Crise du paysage syndical ?
Dans le Monde le journaliste Michel Noblecourt s’interroge sur la crise du paysage syndical. Une question presque rituelique qui n’est pas sans fondement mais qui devrait interroger plus généralement sur la représentativité de toutes les organisations y compris politiques dont la représentativité est bien davantage insignifiante . Le journaliste par ailleurs ne seSouligne pas suffisamment le faite que la CGT hégémonique il y a une soixantaine d’années est maintenant devancées par la CFDT.
Analyse.
A l’exception de la CGT, tous les syndicats ont accueilli avec satisfaction, le 26 mai, la mesure de leur audience au niveau national et interprofessionnel. En 2008, les règles de la représentativité syndicale avaient été profondément modifiées par une réforme mise sur les rails par la CFDT et la CGT, et promulguée par Nicolas Sarkozy.
Ce sont principalement les scores des syndicats aux élections – dans les entreprises du seul secteur privé dotées d’instances représentatives des salariés, dans les très petites entreprises et dans les chambres d’agriculture –, sur une durée de quatre ans, qui font office de juges de paix. Pour être représentatif au niveau national, un syndicat doit obtenir au moins 8 % des suffrages.
Après celles de 2013 et de 2017, la troisième mesure d’audience a confirmé le classement d’il y a quatre ans : la CFDT, avec 26,77 %, a conforté sa première place devant la CGT (22,96 %), FO (15,24 %), la CFE-CGC (11,92 %) et la CFTC (9,50 %). Souvent décrite comme en péril, la centrale chrétienne réussit à demeurer au sein de ce « club des cinq » tandis que l’UNSA (5,99 %) ne franchit toujours pas sa porte.
La CGT poursuit sa chute
A première vue, les heureuses élues de la cuvée 2021 sont, par rapport à 2017, en progression ou stables : la CFDT gagne un timide 0,4 point et l’UNSA enregistre un gain de 0,64 point. Cette dernière affirme qu’en ajoutant au privé ses scores dans le public – non pris en compte par la mesure d’audience – il se hisserait avec 7,68 % à la cinquième place. La CFE-CGC fait un bond de 1,25 point tandis que FO (− 0,35) et la CFTC (+ 0,01) sont globalement stables.
La CGT poursuit sa chute qui semble aussi irréversible que le déclin du Parti communiste français : en quatre ans, elle recule de 1,89 point et même de 3,81 par rapport à 2013. La centrale de Philippe Martinez, qui campe sur une ligne radicale et boude de plus en plus les négociations nationales – alors que, dans les entreprises, ses syndicats signent de multiples accords –, encaisse le choc et se dit prête à « mesurer le déficit de présence qu’elle doit combler auprès de tous les salariés ». Comme Solidaires (3,68 %), elle met en cause aussi l’hostilité du patronat.
Chaque gagnant y voit tout naturellement une validation de sa stratégie. La CFDT se réjouit du fait que les salariés ont « fait le choix d’un syndicalisme utile qui répond à leurs préoccupations ». La centrale de Laurent Berger note que, « dans une période bousculée par les crises économique et sanitaire, chahutée par des tentations extrémistes », elle est restée « un repère fidèle à ses valeurs de solidarité, d’émancipation et de justice sociale ».
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