Archive mensuelle de mai 2021

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Covid France : tendance à la baisse

Covid France : tendance à la baisse

Samedi, les services de soins critiques (qui rassemblent réanimation, soins intensifs et surveillance continue) accueillaient 5.005 patients, contre 5.106 vendredi.

Cet indicateur, surveillé de très près par les autorités sanitaires, s’éloigne doucement de la barre des 6.000 malades dépassée le 26 avril, et du pic alarmant de la première vague du printemps 2020 (environ 7.000 patients).

En 24 heures, 191 nouveaux patients atteints de formes graves du Covid ont été admis dans les services de réanimation, contre 269 la veille.

Cette tendance à la baisse s’observe aussi sur l’ensemble des hospitalisations, avec un total de patients Covid s’élevant à 25.800, contre 26.331 vendredi. Sur 24 heures, 844 malades ont été admis dans les hôpitaux, contre 1.140 vendredi.

La maladie a emporté 176 personnes à l’hôpital dans les dernières 24 heures, contre 227 la veille.

Foot : la France forme des talents pour les vendre à l’étranger

Foot : la France forme des talents pour les vendre à l’étranger

C’est ce que pense Claude Puel manager général de l’A.S. Saint-Étienne dans le JDD

 

interview

 

Pablo Longoria , président de Marseille, dit avoir choisi un technicien sud-américain pour sa passion ; sous-entendu, les entraîneurs français seraient ennuyeux. Qu’en pensez-vous?
C’est un très jeune dirigeant, qui découvre notre football. Pour le spectacle, il faut des joueurs de haut niveau. La Ligue 1 est formatrice, donc nos joueurs ne sont pas prêts. Mais les entraîneurs les mettent en avant car l’économie des clubs en dépend. Ce qu’ils réalisent avec la matière première est déjà très intéressant. Sans les citer, il y a dans nos deux premières divisions pas mal d’équipes qui ont un style reconnaissable.

Il déplore une formation très individuelle des joueurs. Est-ce une réalité?
A Saint-Etienne, on a incorporé chez les pros des gamins de 17 ans qui n’avaient pas encore évolué en réserve. On brûle des étapes car dès qu’un gamin éclate, il part. On l’a vu avec William Saliba [vendu 29 millions d'euros à Arsenal en 2019] et Wesley Fofana [45 millions à Leicester l'été dernier]. On ne pouvait pas faire autrement. Nos joueurs ont une touche un peu individuelle car, à cet âge, on les laisse s’exprimer. Les paliers, ils les passent plus tard, à l’étranger plutôt qu’ici, où ils représentent des actifs susceptibles de combler des déficits. S’il y avait un problème global avec notre formation, il n’y aurait pas autant de débouchés en Angleterre, en Italie ou en Allemagne.

L’échec de Saliba peut-il inviter à la prudence?
Non, car c’est à pile ou face. William a raté ses débuts, pas Wesley. Les environnements incitent au départ, les clubs en ont besoin pour se remettre d’équerre. J’aimerais que les dirigeants se demandent comment développer une équipe et non comment remettre les comptes à niveau. Rivaliser avec les quatre grands championnats, on n’y arrivera pas. L’enjeu est de mieux protéger notre formation. Le premier contrat pro est de trois ans, contre cinq en Angleterre. Il faut des sommes astronomiques pour les garder alors qu’on doit continuer à les former. Donc, à partir de 16 ans, ils sont mis aux enchères.

Peu d’entraîneurs français s’expatrient. Pourquoi?
Déjà, les étrangers savent mieux se vendre. Ensuite, les coupes d’Europe révèlent les entraîneurs, or on ne va pas assez loin. Mais citez-moi trois coaches anglais qui flambent en Premier League? S’ils étaient extraordinaires, on les verrait à Manchester City ou à Liverpool. Aujourd’hui, les clubs sont rachetés par des fonds d’investissement qui arrivent avec un attelage complet, du président au responsable du recrutement. L’entraîneur et ses adjoints sont inclus dans le package. Il faudrait s’ouvrir à ce mécanisme où la coulisse compte autant que la compétence réelle, si ce n’est plus. Je pense qu’on n’y est pas préparé. En allant à Southampton [en 2016], je me suis mis en danger, mais j’avais 54 ans. Il faut quitter son confort plus jeune. En 2004, Porto avait jeté son dévolu sur moi. Mais je n’étais pas formaté pour être carriériste.

En Ligue 1, vous êtes le seul manager général…
C’est dommage. A Lille [2002-2008], partant d’une page blanche, on m’avait demandé de participer à la formation, à des réunions de chefs de service. C’était chiant mais ça m’a enrichi. Cette expérience m’a appris à ne pas demander l’impossible. Souvent, je suis reparti avec des novices, sans moyens, mais en connaissance de cause. Il y a eu des parcours en dents de scie, le temps d’apprendre, mais beaucoup de futurs internationaux se sont révélés. C’est notre modèle : mettre le pied à l’étrier aux jeunes, qui coûtent des points mais finiront par assurer la survie économique du club. C’est comme ça que j’ai lancé Fofana. Il a fait des bêtises mais au bout d’un an, son transfert a rapporté 45 millions qui ont fait beaucoup de bien. Le problème en France, c’est qu’on développe nos joueurs pour les vendre et équilibrer le budget. A présent que le trading se casse la figure, comment fait-on?

La Ligue 1 à 18 clubs?
C’est du court terme. On est dans l’urgence depuis un an et demi, mais on n’a pas planché sur le fond. On va coller une rustine, s’arranger entre quelques-uns, alors qu’on aurait pu tout mettre à plat. La France est un laboratoire qui forme pour ses voisins. Et on voudrait être performant en Coupes d’Europe? Nous avons les meilleurs joueurs en devenir, protégeons-les.

Dans le jeu, innove-t‑on  encore?
Il vient toujours un gars qui le fait avancer. Guardiola a transformé le jeu. A Barcelone, les risques que prenaient ses joueurs n’en étaient plus tant c’était harmonieux. Sa force, c’est de faire du premier attaquant le premier défenseur. Depuis dix ans, tout le monde s’est inspiré de ses principes, en les adaptant. C’était une révolution. A Manchester City, il a été critiqué la première année. Tous ses joueurs étaient magnifiques, sauf le gardien. A l’intersaison, il a incorporé Ederson, qui a des mains à la place des pieds. Problème résolu.

Mais Guardiola est resté longtemps dans ses clubs.
C’est la seule façon de poser sa patte. Et c’est intéressant si le club continue dans la même direction après votre départ. Beaucoup de dirigeants recrutent des noms, les préceptes sont secondaires pour eux. Avant, les clubs avaient un style défini, comme Nantes. Avec les transferts et les nouveaux propriétaires, ce football technique de très haut niveau s’est perdu, c’est devenu du combat. Dans un club, on devrait avoir une identité unique, de la formation jusqu’aux professionnels. Mais c’est un vœu pieux.

Après la victoire au Parc, il a ironisé sur son « génie ». Au-delà du résultat, à quoi peut-on juger un entraîneur?
A ceci : Guardiola rend meilleurs des joueurs déjà accomplis et très chers. J’ai eu Mahrez à Leicester : un phénomène. City a payé 80 millions et l’a laissé sur le banc les six premiers mois, jusqu’à ce qu’il épure son jeu, comprenne quand prendre un risque ou lâcher le ballon. Son équipe respire l’intelligence. Les onze joueurs sont dépositaires du jeu. J’ai entendu que ce serait plus facile pour lui, car il n’a pas les mêmes individualités que le PSG. Foutaises! Tous sont hors norme mais au service d’une idée collective.

Guardiola a les idées et les moyens. Aurait-il des résultats à l’ASSE ?
Pas les mêmes, mais il développerait les joueurs. Quand j’ai accepté Leicester [2017], j’ai dit aux dirigeants qu’il n’y avait que cinq éléments au niveau. Finalement, j’en ai gardé deux. On a été très irrégulier car nous avions recruté des gamins. Ils avaient besoin de mûrir. C’est la même équipe qui, cette saison, lutte pour le podium. Les choses se construisent.

Le renoncement au référendum climat expliqué par Pierre-Alexandre Anglade (LREM)

Le renoncement au référendum climat expliqué par Pierre-Alexandre Anglade (LREM)

 

Le député Pierre-Alexandre Anglade, rapporteur du projet de loi, explique laborieusement dans le JDD l’abandon du référendum climat. Il faut rappeler que l’objectif de ce référendum visait  à inscrire une préoccupation environnementale dans la constitution qui y figure déjà! Le rapporteur du projet de loi indique d’ailleurs que cela ne changera pas grand-chose à la politique environnementale du gouvernement, il attribue la responsabilité de cet échec sur le Sénat. Cependant un référendum dans le contexte actuel pouvait aussi représenter un danger sérieux pour Macron pas certain de l’emporter.

interview

Mercredi en commission, les sénateurs ont réécrit la proposition de modification de la Constitution que les députés avaient adoptée. Un accord entre les deux chambres, indispensable pour que se tienne le référendum, est-il encore possible?
En l’état, les conditions du référendum ne sont pas réunies. La majorité sénatoriale de droite a fait le choix de vider de sa substance la proposition de la convention citoyenne pour le climat [CCC], et donc d’empêcher l’accord. Malgré nos nombreuses tentatives de faire prendre conscience aux sénateurs de l’urgence environnementale, ils font le choix de s’opposer frontalement à la proposition citoyenne, et donc à la consultation des Français sur ce sujet.

Le référendum est-il abandonné?
Nous voulons toujours offrir la possibilité aux Français de trancher la proposition des membres de la CCC d’inscrire la lutte pour le climat dans la Constitution. Mais l’engagement du président de la République n’était pas de le faire sur la base d’un texte escamoté par la droite sénatoriale. J’espère encore qu’en séance publique, à partir de lundi, les sénateurs rehausseront leur niveau d’ambition. Mais je crains que ce ne soit pas le cas. Nous verrons ensuite si le texte est de nouveau étudié à l’Assemblée nationale.

Certains juristes soutiennent que la modification sénatoriale n’est pas un affaiblissement, la rédaction votée par l’Assemblée nationale étant selon eux déjà moins ambitieuse que la charte de l’environnement.
La réforme que nous portons contient les verbes d’action « garantir », « lutter », dont le Conseil d’Etat nous disait qu’ils créaient presque une quasi-obligation de résultat. Le Sénat a fait disparaître ces verbes. Dès lors, la réforme relève du symbole cosmétique. La charte de l’environnement, qui a près de vingt ans, était une première prise de conscience ; le temps est maintenant celui de l’action. La France est le pays de l’accord de Paris, qui fixe des objectifs ambitieux à l’ensemble de la planète, et nous voulons faire de la lutte pour le climat un principe cardinal de notre action. Nous souhaitons l’inscrire à l’article 1 de notre Constitution, pour qu’elle fasse partie intégrante de notre identité, des valeurs de la République. C’est une question de crédibilité, de cohérence et d’ambition.

Ce pari n’était-il pas perdu d’avance, vu les réserves exprimées par la droite?
Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’était engagé en janvier dans vos colonnes à examiner ce texte « de manière ouverte ». Quand les sénateurs ont auditionné les citoyens de la CCC, ils ont clairement indiqué que leurs changements seraient mineurs. C’est la stratégie de l’hypocrisie! Toujours se montrer ouvert, pour à la fin toujours s’opposer. Depuis quatre ans, la droite sénatoriale aura tout fait pour empêcher le pays d’avancer.

L’objectif, dès le départ, n’était-il pas finalement de pouvoir dénoncer un supposé conservatisme de la majorité sénatoriale de droite?
Absolument pas. Nous sommes engagés dans la lutte pour le climat! Nous voulons faire de la France le premier pays européen à l’inscrire dans sa Constitution et donner une suite concrète à l’une des mesures les plus emblématiques de la CCC. Personne, dans la majorité présidentielle, ne joue à des calculs politiciens sur la protection de l’environnement.

 

Est-ce donc un échec de la promesse d’Emmanuel Macron aux membres de la CCC?
Non, l’engagement est tenu! La majorité à l’Assemblée nationale a voté, mot pour mot, la proposition des citoyens. C’est la droite sénatoriale qui prive le pays d’un débat essentiel, en se servant de ce texte comme d’un outil électoral. C’est très grave. Si le référendum n’a pas lieu, les seuls responsables en seront Gérard Larcher, Bruno Retailleau [le président des sénateurs Les Républicains] et la majorité sénatoriale.

Cet échec est-il dangereux, à moins d’un an de la présidentielle?
Avec le Président, nous agissons concrètement depuis 2017 dans la lutte pour la protection de l’environnement. Notre majorité est celle qui a été le plus volontaire sur le sujet. Ceux qui, à gauche et chez Europe Ecologie-Les Verts, nous donnent des leçons devraient regarder leur propre bilan. Le quinquennat de François Hollande, auquel les écologistes ont participé, a été celui de l’inaction climatique. Nous avons réamorcé cette ambition, avec la loi climat, le pacte vert au niveau européen, le plan de relance dont un tiers est consacré à la transition écologique. Notre action ne va pas faiblir dans les prochains mois. Notre détermination est totale.

Economie, politique, société: les plus lus

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Ecriture inclusive : interdite à l’école

Ecriture inclusive : interdite à l’école

 «Il convient de proscrire le recours à l’écriture dite ‘‘inclusive’’, qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique.» Indique le ministre de l’éducation dans une circulaire officielle.

 

Cette écriture, avance-t-il, «constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit».«L’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes.» Enfin, lit-on, cette graphie peut empêcher les enfants souffrant de certains «handicaps ou troubles des apprentissages» d’accéder au français.

La circulaire encourage néanmoins la féminisation des métiers et des fonctions. «Le choix des exemples ou des énoncés en situation d’enseignement doit respecter l’égalité entre les filles et les garçons, tant par la féminisation des termes que par la lutte contre les représentations stéréotypées.» Jean-Michel Blanquer conclut ainsi: «Je vous remercie de veiller au respect de ces règles communes, qui participent de la promotion et de la garantie de l’égalité entre les filles et les garçons (…) mais aussi des enjeux fondamentaux de transmission de notre langue.»

Economie-Les principes des flux tendus dans l’économie remis en cause

Economie-Les principes des flux tendus dans l’économie remis en cause

 

Economie-Les principes des flux tendus ( limitant drastiquement les stocks) sont aujourd’hui remis en cause dans l’économie d’après un article de journal du Wall Street Journal

A Tokyo, Toyota accumule les pièces détachées et possède, pour certaines, jusqu’à quatre mois d’avance. Volkswagen construit six usines pour fabriquer ses propres batteries. Et, marchant dans les pas d’Henry Ford, Tesla essaie de garantir son accès aux matières premières.

Symbolisée par le fameux « juste-à-temps », l’hyperefficacité de la chaîne logistique automobile connaît actuellement un bouleversement amplifié par une pandémie qui a remis en cause plus d’un demi-siècle d’organisation. Après avoir subi des fluctuations brutales de la demande, les caprices de la météo et une série d’accidents, les constructeurs finissent en effet par se dire qu’ils n’auront peut-être pas toujours les pièces détachées qu’ils veulent au moment où ils les veulent.

« Le modèle du juste-à-temps est conçu pour favoriser l’efficacité de la chaîne logistique et les économies d’échelle, explique Ashwani Gupta, directeur des opérations de Nissan. Les répercussions d’une crise aussi inédite que celle de la Covid-19 soulignent la fragilité de ce modèle. »

Le concept du « juste-à-temps » est simple : éviter de perdre du temps. En demandant aux fournisseurs de livrer les pièces détachées sur les chaînes de montage quelques jours ou quelques heures avant qu’elles ne soient assemblées, les constructeurs ne paient que ce qu’ils consomment

Prenons l’exemple du pick-up F-150 de Ford : la dernière version du véhicule le plus vendu des Etats-Unis est bourrée de technologie, motorisation hybride et logiciel de conduite autonome à la Tesla inclus.

Quand la vaccination a commencé de porter ses fruits, les Américains se sont rués sur le modèle : 200 000 unités vendues au premier trimestre, un record depuis treize ans. Mais les stocks étaient vides car les usines ont été fermées ou ont tourné à capacité réduite tout le mois d’avril. L’activité devrait rester faible au moins jusqu’à mi-mai. Pour le constructeur, ce sont 2,5 milliards de dollars de bénéfices avant impôt qui se sont envolés.

Le concept du « juste-à-temps » est simple : éviter de perdre du temps. En demandant aux fournisseurs de livrer les pièces détachées sur les chaînes de montage quelques jours ou quelques heures avant qu’elles ne soient assemblées, les constructeurs ne paient que ce qu’ils consomment. Et économisent en frais de stockage et en personnel.

Mais avec la mondialisation des chaînes logistiques et la dépendance croissante des constructeurs vis-à-vis de certains sous-traitants, le système s’est fragilisé et les crises sont devenues plus fréquentes.

Tempête de neige géante

Mi-février, à cause d’une tempête de neige géante, une usine qui fabrique 85 % de la résine produite aux Etats-Unis a dû fermer ses portes. Des pare-chocs aux volants, en passant par la mousse des sièges, cette matière est utilisée dans d’innombrables pièces détachées pas forcément coûteuses, mais indispensables (les concessionnaires ayant du mal à vendre des voitures sans siège).

Fin mars, Toyota a été contraint de fermer plusieurs de ses usines américaines en raison d’une pénurie de résine, selon un planning auquel le Wall Street Journal a eu accès, pénalisant la production de certains de ses best-sellers, dont le RAV-4.

De la résine a parfois été acheminée par avion depuis l’Europe, raconte Sheldon Klein, avocat au sein du cabinet Butzel Long qui conseille des fournisseurs. « Economiquement, c’est catastrophique, souligne-t-il. Le mieux qu’ils puissent espérer, ce sont d’âpres négociations avec les clients pour voir s’ils peuvent assumer une partie des coûts. »

Pourtant, pas question de renoncer totalement au juste-à-temps, soulignent des dirigeants, car la méthode permet de réaliser des économies colossales. L’idée serait plutôt de l’assouplir, en se concentrant sur les aspects les plus fragiles. Les constructeurs songent par exemple à stocker davantage de pièces détachées essentielles, notamment quand elles sont à la fois petites, peu coûteuses et irremplaçables, comme les semi-conducteurs.

L’adoption progressive des véhicules électriques, très gourmands en composants sujets aux pénuries (les batteries lithium-ion et les semi-conducteurs notamment) accroît la pression en forçant les constructeurs à repenser un demi-siècle d’histoire de l’automobile.

Jim Farley, directeur général de Ford, a déclaré la semaine dernière qu’il voulait augmenter les stocks du constructeur. « La plupart des autres secteurs possèdent des stocks de précaution pour les composants essentiels tels que les puces, a-t-il expliqué lors d’un événement organisé par Automotive News. Bien souvent, ces puces sont payées à l’avance, des années et des années avant qu’elles ne soient utilisées. »

Malgré trois décennies dans l’automobile, le dirigeant n’était pas prêt pour la pandémie. « Je suis sidéré de voir tout ce que j’ai appris sur la chaîne logistique », résume-t-il.

L’adoption progressive des véhicules électriques, très gourmands en composants sujets aux pénuries (les batteries lithium-ion et les semi-conducteurs notamment) accroît la pression en forçant les constructeurs à repenser un demi-siècle d’histoire de l’automobile.

General Motors et son partenaire LG Chem ont ainsi décidé d’investir 2,3 milliards de dollars dans la construction d’une usine dans l’Ohio et cherchent un site pour en bâtir une deuxième. L’objectif : produire chaque année assez de batteries pour plusieurs centaines de milliers de véhicules. Volkswagen estime qu’il commandera, d’ici 2030, pour 14 milliards de dollars de batteries en plus de celles qui seront fabriquées dans les six usines qu’il prévoit de construire avec des partenaires.

Les constructeurs automobiles s’inspirent donc désormais de Tesla, qui s’était lui-même inspiré des pratiques de la Silicon Valley (le groupe d’Elon Musk a bâti une immense usine dans le désert du Nevada, la Gigafactory, en association avec Panasonic).

Mais tous les problèmes logistiques ne sont pas liés à l’approvisionnement en batteries. Même dans les plus futuristes des véhicules électriques, il faudra du plastique pour les tapis, du caoutchouc pour les pneus et du cuir ou du tissu pour les sièges.

Tesla essaie d’ailleurs de recenser les matériaux stratégiques et leurs producteurs, une mission réservée aux fournisseurs dans le modèle du juste-à-temps. En septembre, le groupe a signé un accord lui permettant d’accéder à une mine de lithium en construction en Caroline du Nord.

L’offensive Tesla

L’an passé, Elon Musk a déclaré qu’il voulait que Tesla achète aussi du nickel. « Tesla est prêt à signer un contrat colossal et pérenne si vous savez extraire du nickel de façon efficace et non nocive pour l’environnement », a affirmé le patron du constructeur.

L’offensive d’Elon Musk dans les matières premières n’est pas sans rappeler la démarche d’Henry Ford qui, il y a un siècle, avait révolutionné la production automobile.

Dans les années 1920, Ford visait l’intégration verticale, c’est-à-dire la maîtrise de tout ce qu’il faut pour produire une voiture. Son usine de Rouge River, dans le Michigan, fabriquait des voitures avec l’acier produit sur place à partir du minerai de fer extrait des mines Ford.

A la mort du grand patron, Ford a vendu ses docks et ses aciéries. Les constructeurs en étaient alors convaincus : il valait mieux laisser les spécialistes de l’acier, du caoutchouc et du transport gérer ces aspects. Pour eux, fabriquer un véhicule, c’était avant tout acheter les bonnes pièces détachées et les assembler.

Toyota est alors devenu le nouveau Ford. En 1950, Taiichi Ohno, l’un de ses dirigeants, a visité un supermarché américain et s’est extasié devant les rayons, re-remplis au fur et à mesure qu’ils se vidaient, raconte Jeffrey Liker dans son livre Le modèle Toyota. Les consommateurs étaient heureux même si les stocks du supermarché n’étaient pas pléthoriques. Cette organisation était l’exact inverse des entrepôts des constructeurs, remplis du sol au plafond de feuilles de métal et de pneus pour que l’usine ne soit jamais contrainte à l’arrêt.

Si les supermarchés n’avaient pas des mois de bananes d’avance, c’est tout simplement parce que c’était impossible. Pourtant, selon Taiichi Ohno, leur organisation permettait de réduire les déchets et les coûts. La décision était prise : Toyota ne paierait que les pièces dont il avait besoin pour une journée de production, ce qui lui permettrait de fonctionner avec des usines et des entrepôts de taille plus réduite.

C’est ainsi qu’est né le système du juste-à-temps. Chaque jour, une longue file de camions arrivaient devant les usines Toyota pour livrer de quoi les faire fonctionner pendant une journée.

Les franchises d’Apple et McDonald ou les supermarchés Target fonctionnent eux aussi sur ce modèle de stocks limités

Pour le constructeur japonais, entouré par une myriade de «  keiretsu  » (des fournisseurs locaux), les choses ont été faciles à mettre en place. Ses concurrents américains se sont d’abord montrés sceptiques, mais le système s’est révélé tellement efficace que, de Detroit à Wolfsburg, le petit monde de l’automobile l’a adopté. Imitant Toyota, Ford a lancé le Ford Production System. Les sous-traitants n’ont pas tardé à leur emboîter le pas, et le mouvement s’est propagé à tous les étages de la pyramide.

Puis à d’autres secteurs : les franchises d’Apple et McDonald ou les supermarchés Target fonctionnent eux aussi sur ce modèle de stocks limités.

Les constructeurs ont également eu l’idée d’avoir recours à un seul fournisseur pour plusieurs pièces détachées. Ces fournisseurs pouvaient orchestrer le ballet quotidien des livraisons, réduire les coûts grâce aux volumes et approvisionner le réseau mondial d’usine des grands groupes automobiles.

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis (l’entité née de la fusion de PSA et Chrysler), a déclaré en mars dans un entretien que le groupe achetait environ 400 000 pièces détachées pour la centaine de modèles des marques Chrysler, Ram, Fiat, Peugeot et autres. Selon lui, 95 % de ces pièces proviennent d’une seule et même source.

« C’est la norme dans le secteur automobile », a-t-il expliqué.

Des événements (les attentats du 11 septembre par exemple) ont ponctuellement perturbé le système, mais sans aller jusqu’à le remettre en cause puisque les gains restaient colossaux.

C’est avec la crise financière que le vent a commencé de tourner. Une cinquantaine de fournisseurs de pièces détachées ont mis la clé sous la porte, prenant les constructeurs au dépourvu. Quand Visteon, qui fabriquait notamment des systèmes de climatisation et des autoradios, s’est déclaré en faillite, la panique s’est emparée des usines des constructeurs.

Mais c’est un autre choc qui a poussé l’entreprise chez qui le juste-à-temps était né à se poser des questions. En 2011, le séisme qui a frappé le nord du Japon a provoqué des dégâts chez plusieurs sous-traitants de Toyota, dont Renesas Electronics.

Shino Yamada, porte-parole du constructeur nippon, raconte qu’après le tremblement de terre, Toyota a forcé ses partenaires à révéler le nom de leurs fournisseurs, un exploit dans un secteur où ces secrets sont jalousement gardés de peur que les constructeurs ne s’en servent pour exiger des baisses de prix. Au fil des années, Toyota s’est constitué une base de données qui couvre environ 400 000 pièces détachées et une dizaine de couches de sous-traitance.

Acheter et stocker

Prenant le contre-pied total du juste-à-temps, Toyota a demandé à ses fournisseurs de stocker certaines pièces détachées. Le stock disponible de Denso, principal sous-traitant de Toyota, atteignait ainsi cinquante jours de production à la fin de l’exercice clos au 30 mars 2020, contre 38 jours en 2011, selon des documents financiers. Denso n’a pas souhaité faire de commentaire sur les stocks, mais indiqué qu’il avait commencé de constituer des stocks d’urgence pour certaines pièces, notamment les semi-conducteurs.

Grâce à ces efforts, le constructeur nippon a mieux résisté aux pénuries récentes que ses concurrents, même s’il n’a pas été totalement épargné. L’usine Renesas qui avait été touchée il y a dix ans par le séisme a dû fermer pendant un mois en mars à cause d’un incendie. Malgré l’aide de centaines de salariés de Toyota, Nissan et autres, elle ne fonctionnera pas à plein avant juillet prochain.

Désormais, comme ils l’avaient fait par le passé avec le juste-à-temps, les constructeurs automobiles imitent Toyota et cherchent à débusquer les failles de leur réseau.

« C’est vraiment là que le système d’achat a failli, résume Bindiya Vakil, directeur général de Resilinc, un fabricant de logiciels qui aident les entreprises à gérer les pénuries de pièces. Ce n’est pas la première fois que, ce qui met le système à genou, ce ne sont pas les pièces les plus chères, mais les petites choses qui ne coûtent rien et qu’on ne gère pas correctement. »

Mike Colias à Detroit et Nick Kostov à Paris ont contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)

Eté encore plus chaud selon Météo France ?

 Eté encore plus chaud selon Météo France ?

 

Selon météo, l’été risque d’être encore plus chaud., C’est ce qu’indique à franceinfo Francois Jobard, météorologue.

Quelle météo prévoyez-vous pour les trois prochains mois en France ?

 

François Jobard :  Pour les mois de mai, juin et juillet 2021, on s’attend à un temps plus chaud que la normale sur une grande partie du sud de l’Europe, France comprise, sauf pour la Bretagne et les régions proches de la Manche.

 

Au niveau des précipitations, ce trimestre devrait être plus sec en moyenne. Ça n’est pas forcément une bonne nouvelle, puisque l’on sort de trois mois déjà très secs. Février, mars et avril de cette année correspondent à l’un des trimestres les plus secs depuis 1957 et nous sommes dans un contexte où la pluie s’est faite beaucoup plus rare que d’habitude.

Peut-on être certain qu’il fera chaud en mai, juin et juillet ?

En moyenne, sur les trois mois, quand on fera le bilan, on s’attend à ce qu’on ait des températures supérieures à la normale de façon significative. Attention, la prévision saisonnière n’est pas une prévision météorologique mais climatique, puisqu’on parle sur des échelles de temps assez longues. On ne peut donc pas dire précisément si l’on va avoir une fin juin caniculaire, ou un début juillet frais et humide. Cela peut être difficile à appréhender sur des échelles de temps assez longues.

« Cet indicateur n’est d’aucune aide pour savoir si vous pourrez organiser un événement en extérieur fin juin, mais il est important pour certaines institutions, comme la prévision du risque de feux de forêt. »

Cela fait plusieurs années de suite que les températures estivales et printanières sont au-dessus des normales saisonnières. Observe-t-on l’impact direct du réchauffement climatique ?

Ce qui est certain, c’est que le réchauffement climatique accroît nettement la probabilité d’avoir des saisons plus chaudes que la normale. A l’inverse, la probabilité d’avoir des trimestres frais devient faible, voire très faible. Il faut aussi noter que jusqu’à cette année, nous prenons en compte les normales de températures qui vont de 1980 à 2010. A partir de 2022, nous actualiserons nos moyennes en passant sur la période de 1990 à 2020, nos normales seront donc plus chaudes.

Comment sont réalisées ces prévisions à long terme ?

Les prévisions saisonnières divergent des prévisions météo puisqu’il s’agit de tendances calculées sur trois mois. Elles sont réalisées à l’aide de modèles climatiques. On prend notamment en compte les interactions entre les océans et l’atmosphère. Une autre chose que l’on regarde en particulier sont les anomalies de température des océans. Il y a le phénomène El Niño qui est bien connu, mais il y a également des zones d’eau froide dans l’Atlantique, qui vont favoriser tel type de récurrence météorologique.

D’ailleurs, ce qui est vrai, tant pour les modèles de climats que ceux de prévisions météorologiques, c’est que l’on regarde ce qu’il se passe sur la planète entière. Pour avoir une tendance du temps sur l’Europe, on a besoin de connaître la tendance partout sur le globe.

 

Le risque d’un manque d’eau chronique

Le risque d’un manque d’eau chronique

La raréfaction de l’eau est une problématique d’ampleur planétaire, qui concerne aussi directement la France, rappellent, dans une tribune au « Monde », des scientifiques, des acteurs du secteur et une trentaine de parlementaires.

Tribune.

 

Chaque 22 mars, la Journée mondiale de l’eau alerte sur la pression grandissante s’exerçant sur les ressources en eau et les écosystèmes qui en dépendent. Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 40 % de la population mondiale sera confrontée à des pénuries d’eau d’ici à 2050 et, selon le Global Water Institute, 700 millions de personnes pourraient être déplacées à l’horizon 2030 du fait d’une pénurie d’eau !

La raréfaction de l’eau est une problématique d’ampleur planétaire et les prévisions sont toujours plus alarmantes pour la France de 2050. Les projections du rapport Drias de Météo France prévoient des records absolus de températures d’ici à cette date, avec une augmentation des températures estivales moyennes de 6 degrés Celsius.

Une diminution de la recharge des nappes de 10 % à 25 % en moyenne, selon les régions, affectera aussi les eaux superficielles, avec une baisse de 10 % à 40 % du débit annuel des cours d’eau. Les sécheresses, plus précoces, réduisent déjà l’accès à l’eau potable d’un nombre croissant de communes.

Sans une action décisive, le manque chronique d’eau ne trouvera plus de solution. Selon le Groupe international d’experts sur le climat (GIEC), les plus grands effets du dérèglement du climat sont liés à l’eau : sécheresses, inondations, montée du niveau marin, tempêtes et cyclones, disparition des zones humides.

Encore marquée par les crues dévastatrices survenues dans les Alpes-Maritimes, la France fait face à des périodes d’étiage plus précoces, sévères et longues et des déficits pluviométriques qui affectent la biodiversité, l’agriculture ou l’efficacité du refroidissement des réacteurs des centrales nucléaires. La baisse de la quantité d’eau disponible génère des conflits d’usage auxquels s’ajoute la dégradation de la qualité de l’eau.

 Voté en première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi Climat et résilience, dont l’examen se poursuivra au Sénat, représente une réelle opportunité. Son article 19 fait le lien entre eau et climat en précisant la notion de « respect des équilibres naturels » issu de l’alinéa 1er de l’art L210-1 du code de l’environnement. Ainsi, la protection de l’eau, sa gestion durable doivent se faire dans le respect des équilibres naturels : infiltration de l’eau dans les nappes souterraines, protection de la biodiversité, lutte contre les pollutions et les effets du dérèglement climatique.

Pour une reprise plus écologique

Pour une reprise plus écologique

 

L’économiste Nadine Levratto s’inquiète dans le Monde de voir les firmes renoncer aux investissements et aux innovations qui leur permettront de s’adapter à la transition écologique alors même que celles-ci disposent, pour beaucoup, de réserves liées aux mesures de soutien de l’Etat pour survivre aux restrictions sanitaires.

 

 

Tribune.
 En portant un coup d’arrêt à l’économie, la crise sanitaire a violemment frappé les entreprises. Retenant l’expérience de la crise financière de 2008-2009, les pouvoirs publics sont rapidement intervenus, apportant la liquidité que l’interruption de l’activité amènerait à manquer. Les prêts garantis par l’Etat, le financement de l’activité partielle et le fonds de solidarité ont assuré la survie des entreprises pendant la crise tandis que les annonces gouvernementales leur permettaient d’envisager un prolongement des aides et un différé de remboursement des prêts. Ces dispositifs ont favorisé la constitution de réserves records et une réduction de l’endettement brut et ont eu un effet positif sur les défaillances. Alors que l’activité n’a jamais connu un tel ralentissement depuis la seconde guerre mondiale, ces dernières ont diminué de près de 38 % entre 2019 et 2020, passant d’environ 53 000 à 32 000 sur douze mois.

Si la baisse des redressements et liquidations judiciaires peut rassurer quant à la pérennité du tissu économique et aux possibilités de redémarrage rapide une fois la crise sanitaire terminée, ces chiffres dissimulent d’autres signaux qui, en revanche, peuvent être source d’inquiétude. Une partie provient des entreprises mêmes et de leurs comportements, l’autre des politiques publiques.

Du coté des entreprises, l’afflux de liquidités a eu des conséquences différentes selon la taille. D’un côté, la très grande majorité des PME et des entreprises patrimoniales a adopté un comportement de précaution en constituant des réserves de trésorerie. De l’autre, les grandes sociétés, du CAC 40 notamment, ont continué à distribuer des dividendes plus importants que prévu en 2020 et s’apprêteraient à verser plus de 50 milliards d’euros à leurs actionnaires pour 2021, un montant en hausse de 9 milliards par rapport à l’an dernier, selon l’Observatoire des multinationales.

Dans les deux cas, ces décisions ont accompagné le report ou la réduction de leurs projets d’investissement. La question de la légitimité de telles opérations est souvent posée au regard des aides publiques reçues. Elle se double d’une interrogation sur leurs conséquences, car l’investissement sera l’un des facteurs de la reprise. Or, sa chute, déjà importante en 2020, risque de ne pas être compensée par une reprise significative en 2021. L’absence de projets d’investissement de renouvellement, voire de rupture, a ainsi de quoi inquiéter, alors que les plans de relance, y compris français, tablent sur les transitions écologique et numérique.

Mieux faire face à la Turquie

Mieux faire face à la Turquie

«Face à la Turquie, la solidarité européenne ne doit pas manquer à la Grèce et à Chypre». Par  Arnaud Danjean, Jean-Dominique Giuliani, Esteban Gonzalez-Pons et Zeljana Zovko

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

 

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle des relations internationales, dans laquelle les rapports de force entre les nations s’expriment de plus en plus brutalement et de façon décomplexée. Dans ce contexte de durcissement, perceptible dans son voisinage immédiat, l’Europe doit changer de posture. De puissants voisins tentent d’asseoir des zones d’influence exclusive, en pratiquant la politique du fait accompli au mépris du droit international et des accords multilatéraux passés.

Pacifique par essence, l’Union européenne, qui s’éveille lentement au réalisme machiavélien, apprend difficilement à défendre ses frontières. Ceux des Etats membres, les plus exposées aux provocations, qui gardent ses limites extérieures, devraient pouvoir compter sur la solidarité de tous. Les traités l’affirment et l’exigent ; le bon sens le commande.

Au nord-est de l’Europe, la dissuasion est assumée collectivement, en large partie par des Etats européens, sous l’égide de l’Otan. Mais ce qui est valable d’un côté du continent ne semble plus aussi évident au sud-est de l’Europe, en Méditerranée orientale, où la Grèce et Chypre, pourtant membres à part entière de l’Union européenne, n’ont pas pu compter sur une pleine solidarité européenne lorsque la Turquie s’est livrée, de façons répétées, à de très dangereuses provocations. Incursion dans des espaces maritimes et aériens grecs, forages illégaux en zones contestées, violation d’embargo sur les armes à destination de la Libye, instrumentalisation des flux migratoires aux frontières grecques terrestres et maritimes… Le régime turc, avec une rhétorique révisionniste assumée, a déployé toute la panoplie des actions décomplexées par lesquelles une puissance régionale s’affirme contre les équilibres politiques et juridiques patiemment bâtis depuis des décennies pour préserver la stabilité dans ces confins stratégiques de l’Europe.

La France a été la seule à manifester concrètement son soutien à la Grèce, mobilisant des moyens militaires à ses côtés, prenant ainsi des risques diplomatiques. Ses autres partenaires n’ont pas eu le réflexe de solidarité qu’on aurait pu attendre de membres de l’Union. Solidarité au nord, démission au sud !

«La faiblesse de certaines capitales européennes prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis»

Bien plus, certaines capitales européennes, et pas des moindres, ont proposé de se poser en « médiateurs ». Une chose – parfaitement légitime et cela a d’ailleurs toujours été l’approche du gouvernement grec de Mitsotakis – est de privilégier dialogue et négociations, une autre est de se placer à équidistance entre un partenaire auquel nous devons solidarité et un Etat tiers violant délibérément des règles auxquelles nous souscrivons pourtant sans réserves.

Maigre secours. Quelles que soient les raisons de cette faiblesse (crainte des réactions de la communauté turque implantée dans le pays, « neutralité » à l’intérieur de l’Otan plus forte que solidarité européenne, aversion à l’usage de la force ou, plus grave, reconnaissance du bien-fondé de certaines revendications), elle traduit une démission inacceptable et même une violation de l’esprit des traités. Elle prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis.

Alors que l’Union européenne et ses Etats membres entendent renforcer leur capacité d’action commune notamment dans l’Indo-Pacifique ou en Afrique, il est pour le moins incongru, choquant et irresponsable que la solidarité européenne soit mise à mal aux frontières même d’Etats européens, en Méditerranée orientale, à nos portes ! Que l’on soit souverainiste ou fédéraliste, préoccupé par les menaces à l’est ou plus enclin à regarder vers le sud, la solidarité européenne, s’appuyant sur la détermination diplomatique et, le cas échéant, sur la démonstration de force plus robuste, est une condition essentielle de la survie même de l’Europe dans le monde tel qu’il se façonne sous nos yeux. L’invocation seule des vertus du multilatéralisme et la nostalgie du monde (soi-disant) « ordonné » d’avant ne sont que d’un maigre secours face aux enjeux de puissances auxquels les Etats européens, individuellement, et l’Europe, collectivement, sont confrontés.

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

« L’Europe : une maison commune »

« L’Europe : une maison commune »

«L’Europe est notre maison commune» – la tribune des ambassadeurs de Hongrie, Pologne, Slovaquie et Tchéquie en France

 

Il y a trente ans, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie, se libéraient de l’étreinte du bloc soviétique et commençaient un retour commun vers l’Occident, entamant aussi l’intégration historique du continent européen. Aujourd’hui encore, certains habitants de l’Europe occidentale ont du mal à comprendre les défis politiques, économiques et sociaux que ces jeunes démocraties devaient affronter.

Le 15 février 1991, au château hongrois de Visegrád, les chefs des trois pays, et auparavant les leaders de l’opposition démocratique, ont décidé d’unir leurs forces afin de satisfaire aux attentes de leurs sociétés et d’adhérer le plus rapidement à la communauté occidentale des pays démocratiques.

Cette coopération, connue comme Groupe de Visegrád, a donné lieu à une plateforme de dialogue politique dont le couronnement était l’adhésion de ses membres à l’UE, l’OTAN et l’OCDE. En parlant de ces événements cruciaux, on oublie souvent que la coopération de Visegrád a aussi favorisé une stabilisation dans la région, si nécessaire à l’époque. Au moment où l’enthousiasme de ces temps s’entrelaçait, aussi en France, avec une inquiétude concernant un potentiel trouble de l’équilibre en Europe, à l’image des différends et des conflits qui commençaient à déchirer les Balkans, les pays de Visegrád mettaient les intérêts communs par-dessus tout. La coopération régionale a créé le cadre des actions ciblées et organisées en faveur de la réconciliation et de l’intégration à l’échelle européenne. Le groupe de Visegrád reste désormais un catalyseur de la coopération au sein de l’Europe centrale entière.

Par ailleurs, pour contribuer davantage à l’enracinement de cette coopération non seulement au niveau politique mais aussi au niveau humain, le Fonds de Visegrád a été créé en 2000. Il constitue un outil pour cultiver les liens historiques et pour continuer le rapprochement des sociétés de notre région.

Intégration. Fort de ces expériences d’intégration uniques, le Groupe de Visegrád tient beaucoup à les partager avec les voisins de l’UE : ceux des Balkans occidentaux et ceux faisant partie du Partenariat oriental, ainsi qu’à les attirer vers la communauté occidentale.

Trente ans après la chute du communisme, le succès économique et politique aussi bien que le grand progrès social de nos quatre pays est incontestable. Il serait impossible sans la détermination de nos jeunes démocraties, toutefois le soutien des partenaires de l’Europe occidentale a également été très important. Grâce à ces succès, nous pouvons contribuer aujourd’hui au développement de toute la communauté. Les membres du groupe restent un moteur de la croissance économique européenne. Le V4 représente environ 64 millions d’habitants : un chiffre très proche de la population de la France ou de l’Italie. La croissance économique moyenne durant les années 2015-2019 a généré une hausse du PIB de plus de 3,5 % par an, soit beaucoup plus que la moyenne européenne.

Le fait que nos quatre pays font partie des principaux récipiendaires des fonds structurels européens permet d’apporter des bénéfices non seulement pour nous mais aussi à d’autres pays de l’UE et génère des possibilités de développement également pour les économies de l’Europe occidentale. Environ 70 centimes d’euros pour chaque euro dépensé reviennent aux contributeurs nets sous forme de différentes commandes. La France, à côté de l’Allemagne, reste l’un des grands partenaires commerciaux et investisseurs dans tous les pays du V4, ce qui permet, en effet, de générer des bénéfices pour l’Hexagone.

La créativité et l’innovation de nos sociétés font que le business français devient un partenaire naturel pour la coopération et pour la recherche de nouveaux projets. C’est pour cela que nous voulons continuer le dialogue avec Paris de l’avenir de notre coopération en matière d’économie numérique, de technologies vertes, d’énergie provenant de l’hydrogène et du nucléaire ou de start-up, notamment dans le secteur financier et technologique.

La Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie démontrent le succès de l’intégration européenne. Pendant quinze ans, la perspective de rejoindre l’UE a été l’axe qui définissait la direction et la cadence de la transformation politique, économique et civilisationnelle dans nos pays. Depuis 2004, en tant que membres actifs et responsables de l’Union, nous travaillons ensemble pour façonner cette communauté et contribuer à son dynamisme économique et social. Au sein de l’Union européenne, le Groupe de Visegrád se positionne en tant que groupe qui voulait faire des propositions constructives et positives pour toute l’Europe.

Aujourd’hui, la crise sanitaire nous a rendus, Européens, encore plus conscients de la vulnérabilité de notre union malgré une proximité géographique historique et idéologique. La défense commune de l’héritage de l’intégration européenne devient encore plus importante qu’auparavant

Nous avons accompli les objectifs que ce groupe s’est fixés il y a trois décennies – construire la démocratie, développer les sociétés ouvertes et ramener notre région à l’UE. Cependant, la perception de la coopération du V4 en France a été influencée par le débat sur la migration qui divise fortement l’Europe ou par une approche différente à la politique de cohésion. Pour autant, si l’on rejette la division géographique ou idéologique simpliste, il serait difficile d’accuser les pays du groupe de Visegrád d’agir contre l’UE. Nous défendons l’acquis de l’UE parce que nous sommes convaincus que cette approche reste le fondement de la coopération européenne. Elle est le meilleur moyen de maintenir l’unité de la communauté et de renforcer ses bases que sont le marché commun et l’espace de sécurité.

Mais le V4 n’a pas besoin d’être vu uniquement à travers sa vie au sein de l’UE. Il existe également en dehors d’elle et par sa valeur que nous devrions développer davantage, en particulier dans le domaine de la culture ou des infrastructures.

Perspectives. Les conséquences de nos actions et perspectives peuvent être illustrées par le fait qu’en 1991 nous avions déclaré conjointement que dans une Europe unie il est possible de préserver une culture et une spécificité nationale tandis que le système universel des valeurs humanistes peut pleinement s’accomplir en même temps. Ceci reste crucial pour le développement spirituel et matériel de la région d’Europe centrale. La solidarité qui respecte la diversité provenant de la souveraineté nationale, tout en respectant nos valeurs démocratiques communes, reste pour nous l’essence de l’esprit de l’intégration européenne.

Aujourd’hui, la crise sanitaire nous a rendus, Européens, encore plus conscients de la vulnérabilité de notre union malgré une proximité géographique historique et idéologique. La défense commune de l’héritage de l’intégration européenne devient encore plus importante qu’auparavant. Nos nations qui sont restées, contre leur gré, pendant des décennies en dehors de la communauté, comprennent encore plus la valeur d’une Europe unie. Par conséquent, notre enthousiasme pour le renforcement de l’idée européenne, comme la voyaient les pères fondateurs du Groupe de Visegrád, reste stable trente ans après. Nous sommes convaincus que l’Europe est notre maison commune et son avenir dépend de nos actions coordonnées dans un esprit de solidarité européenne.

Tomasz Młynarski est ambassadeur de la République de Pologne, Igor Slobodnik, ambassadeur de la République slovaque, Michal Fleischmann, ambassadeur de la République Tchèque et Georges Habsbourg-Lorraine, ambassadeur de Hongrie.

Comment les Chinois contournent les réglementations européennes

Comment  les Chinois contournent les réglementations européennes

 

Pékin subventionne les entreprises publiques qui rachètent leurs concurrents occidentaux ou construisent des usines à l’étranger

Un article du Wall Street Journal

 

Ces dix dernières années, Pékin a alloué plusieurs milliards de dollars à des filiales d’entreprises publiques chinoises pour qu’elles achètent des concurrents européens, comme le français Valdunes ici en photo, et construisent des usines à l’étranger.

 

Pendant des décennies, Valdunes a vendu (cher) des roues pour trains à grande vitesse et d’autres pièces détachées ferroviaires. La stratégie a changé quand, en 2014, un conglomérat public chinois a racheté l’entreprise du nord de la France.

Le nouveau propriétaire, Maanshan Iron & Steel Co., a cassé les prix pour tenter de s’imposer sur le marché.

« On nous a dit qu’il ne fallait rater aucune commande, c’était explicite, se souvient Jérôme Duchange, qui dirigeait alors Valdunes. Ils ont un appétit de conquête commerciale. »

La société française devait désormais servir les ambitions stratégiques du groupe chinois : obtenir le savoir-faire nécessaire pour fabriquer des roues pour trains à grande vitesse en Chine et accéder au très réglementé secteur du matériel ferroviaire. Pour ce faire, des banques chinoises lui ont accordé des crédits à des taux très intéressants et MA Steel lui a versé 150 millions d’euros.

Ces dix dernières années, Pékin a alloué plusieurs milliards de dollars à des filiales d’entreprises publiques chinoises pour qu’elles achètent des concurrents européens et construisent des usines à l’étranger. Aujourd’hui, des pneus aux équipements ferroviaires, en passant par la fibre de verre et l’acier, ces sites inondent les marchés mondiaux de produits bon marché.

« Les entreprises chinoises se développent, elles investissent partout, souligne Luisa Santos, directrice adjointe de BusinessEurope, la plus grande association patronale du Vieux continent. Cela signifie que les défauts que l’on constate sur le marché chinois s’exportent désormais sur les autres marchés. »

Cette semaine, marquant une nouvelle étape dans les mesures prises par Bruxelles pour contrer l’expansion internationale des entreprises chinoises, l’Union européenne a présenté un projet de règlement visant à contrôler les entreprises installées en Europe bénéficiant d’aides publiques non européennes.

Zhang Ming, ambassadeur chinois auprès des Vingt-sept, a déclaré que la position européenne inquiétait les investisseurs chinois et portait préjudice à l’ouverture dont l’Union a toujours fait preuve vis-à-vis des investissements étrangers. « Nous considérons souvent l’Union européenne comme notre professeur d’économie de marché, a-t-il souligné. Donc nous ne voulons pas que notre professeur et partenaire se montre hésitant vis-à-vis de ces principes. »

Les Etats-Unis, certaines nations européennes et d’autres pays à travers le monde subventionnent aussi leurs champions nationaux, souvent par des allègements fiscaux, des aides à l’export ou des financements pour la R&D. Mais ce qui différencie la Chine, c’est le poids démesuré des entreprises publiques dans son économie, ainsi que la volonté de l’Etat de soutenir leur expansion hors des frontières nationales.

Les responsables et dirigeants occidentaux affirment que le soutien financier de Pékin permet aux industriels chinois installés à l’étranger de travailler même avec des marges microscopiques (voire à perte), de grappiller des parts de marché et de servir les objectifs stratégiques du pouvoir. Selon eux, il s’agit d’un problème particulièrement délicat quand les industriels en question se trouvent sur un marché occidental

Pour Daniel Gros, économiste au Centre for European Policy Studies, un think tank bruxellois, ces différences ne devraient pas conduire Bruxelles à pénaliser la Chine. « Désolé, mais on ne peut pas exporter notre modèle, explique-t-il. Et on subventionne aussi beaucoup, le poids des aides publiques dans nos économies est très très important. »

Les Etats-Unis et l’Europe ont longtemps compté sur l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les droits de douane pour pénaliser la Chine et ses exportations qui, dopées aux subventions, crédits d’impôt et autres prêts bon marché, ont permis au pays de connaître une croissance fulgurante. Mais les règles de l’OMC n’ont pas été conçues pour sanctionner les aides qu’un pays verse à des industriels installés à l’étranger.

Résultat : les droits de douane imposés à ces usines chinoises hors de Chine sont souvent moins élevés que ceux qui frappent les usines locales. Parfois, elles y échappent complètement.

Les responsables et dirigeants occidentaux affirment que le soutien financier de Pékin permet aux industriels chinois installés à l’étranger de travailler même avec des marges microscopiques (voire à perte), de grappiller des parts de marché et de servir les objectifs stratégiques du pouvoir. Selon eux, il s’agit d’un problème particulièrement délicat quand les industriels en question se trouvent sur un marché occidental.

« La Chine se moque de faire des bénéfices parce que ce n’est pas une économie de marché, explique Michael Wessel, membre de la commission du Congrès américain chargée de suivre les relations sino-américaines pour les questions d’économie et de sécurité. En tant qu’économie de marché, il faut se demander si nous trouvons ça acceptable. »

La commission a recommandé au Congrès d’autoriser la Federal Trade Commission (FTC), le gendarme américain du commerce, à bloquer les acquisitions réalisées par des entreprises étrangères bénéficiant de subventions publiques, surtout si ces fonds sont utilisés pour la transaction. Elle estime également que les autorités américaines devraient avoir un droit de regard sur les projets de construction d’usines des entreprises chinoises aux Etats-Unis afin de vérifier qu’ils ne constituent pas une menace pour la sécurité nationale et économique.

De son côté, le règlement envisagé par Bruxelles autoriserait la Commission européenne à empêcher les acquisitions par une entreprise recevant des subventions étrangères ou à imposer des restrictions afin que ces opérations n’entraînent pas de distorsion du marché européen.

Les règles européennes limitent d’ores et déjà l’aide que les Etats membres peuvent verser au secteur privé. Pour les responsables européens, le nouveau règlement mettrait tout le monde sur un pied d’égalité : les groupes chinois présents en Europe n’auraient pas le droit de recevoir d’aide de Pékin puisque les groupes européens n’ont pas le droit d’en recevoir de leurs États respectifs.

Pour la Chine, si les Occidentaux se montrent aussi critiques vis-à-vis de ses pratiques, c’est avant tout pour entraver son développement économique. « Les grands pays occidentaux sont à l’origine de l’essentiel des règles qui régissent le commerce mondial, a déploré le mois dernier Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. C’est dans leurs habitudes d’entretenir leur hégémonie. »

Pour continuer d’accéder au marché européen, Pékin a proposé de lever les restrictions qui pèsent sur les investissements des entreprises européennes en Chine, une mesure qui s’inscrit dans le cadre d’un accord préliminaire conclu en décembre avec l’UE. Bruxelles, elle, affirme qu’elle veut faire adopter le règlement sur les subventions étrangères indépendamment de l’accord d’investissement.

En février, Bruxelles a ouvert une enquête sur les subventions publiques chinoises versées pour la construction de l’une des plus grosses fonderies au monde dans une zone spéciale d’Indonésie

En janvier, les Etats-Unis ont imposé des droits de douane aux pneus produits en Thaïlande, en Corée du Sud et en Chine après que la Chine a décidé de produire dans ces pays pour échapper aux tarifs douaniers infligés aux pneus chinois. Les investissements chinois ont contribué à faire de la Thaïlande le premier exportateur mondial de pneus. Pour échapper aux mesures anti-dumping, les groupes chinois construisent aussi des usines de pneus en Algérie, en Serbie et dans d’autres pays.

L’an passé, l’UE a décidé d’imposer des droits de douane à la fibre de verre chinoise produite dans une zone industrielle chinoise en Egypte. Les enquêteurs européens ont découvert que les entreprises chinoises installées en Egypte avaient reçu des centaines de millions de dollars de prêts et de fonds versés directement par des banques publiques chinoises ou acheminés par les filiales égyptiennes des entreprises chinoises. Les maisons-mères chinoises ont contesté la décision devant la Cour de Justice de l’Union européenne.

En février, Bruxelles a ouvert une enquête sur les subventions publiques chinoises versées pour la construction de l’une des plus grosses fonderies au monde dans une zone spéciale d’Indonésie.

China Railway Rolling Stock Corp., géant public chinois du ferroviaire, a bâti deux usines aux Etats-Unis, ce qui lui a permis d’emporter l’adhésion des élus locaux et de participer aux appels d’offres (des règles exigeant qu’une partie des biens achetés par les organismes de transports en commun soient fabriqués sur le sol américain). CRRC a fait une proposition 20 % moins élevée que ses concurrents et remporté des contrats à Boston, Chicago, Los Angeles et Philadelphie, selon des documents du gouvernement américain.

En 2019, le Congrès a voté une loi interdisant l’utilisation des fonds fédéraux pour l’achat des wagons passagers ou de bus fabriqués par des entreprises chinoises. Mais, grâce à ses alliés (dont le démocrate Richard Neal, président de la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants dont le district électoral du Massachusetts accueille une usine du groupe), CRRC a obtenu un délai qui lui permet de recevoir ces fonds pendant deux ans. L’élu a déclaré qu’il souhaitait prolonger ce délai de façon illimitée.

Marina Popovic, directrice juridique de la filiale de CRRC qui fabrique des équipements pour la ville de Chicago, explique que l’entreprise est bien décidée à rester sur le marché américain du transport ferroviaire de passagers.

En France, lorsque MA Steel a racheté Valdunes, l’entreprise connaissait des difficultés financières. Pour le groupe chinois, l’opération était l’occasion de se diversifier à l’étranger (Valdunes était un grand nom du secteur) et d’acquérir un savoir-faire dans la fabrication de roues pour les trains à grande vitesse.

Rebaptisée MG-Valdunes, l’entreprise a reçu le soutien de plusieurs banques publiques chinoises, dont Bank of China et China Construction Bank, révèlent des documents, qui lui ont prêté des fonds à des taux oscillant entre 1 % et 2 %.

Après avoir observé Valdunes pendant un an, MA Steel a ordonné aux dirigeants français de remplir le carnet de commandes sans s’intéresser aux prix de vente ni aux coûts de production, ont raconté d’anciens responsables.

Cette stratégie a fait exploser les pertes. Jérôme Duchange, l’ancien patron de Valdunes, raconte que les dirigeants de MA Steel lui ont affirmé que l’entreprise pourrait relever ses prix une fois des parts de marché gagnées. Il se souvient que l’un des responsables chinois avait un jour cité un proverbe chinois : « il n’y a pas de terre stérile, seulement des paysans qui ne travaillent pas suffisamment ».

Ni Valdunes ni MA Steel n’ont répondu aux demandes de commentaire.

C’est ainsi que Valdunes a commencé d’exporter des roues à bas prix vers l’Australie. L’arrivée massive de produits sortis de l’usine Valdunes et des sites de MA Steel en Chine a poussé le pays à imposer des droits de douane aux deux entreprises.

Cette même année, devant l’inexorable augmentation des pertes, le conseil de MA Steel a injecté 70 millions d’euros de plus au capital de la société française. « Valdunes est un pont qui permet au groupe d’avancer en Europe et sur d’autres marchés européens », avait alors déclaré MA Steel.

De fait, c’est Valdunes qui a permis à MA Steel de se frayer un chemin jusqu’aux appels d’offres des grands acheteurs européens de roues, dont l’allemand Deutsche Bahn. Les exportations chinoises de roues de train vers l’UE ont quasiment quadruplé depuis que Valdunes a été racheté par MA Steel.

Le groupe chinois a envoyé les ingénieurs français aider ses usines locales à fabriquer des roues, qui exigent une production beaucoup plus précise que celle des roues de trains de marchandises que MA Steel fabriquait déjà. L’immense réseau chinois de trains à grande vitesse fonctionne toujours avec des roues produites par des industriels européens.

Aujourd’hui, Deutsche Bahn teste les roues « made in China » de MA Steel. L’usine Valdunes, elle, est de plus en plus utilisée pour les finitions et l’emballage des roues fabriquées en Chine et destinées aux clients européens ou autres.

« Nous avions peur que, petit à petit, il n’y ait plus du tout de production en France, raconte Jérôme Duchange, qui a quitté Valdunes en 2019. Mais pour certains produits, on n’a pas pu résister. »

Fin 2019, MA Steel a été racheté par China Baowu, premier aciériste du pays détenu par le gouvernement central. MA Steel explique que, malgré ce changement d’actionnariat, l’objectif reste le même : une expansion mondiale grâce à Valdunes.

« L’administration Biden est très intéressée par le transport ferroviaire, a affirmé Ding Yi, président de MA Steel, lors de la présentation des résultats du groupe en mars, c’est un débouché important pour nous. »

Levée des brevets Covid : l’Allemagne dit non !

Levée des brevets Covid : l’Allemagne dit non !

l’Allemagne a nettement rejeté la proposition de Biden de levée sur les brevets des vaccins Covid. L’Allemagne est en effet protéger son industrie pharmaceutique L’Allemagne y voit surtout une menace industrielle pour ses deux producteurs de vaccins : BioNtech et Curevac.  « La protection de la propriété intellectuelle est une source d’innovation et doit le rester à l’avenir », a commenté une porte-parole du gouvernement jeudi.

Associé à Pfizer pour la production de l’un des premiers vaccins ARNm, le patron de BioNTech, Ugur Sahin, a déjà indiqué qu’il n’excluait pas d’accorder des licences à des producteurs, s’il avait la certitude que le médicament serait produit avec la qualité requise. Les brevets ne sont toutefois pas le facteur le plus déterminant dans les pénuries, a fait valoir BioNTech dans une déclaration jeudi.

COVID-19: quatrième vague cet été ?

COVID-19: quatrième vague cet été ?

La réouverture progressive des activités sociales annoncée par le gouvernement « doit être conduite de manière prudente et maitrisée » si on veut éviter une « possible quatrième vague » de l’épidémie de Covid-19, met en garde le Conseil scientifique dans un avis rendu au gouvernement jeudi, et dévoilé publiquement ce vendredi.

L’instance qui conseille l’exécutif dans la gestion de la crise sanitaire recommande en particulier d’attendre « un niveau de vaccination de 35 millions de personnes primo-vaccinées », qui devrait être atteint fin juin, et une réelle baisse de la tension pesant sur le système hospitalier avant de lever largement les mesures de contrôle de l’épidémie.

Economie, politique, société: les plus lus

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