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La crise sanitaire a accentué les inégalités

La crise sanitaire a accentué les inégalités

 

Le  Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion dresse une photographie alarmante des répercussions de la pandémie sur les plus fragiles. La présidente du conseil Fiona Lazaar député du Val-d’Oise revient pour La Tribune sur les principaux enseignements du rapport du conseil national des politiques contre la pauvreté remis au Premier ministre .

 

Quels sont les principaux enseignements du dernier rapport du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale remis au premier ministre mercredi 12 mai dernier ?

FIONA LAZAAR- La crise a été un révélateur et un amplificateur de la pauvreté. Il y a un eu un triple mécanisme à l’oeuvre. La crise a entravé les sorties de la pauvreté. Beaucoup de personnes au RSA ont connu un coup d’arrêt dans leur parcours d’insertion. Entre janvier 2020 et janvier 2021, il y a une hausse de 6% du nombre de bénéficiaires du RSA. Cette hausse est liée au fait que beaucoup de personnes ne sont pas sorties du RSA à cause de la crise. Il y a également des effets similaires sur les chômeurs de longue durée. La crise a précipité dans la pauvreté des gens qui n’étaient pas dans la pauvreté mais qui vivaient sur le fil. Lors du premier confinement, les fermetures des écoles et des cantines ont beaucoup pesé sur le budget des familles. Les travailleurs qui pouvaient toucher des pourboires ont également été affectés. Le chômage partiel a permis de compenser une partie de leurs revenus mais pas les pourboires. Il y a également des arrivées inattendues dans la pauvreté.

Assiste-t-on à de nouvelles formes de pauvreté ?

Oui, des personnes qui étaient inconnues des services sociaux ou des permanences associatives se sont retrouvées dans la pauvreté en raison notamment de l’arrêt de leur activité. Des artisans et des indépendants ont vu leur activité s’arrêter alors qu’ils venaient juste de démarrer et n’ont pas eu le temps de cotiser assez pour toucher des aides. Des personnes se sont retrouvées dans la pauvreté après des séparations ou des pensions alimentaires non versées. Malgré les aides, la crise a eu un impact qui dépasse la pauvreté monétaire. Elle a eu un impact sur les conditions d’apprentissage, sur le décrochage scolaire, la santé, la santé mentale, l’isolement. Tous ces aspects vont avoir des conséquences à moyen ou long terme.

Un des autres enseignement du rapport est qu’il ne faut pas opposer les anciens pauvres et les nouveaux pauvres. Il y a différentes formes de pauvreté. Depuis le début de la crise, on a beaucoup parlé de la pauvreté des jeunes comme si c’était nouveau. Or, les jeunes faisaient déjà partie des catégories les plus pauvres bien avant la crise. Un jeune sur cinq vivait sous le seuil de pauvreté. Avec la fin des jobs d’étudiants, la crise a accru la pauvreté chez les jeunes.

Les dispositifs mis en oeuvre par le gouvernement vous paraissent-ils suffisants ?

Les aides ont été massivement mises en oeuvre pour sauver l’économie et les emplois afin d’éviter que les personnes tombent au chômage. En revanche, il y a eu moins d’aides pour les personnes qui étaient déjà pauvres ou qui vivaient des minimas. Pour certaines d’entre elles, cette période a été très difficile car des coûts supplémentaires sont apparus. Ce qui a beaucoup pesé sur ces familles. Pendant la période du confinement, le coût de la vie a augmenté pour ces familles. Les marchés alimentaires étaient fermés par exemple. Ces aides ont été un amortisseur important.

Il va falloir être néanmoins très prudent sur la fin de ces aides et l’accompagnement de ces personnes. A moyen terme, le besoin d’accompagnement va augmenter. La crise a agi comme « un descenceur social ». La dégradation des conditions matérielles peut engendrer des situations très difficiles où les personnes cessent de payer leur loyer et peuvent se retrouver endetter. Il y a un risque d’effet en cascade.

Vous évoquez des risques sur la cohésion sociale. Que voulez-vous dire exactement ?

La pandémie peut avoir des conséquences sur la cohésion sociale à moyen terme par le creusement des inégalités. Cette crise a profondément accru les inégalités. Pendant la crise, les plus aisés ont connu une baisse de leur taux d’endettement et leur taux d’épargne a augmenté. En revanche, le taux d’endettement chez les plus modestes a augmenté. Le creusement de cette fracture est un risque pour la cohésion nationale.

Malgré les aides, la jeunesse a été particulièrement affectée par cette crise avec la fin des études pour certains. Certains sont tombés dans la pauvreté ou l’isolement. Les troubles psychiques ont été importants. La crise a troublé leur avancée vers l’autonomie.

Quelles pourraient être les conséquences de la levée des aides sur la pauvreté ?

L’année dernière, beaucoup d’aides ont été mises en place pour les salariés en chômage partiel, les indépendants avec le fonds de solidarité, les intermittents. Ces aides ont permis de préserver en partie les revenus des travailleurs. Il existe néanmoins beaucoup de craintes pour des entreprises qui risquent de ne pas se relever à l’issue de cette crise. La transition doit absolument se faire avec un accompagnement. Les difficultés risquent encore de s’accumuler et certaines peuvent se déployer avec un décalage. Ces aides ne doivent pas s’arrêter brutalement. Il faut investir dans l’accompagnement des personnes. Avant la crise, 40% des personnes qui arrivaient au RSA devaient attendre 6 mois avant d’avoir un premier rendez-vous pour être accompagnées. Il faut absolument éviter ça et mettre le paquet pour ne laisser aucune personne au bord du chemin. Plus l’accompagnement est tardif, plus c’est difficile. Il faut bien regarder toutes les conséquences de la pandémie sur ces personnes pour leur éviter de sombrer.

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