Énergie éolienne : une politique ruineuse pour la France». ( Patrice Cahart)
Tribune dans l’Opinion de Patrice Cahart ancien inspecteur général des finances, auteur du livre La Peste éolienne (Hugo Doc, 2021).
L’éolien suscite une opposition croissante, en raison tant de ses effets négatifs sur les paysages, le tourisme, la pêche, que de son inefficacité écologique (puisque la part des sources fossiles dans notre production d’électricité est tombée au plus bas et ne peut baisser encore davantage).
Il faut aussi être conscient des coûts. D’après les meilleurs appels d’offres, le prix payé à l’exploitant terrestre avoisine les 65 euros au mégawattheure (MWh). Mais la majorité des projets éoliens terrestres échappe aux appels d’offres. Pourquoi cette dérogation à un principe fondamental ? Tout simplement parce que les promoteurs éoliens constituent un groupe de pression puissant. Hors appel d’offres, l’exploitant reçoit, actualisation comprise, environ 91 euros le MWh.
Pour les éoliennes fixées sur un fond marin, c’est encore pire, en raison notamment de la profondeur de nos eaux côtières. Dans la baie de Saint-Brieuc, l’exploitant va recevoir 175 euros le MWh. A Dunkerque, dans une mer peu profonde, un meilleur résultat a été obtenu, mais le site retenu est mal placé et nos amis belges le remettent en cause.
«Le contribuable a ainsi procuré aux promoteurs éoliens, ces dernières années, environ la moitié de leur chiffre d’affaires. Aucun industriel ne bénéficie de conditions aussi fastueuses, et sur une aussi longue durée»
Ces superbes rémunérations sont garanties sur vingt ans. Quand le cours de l’électricité sur les marchés de gros descend en dessous de la garantie actualisée, l’Etat, toujours généreux, paye la différence. Le contribuable a ainsi procuré aux promoteurs éoliens, ces dernières années, environ la moitié de leur chiffre d’affaires. En dehors du secteur des énergies dites renouvelables, aucun industriel ne bénéficie de conditions aussi fastueuses, et sur une aussi longue durée.
Monde à l’envers. Par comparaison, quel est le coût marginal du courant produit par les réacteurs en place ? Seulement 33 euros le MWh (y compris les dépenses de remplacement et de sécurité). La comparaison avec les coûts éoliens est sans appel. Elle devrait interdire tout remplacement des réacteurs en place par des éoliennes, d’autant que ces réacteurs, à en juger d’après l’exemple américain, peuvent encore fonctionner durant une quarantaine d’années. Or, que prévoit le programme officiel ? Le remplacement, d’ici à 2035, de 12 réacteurs par des éoliennes ou d’autres sources qui appellent des remarques du même ordre. C’est le monde à l’envers.
J’ai chiffré le coût en investissement de cette substitution (deux tiers d’éolien et un tiers de photovoltaïque) : 145 milliards, y compris l’extension du réseau qui devrait desservir de nouveaux producteurs sur tout le territoire, et la force de réserve (des centrales à gaz, polluantes, nécessaires pour pallier l’intermittence des nouveaux équipements, car une éolienne terrestre ne fonctionne qu’à 24 % de sa puissance, en moyenne). Cette somme gigantesque, à la fois publique et privée, manquerait pour financer les actions réellement utiles au climat.
La France ne peut se permettre de mener de front deux politiques, l’une inutile et ruineuse – l’éolien – l’autre utile mais coûteuse – l’isolation des bâtiments, la promotion du chauffage électrique, la diffusion des véhicules électriques.
Patrice Cahart est ancien inspecteur général des finances, auteur du livre La Peste éolienne (Hugo Doc, 2021).
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