L’intelligence artificielle, une chance pour l’Europe ?
Tribune de Pierre-Etienne Bardin et Guillaume Leboucher* dans l’Opinion
La crise sanitaire a montré l’obligation pour les entreprises de se transformer et pour les citoyens d’être formés et accompagnés dans un monde de plus en plus technologique. Nulle organisation, publique comme privée, ne semble devoir échapper à son destin numérique. Alors, autant le prendre en main.
La maîtrise des données et leur exploitation, notamment par des techniques d’intelligence artificielle (IA), s’avèrent comme le plus sûr moyen de rester dans la course économique, politique et géostratégique. L’IA est un outil de transformation majeur, nécessaire et indispensable, pour rebondir et saisir les opportunités économiques qui se présentent.
Grâce aux gains de productivité et à la relance de la consommation, l’IA contribuera de plus en plus à la croissance. Les entreprises ayant une culture de la donnée voient jusqu’à 5 % d’augmentation de leur valeur selon le Data Literacy index.
Technologie complexe, de plus en plus prédictive, l’IA simplifie la tâche des salariés. Elle s’immisce dans tous les pans de l’activité. Elle est tour à tour auxiliaire de santé, pour prévenir l’évolution d’un virus, ou de justice, pour fournir une analyse de jurisprudences exhaustive par exemple. Présente au quotidien, elle rend des voitures de plus en plus autonomes, des transactions financières plus fluides et rapides, des gestions logistiques et de livraisons plus affinées, des procédures de contrôles renforcées, des compteurs électriques intelligents, etc. Sans parler de nos smartphones qui répondent à l’œil et à la voix.
Tout en veillant à ne pas brider l’innovation, l’affirmation d’une base juridique doit constituer une occasion de renforcer le cadre de confiance dans la technologie
Déclassement. Dans le match de superpuissances numériques que les Etats-Unis et l’Asie ont installé, l’Europe et ses entreprises risquent le déclassement si l’IA ne devient pas un élément central de leurs stratégies. La commission européenne vient d’annoncer sa volonté de réglementer le marché de l’IA. Tout en veillant à ne pas brider l’innovation, l’affirmation d’une base juridique doit constituer une occasion de renforcer le cadre de confiance dans la technologie.
C’est aussi pour l’Europe une occasion d’affirmer un peu plus encore ses valeurs de respect de la dignité humaine et de droit de la propriété intellectuelle en particulier. Un modèle alternatif de développement du numérique, ouvert et pérenne, respectueux des humains et leurs données, est possible. Le projet GAIA-X en constitue une parfaite illustration.
Face à la domination des géants du numérique (Google, Amazon, Microsoft) qui concentrent deux tiers d’un marché de l’hébergement des données qui a triplé ces trois dernières années, la création d’un champion européen en tous points égaux serait vouée à l’échec. Au contraire, GAIA-X offre un cadre de référence et une labellisation pour permettre le développement d’une infrastructure de données déconcentrée et référente.
Fer de lance. Etre souverain, ce n’est pas se replier sur soi-même mais reprendre le dessus sur le cours des choses. L’Europe, avec la France comme fer de lance, peut et doit mobiliser ses talents autour de grands projets à visage humain et à géométrie variable mêlant les compétences et l’ambition, les savoirs et les savoir-faire.
Pour servir une telle ambition, les grands groupes doivent pouvoir s’inspirer de l’agilité des jeunes poussent, lesquels y trouveront à leur tour les moyens d’innover tout en les aiguillonnant.
C’est le sens du rapprochement du Groupe La Poste avec Openvalue, expert reconnu de l’IA, pour accompagner les organisations dans l’amélioration de leur performance industrielle. La France a besoin d’acteurs majeurs de la transformation de l’économie alliant le crédit et la confiance d’opérateurs de services aux publics. Notre continent est aussi une terre d’innovation et d’entrepreneurs.
*Pierre-Etienne Bardin, chief data officer du Groupe La Poste, et Guillaume Leboucher, fondateur et directeur général d’OpenValue.
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