Croissance : la reprise est là ( Bruno Le Maire)

Croissance : la reprise est là ( Bruno Le Maire)

 

La relance est là, elle serait même forte d’après le ministre de l’économie, Bruno Le Maire dans une interview au JDD.

. Le rebond se fait-il sentir?
Oui! Il est même très net. L’économie française repart. Et elle ­repart fort. De multiples indicateurs le montrent. Les investissements des entreprises augmentent, et grâce à eux, les relocalisations industrielles accélèrent. La consommation redémarre : les dépenses effectuées par Carte bleue depuis les réouvertures du 19 mai dépassent de 20% celle de la même période en 2019 - avant la pandémie. La saison touristique s’annonce exceptionnelle, avec une accélération des réservations dans les hôtels, en bord de mer comme en montagne. Du côté des bars et des restaurants, les dépenses en Carte bleue après le 19 mai sont déjà revenues à 90% du niveau à la même époque en 2019, alors que seules les terrasses ont rouvert pour l’instant. Dans l’habillement, les achats bondissent de 70%, toujours en comparaison avec mai 2019. La reprise se voit aussi dans les embauches : 50.000 emplois ont été créés au premier trimestre.

Est-ce une bonne surprise?
Ce n’est pas une surprise, mais le résultat d’une politique qui n’a pas dévié de son but depuis ­dix-huit mois. Nous avons protégé l’économie française. Nous avons limité les faillites. Et nous avons préservé les compétences et les savoir-faire indispensables à ce redémarrage. A toutes ces mesures s’ajoutent désormais les fonds de France Relance : nous avons déjà engagé 35 milliards d’euros, sur un total de 100 milliards. Un tiers du montant total investi en seulement neuf mois, c’est un exploit! Nous souhaitons engager 70% du plan de relance d’ici à la fin de cette année. Notre objectif de croissance de 5% du PIB en 2021 est maintenu. Mieux : nous retrouverons notre niveau d’activité de 2019 dès le premier trimestre 2022, malgré la crise économique la plus sévère que nous ayons vécue depuis celle de 1929.

 

Le « quoi qu’il en coûte » touche-t-il à sa fin?
Nous en sortons progressivement. Nous allons continuer d’épauler les entreprises les plus en difficulté, notamment dans les secteurs très éprouvés comme le tourisme ou l’événementiel ; mais les aides seront ciblées et adaptées. Nous devons également accompagner les secteurs qui connaissent des transformations majeures comme l’automobile. Les évolutions sont très rapides : les voitures hybrides ou électriques sont en train de se substituer aux modèles à moteur thermique. Cette évolution peut légitimement inquiéter les 15.000 salariés des fonderies automobiles en France. Avec Elisabeth Borne, nous anticipons cette évolution en mettant en place un fonds de 50 millions d’euros pour accompagner les salariés dans leur reconversion. Le « quoi qu’il en coûte » décidé par le président de la République, a été une réponse exceptionnelle à une crise exceptionnelle. Mais il ne peut pas demeurer la règle dans une économie qui retrouve un fonctionnement normal.

Des rumeurs évoquent d’importants plans sociaux en préparation, dans des entreprises fragilisées. Sont-elles fondées?
Nous avons évité la vague de faillites tant redoutée au pire de la crise, ce n’est pas pour abandonner des entreprises viables au moment du rebond tant attendu. Notre stratégie, c’est celle du sur-mesure et de la prévention. Nous voulons détecter le plus tôt possible les difficultés des entreprises, notamment celles les plus touchées par la crise, comme les voyagistes, les restaurants, les hôtels, les boîtes de nuit. Leurs dirigeants seront alertés personnellement et de ­manière confidentielle, sur la base des données croisées des services de l’État et de la Banque de France. Nous leur proposerons des solutions adaptées, par exemple un étalement des dettes. Pour les entreprises de plus grande taille, notamment les entreprises de taille intermédiaire, un fonds de transition de 3 milliards d’euros permettra de leur apporter des prêts ou des quasi-fonds propres, avec des durées de remboursement longues. C’est l’argent des Français que nous investissons. Nous ­devons le faire à bon escient, en étant attentifs à chaque euro dépensé.

 

 

Que peuvent faire les Français pour participer à la relance?
Ils font déjà beaucoup! Et heureusement, car le succès de la ­relance économique du pays ­dépend de nous tous. J’ai envie de dire aux Français : soutenez les secteurs les plus malmenés par des mois de restrictions et de confinement! Allez au cinéma, au restaurant, dans des festivals, séjournez dans des hôtels, allez au théâtre, achetez des livres! Evidemment, il faut continuer à respecter les gestes barrière et se faire vacciner. L’immunité collective est la meilleure garantie du redressement économique. Profitez aussi des aides disponibles : France Relance, c’est fait pour vous. Continuez à utiliser les primes pour les rénovations thermiques des logements : 300.000 ­MaPrimeRenov ont été attribuées en cinq mois, au lieu de 200.000 en 2020. Recourez à la prime à la conversion de 5.000 euros et au bonus de 7.000 euros pour l’achat d’une voiture électrique, si vous comptez changer de véhicule. Et si vous le pouvez, continuez de placer votre épargne dans l’économie française, notamment dans les plans d’épargne retraite. Aux entrepreneurs et aux chefs d’entreprise qui retrouvent des couleurs, je leur dis : embauchez! Utilisez massivement le plan national 1 Jeune 1 Solution financé par France Relance : 1,5 million de jeunes ont été recrutés ainsi depuis le mois d’août 2020. C’est notre défi le plus important : faire une place aux jeunes et leur trouver un emploi.

Comment peuvent agir les entreprises?
En poursuivant leur redressement, et en assurant la cohésion ­sociale. La croissance doit bénéficier à tous, et en particulier aux ­travailleurs des première et deuxième lignes qui ont assuré la continuité des activités indispensables pour le quotidien des Français. L’Etat a pris sa part en mettant en place des mécanismes de revalorisation des revenus des salariés : prime d’activité, prime défiscalisée, allègement des charges sur les salaires, intéressement simplifié. Mis bout à bout, ces mécanismes permettent d’augmenter de plus de 170 euros par mois les rémunérations au niveau du smic. Toutes les entreprises qui le peuvent doivent se poser à leur tour la question des conditions de travail et de l’amélioration de la rémunération des bas salaires. Valoriser le travail a toujours été un des objectifs stratégiques de ce quinquennat ; cela reste un des grands enjeux de la sortie de la crise.

Beaucoup mettent en avant la puissance du plan de relance américain. L’Europe a-t-elle vu trop juste?
Au contraire! Le modèle européen doit être reconnu à sa juste valeur. Il a garanti la protection des salariés, avec notamment une activité partielle la plus généreuse au monde ; les Etats-Unis avaient du retard en matière de protection des personnes les plus précaires, ils le compensent.

 

Les Français doivent-ils consommer français?
Aux Français de choisir! Ils doivent savoir que si nous nous battons pour relocaliser des chaînes de valeur industrielles en France, c’est non seulement pour garantir notre indépendance mais aussi pour protéger notre ­planète et diminuer les émissions de CO2. Consommer français, c’est aider nos entreprises et l’emploi mais c’est aussi lutter contre le changement climatique. Avec le président de la République, nous menons le combat pour mettre en place une compensation carbone aux frontières européennes : les productions extérieures, réalisées dans des conditions environnementales moins exigeantes et à coût réduit, doivent être taxées.

Comptez-vous sur les touristes français pour sauver le secteur cet été?
La saison touristique sera exceptionnelle, en grande partie grâce aux Français. Mais regardons plus loin : la France doit redevenir la première destination au monde. Cela demande la mise en place du passe sanitaire, mais aussi la montée en qualité de notre offre touristique, comme l’a indiqué le président de la République le 2 juin dans le Lot.

Les premiers fonds européens de relance arrivent. Quels en ­seront les effets?
C’est un très bon signal. Cela veut dire que le plan de relance européen de 750 milliards d’euros est en train d’être mis en œuvre. La Commission européenne a commencé à lever de la dette sur les marchés. La France devrait recevoir 5 milliards d’euros cet été.

Un deuxième plan de relance est-il nécessaire?
Les 100 milliards de France ­Relance sont bien calibrés. La priorité est de le décaisser rapidement. En revanche, la question stratégique est : voulons-nous augmenter notre potentiel de croissance? Quand l’Europe ­retrouvera son ­niveau de croissance d’avant-crise, il pourrait être inférieur à celui de la Chine ou des Etats-Unis. Devrions-nous nous en satisfaire? Ce n’est pas qu’une question de chiffres, mais aussi de souveraineté technologique. Voulons-nous produire en Europe des semi-conducteurs? Si oui, il faudra peut-être remettre de l’argent sur la table. Voulons-nous nos propres satellites en orbite basse? Si oui, il faudra des investissements ­supplémentaires.

 

La commissaire européenne Margrethe Vestager y est opposée…
Au-delà de la dette commune, il existe d’autres instruments ­financiers européens qui peuvent être mobilisés. Nous y travaillons avec mes homologues européens.

 

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