Glyphosate: Remise en cause de sa nocivité ?

Glyphosate: Remise en cause de sa nocivité ?

Un article d’ Emmanuelle Ducros du journal l’Opinion   rend compte des dernières recherches européennes qui concluent à l’absence de nocivité du Glyphosate. 

L’Efsa, l’agence de santé européenne, devra présenter en septembre 2022 un dossier aux Etats européens pour qu’ils décident (ou pas) de la réhomologation du glyphosate. Pour ce faire, une enquête poussée a été demandée à quatre agences de santé avec comme chef de file, l’Anses, l’organisme français, alors que Paris a décidé, seul, d’interdire le produit. Le rapport, rendu le 15 juin à l’Efsa, arrive aux mêmes conclusions que les autres agences de santé. Le produit n’est ni cancérogène, ni reprotoxique, ni mutagène…

Absolument rien n’aura été négligé dans l’opération d’envergure de mise à jour des connaissances scientifiques sur le glyphosate. Dans le cadre de l’étude précédant sa réhomologation ou son interdiction fin 2022, et pour faire face aux aspects polémiques du dossier, ce n’est pas un pays qui avait été chargé de ce travail scientifique, mais quatre.

La décision précédente, prise en 2020, reposait sur les études de la seule agence sanitaire allemande. C’est la règle pour les produits phytosanitaires : l’Efsa, l’agence européenne, délègue le travail et s’appuie sur les conclusions qui lui sont rendues. Mais le glyphosate n’est pas un produit comme les autres, tant son traitement est émotionnel.

En 2019, c’est donc la France (qui s’est engagée unilatéralement dans son interdiction et espérait convaincre ses voisins de faire de même) qui a pris la tête de file du travail d’évaluation scientifique. A la manœuvre, l’Anses, son agence sanitaire. A ses côtés, les agences néerlandaise, suédoise et hongroise. Elles ont rendu le 15 juin à l’Efsa un rapport de… 11 000 pages. « D’ordinaire, un dossier de réhomologation pour une substance active en compte moins de 5 000 », précise l’agence, qui a d’ailleurs pris la peine de communiquer sur le rapport, ce qu’elle ne fait jamais. Elle le mettra intégralement en ligne en septembre, par souci de transparence.

Les détracteurs de l’herbicide, qui fondaient de grands espoirs sur le rapport pour le voir disparaître, en sont pour leurs frais. A l’issue d’une revue exhaustive de toutes les publications scientifiques sur le sujet, y compris celles émanant d’opposants, les agences de santé ont conclu que « la classification du glyphosate au regard d’une éventuelle cancérogénéité n’était pas justifiée ». Les scientifiques écartent aussi les inquiétudes sur la génotoxicité, le caractère mutagène et la reprotoxicité.

Tous les arguments des antiglyphosates, qui agitent depuis des années les peurs liées à la santé, s’écroulent. Même si, au fond, on n’apprend pas grand-chose de ce rapport : les agences américaine et canadienne étaient récemment arrivées aux mêmes conclusions. Les préventions du Circ (une agence de l’OMS qui avait déclaré le produit « cancérogène probable » en 2015), déjà contestées, apparaissent obsolètes.

« Nous allons, dans la campagne présidentielle, plaider pour que la rationalité préside aux décisions, et pas des théories du complot qui s’érigent en magistère moral »

« Au niveau européen, on ne voit pas comment l’Efsa pourrait déjuger le travail de cinq agences nationales, commente Gil Rivière-Wekstein, auteur de Glyphosate, l’impossible débat, une somme complète sur le sujet. D’autant que le profil “écotox” du produit, c’est-à-dire ses effets environnementaux, figure parmi les plus favorables de tous les phytosanitaires. Les Etats vont devoir faire un choix. Prendre une décision basée sur la science… ou sur l’opinion publique à qui on a inculqué une peur irrationnelle du produit. » Un cas d’espèce sur la place de la rationalité dans la décision politique à l’échelle du continent, en somme. « Comment pourra-t-on ensuite demander aux citoyens de faire confiance aux agences sanitaires sur les vaccins si on estime que leurs décisions peuvent être jetées à la poubelle au gré des marottes politiques ? », interroge Gil Rivière-Wekstein.

. En France aussi, il va falloir tirer des conséquences du rapport. La sortie unilatérale du glyphosate, décidée par Emmanuel Macron, reposait sur des craintes sanitaires et sur le pari que nos voisins suivraient. Deux hypothèses qui ont du plomb dans l’aile et interrogent sur les distorsions de concurrence que la France s’est auto-infligée avec cette décision — dont la mise en œuvre se révèle de plus un casse-tête. Le Président peut-il désormais se permettre de persévérer au risque de jeter le discrédit sur l’agence sanitaire dont il a, par ailleurs, fait un allié dans la lutte contre la Covid ?

« Il est temps de siffler la fin de la récré, demande Arnaud Rousseau, vice-président de la FNSEA. La science nous a sortis de l’ornière avec la Covid, il faut solder l’ère des marchands de peur. Nous allons, dans la campagne présidentielle, plaider pour que la rationalité préside aux décisions, et pas des théories du complot qui s’érigent en magistère moral. »

 

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