Boris Johnson: première défaite ?

Boris Johnson: première défaite ?

Par Chloé Goudenhooft dans l’Opinion (à Londres)

« Comme en France ce week-end, la population peut traduire son mécontentement dans les urnes sans pour autant basculer lors d’un vote national », note un expert

 Boris Johnson pourrait-il perdre la confiance de la base des conservateurs ? C’est ainsi que sont analysés les résultats de l’élection partielle de Chesham and Amersham, dans les environs de Londres. Alors que le siège est solidement occupé par les Tories depuis des décennies, Sarah Green, candidate des Libéraux Démocrates, l’a remportée avec 56,7 % des voix. Cette défaite agite la sphère conservatrice et nombreux sont les députés de circonscriptions équivalentes, plutôt aisées et situées dans le sud de l’Angleterre, à se faire du souci.

Le Premier ministre a expliqué ce résultat comme étant lié à des problématiques locales. Mais Peter Fleet, le candidat conservateur malheureux, souligne quant à lui le désir des électeurs de retrouver les valeurs traditionnelles du parti et notamment une certaine discipline budgétaire – qui va à l’encontre des dépenses annoncées par Boris Johnson dans son projet de restructuration du nord du pays.

« Les questions locales peuvent pousser les électeurs vers un vote différent de leurs habitudes, mais ils ne sont pas sans ignorer le reste de la politique, confirme Robert Ford, professeur en science politique. Si la plupart d’entre eux ne savent pas dans le détail ce que fait le gouvernement, ils ont un sens général de sa politique et depuis quelques années, les ministres répètent à tout bout de champ qu’ils veulent donner plus pour le nord du pays et entreprendre des réformes qui ne vont pas bénéficier à cette région du sud de l’Angleterre. »

Alors que les conservateurs se targuent d’avoir raflé de nombreux sièges du Red Wall, ces circonscriptions ancrées à gauche depuis des décennies, voilà qu’ils se mettent à craindre de perdre leur « Blue wall ». « Cette circonscription qui, en plus, avait voté pour rester dans l’Europe, ne reconnaît plus son Parti conservateur, c’est-à-dire un parti qui se prononce pour le statut quo et qui défend les intérêts du sud », ajoute l’expert.

S’il précise qu’il ne faut pas voir dans ce résultat un présage du choix électoral des élections générales de 2024, il souligne les problèmes qu’il pourra causer au sein des Tories. « Comme en France ce week-end, la population peut traduire son mécontentement dans les urnes sans pour autant basculer lors d’un vote national. En revanche, c’est l’interprétation de cette élection qui pourra causer du tort à Boris Johnson, parce qu’il fait peur aux députés.

Certains pourraient utiliser cette défaite pour se rebeller contre l’agenda politique du Premier ministre et l’empêcher de mettre au point les réformes qui lui ont valu les votes du nord. » Alors que la volonté d’en finir avec le Brexit avait jusque-là su fédérer les votes derrière les conservateurs, pour maintenir la barre, les Tories devront désormais jongler entre leur électorat traditionnel et les électeurs du Red Wall qui lui ont permis d’obtenir la majorité.

0 Réponses à “Boris Johnson: première défaite ?”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol