Menace des institutions des handicapés ?

Menace des institutions des handicapés ?

Dans une tribune au « Monde », les membres de deux collectifs de professionnels et de parents s’alarment de la réforme Sérafin-ph qui menace les institutions médico-sociales pour enfants, jeunes et adultes handicapés au profit de « plates-formes de service ».

 

Tribune. La doctrine de l’inclusion a tout pour séduire. Non seulement c’est une promesse d’égalité par l’accès à l’école de tous, handicapés ou non, mais c’est aussi une promesse de soins, de bien-être, de travail adaptés à chacun. La réalité de terrain est tout autre. La mise en œuvre de cette politique s’accompagne d’une mise en cause radicale des institutions médico-sociales, accusées d’être ségrégatives et de faire obstacle aux droits humains. 

C’est pourquoi les autorités commencent à fermer ces équipements pour y substituer des « plates-formes de services » délivrant des indications de soins en regard de besoins identifiés, sans institution, sans collectif, sans salariés. C’est oublier que les institutions médico-sociales pour enfants, jeunes et adultes handicapés, très souvent créées à l’initiative de parents, ont été d’emblée conçues comme des lieux de vie essentiels pour permettre l’accompagnement et les soins personnalisés.

 

 Ils œuvrent donc, autant que possible, afin de favoriser l’accès à l’école pour l’enfant, à l’autonomie sociale pour les jeunes et les adultes, dans le respect et les limites des capacités de chacun. Mais alors, pourquoi réduire voire supprimer cette offre institutionnelle qui a fait ses preuves, sans tenir compte des drames humains pour les personnes accueillies et leurs familles quand un établissement ferme ? Sans doute parce que ces lieux qui furent reconnus comme un progrès d’intérêt général sont perçus aujourd’hui comme une faiblesse coûteuse, spécialement en masse salariale.

45 000 places manquantes en institutions

Les « plates-formes de services » proposent des « parcours », dont le financement repose sur Sérafin-ph (Services et établissements : réforme pour une adéquation des financements aux parcours des personnes handicapées) : un diagnostic des « besoins » de la personne handicapée est réalisé, auxquels on fait correspondre une prescription de services, à assurer par des professionnels le plus souvent sous statut d’autoentrepreneurs.

Dans la mesure où nombre de besoins essentiels, comme la stabilité d’un cadre de vie au milieu de camarades ou une prise en charge globale, ne sont pas pris en compte dans les évaluations initiales, ce dispositif est beaucoup moins onéreux. Sérafin-ph n’est qu’une variante de la tarification à l’activité (T2A), dont les effets à l’hôpital sont dénoncés de toutes parts, et plus encore depuis la pandémie.

Alors qu’on évalue à 45 000 les places manquantes en institutions, proposer des « parcours » hors-sol, dont la famille sera finalement le seul garant, n’est rien d’autre qu’une régression de la politique solidaire du handicap, une mystification. L’inclusion fonctionne comme un mantra, sans aucun débat sur l’évolution en cours du secteur médico-social.

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