Archive mensuelle de mai 2021

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Le retour du religieux dans le monde

Le retour du religieux dans le monde

 

Auteur du livre « Le XXIème siècle du Christianisme », le politologue Dominique Reynié détaille sur Europe 1 les différents facteurs qui expliquent le retour en force du fait religieux ces dernières années. Il pointe notamment la crise du discours politique.

INTERVIEWChrétiens, musulmans, juifs, hindous…Avec 84% de l’humanité déclarant une affiliation religieuse, « il n’y a jamais eu autant de croyants qu’aujourd’hui » dans le monde. C’est ce qu’écrit Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, dans son dernier livre intitulé Le XXIème siècle du Christianisme. Invité d’Europe 1 mardi, le politologue détaille les principaux facteurs expliquant cette évolution récentes.

Ce retour du religieux au niveau mondial peut être « étonnant » vu de la France, reconnaît le chercheur. Car la France est un pays qui « malgré son lourd et profond passé religieux, était convaincu d’en avoir terminé avec ces grandes questions ».

Une forte fécondité au sein des religions

La première explication identifiée par le politologue est démographique. « Il y a un développement démographique des croyances », constate-t-il. Ainsi, rappelle-t-il, « les femmes chrétiennes ont un taux de fécondité de 2,6 enfants (2,9 chez les musulmans) alors que la moyenne est d’1,6 enfant chez les non-croyantes ». Et d’ajouter : « Les religions sont portées par leur propre procréation. »

Autre facteur : un monde de plus en plus instable, « avec des grands sujets qui nous appellent à penser, à prendre position », et marqué par la peur que peut susciter la mondialisation dans une partie de la population. « On se replie, on cherche des formes de solidarité, des formes d’explications, d’interprétations », explique encore Dominique Reynié.

Cette recherche de réponses dans la religion peut s’expliquer d’autant plus qu’aujourd’hui, « le discours politique est en crise, et pas qu’en France », ajoute l’invité d’Europe 1. « On a du mal à trouver un discours interprétatif qui nous dit où on va, et donc il y a de nouveau une valorisation du religieux. »

Affaissement des institutions

Dans son livre, Dominique Reynié évoque aussi un affaissement progressif des institutions au cours du 20e siècle, qui a permis la hausse de la défiance envers ces dernières, et donc le repli de beaucoup sur le religieux.

Mais ce retour en force du religieux, en France, doit-il inquiéter ? Tout dépend de la forme qu’il prend, répond l’invité d’Europe 1. « Cela peut être une promesse, une chance, une menace ou un danger », estime Dominique Reynié. « Si c’est une manière de se retrouver dans une communauté de réflexion et de socialisation, c’est une bonne chose… Mais si cela prend le pas sur les idées qui fondent la République, ça devient extrêmement périlleux. »

Régionales: les ministres à l’abattoir

Régionales: les ministres à l’abattoir

Pratiquement aucuns ministres candidats aux régionales n’a de chance sérieuse d’être élu. Ce n’est pas réellement une découverte, c’est pourquoi la plupart des poids-lourds du gouvernement ont beaucoup insisté pour ne pas figurer parmi les candidats aux régionales. La défaite risque en effet d’être cinglante et les ministres battus risquent de perdre leur portefeuille. La plupart du temps les ministres ne sont d’ailleurs pas tête de liste, par prudence sans doute. Sur les quinze ministres candidats, quatre sont têtes de listes : Geneviève Darrieussecq en Nouvelle Aquitaine, Brigitte Klinkert dans le Grand Est, Laurent Pietrazeswki dans les Hauts-de-France et Marc Fesneau en Centre-Val de Loire.

Recul des taux et…. du bitcoin

Recul des taux et…. du bitcoin

 

Un recul du taux obligataire à 10 ans, qui est tombé mardi sous le plafond des 1,60%, s’établissant à 1,56%. Le dollar index, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier d’autres devises, cédait de son côté 0,20%.

Par ailleurs, le bitcoin reculait un peu (-3,18% à 37.784,71 dollars) après avoir rebondi de 15% la veille. La volatile cryptomonnaie, qui a connu un week-end chaotique, a perdu plus de 30% de sa valeur depuis le début du mois.

Contestation des nouvelle dispositions de l’assurance chômage

Contestation des nouvelle dispositions de l’assurance chômage

 

Le sociologue Mathieu Grégoire conteste, dans une tribune au « Monde », les arguments des économistes Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et François Fontaine en faveur de la réforme de l’assurance-chômage.

 

Tribune.

 

La tribune de Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et François Fontaine en soutien à la réforme de l’assurance-chômage a un incontestable mérite : elle démontre que l’objectif de la réforme n’est pas de faire évoluer les seuls paramètres de l’indemnisation du chômage, mais bien d’en modifier les « principes », et ce alors même que le législateur – qui « devrait être en première ligne sur ce sujet », selon eux – n’a pas été sollicité pour légiférer.

Selon leur analyse, ces principes en vigueur depuis 1958 (assurer un revenu de remplacement du salaire à des salariés privés involontairement d’emploi) engendrent aberrations et iniquités.

En particulier, ils impliquent qu’un salarié en CDI à mi-temps n’a pas les mêmes droits qu’un salarié à temps plein mais au chômage la moitié du temps. Par exemple, une femme ayant travaillé à mi-temps pour 750 euros mensuels a droit à une indemnisation fondée sur ce demi-smic, alors que son mari, qui a travaillé à temps plein au smic, a droit à une indemnisation supérieure, même s’il a été au chômage six mois sur les douze derniers mois.

Pas de corrélation chronologique

Cette salariée a signé un contrat de travail mentionnant une quotité de travail de 50 %. Son temps non travaillé n’est pas systématiquement assimilable à une privation involontaire d’emploi, mais on peut trouver injuste que son indemnisation soit basée sur ce mi-temps peut-être subi. Ce n’est pas du tout l’avis des auteurs et du gouvernement pour qui, tout au contraire, c’est le modèle de justice qu’il faut généraliser à tous ceux qui n’ont pas été pleinement en emploi.

La réforme consiste ainsi à calculer une indemnisation basée sur le demi-smic pour le mari en s’alignant sur le cas le plus défavorable, comme si ce salarié à temps plein avait délibérément décidé de ne pas travailler pendant la moitié du temps. C’est ce qui légitime l’introduction d’un nouveau « principe d’équité : à quotité de travail (sic) et revenus moyens égaux, allocation et droit égaux ».

Le diagnostic sur lequel serait fondée la réforme est aussi simple que dénué de fondements empiriques : l’assurance-chômage serait « devenue une machine à fabriquer de la précarité » et serait responsable d’une « explosion » des contrats courts. Aucune étude n’a jamais établi un tel lien de causalité. Et pour cause, comme le montre un rapport récemment publié par la Dares (le service de recherche du ministère du travail) sur les usages des contrats courts, il n’y a pas même de corrélation chronologique.

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Contestation de la guerre à la drogue

Contestation de la  guerre à la drogue

Le psychologue clinicien Jean-Pierre Couteron, spécialiste de l’addictologie, déplore une « dramatisation guerrière du sujet », au détriment de la prévention et de la prise en charge des personnes dépendantes dans le Monde. (Observons cependant que le refus de la guerre à la drogue pourra s’appliquer demain à la cocaïne, à l’héroïne et à d’autres NDLR)

 

 

Jean-Pierre Couteron est psychologue clinicien, coauteur de l’Aide-mémoire Addictologie (Dunod, 2019 pour la 3e édition) et exerçant au centre de soins d’accompagnement et de prévention d’addictologie Le Trait d’union Oppelia, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). 

 

Que pensez-vous des structures thérapeutiques collectives et de leur fonctionnement ?

Ce sont des lieux qui accompagnent le sevrage et où se pratique une clinique de l’abstinence. Elles ont comme autre spécificité de privilégier le groupe, avec l’idée qu’entre usagers confrontés aux mêmes problématiques on ne peut pas se tromper, il y a une entraide collective qui se met en place. Elles complètent le dispositif dit de « soin résidentiel collectif », comprenant aussi les centres thérapeutiques résidentiels et les soins de suite et de réadaptation addictologique. Il n’en existe qu’une quinzaine en tout en France, ce qui n’est pas énorme.

Quel est le modèle français de gestion de la dépendance ?

En France, le modèle Minnesota [qui vise à prendre en charge la personne dépendante aussi bien physiquement que mentalement] et les communautés thérapeutiques ont longtemps souffert de l’expérience du Patriarche [association d’aide aux personnes toxicomanes, fondée en 1974 par Lucien Engelmajer], qui était devenue une secte, et d’un référentiel dominant, principalement psychanalytique, privilégiant un abord très individuel du problème et oubliant bien des enjeux des usages. La psychiatrie institutionnelle, marquée par l’expérience de la seconde guerre mondiale, restait, elle, très soucieuse de l’autonomie de la personne.

Puis, dans les années 1980, est arrivée la stratégie de réduction des risques, rejetée, elle aussi, à ses débuts. C’est l’épidémie du sida qui l’a imposée, au début moins pour soigner autrement les toxicomanes que pour limiter les contaminations. Cela a permis un pas en avant énorme d’un point de vue sanitaire – la baisse des overdoses et le recul du VIH – mais aussi de toucher tout un public que ne rencontraient pas les soignants sur le seul axe du sevrage. A l’époque, la réduction des risques a dû batailler contre les défenseurs du dogme de l’abstinence. De nombreux acteurs pensent qu’il faut sortir de cette opposition : l’abstinence est une indispensable solution à des usagers, la réduction des risques reste l’axe central d’un accompagnement diversifié.

Énergie éolienne : une politique ruineuse pour la France». ( Patrice Cahart)

Énergie éolienne : une politique ruineuse pour la France». ( Patrice Cahart)

 

Tribune dans l’Opinion de Patrice Cahart ancien inspecteur général des finances, auteur du livre La Peste éolienne (Hugo Doc, 2021).

 

L’éolien suscite une opposition croissante, en raison tant de ses effets négatifs sur les paysages, le tourisme, la pêche, que de son inefficacité écologique (puisque la part des sources fossiles dans notre production d’électricité est tombée au plus bas et ne peut baisser encore davantage).

Il faut aussi être conscient des coûts. D’après les meilleurs appels d’offres, le prix payé à l’exploitant terrestre avoisine les 65 euros au mégawattheure (MWh). Mais la majorité des projets éoliens terrestres échappe aux appels d’offres. Pourquoi cette dérogation à un principe fondamental ? Tout simplement parce que les promoteurs éoliens constituent un groupe de pression puissant. Hors appel d’offres, l’exploitant reçoit, actualisation comprise, environ 91 euros le MWh.

Pour les éoliennes fixées sur un fond marin, c’est encore pire, en raison notamment de la profondeur de nos eaux côtières. Dans la baie de Saint-Brieuc, l’exploitant va recevoir 175 euros le MWh. A Dunkerque, dans une mer peu profonde, un meilleur résultat a été obtenu, mais le site retenu est mal placé et nos amis belges le remettent en cause.

«Le contribuable a ainsi procuré aux promoteurs éoliens, ces dernières années, environ la moitié de leur chiffre d’affaires. Aucun industriel ne bénéficie de conditions aussi fastueuses, et sur une aussi longue durée»

Ces superbes rémunérations sont garanties sur vingt ans. Quand le cours de l’électricité sur les marchés de gros descend en dessous de la garantie actualisée, l’Etat, toujours généreux, paye la différence. Le contribuable a ainsi procuré aux promoteurs éoliens, ces dernières années, environ la moitié de leur chiffre d’affaires. En dehors du secteur des énergies dites renouvelables, aucun industriel ne bénéficie de conditions aussi fastueuses, et sur une aussi longue durée.

Monde à l’envers. Par comparaison, quel est le coût marginal du courant produit par les réacteurs en place ? Seulement 33 euros le MWh (y compris les dépenses de remplacement et de sécurité). La comparaison avec les coûts éoliens est sans appel. Elle devrait interdire tout remplacement des réacteurs en place par des éoliennes, d’autant que ces réacteurs, à en juger d’après l’exemple américain, peuvent encore fonctionner durant une quarantaine d’années. Or, que prévoit le programme officiel ? Le remplacement, d’ici à 2035, de 12 réacteurs par des éoliennes ou d’autres sources qui appellent des remarques du même ordre. C’est le monde à l’envers.

J’ai chiffré le coût en investissement de cette substitution (deux tiers d’éolien et un tiers de photovoltaïque) : 145 milliards, y compris l’extension du réseau qui devrait desservir de nouveaux producteurs sur tout le territoire, et la force de réserve (des centrales à gaz, polluantes, nécessaires pour pallier l’intermittence des nouveaux équipements, car une éolienne terrestre ne fonctionne qu’à 24 % de sa puissance, en moyenne). Cette somme gigantesque, à la fois publique et privée, manquerait pour financer les actions réellement utiles au climat.

La France ne peut se permettre de mener de front deux politiques, l’une inutile et ruineuse – l’éolien – l’autre utile mais coûteuse – l’isolation des bâtiments, la promotion du chauffage électrique, la diffusion des véhicules électriques.

Patrice Cahart est ancien inspecteur général des finances, auteur du livre La Peste éolienne (Hugo Doc, 2021).

L’hydrogène a besoin du nucléaire

L’hydrogène a besoin du nucléaire

 

 

Ce que justifie Gérard Longuet  sénateur LR de la Meuse, ancien ministre , vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques  dans l’Opinion.

 

 

L’Europe vise les dix millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici à 2030. Quelle serait la quantité d’électricité nécessaire à mobiliser pour atteindre cette production ?

L’hydrogène n’est pas une source, c’est un vecteur d’énergie qui demande beaucoup d’électricité pour être produit. Afin de fabriquer 10 millions de tonnes donc, 550 TWh sont nécessaires (on a besoin en moyenne de 55 kWh par kg d’hydrogène). Et l’Union européenne a déclaré que l’intégralité de cette production serait d’origine renouvelable, tandis qu’elle est actuellement, en France, à 95 % d’origine fossile. L’objectif visé pourrait ainsi représenter 150 000 éoliennes terrestres, ou 800 000 hectares de panneaux solaires, dans des ordres de grandeurs approximatifs… Des chiffres aberrants.

Est-ce réaliste ?

Non, appelons un chat un chat, l’Union européenne doit se montrer plus ouverte sur la question nucléaire. Elle doit également prendre en compte la solution de captage de CO2 de l’hydrogène produit par reformage du méthane, qui est une autre façon d’isoler la molécule sans émissions de gaz à effet de serre.

Mais l’Allemagne défend cette position 100 % renouvelable, arguments à l’appui…

Les Allemands disent très clairement que cette énergie sera importée. Un projet « Desertec » de photovoltaïques dans le Sahara est en réflexion. A condition, cependant, que les pays propriétaires de ce territoire l’acceptent, qu’ils en sécurisent le fonctionnement et en garantissent un certain équilibre économique pour amortir les investissements. J’ajoute que, lorsque l’on transforme une énergie en vecteur de stockage que l’on transporte, on perd entre 20 et 50 % de l’énergie d’origine. Donc je pense que l’Europe raconte des histoires quand elle nous dit que l’on peut produire dix millions de tonnes d’hydrogène renouvelable.

Où se situe la France sur cette question ?

Nous sommes dans une position intermédiaire car nous pouvons produire de l’hydrogène nucléaire. Or, la Programmation pluriannuelle de l’énergie ambitionne d’abaisser la part du nucléaire dans le mix énergétique français à 50 % d’ici à 2030. Il faudrait donc, je pense, ajouter à ce mix dédié à notre consommation, une production consacrée à l’hydrogène ayant une part nucléaire à repenser.

« Le renouvelable a sa place. Mais à cela doit s’ajouter davantage de nucléaire, sous des formes différentes, comme les technologies SMR, c’est-à-dire de petits réacteurs modulaires »

Est-ce que cela demanderait de construire de nouveaux réacteurs ?

Oui. En sachant que les territoires qui en sont dépourvus ne veulent pas en accueillir, comme la Bretagne. Il y a plusieurs zones en France qui se trouvent en fragilité électrique à cause d’une production insuffisante et d’une densité de réseaux trop forte à certains endroits. Impossible de faire de l’hydrogène dans ces conditions.

Sommes-nous face à un dilemme insoluble, entre un besoin d’hydrogène décarboné (idéal pour la mobilité lourde) et une capacité électrique insuffisante pour le produire ?

Non, c’est à mon avis totalement soluble. Le renouvelable a sa place, on peut augmenter les éoliennes dans les zones à faible densité de population jusqu’au moment où cela ne sera plus acceptable. Mais à cela doit s’ajouter davantage de nucléaire, sous des formes différentes, comme les technologies SMR, c’est-à-dire de petits réacteurs modulaires fabriqués à la chaîne pour le dire rapidement. Ces installations ont des plus petites puissances et sont, par conséquent, plus sûres.

N’est-il pas envisageable, par ailleurs, que notre consommation électrique gagne en efficience ou tende vers une certaine sobriété, pour équilibrer le mix et compenser l’arrivée de l’hydrogène ?

Je ne le crois pas. Il y a une demande d’électricité croissante pour toute la société numérique. Certes, ce secteur permet d’optimiser tel ou tel système, en le rendant plus sobre et plus intelligent, mais cela reste une source importante de consommation. Regardez l’augmentation des data centers. Il faut également prendre en compte le chauffage, avec la multiplication des pompes à chaleur ainsi que le développement de la mobilité électrique. Je ne vois pas pourquoi, ni comment, cette demande devrait baisser. Et le discours sur l’hydrogène est incohérent de ce point de vue là. Cela demande de réfléchir sur le long terme à notre manière de transformer l’industrie. Pour ma part, je préfère la décarboner avec la science, qu’avec la décroissance. L’homme a toujours choisi l’innovation.

Covid : l’Académie de médecine veut rendre le vaccin obligatoire

Covid : l’Académie de médecine veut  rendre le vaccin obligatoire

L’Académie nationale de médecine estime indispensable de rendre le vaccin contre le Covid obligatoire pour de nombreuses professions et de vacciner enfants et adolescents. « Le dynamisme de la campagne va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination », deux catégories estimées chacune à 15 % de la population, argumente-t-elle

Recherche scientifique : la France en retard

Recherche scientifique : la France en retard

 

Prix Nobel de physique , Serge Haroche souligne le retard scientifique de la France dans une interview des échos.

 

Pourquoi parle-t-on tant actuellement de « deuxième révolution » quantique ?

Il y a environ un siècle, l’arrivée de la théorie quantique a conduit au développement d’un très grand nombre d’instruments que l’on utilise aujourd’hui dans notre vie quotidienne : les lasers, les ordinateurs, les horloges atomiques dans le GPS ou encore la résonance magnétique nucléaire, qui a conduit à l’IRM. C’est ce que l’on peut appeler le résultat de la première révolution quantique.

Depuis une trentaine d’années, grâce au développement de la technologie, on est capable de manipuler des atomes et des photons isolés, les faire interagir les uns avec les autres de façon contrôlée. C’est cette deuxième étape que certains appellent « la deuxième révolution quantique ».

Que peut-on espérer de cette deuxième révolution ?

Je n’aime pas promettre ou survendre ce qui pourrait se passer à l’avenir. Disons que cette seconde révolution vise à domestiquer les particules quantiques individuelles pour faire des choses plus précises, développer des sondes plus sensibles, ou éventuellement calculer de façon plus efficace. On cherche à utiliser de nouvelles propriétés du quantique, comme la superposition et l’intrication – qui sont très contre-intuitives pour nos esprits habitués au monde classique – pour en faire des choses utiles.

Microsoft, IBM, Google et autres géants de la tech investissent des sommes importantes dans l’ordinateur quantique. En quoi cette machine du futur exploitera ces propriétés ?

Pour rappel, l’ordinateur actuel est un système qui couple des bits entre eux. Ce sont de petits transistors qui peuvent se trouver dans deux états : 0 ou 1. Dans un ordinateur quantique, il s’ajouterait une dimension qui est la superposition d’état : les bits pourraient être non pas simplement des 0 et des 1 mais des superpositions de 0 et de 1. On parle alors de bits quantiques, ou qubits, qui pourraient être intriqués entre eux, s’influer mutuellement en des endroits différents de la machine, ce qui fait que si on mesure l’un des qubits, cela aura une répercussion immédiate sur l’état de l’autre. Ce principe de superposition massive sur un très grand nombre de bits permet, au moins théoriquement, de résoudre des problèmes difficiles que les ordinateurs actuels mettraient un temps quasiment infini à calculer.

Qu’est-ce qui nous empêche de passer de la théorie à la pratique ?

Le plus gros obstacle est la fragilité de l’information quantique. Il faut parvenir à contrôler les bits et leur cohérence, faire en sorte que leurs états de superposition ne soient pas détruits par l’interaction avec leur environnement. Aujourd’hui, ce que l’on sait faire, ce sont de petits prototypes, en quelque sorte des jouets, qui permettent de démontrer que les opérations individuelles marchent sur de petits ensembles de particules. Mais pour avoir un système utile, qui batte en puissance de calcul les machines actuelles, il faut remplacer ces quelques dizaines de bits par des dizaines de millions de bits, corriger de façon massive les erreurs. Ca, pour l’instant personne ne sait le faire.

Donc ce n’est pas pour demain…

Ca fait vingt-cinq ans que l’on nous annonce l’ordinateur quantique ! Mais la réalisation d’une machine battant les performances des ordinateurs classiques actuels reste un but lointain dont personne ne peut dire s’il sera vraiment atteint. Il y a une compétition, largement du domaine des relations publiques, entre les grands groupes – Google, Microsoft et IBM – qui inventent des critères particuliers pour dire que leur machine expérimentale est plus performante qu’une autre… Mais ça reste très loin des applications pratiques.

La cryptographie quantique est au contraire un domaine plus avancé de cette « deuxième révolution », non ?

Oui, la cryptographie quantique n’exige pas d’intrication massive. Elle consiste à coder et décoder des messages secrets à l’aide de clés formées de succession de bits quantiques, et donc protégées de l’espionnage. Si quelqu’un intercepte les clés, des corrélations quantiques vont être altérées et il y aura un moyen très simple de s’en rendre compte et interrompre la communication.

Avec elle, on peut rêver d’un Internet mondial quantique, hautement sécurisé ?

Dans les protocoles de communication quantique, les clés sont portées par des photons se propageant dans des fibres optiques. Mais au bout de quelques dizaines de kilomètres, la cohérence quantique de la lumière se perd. Il faut utiliser ce que l’on appelle des répéteurs, qui remettent en l’état la cohérence. Ces répéteurs quantiques sont très délicats à mettre en oeuvre. Donc un grand internet quantique à l’échelle de la planète, ce n’est pas pour tout de suite. Mais des circuits de communication par fibre entre banques, entre pays, ont été déjà mis en place sous forme de démonstration. Tout ça fait partie d’un domaine de recherche très riche, théorique et expérimental.

Les futures horloges quantiques ne varieront même pas d’une seconde en 15 milliards d’années, soit plus que l’âge estimé de l’univers. A quoi peut servir une telle précision ?

A ce niveau, on peut mesurer des différences de champ de gravitation infimes, vérifier des théories de la relativité générale et on pourra peut-être un jour mettre au point de nouveaux détecteurs d’ondes gravitationnelles. Dans le champ de la métrologie quantique, qui est certainement le plus mûr de tous, on peut aussi citer les interféromètres quantiques, permettant de mesurer de petits champs électriques ou magnétiques ou de petites variations de l’accélération de la pesanteur. De tels instruments sont mis sur le marché pour faire des recherches géologiques, trouver des minerais et peut-être bientôt pour prévoir les éruptions volcaniques et les tremblements de terre. Il y a aussi les accéléromètres quantiques : même dans un sous-marin, sans accès au GPS, ils permettent de savoir où vous êtes avec précision.

La métrologie quantique pourra-t-elle aussi bouleverser la médecine ?

Oui, certaines sondes quantiques permettent de mesurer localement un champ magnétique, et de faire en quelque sorte de l’IRM au niveau microscopique. Vous allez pouvoir étudier de petits systèmes formés de seulement quelques cellules biologiques, ce qui peut avoir des applications extrêmement importantes pour la recherche en biologie et la médecine : détecter des cancers, des lésions…

La France a une longue tradition dans le quantique, avec notamment trois prix Nobel, dont le vôtre, mais attire-t-elle les nouveaux talents ?

La France a pris du retard ! L’effort sur la science a été considérablement ralenti au cours des trente dernières années, surtout si on la compare à certains autres pays. Seul 2,2 % du PIB est consacré à la recherche publique et privée, alors que le pays s’était engagé en 2000 à atteindre les 3 %. On a aussi du retard sur la formation. Les petits Français sont parmi les moins bons en maths. Et surtout, les conditions de travail des chercheurs ne sont pas attirantes : il y a très peu de postes ouverts au CNRS et les jeunes chercheurs qui y entrent gagnent un salaire de misère. Ils sont accablés de tâches administratives et passent une grande partie de leur temps à remplir des dossiers pour pouvoir obtenir des contrats finançant leurs recherches… Les plus brillants se voient offrir des postes à l’étranger, et on ne peut les blâmer de les accepter.

Emmanuel Macron a quand même annoncé un plan quantique de 1,8 milliard d’euros…

Au-delà du quantique, je pense à la recherche en général, à laquelle il faut appliquer le « quoi qu’il en coûte » ! Il faut y investir beaucoup plus de moyens que ceux promis par la nouvelle loi. Cela restera moins que le coût de quelques jours de confinement. Or, notre personnel politique manque de formation scientifique. Difficile de les sensibiliser à l’importance de soutenir la recherche en général, au-delà de quelques domaines appliqués. ​Si on leur dit que l’ordinateur quantique sera peut-être là dans cinquante ans, ça ne les motive pas tellement.

Pourtant, les problèmes qui se posent à nous en tant que civilisation, en tant qu’habitants de la Terre, ne peuvent être résolus que par une science ouverte, s’appuyant sur une recherche fondamentale au long cours, libre et dynamique. La mise au point rapide des vaccins contre le Covid en est un exemple éclatant. Elle n’a été possible que parce que précédée par des décennies de recherche non finalisée sur les coronavirus et l’ARN messager

Covid-19 : un pass pour entrer dans les restaurants partir du 9 juin

Covid-19 : un pass pour entrer dans les restaurants partir du 9 juin

Une sorte de pass sera exigée pour entrer dans les restaurants et certains lieux publics. Des pass numériques sur téléphone ou sur papier.

 

Fourni aux professionnels sur le site TousAntiCovid Signal, le QR code devra être affiché à l’entrée du bar, du restaurant ou de la salle de sport, afin de pouvoir être scanné par les clients eux-mêmes de manière anonyme. Ces derniers recevront une  »alerte orange » si un visiteur présent dans la même tranche horaire de deux heures s’est par la suite déclaré positif au Covid-19 dans l’application. Les consignes sont alors d’« aller se faire tester immédiatement, de limiter ses contacts et de surveiller ses symptômes ». Si trois personnes devenues positives ont fréquenté le lieu, une « alerte rouge » préconise de  »s’isoler et se faire tester immédiatement ».

Economie, politique, société: les plus lus

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COVID-19 France : UN TAUX D’INCIDENCE entre 50 et 200

COVID-19 France : UN TAUX D’INCIDENCE entre 50 et 200

Ces derniers jours, dans plusieurs départements français, le taux d’incidence est passé sous la barre des 50 cas de Covid-19 par semaine pour 100.000 habitants. La Martinique (27,3), Mayotte (22,9), la Charente-Maritime (39,1), les Alpes-Maritimes (45,1), mais aussi la Corse du Sud (21,5) et la Haute-Corse (37,9) sont ainsi sous ce seuil d’alerte, d’après le dernier bilan de Santé Publique France. Le Gers est lui à 50 pile.

Au niveau national, ce taux a chuté depuis la mi-avril - où il était de plus de 360 – et stagne depuis quelques jours entre 120 et 130. Un niveau qui n’avait pas été obtenu depuis fin décembre.

Le taux d’incidence est ainsi de 210,1 en Seine-Saint-Denis, de 194,1 dans le Val-de-Marne, de 190 dans l’Oise, de 195,1 dans le Val-d’Oise ou encore de 180,6 dans la Sarthe.

 

FÉMINICIDE À HAYANGE: L’auteur considéré comme non-violent !

FÉMINICIDE À HAYANGE: L’auteur considéré comme non-violent !

 

Les responsables de l’enquête affirment que l’auteur n’était pas repéré comme non-violent. Pourtant, la jeune femme avait pourtant déposé plainte le 3 novembre dernier contre son conjoint pour menaces de mort réitérées. Une main courante pour des faits similaires avait également été déposée.

Le 23 novembre dernier, le jeune homme avait été interpellé dans le cadre d’une autre affaire (délits routiers graves, outrage, rodéo automobile). Pour ces faits distincts des menaces de mort, il avait été condamné par le tribunal judiciaire de Thionville à un an de prison ferme avec mandat de dépôt, avant d’en ressortir le 12 mai dernier avec un placement sous bracelet électronique. Ce placement s’était toutefois effectué au domicile de la victime, avec qui il vivait en concubinage, et ce malgré la plainte de fin 2020.

 

 

La dette en hausse mais coût plus bas

La dette en hausse mais coût plus bas

Anthony Requin de l’Agence France Trésor (AFT) explique que le montant de la dette qui ne cesse de monter n’est pas trop inquiétant car son coût est plus bas .(Ceci étant  il faudra quand même la rembourser y compris quand les taux seront plus élevés NDLR)

 

Interview dans la Tribune

 

LA TRIBUNE – Vingt ans après la création de l’Agence France Trésor, comment ses missions ont-elles évolué ?

ANTHONY REQUIN - Elles sont intactes. Le cœur de mission de l’agence n’a pas évolué. La gestion de la dette et de la trésorerie de l’État sont restées les principales missions de l’AFT. En 2017, il y a un eu un rapprochement avec la CADES, la caisse d’amortissement de la dette sociale, en charge de financer et d’amortir la dette sociale en France, l’AFT étant désormais chargée de conduire les opérations de marché pour le compte de la CADES. Ce qui a plus évolué en revanche est la taille des encours de dette sous gestion, la taille et celle des montants à financer chaque année.

Comment les effectifs de l’AFT ont-ils évolué depuis une vingtaine d’années ?

Nous sommes actuellement 47, en comptant les effectifs de la CADES mis à disposition de l’AFT. Sur le périmètre pré-rapprochement CADES, l’Agence France Trésor en tant que telle emploie environ 40 personnes, soit 5 de plus qu’il y a 10 ans du fait du renforcement de certaines fonctions support (dans le juridique, l’informatique, le contrôle interne ou la stratégie).

Justement, vous manipulez des milliards avec une relative petite équipe ?

L’Agence France Trésor améliore et modernise continuellement sa structure, ses outils de travail, notamment informatiques, et ses procédures aux évolutions des pratiques de marché, ce qui lui a permis de faire des économies d’échelle considérables.

Comment les besoins de financement de l’Etat ont-ils évolué sur les deux dernières décennies ?

Avant la grande crise financière de 2008, les programmes de financement de l’État étaient – autour de – mais légèrement inférieurs à 100 milliards d’euros par an. Il y a eu un changement de palier par la suite, avec une fourchette d’émission de titres à moyen long terme comprise entre 170 et 190 milliards d’euros au cours de la période 2009-2017. En 2019, on atteignait les 200 milliards d’euros et avec la crise Covid, on a atteint les 260 milliards d’euros.

La signature de la dette française semble avoir la confiance des investisseurs malgré la crise.

La France reste bien notée par les agences de notation. Le choc causé par la Covid-19 a touché l’ensemble des pays et pas seulement la France. Donc du point de vue des agences de notation, la France ne subit pas un choc spécifique, même si c’est un choc qui a affecté particulièrement le modèle productif français, au vu de sa spécialisation sectorielle (aéronautique, automobile, tourisme). Mais le risque est tout autant dans la sévérité du choc initial que dans les modalités de la sortie du choc.

Il faudra attendre un peu que la poussière retombe pour voir si la France s’avère plus ou moins touchée que d’autres pays. Tout va dépendre de la capacité du modèle productif français à se relever rapidement et à pouvoir fonctionner à nouveau à plein régime. Le gouvernement s’y emploie avec les plans de relance français et européen. Il y des motifs d’espérance. Ainsi les données économiques du troisième trimestre 2020 ont montré une forte capacité de rebond de l’économie française.

Les agences de notation et les investisseurs, au-delà de l’impact de la crise sur les ratios de dette, tiennent aussi compte de ses conditions de financement. De ce point de vue, la BCE a joué un rôle important en abaissant le coût de la dette. La dette est certes beaucoup plus élevée mais elle coûte beaucoup moins cher qu’au début des années 2000. Du point de vue des agences de notation, la France est entrée dans la crise avec une situation des finances publiques pas encore complètement rétablies mais elle bénéficie d’une flexibilité financière importante en témoigne sa capacité d’accès aux marchés de capitaux, à des taux d’intérêt très faibles et elle bénéficie d’une maturité moyenne de sa dette plutôt élevée. Lors de cette crise, la France a pu bénéficier de taux beaucoup plus attractifs que lors du choc de 2008-2009 où les taux étaient entre 3% et 4%. La France traverse cette crise avec des conditions d’emprunt bien plus faibles et une maturité d’émissions pour les opérations de l’année bien plus élevée. Tous ces éléments constituent des coussins de protection pour l’avenir.

La politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a beaucoup changé sur la dernière décennie. Estimez-vous que la Banque centrale sort de son rôle ?

Non, il y a assez de gardiens du temple institutionnellement dans le système pour assurer qu’elle ne sorte pas de son rôle. La Banque centrale européenne nous apporte beaucoup de sécurité par son action dans l’exécution des ces programmes de financement à des conditions de taux extraordinairement faibles. Nous avons confiance en cette institution qui a montré ses capacités à pouvoir s’adapter à différentes crises et à apporter à chaque fois la bonne réponse. Cette politique monétaire apporte de la confiance aux différents acteurs de marché.

Etes-vous inquiet de la fin programmée du PEPP ?

Je ne doute pas de la capacité de la BCE à gérer adroitement le prochain virage qui sera celui de la normalisation monétaire. Les gouverneurs de la banque centrale l’ont déjà montré par le passé. Entre 2018 et 2019, le PSPP (the Public Sector Purchase Programme) était progressivement passé d’un rythme d’achats de titres de dette de 80 milliards d’euros à zéro et cela s’était bien passé sans choc abrupt sur les marchés. Les taux avaient même continué à baisser.

Comment expliquez-vous la baisse tendancielle des taux ?

Les économistes ont beaucoup étudié cette question et c’est encore un objet de débat académique, mais beaucoup y voient la manifestation de tendances structurelles qui ont conduit à l’affaiblissement à la fois de la composante des tendances inflationniste et de la composante réelle des taux. Parmi les facteurs structurels les plus fréquemment cités, on peut mentionner dans les économies développées la baisse des gains de productivité tendanciels qui a affaibli le taux de croissance, l’insertion progressive dans le commerce international de grandes économies disposant d’une main d’œuvre abondante qui exerce une pression à la baisse sur les prix, de même que l’exacerbation de la concurrence sous l’effet de ruptures technologiques, de l’action des régulateurs sectoriels et de la baisse des barrières douanières, ou encore les changements affectant les modes de fixation des salaires, l’érosion du pouvoir de négociation des salariés dans certaines économies. Enfin, le vieillissement démographique et l’accentuation des inégalités dans certains pays qui peuvent être à l’origine d’un surcroît d’épargne.

S’agissant des évolutions futures, il n’est pas évident de déterminer avec certitude l’évolution des taux nominaux à long terme. Actuellement, sous l’effet de la réouverture des économies post-pandémie et des stimuli budgétaires et monétaires actuels, on constate une légère remontée des taux d’intérêt, alimentée par la hausse de la composante réelle et la révision à la hausse des anticipations d’inflation. À moyen terme, d’autres facteurs comme la nouvelle donne démographique à l’œuvre au sein de certaines grandes économies qui conduit à la baisse de leur population active pourraient également jouer un rôle, de même que la relocalisation de certaines chaînes de valeurs si ce mouvement venait à se confirmer. La question demeure de savoir si ces évolutions seront suffisantes pour contrer les facteur structurels évoqués précédemment qui avaient conduit à une baisse continue des taux et de l’inflation ces quarante dernières années.

Il faudra également qu’intervienne une normalisation de politique monétaire, à rebours des politiques menées depuis 2008, et pour certaines économies menées depuis le début des années 2000. Or, à ce jour, nous n’avons pas d’exemple abouti de normalisation complète de politique monétaire. Le processus de normalisation qui avait été engagé par la Réserve Fédérale américaine fin 2017 a été interrompu avec la crise sanitaire, et  cette interruption avait de facto commencé dès l’automne 2019 du fait des perturbations sur le processus de formation de certains taux d’intérêt intervenus concomitamment à la réduction de la taille de bilan de la Fed.

En ce moment, les débats sur les risques d’inflation font rage. Ces poussées inflationnistes représentent-elles un risque pour vous ?

Elles représentent aussi pour nous en tant qu’agence d’émission une opportunité. Ces poussées relancent ainsi l’intérêt pour les émissions de titres indexés sur l’inflation. Pendant les phases de récession, ces titres suscitent plutôt un moindre intérêt des investisseurs. C’est un marché assez procyclique dans son fonctionnement. Quand les tensions inflationnistes surgissent, davantage d’investisseurs souhaitent se protéger contre le risque inflationniste et cela suscite un regain d’intérêt et d’appétit pour des titres indexés sur l’inflation, qui sont dès lors mieux valorisés. La demande pour ces produits est en train de renaître. La manifestation de cette demande nous a ainsi conduit à lancer jeudi 20 mai une nouvelle OAT à 10 ans indexée sur l’inflation française.

Par qui sont détenus les titres de la dette française ?

La Banque centrale européenne détient environ 30% du stock des titres émis par l’État. Pour le reste, plusieurs enquêtes permettent d’avoir des informations. S’agissant des détenteurs résidents, qui représentent 50% du total, nous avons une image assez précise grâce à une enquête régulièrement menée par la Banque de France. Il s’agit d’établissements de crédits, des assureurs, des gestionnaires d’actifs, des banques commerciales et des institutions publiques comme la Banque de France au titre des actions de politique d’achat d’actifs menées par la BCE déjà mentionnée. Pour les non-résidents, nous nous basons essentiellement sur une enquête du FMI. Pour schématiser, on estime à environ 25% la quotité de détenteurs en zone euro et 25% hors zone euro sur le stock.

Comment l’agence s’est-elle adaptée aux OAT vertes ?

Ce lancement a été un vrai défi. La France ambitionne d’être à l’avant-garde des politiques de transition énergétique. Ces politiques vont mobiliser énormément d’investissements et de capitaux. Les marchés financiers doivent accompagner ce mouvement. L’argent public ne suffira pas. Il faut que ce soit un mouvement global. L’intuition politique est de montrer que les États peuvent financer leur transition énergétique à travers les marchés de capitaux. Les États précurseurs qui vont s’engager vont pouvoir structurer la gestion d’actifs verts. L’approche de la France a ensuite été suivie par la Belgique, l’Irlande, les Pays-Bas ou encore le Chili, plus récemment par l’Allemagne en attendant l’Espagne et le Royaume-Uni.

Propos recueillis par Grégoire Normand

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