Quel front républicain ?

Quel front républicain ?

 

L’historien Gilles Candar retrace, dans une tribune au « Monde », l’histoire de la « défense républicaine » depuis ses origines, en 1885, et suggère de s’inspirer aujourd’hui de cette tradition en assumant les clivages existants, avec « clarté et simplicité ».

 

 Tribune

Les origines du « front républicain », lointaines, remontent au moins à 1885. La République semble alors solidement installée, détenant tous les pouvoirs institutionnels et étayée par de grandes lois fondatrices dans tous les domaines (liberté de la presse, de réunion, d’association syndicale, lois scolaires, autorisation du divorce…) après avoir triomphé aux élections en 1881. 

La crise politique, sociale et morale des années 1880 (difficultés économiques, chômage et misère, phylloxéra, scandales, etc.), l’union des oppositions de droite (royalistes et bonapartistes) provoquent la surprise du 4 octobre 1885. Au premier tour des élections législatives passent 176 conservateurs contre 127 républicains seulement. Il faut réagir dans l’urgence, et pour le second tour, deux semaines plus tard, les républicains de toutes les nuances s’unissent dans la plupart des départements.

Dans celui de la Seine, une même liste regroupe des républicains modérés et libéraux, des radicaux et des socialistes révolutionnaires, comme l’ancien communard Camélinat et le syndicaliste des ouvriers de la mine Basly. Nous ne sommes pourtant que quelques années après la Commune : beaucoup de sang a coulé, et il en coulera encore un peu entre ces hommes. Radicaux et modérés viennent de s’affronter durement (Ferry contre Clemenceau, à propos de la politique coloniale et sur à peu près tous les sujets). Ils ne concluent aucun accord de gouvernement, mais s’entendent simplement sur la répartition éventuelle des futurs sièges de députés chargés d’élaborer la loi, y compris par de franches et rudes confrontations, mais entre républicains !

La défense de la République est alors prioritaire. La méthode se révèle efficace : au second tour, selon les décomptes de l’historien Jean-Marie Mayeur, la droite fait encore élire 25 députés, mais les républicains conservent une majorité, certes très composite, avec plus de 380 sièges au total.

Ce succès instaure la tradition de la discipline républicaine avec des formes qui s’adaptent aux circonstances : désistements, parfois partage des circonscriptions, fusion des listes dans les cas où le mode de scrutin le permet.

Des exceptions sont nombreuses, dénoncées comme telles, parfois en vain, et l’argument est répété dans bien des occasions. Pour l’essentiel, l’union des républicains est invoquée et, de fait, sert avec succès contre les boulangistes en 1889, contre les nationalistes et antidreyfusards au temps de la « défense républicaine » de Waldeck-Rousseau (1899-1902), contre une droite jugée trop complaisante envers les Ligues au moment du Front populaire (1935-1938).

 

 

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