Les fractures du G7

Les fractures du G7 

 

 

Angela Merkel n’a pas employé de grandes phrases. La puissance du geste a suffi. En décidant de ne pas se rendre aux Etats-Unis, fin juin, pour participer à un hypothétique sommet du G7 évoqué par Donald Trump, précédé d’aucune préparation sérieuse, la chancelière allemande a marqué les esprits. Le 29 mai, son porte-parole a évoqué la pandémie pour justifier cette position préventive. Mais celle-ci encapsule aussi tout ce qui ne va pas dans la relation transatlantique : l’improvisation dans laquelle la Maison Blanche conçoit sa politique étrangère, le mépris à l’égard de ses alliés traditionnels et, enfin, la frustration de ces derniers.

De son côté, l’Elysée a surtout veillé à ne heurter personne. La présidence française a expliqué qu’en l’absence de l’un des membres du G7, il n’était pas concevable de tenir le sommet. Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue américain, Emmanuel Macron a répété ce point. De même, Paris estime qu’il faut d’abord s’accorder sur un menu complet et utile, avant de fixer une date de sommet. « Le G7 tel que le conçoit le président de la République doit être un moment de clarification politique », souligne-t-on à l’Elysée.

Dans l’entourage de M. Macron, on met en avant le rôle de la France dans la préparation et la tenue du G7 par visioconférence, le 16 mars, en pleine pandémie. Cette réunion par écrans interposés avait permis d’afficher une détermination à faire « tout ce qui est nécessaire » pour affronter la crise sanitaire et ses conséquences. L’Elysée se félicite aussi du rôle moteur de la France dans la promotion d’un moratoire, au sein du G20, sur le service des dettes des pays africains.

Mais ces efforts pour promouvoir le multilatéralisme ne sont pas toujours concluants. Angela Merkel a ainsi renoncé au sommet UE-Chine, prévu le 14 septembre à Leipzig. Ce rendez-vous avec le président chinois, Xi Jinping, est reporté, officiellement aussi en raison du Covid-19. La France, de son côté, a dépensé ces derniers mois une énergie considérable pour favoriser un sommet inédit : celui des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni). Or, les motivations parfois contradictoires de ces Etats rendent le projet douteux et son potentiel limité, dans un contexte d’affrontement sino-américain.

Dans la soirée du samedi 30 mai, la situation s’est encore compliquée au sujet du G7. Donald Trump souhaitait dorénavant son report en septembre, voire après la présidentielle américaine de novembre, tout en élargissant le cercle des participants. Le G7 « est un groupe de pays très daté », déclarait-il. Le président américain citait le retour espéré – par lui, et personne d’autre – de la Russie, ainsi que l’intégration de pays amis comme l’Australie, la Corée du Sud et l’Inde. Un G11, en somme. En principe, un pays tiers ne peut être qu’associé à l’événement. Ainsi, lors du G7 d’août 2019, à Biarritz, la France avait convié l’Afrique du Sud, l’Australie, le Chili et l’Inde, ainsi que quatre pays du continent africain.

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