Archive mensuelle de mai 2021

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Mali : le colonel Goïta président autoproclamé de la transition

Mali : le colonel Goïta président autoproclamé de la transition

La cour constitutionnelle à la botte des militaires a adoubée colonel Goïta comme président de la transition  L’arrêt stipule que le vice-président de la transition, le colonel Goïta, «exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme», et qu’il portera «le titre de président de la transition, chef de l’Etat».

 

La Cour constitutionnelle déclare. «En raison de la vacance de la présidence de la transition, il y a lieu de dire que le vice-président de la transition assume les prérogatives, attributs et fonctions de président de la transition, chef de l’Etat», écrit-elle.

Le colonel Goïta, homme fort du Mali a fait arrêter le président en exercice et le premier ministre. Il semble bien que les militaires au Mali soient davantage préoccupés à faire des coups d’Etat qu’à combattre les terroristes laissant à la force barkhane le soin de s’en occuper !

Sondage covid :65 % pour la vaccination, insuffisant !

Sondage covid :65 % pour la vaccination, insuffisant !

 

 

Selon un sondage d’OpinionWay réalisé du 3 au 11 mai pour Le Monde, 65% des Français de plus de 18 ans ont l’intention de se faire vacciner contre le Covid-19 ou l’ont déjà fait. Un chiffre en hausse de 16 points par rapport à janvier 2021. 20% donnent en revanche une réponse négative et 13% sont indécis.

Or d’après certains experts l’immunité collective implique qu’il y ait au moins 70 % de vaccinés. Pour l’instant, la France compte 46 % de personnes ayant reçu une dose, les États-Unis 62 %. Pour aller au-delà, il semble qu’il faudrait vaincre un certain nombre de réticences. Et pour vaincre totalement la maladie 90 % de vaccinés seraient nécessaires. Se pose évidemment la question de la vaccination obligatoire vis-à-vis de laquelle certains politiques sont très prudents pour ne pas dire laxistes  au motif d’atteintes aux libertés. Une curieuse conception des libertés que d’être libre de contaminer autrui !

 

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

La grande confusion idéologique de la gauche

La grande confusion idéologique de la gauche

Philippe Corcuff dresse le panorama de l’extrême confusion idéologique actuelle.

Le sociologue et politiste signe un méticuleux travail d’analyse dans lequel il dissèque les manquements, les incohérences et les errements de la gauche, dont la droite et plus encore l’extrême droite font leur miel.

Analyse du Livre de Philippe Corcuff dans le Monde

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Voici un livre important qui, s’exprimant de l’intérieur de ce que l’on appellera par commodité la gauche intellectuelle radicale, met méthodiquement les pieds dans (presque) tous les plats habituellement contournés par celle-ci. Au-delà de ce « camp » spécifique, toujours influent par son rôle de producteur de concepts et de discours pour tout projet politique alternatif, cet ouvrage est susceptible d’intéresser quiconque, y compris parmi les « modérés », tente de retrouver des repères dans l’actuel brouillard du « confusionnisme ».

Le mot appelle une définition. Pour l’auteur, sociologue et politiste, c’est « le nom actuel d’une désagrégation relative des repères politiques antérieurement stabilisés autour du clivage gauche-droite et du développement de passerelles discursives entre extrême droite, droite, gauche modérée et gauche radicale ».

Il ne s’agit donc pas de la figure classique des « extrêmes qui se rejoignent », mais d’un phénomène bien plus large, dont l’effet est de « générer des interférences entre des postures et des thèmes auparavant antagonistes ». Entre, par exemple, internationalisme et souverainisme, accueil des migrants et sacralisation de la frontière, universalisme et culte de l’identité, souci écologique et exaltation des racines terriennes…

Ses composantes, enchevêtrées et mouvantes, sont patiemment décortiquées : l’identitarisme, le « postfascisme » (ainsi défini parce que l’extrême droite, naguère antirépublicaine, se réclame aujourd’hui de l’héritage républicain dans sa forme autoritaire), l’extrême-droitisation (notamment de la droite classique), l’ultraconservatisme et le conspirationnisme qui gagne partout du terrain. Soumise à ces « interférences confusionnistes », la critique de la société et de ses injustices revêt alors les formes dégradées d’un hypercriticisme « antisystème » où se côtoient et se recoupent la transgression et la posture rebelle, la prétention à briser les tabous, la stigmatisation des médias, l’ivresse du simplisme et l’exploitation du ressentiment.

Peu suspect de connivence avec le macronisme, dont il envisage toutes les évolutions possibles y compris les pires, l’auteur observe néanmoins que l’effacement de la frontière symbolique avec l’extrême droite ouvre un « un abîme relativiste relevant du tragicomique » quand le terme de dictature est utilisé pour qualifier l’état politique actuel de la France. Chemin faisant, cet ouvrage apparaît comme une encyclopédie des manquements, des incohérences et des errements de la gauche, dont la droite et plus encore l’extrême droite font leur miel.

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Covid France : baisse du nombre d’hospitalisés en soins critiques en Île-de-France

Covid France : baisse du nombre d’hospitalisés en soins critiques en Île-de-France

 

L’ARS dénombrait très exactement 979 patients atteints du Covid-19 dans les services de réanimation, de soins intensifs et de soins continus, selon un bilan quotidien arrêté à 11 heures, contre 1 009 la veille.

Le seuil symbolique du millier de patients avait été franchi le 9 mars, au début de la troisième vague, qui avait culminé dans la région le 20 avril, avec 1 792 malades en « soins critiques ». Le niveau d’occupation de ces services reste toutefois bien au-delà du dernier point bas (542) atteint le 8 janvier. En ajoutant les malades admis dans d’autres secteurs (infectiologie, pneumologie, rééducation…), le nombre total de « patients Covid hospitalisés » en Ile-de-France (4 700) est en revanche redescendu au plancher du début. En province aussi la baisse est  continue.

Hausse des inégalités en dix ans

Hausse des inégalités en dix ans

D’après l’INSEE, le niveau de vie des 20% de ménages les plus aisés était 4,43 fois supérieur à celui des 20% les moins aisés en 2018, contre 4,35 fois en 2008, évalue l’Institut national de la statistique dans son rapport sur les revenus et le patrimoine des ménages. Mais cet écart aurait été beaucoup plus important sans les mesures de redistribution existantes, telles que les aides sociales, souligne l’Insee.

Dans le détail, sur la période, la moitié de la population avait un niveau de vie inférieur à 1 771 euros par mois, soit un niveau  »légèrement plus élevé » qu’en 2008. De même, le niveau de vie des 10% les plus modestes est inférieur en 2018 à son niveau de 2008, la hausse du chômage en dix ans ayant réduit leurs revenus, avant redistribution. A l’inverse, les revenus des plus aisés ont augmenté, en particulier leurs revenus du patrimoine.

Le plan de relance de l’UE enfin adopté par les 27

Le plan de relance de l’UE enfin adopté par les 27

Les parlements d’Autriche et de Pologne ont approuvé jeudi le plan de relance européen de 672 milliards d’euros pour surmonter les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, permettant de conclure le processus de ratification de ce projet historique.

Immobilier : le marché en forte hausse

Immobilier : le marché en forte hausse

A fin mars 2021, le volume des ventes de logements anciens a atteint 1,08 million de transactions sur un an, selon les chiffres des notaires publiés ce jeudi. Après 1,024 million à fin décembre 2020. Alors même que l’activité avait commencé à décroître après le millésime exceptionnel de 2019 , et qu’elle a continué à baisser jusqu’au troisième trimestre 2020 du fait des conséquences de l’épidémie de Covid-19…

Sondage régionales: nouveau recul de la gauche

Sondage régionales: nouveau recul de la gauche

Le baromètre RégioTrack OpinionWay pour « Les Echos » et Radio classique montre une forte poussée à droite. Au plan national, les listes soutenues par Les Républicains et celles du Rassemblement national sont au coude-à-coude et creusent l’écart avec les autres formations. Les premières sont créditées de 27 % des intentions de vote, soit une progression de 3 points sur un mois. La formation de Marine Le Pen, elle, gagne 4 points, à 26 %.

Deux formations politiques en font les frais. Les socialistes perdent 2 points à 11 % des intentions de vote et passent symboliquement derrière les écologistes (12 %).

En cause notamment l’envolée des questions sécuritaires, alimentée par une série de faits divers et par la manifestation de policiers . Bien qu’il ne s’agisse pas d’une compétence régionale, la sécurité est le premier enjeu du scrutin aux yeux des Français. La moitié d’entre eux la citent (une hausse de 3 points sur un mois et de 8 points depuis janvier), loin devant le développement économique et l’environnement.

Faute d’avoir une implantation locale, faute d’afficher de fortes figures de proue , la majorité présidentielle est dans une situation plus compliquée encore. LREM et ses alliés poursuivent leur dégringolade . Un recul de 2 points sur un mois. Et de 5 points depuis janvier, à 13 % des intentions de vote. Trois Français sur dix (31 %) et 11 % des électeurs d’Emmanuel Macron en 2017 veulent exprimer aux régionales leur « opposition » à l’exécutif.

 

Rwanda: La reconnaissance des responsabilités françaises

 Rwanda: La reconnaissance des responsabilités françaises 

Stéphane Audoin-Rouzeau, historien français spécialiste de la violence de guerre, réagit au discours d’Emmanuel Macron sur le génocide de 1994, prononcé jeudi lors de sa visite à Kigali dans l’Opinion

 

 

 

 

Le président de la République a reconnu jeudi les « responsabilités » de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et dit espérer que les Rwandais puissent un jour pardonner aux autorités françaises de ne pas avoir su l’empêcher. Dans un discours très attendu prononcé au mémorial de Gisozi à Kigali, Emmanuel Macron s’est efforcé de tourner la page d’une relation douloureuse entre les deux pays, soulignée par le récent rapport des historiens de la mission Duclert qui a conclu aux « responsabilités accablantes », mais pas à la « complicité » de la France.

Historien à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la violence de guerre et du premier conflit mondial, Stéphane Audouin-Rouzeau se consacre désormais au génocide des Tutsis du Rwanda. Il est notamment l’auteur d’Une initiation : Rwanda 1994-2016 (Seuil, 2017).

Dans son discours à Kigali, le président Macron n’a pas prononcé le mot « excuses ». A-t-il eu raison ?

Il me semble que l’on s’est trop focalisé sur cette question des excuses. L’important, à mes yeux, c’était l’institutionnalisation d’un discours de vérité, discours déjà « officialisé » par la remise des rapports Duclert et Muse il y a deux mois. Mieux valait un discours de vérité solide et pas d’excuses, plutôt que l’inverse. Ajoutons qu’il y a dans le discours d’Emmanuel Macron une demande de pardon en quelque sorte « indirecte » : « Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner. » On ne demande pas le pardon, mais on espère qu’il nous sera accordé, en somme…

Le Président a parlé de « la France » sans jamais désigner par leur nom les responsables de l’époque, François Mitterrand au premier chef. Là encore a-t-il eu raison ?

C’est là l’aspect le plus décevant du discours. Car « la France », qu’est-ce à dire ? En fait, autour de François Mitterrand lui-même, un petit groupe d’une dizaine de personnes a préempté toute la politique française au Rwanda, au moins jusqu’à la cohabitation de 1993. Ce petit groupe d’« assassins de papier » — assassins de papier malgré eux, mais assassins de papier néanmoins — porte toute la responsabilité des errements criminels de la politique française. L’Etat français n’a pas démérité dans sa totalité, des tas d’objections à la politique suivie sont remontées vers les décideurs, de la part de la DGSE notamment. Ces décideurs méritent désormais de basculer dans les poubelles de l’Histoire.

Quid de la responsabilité des militaires ?

C’est un autre point faible du discours. On le sait : l’armée française s’est très bien « tiré » du rapport Duclert, sans doute un peu trop. Certes, en démocratie, la responsabilité primaire des décisions militaires revient au pouvoir civil, et à ce titre, il eût été profondément anormal de faire porter le chapeau de la politique suivie à l’armée française, pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Pour autant, le chef d’état-major de l’époque, l’amiral Lanxade, n’était pas un simple exécutant, mais un coproducteur des décisions prises. Il faudrait ici descendre au niveau de l’opérationnel. Les forces françaises, de 1990 à 1993, se sont-elles contentées d’assister les forces armées rwandaises ? Le général Varret, commandant de la Mission militaire de coopération, a bien dit que ce n’était pas le cas, et c’est pour cela qu’il a démissionné et quitté l’armée. Et puis, les artilleurs français n’ont-ils jamais manié eux-mêmes les canons de 105 mm livrés par la France ? Il est difficile de le croire. Enfin, le général Patrice Sartre a incriminé les puissants moyens de combat de Turquoise, au détriment des moyens de secours humanitaire, et il a donc évoqué « l’échec humanitaire » de l’opération. Tout ceci, avec d’autres sujets encore, devra être tiré au clair.

« Au sens courant, il est bien évident que les responsables français ne souhaitaient pas le génocide, n’ont pas voulu qu’il advienne, et n’ont commis aucun acte d’appui direct à celui-ci. Qui pouvait penser le contraire ? D’un point de vue de droit pénal international, les choses sont plus compliquées… »

Pour Emmanuel Macron, la France est « responsable » mais pas « complice ». Ce raisonnement vous convainc-t-il ?

Cette question de la « complicité » empoisonne le débat autour du rapport Duclert depuis deux mois. Les responsables de la politique française de l’époque s’en sont saisis pour dire qu’il n’y avait donc « rien à voir ». Au sens courant, il est bien évident — et il l’a toujours été à mes yeux — que les responsables français ne souhaitaient pas le génocide, n’ont pas voulu qu’il advienne, et n’ont commis aucun acte d’appui direct à celui-ci. Qui pouvait penser le contraire ? D’un point de vue de droit pénal international, les choses sont plus compliquées. La jurisprudence, ici, pourrait permettre de reconnaître une complicité sans intentionnalité, en fonction du niveau d’aide apporté. Dès lors, si des associations de rescapés, en France, au Rwanda, en Belgique, décidaient de lancer des actions en justice pour ce motif, qui oserait leur en faire le reproche ?

De manière plus générale, quel regard portez-vous sur la politique mémorielle du président Macron ? Croyez-vous possible cette « réconciliation des mémoires » à laquelle il aspire ?

Pour avoir accueilli le président à Péronne, à l’Historial de la Grande Guerre, à la fin de son itinérance mémorielle de 2018, et pour avoir lu de près ses communiqués sur l’assassinat de Maurice Audin et d’Ali Boumendjel en 1957 par les paras d’Aussaresses pendant la bataille d’Alger, il me semble que cette politique mémorielle est assez remarquable. De même pour le rapport commandé à l’historien Benjamin Stora, tout le problème étant ici le dédain du pouvoir algérien à son endroit. Mais pour le Rwanda, le Président a été confronté à une « accélération du temps » : deux mois seulement se sont écoulés entre l’« officialisation » d’un discours de vérité grâce aux rapports Duclert et Muse, et le discours d’Emmanuel Macron à Kigali : c’est très très peu ! On se souvient que deux décennies s’étaient écoulées entre l’officialisation d’un savoir historien sur le rôle de Vichy dans la déportation des juifs de France et le discours de Jacques Chirac en juillet 1995, reconnaissant la responsabilité de la France.

Blockchain et crytomonnaies: perspectives

  Blockchain et crytomonnaies: perspectives 

« La blockchain représente un registre transparent et distribué, donc décentralisé, capable d’enregistrer les transactions entre deux utilisateurs de manière efficace, vérifiable, permanente et irréversible »

Tribune dans l’opinion deBertrand Jacquillat  vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion.

 

Le commerce mondial a accouché d’un étrange paradoxe. Les consommateurs peuvent s’envoyer des données à la vitesse de l’éclair et à moindre coût, alors que le transfert d’argent n’a pas évolué, il est resté coûteux et lent. Ces outils essentiels que sont les contrats, les transactions et leur enregistrement, et qui représentent les éléments déterminants de l’écosystème financier, n’ont pas suivi la transformation digitale de l’économie.

C’est ce à quoi la blockchain peut contribuer. Cette technologie représente un registre transparent et distribué, donc décentralisé, capable d’enregistrer les transactions entre deux utilisateurs de manière efficace, vérifiable, permanente et irréversible. Dans un tel environnement, chaque accord, chaque process, chaque tâche et chaque paiement sont enregistrés et pourvus d’une signature numérique susceptible d’être identifiée, validée, stockée et partagée. Les individus, les entreprises, les machines et les algorithmes y procèdent librement à des transactions et à des interactions avec le minimum de frictions.

Le bitcoin constitue la toute première application de la technologie de la blockchain. Il est la plus médiatisée des cryptomonnaies (depuis sa création en 2008, plus de 1 700 ayant une valeur supérieure à un million de dollars sont apparues). Son usage répond à des motivations diverses. Pour certains, il constitue un divertissement, pour d’autres un objet de spéculation qui peut rapporter gros et vite (l’inverse est tout aussi vrai). Mais pour la communauté de ses croyants, qui forment une véritable secte, c’est tout un mode de vie, notamment à cause de son côté anarchique, débarrassé de tout contrôle, indépendant des gouvernements, des grandes banques, de la politique monétaire, dans lesquels ils n’ont plus confiance.

Le bitcoin a une empreinte carbone très élevée à cause de l’électricité nécessaire aux «mineurs» pour sa production longue et complexe. Son fonctionnement selon son protocole actuel requiert une consommation d’électricité équivalente à celle du Pakistan

Avec la généralisation des cryptomonnaies, c’est Ayn Rand et ses épigones libertariens qui prennent le pouvoir. Mais un certain nombre d’évènements récents ont ébranlé la marche en avant du bitcoin. D’abord la chute instantanée de sa valeur de 30 % la semaine dernière, de même que la directive de la Banque centrale chinoise enjoignant aux banques de ne pas accepter de virements en cryptomonnaies, déniant ainsi à ces dernières le statut de monnaie réelle. Le coup de grâce leur fut porté à la fois par la banque centrale américaine et par la Banque centrale européenne, lorsqu’elles ont souligné que ces crypto-actifs ne représentaient aucun risque systémique du fait que les banques placées sous leur juridiction n’y étaient que très peu exposées. Elles étaient donc indifférentes à leur extrême volatilité, et par conséquent n’interviendraient pas en cas de krach provoqué par ceux-ci.

Abus de langage. Dernier coup de pied de l’âne à leur encontre, l’avertissement des banques centrales que les cryptomonnaies n’avaient aucune valeur fondamentale (mais quelle est celle du dollar ou celle de l’euro ?), voire une valeur négative, si on leur appliquait la taxe carbone qu’elles devraient supporter. D’aucuns estiment que les cryptomonnaies, et notamment la plus médiatisée, le bitcoin, n’ont aucun des attributs classiques conférés à une monnaie, et que l’accolement des deux termes constitue un abus de langage trompeur.

Le bitcoin n’est pas une unité de compte dans la mesure où aucun prix n’est exprimé en bitcoin. Il n’est pas non plus un moyen de paiement (sauf dans l’usage illicite qu’en font certains pour le blanchiment d’argent sale), ne serait-ce que parce que seulement quelques transactions par seconde sont possibles avec le bitcoin, à comparer à plus de 24 000 au travers du réseau Visa, et que quasiment aucune entreprise ne les accepte en paiement de ses produits et services (ni même Tesla qui vient de se rétracter de cette possibilité). Le bitcoin est encore moins une réserve de valeur compte tenu de l’extrême volatilité de son prix. Il n’appartient même pas à la catégorie des actifs, dans la mesure où la plupart d’entre eux génèrent des flux de revenus. Il ne représente pas plus de l’or digital, comme l’affirment ses promoteurs, car il n’a aucun usage industriel.

Enfin, last but not least pour son avenir, le bitcoin a une empreinte carbone très élevée à cause de l’électricité nécessaire aux « mineurs » pour sa production longue et complexe. Le fonctionnement du bitcoin selon son protocole actuel requiert une consommation d’électricité équivalente à celle du Pakistan.

Tiers garant. Il n’empêche, l’installation des cryptomonnaies dans le paysage financier mondial a amené les banques centrales à réfléchir à la création de leur propre monnaie digitale, des stablecoins, qui pourraient précisément servir au règlement des transactions en offrant la sécurité d’un tiers garant, et qui leur permettrait de garder leur pouvoir de contrôle sur l’écosystème financier. La fonction principale de la finance étant d’enregistrer de manière continue énormément de transactions, ces nouvelles technologies innovantes concernent tous ses acteurs : les banques, les compagnies d’assurances, les gestionnaires d’actifs, les infrastructures de marché, etc.

La blockchain a le potentiel pour devenir le système d’enregistrement de toutes les transactions financières, ce qui devrait entraîner des économies opérationnelles dans le fonctionnement de la planète finance évaluées à plusieurs milliers de milliards de dollars

Le rapprochement des transactions entre registres individuels et privés prend beaucoup de temps parce qu’il présente à la fois un risque d’erreurs et de fraude. Par exemple, une transaction boursière courante peut être exécutée en quelques microsecondes, et souvent sans intervention humaine. Mais le règlement et le transfert de propriété des espèces et des titres peuvent nécessiter plusieurs jours ouvrables car les parties concernées, n’ayant pas accès à leurs registres respectifs, n’ont donc aucune possibilité de vérification directe de leur existence et de leur transférabilité.

Au lieu de quoi, une série d’intermédiaires servent de caution pendant que les organisations concernées enregistrent la transaction en mettant à jour un par un et séparément leurs registres. Les plateformes de marché traditionnelles sont particulièrement visées, et devraient basculer sur cette technologie, aussi bien en matière de compensation, de conservation et de négociation (trading) des titres.

En effet, si une transaction boursière est effectuée sur un système fondé sur la blockchain, elle sera réglée en quelques secondes, en toute sécurité et de façon vérifiable. Ainsi, cette technologie a le potentiel pour devenir le système d’enregistrement de toutes les transactions financières, ce qui devrait entraîner des économies opérationnelles dans le fonctionnement de la planète finance évaluées à plusieurs milliers de milliards de dollars. Ainsi les cryptomonnaies ne sont que la partie immergée des nouvelles technologies appliquées à la finance susceptibles de bouleverser son fonctionnement. L’arbre ne doit pas cacher la forêt, mais la route sera longue et accidentée pour qu’ils n’atteignent l’âge de la maturité.

Bertrand Jacquillat est vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion.

L’Europe trop passive

L’Europe trop passive

« La réalité que l’on s’est cachée toutes ces dernières années, c’est que la multipolarité appelée de nos vœux ne veut pas forcément dire un monde apaisé »

 

Interview du politologue Thibault Muzergues dans l’Opinion.

 

 

Politologue, Thibault Muzergues est directeur du programme Europe du think-tank américain International Republican Institute (IRI). Son dernier ouvrage Europe, champ de bataille. De la guerre impossible à une paix impossible (Editions Le bord de l’eau, 312 pages, 27 euros) sortira le 4 juin.

A vous lire, tout concourt à ce que l’Europe connaisse prochainement une guerre…

Il n’y a pas de fatalité et il ne faut pas tomber dans le surpessimisme. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’il y a de vrais risques. La réalité que l’on s’est cachée toutes ces dernières années, c’est que le monde est redevenu dangereux et que la multipolarité appelée de nos vœux ne veut pas forcément dire un monde apaisé. Bien au contraire ! Nous payons des contradictions que nous avons ouvertement ignorées ces vingt dernières années. Nous entrons dans une zone de danger, mais cela ne veut pas dire non plus qu’une guerre est inévitable. Le risque a toujours existé, seulement nous ne nous en rendions pas compte. La question, aujourd’hui, est de savoir comment faire pour limiter ce risque.

De tous les nuages que vous pointez, quels sont les plus dangereux ?

On ne peut pas le savoir avec certitude. Si vous posez la question à des gens de droite, à un Espagnol ou à un Italien, ils vous répondront que c’est l’immigration, donc sous-entendu l’islam, voire les minorités. Pour d’autres, comme les Lituaniens ou les Lettons, ce sera la Russie qui s’est lancée clairement dans une politique révisionniste de ses frontières. Nous avons une géographie qui fait que nous sommes cernés par des menaces potentielles. Si on veut que l’on nous laisse tranquille, il faut construire des protections à tous les niveaux. Nous avons aussi un problème à l’intérieur de nos sociétés archipélisées à qui il faut redonner de la cohérence. Il faut trouver un bon mix entre identité nationale et identité européenne. Il faut se muscler et créer des anticorps pour pouvoir faire face à toutes ces menaces. L’adage latin « Si tu veux la paix, prépare la guerre » est toujours d’actualité. On l’a oublié.

Quelles formes pourraient prendre ces menaces ?

La possibilité d’une guerre interétatique est réelle comme on l’a vu, l’été dernier, en Méditerranée orientale entre la Grèce et la France d’un côté, et la Turquie de l’autre. Néanmoins, le scénario le plus probable en Europe verrait l’intervention d’acteurs locaux dans une fausse guerre civile ou dans une guerre civile complète. Aujourd’hui, on peut faire la guerre à moindre coût comme on le voit en Ukraine où la Russie impose une guerre de « basse intensité », sans engager ses chars ou ses avions de combat.

« La seule solution, c’est la réforme pour retrouver de la cohésion dans la société, même si, comme le disait Tocqueville, “le moment le plus dangereux pour un gouvernement en difficulté, c’est le moment où il se réforme” »

Où pourrait se dérouler la prochaine guerre ?

Plutôt dans les Balkans où les dirigeants recommencent à jouer avec le feu, en évoquant un redécoupage des frontières. La France n’est pas immune non plus. Il y a de telles tensions au sein de l’Hexagone que l’on pourrait voir des gens armés prêts à en découdre. Pas seulement dans les banlieues, mais aussi chez les militaires retraités ou d’active comme on l’a vu, récemment, dans les lettres ouvertes parues dans Valeurs Actuelles. Il y a un climat qui peut facilement dégénérer en guerre civile larvée.

Que faut-il faire ?

Ne rien toucher aujourd’hui, c’est assurément aller vers une guerre à terme. Si on ne fait rien en France comme en Europe, nous aurons une société sclérosée qui va continuer à se faire marcher sur les pieds par d’autres puissances comme on l’a vu avec le piratage par le Bélarus d’un avion européen. Et au final, ce sera la guerre assurée. La seule solution, c’est la réforme pour retrouver de la cohésion dans la société, même si, comme le disait Tocqueville, « le moment le plus dangereux pour un gouvernement en difficulté, c’est le moment où il se réforme ». Quitte à choisir, autant prendre le risque d’une réforme, en ayant conscience des risques. Il faut réformer aussi l’Alliance Atlantique. Car il ne peut pas y avoir de paix durable en Europe si les Américains ne sont pas impliqués. Il faut, enfin, effectuer un saut fédéral européen. Je n’entends pas, par là, un pouvoir central fort à Bruxelles, mais une fédération d’Etats nations.

Sur quel modèle ?

Il y a la Suisse, les Etats-Unis ou l’Autriche-Hongrie avec le modèle réformé imaginé par les élites viennoises dans les années 1900-1910 avant qu’il ne soit réduit à néant par l’assassinat de Sarajevo. Très bien pensé, le plan de fédéralisation de l’empire ne remettait pas en cause l’ensemble habsbourgeois. Il sanctuarisait même territorialement les nationalités. On peut apprendre aussi de ce qui se passe en Inde.

Vous allez faire hurler les souverainistes !

Quand j’entends Marine Le Pen dire qu’elle veut avoir de bonnes relations avec la Russie qui passe son temps à vouloir détruire l’Union européenne, je ne sais pas vraiment de quel côté sont les souverainistes. Car, la France et les autres pays européens ne pourront être vraiment souverains que s’ils se mettent ensemble pour exister ensemble dans un monde violent d’Etats-continents comme les Etats-Unis, la Chine et l’Inde. Pour survivre dans ce cadre-là, on a besoin de l’Europe. Vendre la souveraineté de son pays au plus offrant comme le fait le Hongrois Viktor Orban aux intérêts chinois n’est pas le meilleur exemple.

Cela passe aussi par un réarmement comme le demandent les Etats-Unis ?

C’est un débat récurrent. On a une vraie fenêtre pour créer une armée européenne sachant qu’il y a des vraies synergies au sein de l’Otan. Les moments dangereux sont ceux qui sont pleins d’opportunités. Or, nous sommes dans un moment dangereux où tout peut basculer.

« On a tendance à prendre nos voisins pour des ennemis absolus ou pour des alliés objectifs. Or, ils ne sont ni l’un, ni l’autre. Ils sont à la fois des partenaires et des rivaux »

D’où doit venir l’impulsion ?

La réalité, aujourd’hui et depuis des années, c’est qu’il y a un leader incontesté en Europe, l’Allemagne. La France est numéro deux. Elle peut donner des impulsions, mais il faut convaincre l’Allemagne, dans le cadre d’une vraie coopération comme cela s’est fait depuis l’après-guerre. Quand Paris essaie d’agir seul, cela se termine à chaque fois avec les intérêts allemands qui priment. En revanche, quand la France s’allie avec des pays comme l’Italie pour faire pression sur l’Allemagne, cette dernière cède comme cela s’est vu avec le « recovery fund ». Paris doit jouer un rôle de pivot entre l’Europe du sud et l’Europe du nord.

Que fait-on avec le Royaume-Uni post-Brexit ?

Ce serait une terrible erreur de ne pas garder les Britanniques dans l’architecture sécuritaire de l’Union européenne. Sans le Royaume-Uni, on se retrouverait avec une menace sur notre flanc nord-ouest alors que nous sommes déjà menacés au sud, à l’est et au sud-est. Il faut donc trouver de nouvelles pistes de coopération. Et, malgré les tensions comme dans les îles anglo-normandes, en l’Irlande du Nord, voire en l’Ecosse, les Anglais sont demandeurs. Seulement, il va falloir mener un gros travail diplomatique. Car si le Royaume-Uni affiche des taux de croissance beaucoup plus élevés que l’UE, il estimera que sa stratégie était la bonne et pourrait avoir la tentation de jouer sur le long terme la division entre Européens. S’il devient inamical, il faudra lui répondre.

De manière globale, quelle attitude adopter vis-à-vis des voisins de l’Union européenne ?

Il ne faut pas être angélique. On a tendance à prendre nos voisins pour des ennemis absolus ou pour des alliés objectifs. Or, ils ne sont ni l’un, ni l’autre. Ils sont à la fois des partenaires et des rivaux. Il faut donc adapter son comportement en fonction de l’humeur. Vladimir Poutine est clairement dans une logique de confrontation avec l’UE. Il faut pouvoir relever le gant et avoir une logique de confrontation avec lui. On a vu ces dernières années que dialoguer avec la Russie sans demander de contreparties était inefficace. La France et l’Europe n’ont absolument rien obtenu en retour et cela a permis à Poutine de respirer. On doit trouver l’équilibre entre les intérêts commerciaux et l’intérêt supérieur de l’Europe. Pour s’assurer qu’un avion de ligne européen ne puisse être piraté, il faut travailler sur le renseignement et imposer de véritables sanctions. Quand on est confronté à des actes de non-paix — car ce ne sont pas des actes de guerre —, il faut y répondre par des actes de non-paix. Il y a une symétrie à avoir. Or, l’Europe a trop longtemps répondu par la passivité complète.

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Export : la reprise ?

Export : la reprise ?

 

Le Baromètre Export Euler Hermes apporte certains enseignements sur la perception du contexte international par les entreprises françaises. Par Eric Lenoir, Président du Comité Exécutif d’Euler Hermes France dans la Tribune.

Cap à l’international ! Après une année 2020 catastrophique pour le commerce mondial, particulièrement pour la France où les exportations ont chuté de 16% sur fond de restrictions sanitaires partout dans le monde, 2021 sera l’année de la reprise. Et notamment l’année de la reprise pour les exportations. La demande additionnelle adressée aux exportateurs français devrait croître de +59 milliards d’euros en 2021 et de +47 milliards d’euros en 2022. C’est une opportunité majeure pour les entreprises françaises, qui ne peuvent se permettre de passer à côté. Elles l’ont d’ailleurs bien compris : 80% d’entre elles envisagent d’accroître leur chiffre d’affaires à l’international dès cette année, selon le dernier Baromètre réalisé par Euler Hermes. En Europe, vers leurs marchés traditionnels, mais aussi vers le « Grand Export » pour capter la croissance où qu’elle soit, notamment en Amérique du Nord et au Moyen-Orient. Comment pourront-elles capitaliser sur cette nouvelle dynamique ?

D’abord, en tirant les leçons de la crise qu’elles viennent de traverser. Celle-ci a eu un impact profond sur les stratégies commerciales et a forcé les chefs d’entreprise à s’adapter pour survivre, en revoyant leurs opérations, en diversifiant à la fois clients et fournisseurs ou en ajustant leur logistique afin de mieux gérer leurs risques. Pour préserver l’activité et anticiper les imprévus, mieux vaut en effet réduire sa dépendance à une zone d’exportations et à quelques grands fournisseurs. De nombreuses entreprises sont passées d’une logique de « just in time », avec des chaînes de valeur pensées pour produire dans les meilleurs délais, à une logique de « just in case », avec le développement de nouvelles relations fournisseurs pour pallier d’éventuelles perturbations de l’activité productive. Certaines entreprises, œuvrant dans des secteurs stratégiques comme les technologies, ont même déjà vu leurs exportations augmenter l’an dernier, en arrivant à combler les manques observés des chaînes de valeur bousculées par la crise.

Ensuite, en s’appuyant sur les atouts du « Made in France ». C’est un gage de savoir-faire et de qualité reconnu à l’échelle internationale. Cela permet aussi de garder la proximité avec les fournisseurs en France. Les pouvoirs publics français l’ont bien compris, en intégrant dans le cadre du plan de relance une diminution salutaire des impôts de production, dont le niveau se rapproche désormais davantage de celui prévalant au sein d’autres pays européens tournés vers l’export. Les chefs d’entreprises le disent eux-mêmes dans notre Baromètre : cette diminution constitue l’une des principales raisons pour conserver la production sur le territoire français et développer l’exportation.

Enfin, et c’est l’un des enseignements majeurs du Baromètre, en n’hésitant pas à puiser dans leur trésorerie. Sous l’impulsion des plans massifs de soutiens publics et en conséquence de la prudence des chefs d’entreprise dans un contexte incertain, les entreprises françaises ont accumulé d’importantes réserves de trésorerie – 88 milliards d’euros depuis le début de la crise sanitaire. Ces excès de liquidités ne doivent pas seulement les aider à faire face aux imprévus. Ils doivent contribuer à financer le développement à l’export et à saisir les nouvelles opportunités qui se présentent avec la reprise. Si les entreprises françaises sont prêtes à puiser dans cette réserve, cela leur permettra de sortir plus vite de la crise, de combler le manque à gagner de 2020, et de refaire ainsi souffler un vent d’optimisme sur tout le pays.

Cyberattaques : les PME exposées

Cyberattaques : les PME exposées

Les cyberattaques se développent de manière exponentielle et les entreprises ne maîtrisent pas forcément assez ce risque surtout les PME Selon une étude inédite de l’Association pour le management des risques et des assurances de l’ entreprise (l’Amrae) sur le marché de l’assurance cyber en France, les grandes entreprises sont largement assurées. Mais elles le sont avec des couvertures qui restent insuffisantes compte tenu de la hausse de l’intensité des sinistres. En revanche, les ETI et les PME sont peu couvertes contre la montée des menaces. Ce qui pose la question de la vulnérabilité du tissu économique et freine la capacité des assureurs à mieux mutualiser les risques cyber.

Entre 2019 et 2020, le coût des sinistres a été multiplié par trois pour atteindre 217 millions d’euros alors que les primes n’ont augmenté que de 50 % (à 130 millions) sur la période. Résultat, le ratio combiné (sinistres sur primes) s’est fortement dégradé sur ce marché naissant d’une année sur l’autre, de 84 % en 2019 à 167 % en 2020.

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