délais les autres recommandations, y compris l’abandon des poursuites contre les fonctionnaires à travers le Tribunal de Cuentas. Sans cela, l’appel à la réconciliation du président Sanchez ne s’apparentera qu’à un chant de sirènes et ne nous rapprochera pas de la solution démocratique dont la Catalogne, l’Espagne, et l’Europe ont besoin.

Daniel Camos est le délégué du gouvernement de Catalogne en France.

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