5G: La bataille financière

5G: La bataille financière

Le sociologue Dominique Boullier observe, dans une tribune au « Monde », que la lutte entre industriels pour la monétisation du réseau permise par la 5G constitue la véritable rupture avec les offres existantes.

 

Tribune.

Le débat sur la 5G s’est rapidement focalisé sur les questions de santé et d’environnement, et il a été souvent réduit à ne parler que des antennes. Or, l’analyse du système technique des différentes fréquences de la 5G et de la 6G, déjà en cours de spécification, fait apparaître un enjeu de rivalité majeur entre les opérateurs de télécommunications et les grandes plates-formes numériques (les GAFA), qui a conduit les opérateurs à développer un réseau nouveau, « tout mobile » pourrait-on dire. Ce réseau, fait d’antennes en public, d’antennes au domicile et de satellites, devra court-circuiter celui de la fibre et du WiFi, trop peu rentable pour les opérateurs. Voilà bien le mot-clé : monétiser les nouvelles offres ciblées grâce à la technologie pour retrouver de la rentabilité et ne plus laisser les GAFA tirer seuls les bénéfices des investissements faits par les opérateurs dans les infrastructures. 

 

 

Il est donc urgent de lancer un débat public, car les conséquences d’un tel changement d’infrastructure sont considérables et modifient toute l’évaluation des enjeux écologiques de la supposée 5G. Car deux 5G bien différentes sont confondues dans l’expression 5G : la bande de fréquences des 3,5 GHz, qui ne fera qu’amplifier la 4G, et la bande des 26 GHz, dite millimétrique, qui offre une latence très réduite (moins de 10 millisecondes) et permet de faire réagir entre eux capteurs et serveurs de façon quasi instantanée. Certains principes techniques sont communs : placement des centres de données à proximité des antennes pour réagir plus vite, meilleur ciblage des destinataires grâce à des antennes de portée plus faible mais à l’émission-réception plus directionnelle, et découpage logique des ressources du réseau, permettant de faire varier la capacité fournie selon le destinataire et… selon des prix différenciés. Cette monétisation permise par la 5G n’est jamais évoquée, alors qu’elle est une vraie rupture avec la 4G, qui offre un abonnement illimité pour un arrosage indifférencié des terminaux voisins de l’antenne, et surtout avec le WiFi, que personne ne monétise en tant que tel – il est d’ailleurs soutenu par les collectivités locales ou les associations comme étant un bien commun.

Or, les opérateurs se plaignent depuis des années de l’avantage abusif qu’ont les plates-formes, qui ne financent en rien les travaux de mise en place des infrastructures et augmentent sans cesse les débits (toujours plus d’images et de vidéos, toujours plus de services de cloud) ainsi que leurs bénéfices. Cela a conduit à des passes d’armes entre les représentants des deux ensembles de firmes. Les opérateurs ont en fait développé la 5G pour restaurer leur rentabilité, laquelle reste loin de celle des GAFA, notamment aux yeux des investisseurs.

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